Ecriture de l'exil
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Se résoudre à l'exil pour...?
Re: Ecriture de l'exil
Enigma a écrit:Ahaha! T'ai-je agressé sans "te" connaître? Où est mon agression?!
Je n'ai pas dit que tu m'avais agressé. C'est toi qui a ressenti ma réponse comme une agression : je t'accorde que mon ton était plutôt passionné, mais tu parlais d'un de mes livres préférés (très largement reconnu comme un chef d'oeuvre - mes goûts n'ont rien d'originaux en la matière) sans en avoir apparemment lu plus de quelques pages, et en disant qu'il était ennuyeux à mourir...
Invité- Invité
chef-d'oeuvre
Ce qui est considéré comme chef-d'oeuvre n'est pour moi aucunement un critère! Contrairement à ce que tu imagines, mon "domaine" à l'origine n'est pas la littérature mais l'art. Ma spécialisation est l'histoire de l'art donc habituée à "contempler" les chef-d'oeuvres!
Et si un "chef-d'oeuvre" ne me plaît pas, dois-je me forcer à le regarder ou à le lire parce que les critiques ont, un jour décrété qu'il s'agissait d'une oeuvre d'exception?!
Qu'est-ce que l'art/ qu'est-ce qui donne à une oeuvre le statut "d'oeuvre d'art"?! Sujet sans fin!
Je ne me réfère qu'à mon goût...pas de "beau en soi", pas d'impératif catégorique kantien!
Et si un "chef-d'oeuvre" ne me plaît pas, dois-je me forcer à le regarder ou à le lire parce que les critiques ont, un jour décrété qu'il s'agissait d'une oeuvre d'exception?!
Qu'est-ce que l'art/ qu'est-ce qui donne à une oeuvre le statut "d'oeuvre d'art"?! Sujet sans fin!
Je ne me réfère qu'à mon goût...pas de "beau en soi", pas d'impératif catégorique kantien!
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Re: Ecriture de l'exil
C'était ta photo sur ta page "myspace" (qui a disparu d'ailleurs) ?
Invité- Invité
ma photo?
oui, c'est ma photo. Pourquoi? J'ai simplement supprimé le lien pour ne pas être harcelée davantage
Invité- Invité
Re: Ecriture de l'exil
Pas par moi, j'espère ?Enigma a écrit:J'ai simplement supprimé le lien pour ne pas être harcelée davantage
Parce que tu as l'air très jolie (selon mes critères évidemment...).Enigma a écrit:oui, c'est ma photo. Pourquoi?
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Re: Ecriture de l'exil
Oh merci! une critique positive:-) J'ai été mannequin, me suis malheureusement?/ heureusement? décidée pour la voie "académique"
Invité- Invité
Re: Ecriture de l'exil
L'un n'empêche pas l'autre : la beauté et l'esprit se marient bien je trouve...
Décidément, Kashima aime les jolies choses...
...mais fais attention, c'est une collectionneuse ;-)
Décidément, Kashima aime les jolies choses...
...mais fais attention, c'est une collectionneuse ;-)
Invité- Invité
"un esprit sain dans un corps " Aristote
L'un n'empêche pas l'autre, en effet- en théorie! En pratique, très peu conciliable ou impossible!
Je préférerais re-écrire ma thèse que d'être à nouveau confrontée au stress que j'ai eu en étant mannequin.
Pourquoi tant de manequins sombrent dans l'alcoool, la drogue et finissent par se suicider? Pire que de lire Duras!:-)
As-tu vu ce film basé sur l'histoire/ le drame de Gia Carangi?
Bon film en hommage à une beauté éphémère, Gia, maginfique top model au destin tragique qui a révolutionné l'univers de la mode au début des années 80 de part son aura. Rapidement au sommet de sa carrière, elle sera suivie par une descente aux enfers tout aussi rapide et qui se ponctuera par une triste mort à seulement 26 ans dans la solitude et dans l'abandon. Elle qui avait que quelques temps auparavant, le monde à ses pieds... Une autre version de Sunset Boulevard...destin tragique!
Ahaha quant à Kashima, ne t'inquiète pas, elle n'est pas du tout mon genre:-)
Kashima, collectionneuse de beautés? Une facette que je ne lui connaissais pas.
J'espère qu'InterseXion ne va pas lire ce que tu affirmes:-)
Je préférerais re-écrire ma thèse que d'être à nouveau confrontée au stress que j'ai eu en étant mannequin.
Pourquoi tant de manequins sombrent dans l'alcoool, la drogue et finissent par se suicider? Pire que de lire Duras!:-)
As-tu vu ce film basé sur l'histoire/ le drame de Gia Carangi?
Bon film en hommage à une beauté éphémère, Gia, maginfique top model au destin tragique qui a révolutionné l'univers de la mode au début des années 80 de part son aura. Rapidement au sommet de sa carrière, elle sera suivie par une descente aux enfers tout aussi rapide et qui se ponctuera par une triste mort à seulement 26 ans dans la solitude et dans l'abandon. Elle qui avait que quelques temps auparavant, le monde à ses pieds... Une autre version de Sunset Boulevard...destin tragique!
Ahaha quant à Kashima, ne t'inquiète pas, elle n'est pas du tout mon genre:-)
Kashima, collectionneuse de beautés? Une facette que je ne lui connaissais pas.
J'espère qu'InterseXion ne va pas lire ce que tu affirmes:-)
Invité- Invité
harcèlement
Non, Verbatim, ce n'est pas à cause de toi que j'ai supprimé mon lien "myspace" mais à cause des génies kashimiens qui n'ont rien à voir avec le "génie féminin" de Kristeva:-) ahaha
ps.: je me corrige "un esprit sain dans un corps sain". Dans mon impulsivité, j'oublie des mots...
ps.: je me corrige "un esprit sain dans un corps sain". Dans mon impulsivité, j'oublie des mots...
Invité- Invité
Re: Ecriture de l'exil
Ah bon ? En même temps, si tu peux éviter les deux...Enigma a écrit:L'un n'empêche pas l'autre, en effet- en théorie! En pratique, très peu conciliable ou impossible!
