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Intertextualité - les lectures d'Amélie

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Intertextualité - les lectures d'Amélie Empty Intertextualité - les lectures d'Amélie

Message  Kashima Mar 21 Oct 2008 - 14:30

Amélie Nothomb et Henry de Montherlant

Intertextualité - les lectures d'Amélie Montherlantbu9

Quand j'ai pensé à faire un article sur l'objet "pneumatique" (cf. Le pneumatique dans le marché aux puces d'A. Breton qui avait attiré mon attention à la lecture des Jeunes Filles de Montherlant et de leur suite, j'avais bien en tête la présence du mot "pneu" dans l'oeuvre d'Amélie Nothomb, comme un clin d'oeil à ses lecteurs.
Elle n'utilise pas le pneumatique dans ses livres, du moins pas encore.
Mais c'est elle qui m'a conduite à lire la tétralogie d'Henry de Montherlant, dont le personnage principal est l'écrivain et séducteur Pierre Costals.

En cherchant des textes sur le pneumatique, qui seraient déjà numérisés, ce qui me permettait de gagner du temps, je suis tombée sur cet article de Pierre Duroisin concernant Amélie Nothomb et Montherlant. On peut y lire aussi quelques titres ou auteurs qui comptent pour elle :

Le premier nom qui vienne à l’esprit est celui d’Amélie Nothomb. Sollicitée pour la « Journée Montherlant » du 25 septembre 2007 à Bruxelles, la romancière, tout en regrettant de ne pouvoir en être, eut ce mot de reconnaissance qui émousse, épointe les banderilles de Simone de Beauvoir et de bien d’autres :

"J’admire votre projet de journée Montherlant. Cet auteur a beaucoup compté pour moi durant mon adolescence et il est toujours l’un de mes écrivains préférés. [...] Sachez que ce refus me coûte. Je me console en pensant que je n’aurais de toute façon pas été à la hauteur. Il est si difficile de dire son admiration."

Et ce n’est pas une pose. L’auteur de Biographie de la faim (le livre n’est certes pas présenté comme un roman, mais il ne s’affiche pas non plus comme une autobiographie) a longuement parlé, en 2004, de ses appétits littéraires. Ils commencèrent avec Tintin et la Bible, bientôt suivis de l’atlas et du dictionnaire, à leur tour suivis de Quo vadis ?, de Colette, de Mishima, de La Chartreuse de Parme et de bien d’autres livres, parmi lesquels l’Iliade et l’Odyssée qu’elle s’obligea à retraduire « avec fièvre » quand elle fut, à quinze ans, au pire de l’anorexie. Elle émergea de son mal pour se retrouver dans une chambre où vivre, plus que jamais, se confondait avec lire. Elle découvrit alors le cancrelat kafkaïen de La Métamorphose, qui lui renvoyait une image d’elle-même, et puis, ô merveille :

"Je lus pour la première fois le roman que j’allais le plus relire – plus de cent fois –, Les Jeunes Filles de Montherlant. Cette lecture jubilatoire me confirma dans l’idée qu’il fallait tout devenir, sauf une femme. J’étais sur la bonne voie, puisque j’étais un cancrelat."

Cela se passait au Laos vers 1983. On sait que la jeune lectrice a finalement choisi de devenir femme plutôt que de rester cancrelat. Femme, mais aussi écrivain. C’est donc à la romancière Amélie Nothomb qu’en novembre 1995, tandis que se donnait à Bruxelles l’opéra tiré de son premier roman, Hygiène de l’assassin, une journaliste dont le journal avait parlé du chou sous toutes ses coutures et à travers tous les âges, demanda où allaient ses préférences, si c’était au chou-fleur, au chou à la crème ou au chou de Bruxelles. La réponse fusa : « De Bruxelles. Cela me rappelle une phrase de Montherlant : “J’entrai dans cette maison. Il flottait une odeur de chou de Bruxelles. Il y avait encore une raison de vivre...” » Boutade, si l’on veut, mais boutade qu’il faut prendre au sérieux. C’est en effet dans Le Démon du bien que Pierre Costals, fort occupé, devant une « tasse de thé prénuptiale », à détailler pour Mme Dandillot les drastiques conditions d’une éventuelle union avec sa fille, la voit soudain qui sonne, l’air consterné, pour appeler un domestique :

Intertextualité - les lectures d'Amélie Ledmondubienaj5

"Est-ce qu’elle va me faire reconduire ? » se demanda-t-il. Mais non, c’était pour dire de fermer la porte de la cuisine. En effet, de la cuisine arrivait une appétissante, trop appétissante odeur de choux de Bruxelles. Ah ! toute espérance en la vie n’était pas morte !"

La romancière de vingt-huit ans avait piqué droit sur l’un des épisodes les plus savoureux de la série des Jeunes Filles : savoureux au sens propre, au sens culinaire (et le souvenir de l’anorexie y fut sans doute pour quelque chose), mais savoureux aussi au sens figuré, la scène se terminant, comme le dit Costals lui-même, par un « gag » digne de Charlot. Car il était « si faraud de s’en aller que, avant que Mme Dandillot eût pu l’en empêcher, il s’était dirigé vaillamment vers la porte de la cuisine, la prenant pour la porte de sortie, et l’avait ouverte », de sorte que l’odeur des choux de Bruxelles s’était jetée sur lui « avec la joie d’un chien enfermé que son maître libère, mais beaucoup plus dense, beaucoup plus vigoureuse, beaucoup plus “de choc” encore » que la première fois.
A-t-on jamais noté, au fait, cette curieuse coïncidence, que le dernier roman de Montherlant, Un assassin est mon maître, et le premier roman de sa fidèle lectrice, Hygiène de l’assassin, ont un mot en commun dans leurs titres, et pas n’importe lequel ?




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Kashima
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