Je préférerais re-écrire ma thèse que d'être à nouveau confrontée au stress que j'ai eu en étant mannequin.
Pire que lire Duras!? En effet... ;-)Enigma a écrit:Pourquoi tant de manequins sombrent dans l'alcoool, la drogue et finissent par se suicider? Pire que de lire Duras!:-)
Non, je ne l'ai pas vu (je n'ai pas tout vu, tu sais!)Enigma a écrit:As-tu vu ce film basé sur l'histoire/ le drame de Gia Carangi?
J'aime bien quand tu me parles de toi avec tes mots (je me demande si tu as un accent allemand quand tu parles le français, comme Romy Schneider...)Enigma a écrit:Bon film en hommage à une beauté éphémère, Gia, maginfique top model au destin tragique qui a révolutionné l'univers de la mode au début des années 80 de part son aura. Rapidement au sommet de sa carrière, elle sera suivie par une descente aux enfers tout aussi rapide et qui se ponctuera par une triste mort à seulement 26 ans dans la solitude et dans l'abandon. Elle qui avait que quelques temps auparavant, le monde à ses pieds... Une autre version de Sunset Boulevard...destin tragique!
Romy Schneider aussi a eu un destin tragique, elle n'a pas vu (pas compris ?) que sa beauté n'était pas éphémère je crois...
C'est quoi ton genre ?Enigma a écrit:Ahaha quant à Kashima, ne t'inquiète pas, elle n'est pas du tout mon genre:-)
Elle cache bien son jeu...Enigma a écrit:Kashima, collectionneuse de beautés? Une facette que je ne lui connaissais pas.
Tu me rassures...Enigma a écrit:Non, Verbatim, ce n'est pas à cause de toi que j'ai supprimé mon lien "myspace" mais à cause des génies kashimiens qui n'ont rien à voir avec le "génie féminin" de Kristeva:-) ahaha
Dans ton impulsivité, tu oublies des mots ?Enigma a écrit:ps.: je me corrige "un esprit sain dans un corps sain". Dans mon impulsivité, j'oublie des mots...
Finalement, je me demande si je ne vais pas te harceler un peu...
Invité- Invité
mon genre?
Mon genre? Tu viens de le "l'évoquer": Romy Schneider! Emouvante, fatale, entière, déchirante, faible, forte, belle!...Celle que j'aurais aimé avoir et que je voudrais être...Narcisse:-)
Et sur ce point, nous nous accordons! Une actrice exceptionnelle!
Pour moi, l'Actrice et la Femme!
N'était-elle vraiment pas consciente du côté éphémère de sa beauté?! J'en doute! Sa vie se résume à un seul mot "excès" et qui dit "excès" dit éphèmère!
Et oui, tout à coup je me dé-voile mais j'aimerais aussi que tu me parles de toi!
Ahaha me "harceler" si c'est synonyme de séduction ( en francais), pourquoi pas?:-)
Dans toutes les langues que je parle, j'ai un "léger" accent.
Ni l'un ni l'autre, alors ni la beauté ni l'intelligence? Quelle horreur! Qu'en déduire? Laideur et bêtise?
Kashima, cache bien son jeu? Vraiment? Tu sembles bien la connaître! Disons, que je la connais différemment...Une collectionneuse? Absolument pas!
Bonne nuit, Verbatim, je dé-connecte dans toutes les langues à présent....écriture blanche...nuit noire...bien que les nuits blanches à Saint Petersbourg vailllent de radier le noir...
Et sur ce point, nous nous accordons! Une actrice exceptionnelle!
Pour moi, l'Actrice et la Femme!
N'était-elle vraiment pas consciente du côté éphémère de sa beauté?! J'en doute! Sa vie se résume à un seul mot "excès" et qui dit "excès" dit éphèmère!
Et oui, tout à coup je me dé-voile mais j'aimerais aussi que tu me parles de toi!
Ahaha me "harceler" si c'est synonyme de séduction ( en francais), pourquoi pas?:-)
Dans toutes les langues que je parle, j'ai un "léger" accent.
Ni l'un ni l'autre, alors ni la beauté ni l'intelligence? Quelle horreur! Qu'en déduire? Laideur et bêtise?
Kashima, cache bien son jeu? Vraiment? Tu sembles bien la connaître! Disons, que je la connais différemment...Une collectionneuse? Absolument pas!
Bonne nuit, Verbatim, je dé-connecte dans toutes les langues à présent....écriture blanche...nuit noire...bien que les nuits blanches à Saint Petersbourg vailllent de radier le noir...
Dernière édition par Enigma le Mer 18 Aoû 2010 - 11:59, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Ecriture de l'exil
Je vais te répondre au comptoir, ça évitera à Kashima de faire du "bricolage"...
Invité- Invité
Murakami
"S’exiler, c’est renoncer à son pays tout en contractant une dette envers lui.", Ecstasy
Kashima- Faux-monnayeur
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Date d'inscription : 29/09/2008
Vassilis Alexakis
Le dernier livre de cet auteur s'appelle Le Premier mot.
Miltiadis est mort à 64 ans, il était un universitaire respecté, et sa quête portait sur ce premier mot de l'humanité. La soeur du défunt, la narratrice, part à la recherche de ce mot.
Vassilis Alexakis (en grec : Βασίλης Ἀλεξάκης), né le 25 décembre 1943 à Athènes, est un écrivain gréco-français, auteur d'une importante œuvre romanesque. Il écrit à la fois en français et en grec, sa langue maternelle.
Son œuvre, partagée entre deux cultures, est empreinte d'une tendre ironie et nous fait pénétrer au cœur de l'histoire intime et universelle. Au sujet de l'usage de ses deux langues dans son œuvre, Vassilis Alexakis fait remarquer qu'« il y a d'abord eu la période française. J'ai écrit en français les trois premiers romans, où le contact avec la langue est encore relativement distant. Il m'est plus facile de faire de l'humour en français, du coup ce sont des livres plus légers. Il y a, ensuite, un virage avec Talgo, le premier livre écrit en grec où je fais la preuve que ma manière d'écrire reste la même en passant d'une langue à l'autre, que je ne trahis aucune des deux langues et qu'aucune ne me trahit ».
(Wikipedia)
Un de ses romans se nomme La Langue maternelle :
"La langue maternelle n'est que la première langue étrangère qu'on apprend."
Ce livre a reçu en 1995 le prix Médicis ex-aequo avec Le Testament français d'Andreï Makine.
Voir le Magazine littéraire octobre 2010 et Lire de septembre 2010.
Miltiadis est mort à 64 ans, il était un universitaire respecté, et sa quête portait sur ce premier mot de l'humanité. La soeur du défunt, la narratrice, part à la recherche de ce mot.
Vassilis Alexakis (en grec : Βασίλης Ἀλεξάκης), né le 25 décembre 1943 à Athènes, est un écrivain gréco-français, auteur d'une importante œuvre romanesque. Il écrit à la fois en français et en grec, sa langue maternelle.
Son œuvre, partagée entre deux cultures, est empreinte d'une tendre ironie et nous fait pénétrer au cœur de l'histoire intime et universelle. Au sujet de l'usage de ses deux langues dans son œuvre, Vassilis Alexakis fait remarquer qu'« il y a d'abord eu la période française. J'ai écrit en français les trois premiers romans, où le contact avec la langue est encore relativement distant. Il m'est plus facile de faire de l'humour en français, du coup ce sont des livres plus légers. Il y a, ensuite, un virage avec Talgo, le premier livre écrit en grec où je fais la preuve que ma manière d'écrire reste la même en passant d'une langue à l'autre, que je ne trahis aucune des deux langues et qu'aucune ne me trahit ».
(Wikipedia)
Un de ses romans se nomme La Langue maternelle :
"La langue maternelle n'est que la première langue étrangère qu'on apprend."
Ce livre a reçu en 1995 le prix Médicis ex-aequo avec Le Testament français d'Andreï Makine.
Voir le Magazine littéraire octobre 2010 et Lire de septembre 2010.
Kashima- Faux-monnayeur
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Dimitri Chostakovitch le dissident
Article d'Anja :
J'aimerais ouvrir l'écriture de l'exil à l'écriture musicale, celle de Dimitri Chostakovitch. Il n'a jamais quitté son pays, son exil était intérieur.
Chostakovitch est un des grands compositeurs du XXe siècle. Certainement aussi un des plus incompris.
Si Chostakovitch est à ce point incompris, c'est dans la mesure où les spécificités du régime totalitaire soviétique, du stalinisme en particulier, ont longtemps échappé et échappent encore en grande partie à la compréhension du monde occidental.
De Boris Godounov à Guerre et Paix, écrivains et musiciens ont illustré le long destin tragique du peuple russe. Après avoir porté tous les espoirs en la démocratie, le progrès et la modernité, le XXe siècle fut très vite celui de tous les malheurs, cumulant guerres et révolutions, pénurie et émigration, censure et oppression. Au même moment, la musique russe connaissait paradoxalement un essor extraordinaire, portée par ses trois plus grands noms – Rachmaninov, Stravinsky et Prokofiev – dans une émigration qu’ils pensaient de courte durée, mais les années passèrent et la musique changea de sens, quittant sa russéité chez Stravinsky, en cherchant une autre, prolétarienne d’abord, réaliste et socialiste ensuite chez les musiciens restés en Union soviétique. La valeur de la musique devint celle de son service à l’idéologie et son prix, celui de Staline. Seul Prokofiev pensa qu’un compromis était possible. Le "Fils prodigue" revint et ce fut un désastre. Appartenant à la génération suivante, Dimitri Chostakovitch ne quitta jamais son pays. Passant de l’immense succès à la désapprobation brutale, il écrivit la plus soviétique des symphonies mais son génie en fit la plus jouée du XXe siècle dans le reste du monde. Fils fidèle ou dissident ? Amorcé par le très controversé Testimony de Solomon Volkov, le débat n’est pas clos. (cf. Bartlett, Rosamund.
Le Destin russe et la musique: Un siècle de la Révolution à nos jours )
Ce grand compositeur, par une ironie magnifique de l'histoire, naquit russe un an après la révolution avortée de 1905 et mourut soviétique en 1975, sans jamais avoir renoncé à l'impérieuse nécessité d'écrire une oeuvre personnelle malgré le contexte politique. L'itinéraire humain et artistique de Chostakovitch nous donne une lecon de vie, et nous montre que la force de la volonté triomphe de tout, même de l'innommable.
Quel autre compositeur se serait relevé des pires attaques de ces quelques intellectuels occidentaux gauchement soumis aux dogmes du modernisme, tel Theodor Adorno qui estimait dans l'introduction de sa Philosophie de la nouvelle musique que l'univers de Chostakovitch était un mélange débile de routine et d'impuissance ? Quel autre compositeur aurait résisté aussi bien que lui aux mille attaques dont il a été victime dans sa propre patrie soviétique, à laquelle il est pourtant toujours resté fidèle, et qui ne l'a remercié que par une guerre intellectuelle incessante, menée tour à tour par Jdanov et Khrennikov, deux des fidèles chiens de garde insipides de l'esthétique stalinienne ?
Il fallait assurément du génie et de l'endurance mentale pour survivre en contexte soviétique avec une si forte personnalité et produire une oeuvre si impressionnante (15 symphonies, 15 quatuors, de nombreuses oeuvres lyriques dont une Lady Macbeth qui est l'un des opéras les plus importants du siècle dernier, etc.). Il fallait du génie, et une dose tragique de volonté, pour réussir ce projet fou : se dresser en tant qu'artiste-roi, individu total, face à la dictature collectiviste toute-puissante qui se voulait elle-même oeuvre d'art. On a parlé ironiquement de Staline "oeuvre d'art totale" : on sait à quel point le Petit Père des peuples s'ingérait dans les affaires culturelles de l'URSS. Au-delà, on sait aussi le lien troublant entre art et tyrannie, depuis le Néron musicien raté jusqu'au jeune caporal Hitler peintre médiocre, en passant par ce Staline critique musical, imposant sa vision de l'esthétique soviétique "antiformaliste" aux plus grands compositeurs de son temps. A l'artiste tyrannique, imposant partout sa volonté propre sur la forme comme sur le fond, le régime totalitaire semble répondre par le tyran-artiste, fixant les contours et les contenus de la représentation de sa propre histoire.
C'est dans ce contexte de tensions entre politique et création que Dimitri Chostakovitch, guetteur de l'apocalypse socialiste, a produit quelques-unes des plus grandes oeuvres du XXe siècle. C'est là toute la grandeur paradoxale de cet homme, qui n'a quasiment jamais quitté l'URSS mais a noué des liens avec quelques-uns des plus grands musiciens de son temps (Rostropovitch, Bernstein, etc.), qui n'a recherché que sa voie stylistique propre mais a été frappé tour à tour par les foudres soviétiques (car on le trouvait trop moderniste ou "formaliste") et occidentales (car on le trouvait trop classique et asservi au régime socialiste). Paradoxe, enfin, d'un artiste qui a su faire tenir à sa musique un double langage fascinant, inextricable, s'adressant à nous comme individus-collectifs, animaux politiques, confrontés à l'horreur collective de l'histoire, mais aussi comme individus absolus confrontés à l'angoisse de notre finitude.
Chostakovitch était surtout un militant de lui-même, et notre époque si prompte à encourager les engagements politiques les plus divers a besoin de se tourner vers lui afin de comprendre que l'on peut aussi résister à un environnement politique oppressant par la noblesse d'un exil intérieur et artistique. . (cf. cf. François-Xavier Ajavon critique musical pour le webzine Anaclase.com)
Si l'on veut véritablement comprendre l'essence de ce régime, ce n'est pas chez Soljenitsyne qu'il faut chercher les réponses. C'est bien davantage dans l'analyse froide et quasi scientifique d'un Zinoviev ou d'un Siniavski que l'on découvrira les racines profondes d'un système qui a non seulement détruit et enchaîné les corps - trente millions selon les dernières estimations - mais qui a été jusqu'à assujettir de manière insidieuse l'âme même de ceux qui l'ont vécu. Écoutons Zinoviev : « Si tu veux savoir ce qu'est le socialisme en tant que type de société spécifique, imagine ce tableau : toutes les limites artificielles (c'est-à-dire, à proprement parler, la civilisation) opposées aux lois sociologiques de l'espèce (la survie, par exemple; NdA) sont détruites; ces lois sociologiques prennent une importance décisive, soumettent tous les autres aspects de l'existence, développent un système adéquat de pouvoir, d'idéologie, de l'art, etc. À partir d'un certain moment, on découvre que “ l'abondance promise" était illusoire, et alors c'est la pénurie des produits et objets de qualité, le niveau artistique et littéraire baisse, les formes spirituelles de l'art sont expulsées par des formes purement mécaniques, sensitives, la littérature périt, le mensonge et la démagogie vous étouffent à chaque pas... Immanquablement, le système oppressif, coercitif, contraignant, renforce sa pression. La hargne et l'énervement généraux deviennent la toile de fond normale de toute existence. Les hommes attendent le pire... (C'est) le règne de la médiocrité, de l'arrivisme, de la cupidité, de la corruption, du je-m'en-foutisme, etc. »
À cet aspect théorique, Siniavski apporte son expérience concrète :
« Qu'est-ce qu'un appartement communautaire ? (...) J'ai essayé de démontrer comment une belle idée de départ - en l'occurrence, l'idée d'une vie collective, d'une sorte de phalanstère - s'est transformée en un cauchemar quotidien. Où l'on passe son temps à épier ses voisins, à calculer combien chacun grille d'électricité, à surveiller ses casseroles dans la cuisine commune et à répartir les charges du ménage en fonction du nombre de fois où l'on emprunte le corridor central ! »
Chostakovitch a été témoin de ces perversités, il en a été aussi la victime. C'est que sa vie fut à la fois un interminable combat contre une médiocrité ambiante délétère, mais aussi un constat douloureux des coupables faiblesses qu'il pressentait en lui-même et qui l'amenèrent à accepter divers expédients à l'égard du stalinisme. C'est ainsi qu'à plusieurs reprises, pour déjouer les sourdes menaces, il consent d’œuvrer à la gloire du régime et de ses projets pharaoniques . Mais ensuite, comme saisi par le remords, il ne tarde pas à se cabrer et crier vengeance : contre ceux qui l'espionnent, ceux qui le traquent, ceux qui l'insultent. Contre les apparatchiks sans scrupules, les arrivistes médisants, les collègues sans talent qu'un simple article anonyme dans la Pravda détournent de lui, contre les amis d'hier qui baissent les yeux et changent de trottoir lorsqu'ils l'aperçoivent dans la rue. Enfin, contre ses "tortionnaires" les plus méprisables, ces commissaires gardes-chiourme de la culture qui le dénoncent comme "formaliste", "petit-bourgeois décadent", "vipère lubrique à la solde de l'impérialisme américain".
« Ce qui était terrible, a révélé Maxime, le fils de Chostakovitch, lors d'une récente interview, c'est que les gens simples qui lisaient cela, le croyaient. Ainsi, cet été de 1948, les gens jetaient-ils des pierres aux fenêtres de notre maison, près de Leningrad, où mon père travaillait ».
"Dans l'ouvrage perspicace de Solomon Volkov sur les souvenirs de Dimitri Chostakovich , "Testimony" (Témoignage), le compositeur russe rappelle l'ordre édicté par Staline au sujet des dernières mesures des symphonies : elles devaient invariablement se terminer avec éclat, et en majeur, afin de bannir de l'esprit des auditeurs tout penchant bourgeois à l'introspection. Il fallait inoculer aux travailleurs une bonne dose de joie, même s'ils avaient perdu la moitié de leur famille dans un Goulag ! Signalons-le au passage : peut-être serez-vous surpris d'apprendre que Staline a été un assassin bien plus inventif et bien plus efficace qu'Hitler. Au moins 62 millions d'hommes, de femmes, et d'enfants ont péri au nom de la Révolution russe, entre 1917 et 1991. Le livre de Rudolph Rummell, "Death by Government" (Mis à mort par le gouvernement), Transaction Publications, 1997, fournit d'abondantes statistiques sur cette question. Voilà pourquoi l'étonnante Quatrième Symphonie de Chostakovitch, celle qu'il appelait son "enfant à problèmes", et qui a une conclusion plus introspective que toute autre œuvre musicale, n'a été jouée qu'en 1962, au Festival de Musique d'Edimbourg, près de trente ans après sa composition, et postérieurement à la mort de Staline . Le conformisme émotionnel, c'est le "fin du fin" en matière de manipulation des populations."
Testimony (Testimony : The Story of Shostakovich) est un film britannique réalisé par Tony Palmer, à partir du livre de Solomon Volkov sorti en 1987.
"Testimony" porte le témoignage d'un invincible esprit humain. Patriote et musicien, Chostakovitch fut le soviétique le plus décoré et le seul compositeur à apparaitre en première page du magazine "Time". Il a vécu sous la terreur stalinienne pendant que la plupart de ses amis furent tués. Sa musique est une éloquante et passionnante description de son époque ; mais c'est sa vie, avec ses drames et son courage, qui reste son vrai testament. Né en 1906, il survit à la Révolution Russe et devient très vite populaire. Mais Staline n'aime pas son opéra "Lady Macbeth" ; la "Pravda" qualifie sa musique de chaos. Humilié, il s'excuse. Mais il continue et écrit pour Leningrad assiégée lors de la Seconde Guerre Mondiale. Aucun compositeur avant lui n'a autant tenu le public en estime. Il survit à Staline qui le méprisait. Gardé par le KGB, il verse sa frustration dans son oeuvre."
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"Ce long métrage de 151' est une adaptation libre du livre controversé éponyme de Solomon Volkov avec Ben Kingsley interprétant le rôle de Schostakovitch. Il est un film d'art! Il intègre à la fois la vie du compositeur russe depuis le début de sa carrière jusqu'à son décès, des images d'archive, une fiction mi-réalité, des fantasmes, des images grotesques, des images de la shoah, des extraits filmés de l'interprétation des symphonies du compositeur sous la direction de Barshaï, des extraits de films d'Eisenstein, des prises de vue artistiques de l'industrie lourde avec un rare bonheur. Si le livre est controversé, l'image de Schostakovitch qui ressort du film peut certainement l'être aussi. Mais il y a de l'intention dans cette démarche et celle-ci est réalisée avec art, grand art. Le monde de l'art du cinéma et la presse ont d'ailleurs salué ce grand film dont on ne peut que regretter une seule version anglophone sans sous-titre."
J'aimerais ouvrir l'écriture de l'exil à l'écriture musicale, celle de Dimitri Chostakovitch. Il n'a jamais quitté son pays, son exil était intérieur.
Chostakovitch est un des grands compositeurs du XXe siècle. Certainement aussi un des plus incompris.
Si Chostakovitch est à ce point incompris, c'est dans la mesure où les spécificités du régime totalitaire soviétique, du stalinisme en particulier, ont longtemps échappé et échappent encore en grande partie à la compréhension du monde occidental.
De Boris Godounov à Guerre et Paix, écrivains et musiciens ont illustré le long destin tragique du peuple russe. Après avoir porté tous les espoirs en la démocratie, le progrès et la modernité, le XXe siècle fut très vite celui de tous les malheurs, cumulant guerres et révolutions, pénurie et émigration, censure et oppression. Au même moment, la musique russe connaissait paradoxalement un essor extraordinaire, portée par ses trois plus grands noms – Rachmaninov, Stravinsky et Prokofiev – dans une émigration qu’ils pensaient de courte durée, mais les années passèrent et la musique changea de sens, quittant sa russéité chez Stravinsky, en cherchant une autre, prolétarienne d’abord, réaliste et socialiste ensuite chez les musiciens restés en Union soviétique. La valeur de la musique devint celle de son service à l’idéologie et son prix, celui de Staline. Seul Prokofiev pensa qu’un compromis était possible. Le "Fils prodigue" revint et ce fut un désastre. Appartenant à la génération suivante, Dimitri Chostakovitch ne quitta jamais son pays. Passant de l’immense succès à la désapprobation brutale, il écrivit la plus soviétique des symphonies mais son génie en fit la plus jouée du XXe siècle dans le reste du monde. Fils fidèle ou dissident ? Amorcé par le très controversé Testimony de Solomon Volkov, le débat n’est pas clos. (cf. Bartlett, Rosamund.
Le Destin russe et la musique: Un siècle de la Révolution à nos jours )
Ce grand compositeur, par une ironie magnifique de l'histoire, naquit russe un an après la révolution avortée de 1905 et mourut soviétique en 1975, sans jamais avoir renoncé à l'impérieuse nécessité d'écrire une oeuvre personnelle malgré le contexte politique. L'itinéraire humain et artistique de Chostakovitch nous donne une lecon de vie, et nous montre que la force de la volonté triomphe de tout, même de l'innommable.
Quel autre compositeur se serait relevé des pires attaques de ces quelques intellectuels occidentaux gauchement soumis aux dogmes du modernisme, tel Theodor Adorno qui estimait dans l'introduction de sa Philosophie de la nouvelle musique que l'univers de Chostakovitch était un mélange débile de routine et d'impuissance ? Quel autre compositeur aurait résisté aussi bien que lui aux mille attaques dont il a été victime dans sa propre patrie soviétique, à laquelle il est pourtant toujours resté fidèle, et qui ne l'a remercié que par une guerre intellectuelle incessante, menée tour à tour par Jdanov et Khrennikov, deux des fidèles chiens de garde insipides de l'esthétique stalinienne ?
Il fallait assurément du génie et de l'endurance mentale pour survivre en contexte soviétique avec une si forte personnalité et produire une oeuvre si impressionnante (15 symphonies, 15 quatuors, de nombreuses oeuvres lyriques dont une Lady Macbeth qui est l'un des opéras les plus importants du siècle dernier, etc.). Il fallait du génie, et une dose tragique de volonté, pour réussir ce projet fou : se dresser en tant qu'artiste-roi, individu total, face à la dictature collectiviste toute-puissante qui se voulait elle-même oeuvre d'art. On a parlé ironiquement de Staline "oeuvre d'art totale" : on sait à quel point le Petit Père des peuples s'ingérait dans les affaires culturelles de l'URSS. Au-delà, on sait aussi le lien troublant entre art et tyrannie, depuis le Néron musicien raté jusqu'au jeune caporal Hitler peintre médiocre, en passant par ce Staline critique musical, imposant sa vision de l'esthétique soviétique "antiformaliste" aux plus grands compositeurs de son temps. A l'artiste tyrannique, imposant partout sa volonté propre sur la forme comme sur le fond, le régime totalitaire semble répondre par le tyran-artiste, fixant les contours et les contenus de la représentation de sa propre histoire.
C'est dans ce contexte de tensions entre politique et création que Dimitri Chostakovitch, guetteur de l'apocalypse socialiste, a produit quelques-unes des plus grandes oeuvres du XXe siècle. C'est là toute la grandeur paradoxale de cet homme, qui n'a quasiment jamais quitté l'URSS mais a noué des liens avec quelques-uns des plus grands musiciens de son temps (Rostropovitch, Bernstein, etc.), qui n'a recherché que sa voie stylistique propre mais a été frappé tour à tour par les foudres soviétiques (car on le trouvait trop moderniste ou "formaliste") et occidentales (car on le trouvait trop classique et asservi au régime socialiste). Paradoxe, enfin, d'un artiste qui a su faire tenir à sa musique un double langage fascinant, inextricable, s'adressant à nous comme individus-collectifs, animaux politiques, confrontés à l'horreur collective de l'histoire, mais aussi comme individus absolus confrontés à l'angoisse de notre finitude.
Chostakovitch était surtout un militant de lui-même, et notre époque si prompte à encourager les engagements politiques les plus divers a besoin de se tourner vers lui afin de comprendre que l'on peut aussi résister à un environnement politique oppressant par la noblesse d'un exil intérieur et artistique. . (cf. cf. François-Xavier Ajavon critique musical pour le webzine Anaclase.com)
Si l'on veut véritablement comprendre l'essence de ce régime, ce n'est pas chez Soljenitsyne qu'il faut chercher les réponses. C'est bien davantage dans l'analyse froide et quasi scientifique d'un Zinoviev ou d'un Siniavski que l'on découvrira les racines profondes d'un système qui a non seulement détruit et enchaîné les corps - trente millions selon les dernières estimations - mais qui a été jusqu'à assujettir de manière insidieuse l'âme même de ceux qui l'ont vécu. Écoutons Zinoviev : « Si tu veux savoir ce qu'est le socialisme en tant que type de société spécifique, imagine ce tableau : toutes les limites artificielles (c'est-à-dire, à proprement parler, la civilisation) opposées aux lois sociologiques de l'espèce (la survie, par exemple; NdA) sont détruites; ces lois sociologiques prennent une importance décisive, soumettent tous les autres aspects de l'existence, développent un système adéquat de pouvoir, d'idéologie, de l'art, etc. À partir d'un certain moment, on découvre que “ l'abondance promise" était illusoire, et alors c'est la pénurie des produits et objets de qualité, le niveau artistique et littéraire baisse, les formes spirituelles de l'art sont expulsées par des formes purement mécaniques, sensitives, la littérature périt, le mensonge et la démagogie vous étouffent à chaque pas... Immanquablement, le système oppressif, coercitif, contraignant, renforce sa pression. La hargne et l'énervement généraux deviennent la toile de fond normale de toute existence. Les hommes attendent le pire... (C'est) le règne de la médiocrité, de l'arrivisme, de la cupidité, de la corruption, du je-m'en-foutisme, etc. »
À cet aspect théorique, Siniavski apporte son expérience concrète :
« Qu'est-ce qu'un appartement communautaire ? (...) J'ai essayé de démontrer comment une belle idée de départ - en l'occurrence, l'idée d'une vie collective, d'une sorte de phalanstère - s'est transformée en un cauchemar quotidien. Où l'on passe son temps à épier ses voisins, à calculer combien chacun grille d'électricité, à surveiller ses casseroles dans la cuisine commune et à répartir les charges du ménage en fonction du nombre de fois où l'on emprunte le corridor central ! »
Chostakovitch a été témoin de ces perversités, il en a été aussi la victime. C'est que sa vie fut à la fois un interminable combat contre une médiocrité ambiante délétère, mais aussi un constat douloureux des coupables faiblesses qu'il pressentait en lui-même et qui l'amenèrent à accepter divers expédients à l'égard du stalinisme. C'est ainsi qu'à plusieurs reprises, pour déjouer les sourdes menaces, il consent d’œuvrer à la gloire du régime et de ses projets pharaoniques . Mais ensuite, comme saisi par le remords, il ne tarde pas à se cabrer et crier vengeance : contre ceux qui l'espionnent, ceux qui le traquent, ceux qui l'insultent. Contre les apparatchiks sans scrupules, les arrivistes médisants, les collègues sans talent qu'un simple article anonyme dans la Pravda détournent de lui, contre les amis d'hier qui baissent les yeux et changent de trottoir lorsqu'ils l'aperçoivent dans la rue. Enfin, contre ses "tortionnaires" les plus méprisables, ces commissaires gardes-chiourme de la culture qui le dénoncent comme "formaliste", "petit-bourgeois décadent", "vipère lubrique à la solde de l'impérialisme américain".
« Ce qui était terrible, a révélé Maxime, le fils de Chostakovitch, lors d'une récente interview, c'est que les gens simples qui lisaient cela, le croyaient. Ainsi, cet été de 1948, les gens jetaient-ils des pierres aux fenêtres de notre maison, près de Leningrad, où mon père travaillait ».
"Dans l'ouvrage perspicace de Solomon Volkov sur les souvenirs de Dimitri Chostakovich , "Testimony" (Témoignage), le compositeur russe rappelle l'ordre édicté par Staline au sujet des dernières mesures des symphonies : elles devaient invariablement se terminer avec éclat, et en majeur, afin de bannir de l'esprit des auditeurs tout penchant bourgeois à l'introspection. Il fallait inoculer aux travailleurs une bonne dose de joie, même s'ils avaient perdu la moitié de leur famille dans un Goulag ! Signalons-le au passage : peut-être serez-vous surpris d'apprendre que Staline a été un assassin bien plus inventif et bien plus efficace qu'Hitler. Au moins 62 millions d'hommes, de femmes, et d'enfants ont péri au nom de la Révolution russe, entre 1917 et 1991. Le livre de Rudolph Rummell, "Death by Government" (Mis à mort par le gouvernement), Transaction Publications, 1997, fournit d'abondantes statistiques sur cette question. Voilà pourquoi l'étonnante Quatrième Symphonie de Chostakovitch, celle qu'il appelait son "enfant à problèmes", et qui a une conclusion plus introspective que toute autre œuvre musicale, n'a été jouée qu'en 1962, au Festival de Musique d'Edimbourg, près de trente ans après sa composition, et postérieurement à la mort de Staline . Le conformisme émotionnel, c'est le "fin du fin" en matière de manipulation des populations."
Testimony (Testimony : The Story of Shostakovich) est un film britannique réalisé par Tony Palmer, à partir du livre de Solomon Volkov sorti en 1987.
"Testimony" porte le témoignage d'un invincible esprit humain. Patriote et musicien, Chostakovitch fut le soviétique le plus décoré et le seul compositeur à apparaitre en première page du magazine "Time". Il a vécu sous la terreur stalinienne pendant que la plupart de ses amis furent tués. Sa musique est une éloquante et passionnante description de son époque ; mais c'est sa vie, avec ses drames et son courage, qui reste son vrai testament. Né en 1906, il survit à la Révolution Russe et devient très vite populaire. Mais Staline n'aime pas son opéra "Lady Macbeth" ; la "Pravda" qualifie sa musique de chaos. Humilié, il s'excuse. Mais il continue et écrit pour Leningrad assiégée lors de la Seconde Guerre Mondiale. Aucun compositeur avant lui n'a autant tenu le public en estime. Il survit à Staline qui le méprisait. Gardé par le KGB, il verse sa frustration dans son oeuvre."
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"Ce long métrage de 151' est une adaptation libre du livre controversé éponyme de Solomon Volkov avec Ben Kingsley interprétant le rôle de Schostakovitch. Il est un film d'art! Il intègre à la fois la vie du compositeur russe depuis le début de sa carrière jusqu'à son décès, des images d'archive, une fiction mi-réalité, des fantasmes, des images grotesques, des images de la shoah, des extraits filmés de l'interprétation des symphonies du compositeur sous la direction de Barshaï, des extraits de films d'Eisenstein, des prises de vue artistiques de l'industrie lourde avec un rare bonheur. Si le livre est controversé, l'image de Schostakovitch qui ressort du film peut certainement l'être aussi. Mais il y a de l'intention dans cette démarche et celle-ci est réalisée avec art, grand art. Le monde de l'art du cinéma et la presse ont d'ailleurs salué ce grand film dont on ne peut que regretter une seule version anglophone sans sous-titre."
Kashima- Faux-monnayeur
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Date d'inscription : 29/09/2008
Vassilis Alexakis- le premier mot ou les premiers mots
Merci Kashima pour la découverte! Je ne connaissais pas du tout Vassilis Alexakis mais cet auteur m'interpelle et surtout son oeuvre Le premier mot.
Ce livre à résonance autobiographique m'a fait penser au récit autobiographique de Sartre Les Mots, même si leur exil est différent.
Sartre est un auteur de langue francaise et n'a jamais écrit dans une langue étrangère mais la langue de son grand-père, alsacien et professeur d''allemand l'a profondément marqué et influencé sa création littéraire et sa réflexion philosophique. Qui plus est, enfant solitaire, il s'est réfugié dans les mots, son exil.
Dans cette autobiographie, Sartre y raconte ses souvenirs d’enfance jusqu’à l’âge de onze ans.
Le livre est divisé en deux parties : "Lire" et "Ecrire". En effet, l'apprentissage de la lecture et de l'écriture ont été les deux événements les plus marquants pour l'enfant solitaire que fut Jean-Paul Sartre.
Alors que beaucoup aiment à évoquer avec complaisance leurs souvenirs d'enfance, Sartre ,au contraire, se livre à cet exercice avec un esprit critique et une grande ironie. Il démystifie l'attendrissement dont beaucoup entourent cette époque de la vie, et n’hésite pas à affirmer « J'étais un enfant, ce monstre [que les adultes] fabriquent avec leurs regrets. »
Le Robert des Grands Ecrivains de langue française
«Gai autant que sombre, ce livre est un torrent en crue dont rien ne réchappe : ni Sartre lui-même, bien sûr, ni la bourgeoisie, qu'elle soit citadine ou rurale, ni son grand-père Schweitzer. Les Mots sont d'abord le combat de Sartre contre son image - plus précisément contre sa double image : intérieure et publique, l'image de soi devant soi et l'image de soi dans le monde. Ce travail de destruction de sa propre image témoigne d'un paradoxe qui concourt à la force des Mots : si le livre multiplie les fausses pistes, il est pourtant d'une absolue sincérité».
Robert Redecker - Marianne - Juin 2005
Ce livre à résonance autobiographique m'a fait penser au récit autobiographique de Sartre Les Mots, même si leur exil est différent.
Sartre est un auteur de langue francaise et n'a jamais écrit dans une langue étrangère mais la langue de son grand-père, alsacien et professeur d''allemand l'a profondément marqué et influencé sa création littéraire et sa réflexion philosophique. Qui plus est, enfant solitaire, il s'est réfugié dans les mots, son exil.
Dans cette autobiographie, Sartre y raconte ses souvenirs d’enfance jusqu’à l’âge de onze ans.
Le livre est divisé en deux parties : "Lire" et "Ecrire". En effet, l'apprentissage de la lecture et de l'écriture ont été les deux événements les plus marquants pour l'enfant solitaire que fut Jean-Paul Sartre.
Alors que beaucoup aiment à évoquer avec complaisance leurs souvenirs d'enfance, Sartre ,au contraire, se livre à cet exercice avec un esprit critique et une grande ironie. Il démystifie l'attendrissement dont beaucoup entourent cette époque de la vie, et n’hésite pas à affirmer « J'étais un enfant, ce monstre [que les adultes] fabriquent avec leurs regrets. »
Le Robert des Grands Ecrivains de langue française
«Gai autant que sombre, ce livre est un torrent en crue dont rien ne réchappe : ni Sartre lui-même, bien sûr, ni la bourgeoisie, qu'elle soit citadine ou rurale, ni son grand-père Schweitzer. Les Mots sont d'abord le combat de Sartre contre son image - plus précisément contre sa double image : intérieure et publique, l'image de soi devant soi et l'image de soi dans le monde. Ce travail de destruction de sa propre image témoigne d'un paradoxe qui concourt à la force des Mots : si le livre multiplie les fausses pistes, il est pourtant d'une absolue sincérité».
Robert Redecker - Marianne - Juin 2005
Invité- Invité
Le dor de Cioran
"Je suis un regret ambulant, et la nostalgie dévore mon sang et se dévore elle-même"
Cahiers, Cioran
Extrait de l'article "Triste avec méthode" (numéro 508 du Magazine littéraire)
Le dor roumain peut être traduit par "nostalgie" en français. Il est tourné aussi bien vers le passé que vers l'avenir. C'est un désir mêlé de souffrance, une aspiration qui ne connaîtra pas d'accomplissement, car celui qui l'éprouve se situe dans une indétermination dont il ne connaît pas les possibilités de réalisation. L'objet du dor est fondamentalement indéfinissable.
Cioran considère le mot comme l'expression du déracinement métaphysique :
"Le dor, c'est justement se sentir éternellement loin de chez soi."
Cahiers, Cioran
Extrait de l'article "Triste avec méthode" (numéro 508 du Magazine littéraire)
Le dor roumain peut être traduit par "nostalgie" en français. Il est tourné aussi bien vers le passé que vers l'avenir. C'est un désir mêlé de souffrance, une aspiration qui ne connaîtra pas d'accomplissement, car celui qui l'éprouve se situe dans une indétermination dont il ne connaît pas les possibilités de réalisation. L'objet du dor est fondamentalement indéfinissable.
Cioran considère le mot comme l'expression du déracinement métaphysique :
"Le dor, c'est justement se sentir éternellement loin de chez soi."
Kashima- Faux-monnayeur
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Date d'inscription : 29/09/2008
Cioran l'apatride
Cioran ne se met pas au français, il se met à penser en français, à "penser contre soi", à décomposer son idiome natal au moyen d'une langue géométrique, non poétique et "outrageusement désacralisée". Le français est une ascèse : Cioran a dû écrire quatre fois le Précis de décomposition, son premier livre français. Conscient de chaque mot, dans une langue contraire à sa nature, Cioran s'exile "hors du mot", selon l'expression de La Tentation d'exister. Ce déracinement n'empêche pas, cependant, plusieurs emprunts à l'œuvre roumaine. (...) Traître du logos, apatride métaphysique, Cioan s'éloigne définitivement de ses origines et ne cesse de les regretter. Parce que le "changement de religion est chose aussi dangereuse que pour un écrivain le changement de langue", ce basculement en français se révèle être une chute du Verbe, une tentative d'inexister.
Aurélien Demars, "L'apostat du verbe", Magazine littéraire, n° 508
"Le français préserve de la folie." (Cioran à Virgil Tanase)
Aurélien Demars, "L'apostat du verbe", Magazine littéraire, n° 508
"Le français préserve de la folie." (Cioran à Virgil Tanase)
Kashima- Faux-monnayeur
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Date d'inscription : 29/09/2008
Tristes pontiques
Kashima a écrit:Un des écrivains de l'exil forcé est le poète latin Ovide.
Marie Darrieussecq a consacré récemment un livre à ce sujet, récemment (voir https://edencash.forumactif.org/t153-vu-entendulu#3736 )
Extraits de sa traduction :
"Tout est si présent dans ma tête
la silhouette de ma femme
la voir c'est pire
la voir c'est bon
c'est une souffrance et un réconfort
son absence est insupportable
mais son amour là-bas me tient en vie"
"Ça ne sert à rien
ce que j'écris
je parle à la mer et au vent
mes mots se perdent dans les vagues
mes vers mes vœux mes voiles
s'envolent vers le vide"
"Pas d'oiseau pas de chants
des cris dans les marais
des migrateurs venus de lointaines forêts
et qui plongent un bec bruyant dans l'eau salée
les plaines sous le ciel sont un miroir des flots
la terre c'est la mer à peine plus solide
les champs sont vides
l'absinthe seule y pousse
aussi triste et amère que cette terre hirsute et sans récolte"
"je cherche souvent mes mots dans ma langue natale
à force de ne pas le parler
je perds mon latin
(...) pour ne pas oublier complètement ma langue
ni que mon accent fonde dans ma bouche fermée
je répète des mots qui me deviennent étranges"
"Comme je suis près du bord de la Terre
comme je suis loin de tout ce que j'aime
je suis tout seul au bout du monde
sur une plage abandonnée
la terre a disparu"
Kashima- Faux-monnayeur
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Date d'inscription : 29/09/2008
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