Le Fait du Prince : champagne!
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Edencash :: Bibliothekos :: Amélie N.
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Le Fait du Prince : champagne!
Amélie a écrit son livre sur le champagne et sur la beauté féminine. Je ne vois pas d'autre but à ce roman que de vanter les mérites de cette boisson et d'une belle femme...
Pour résumer l'histoire, Baptiste Bordave voit mourir chez lui Olaf Sildur, un homme qu'il ne connaît pas et qui venait passer un coup de fil sous prétexte que sa voiture était en panne. Il lui vient à l'idée d'usurper son identité. Il ne sait rien de cet homme hormis ses origines suédoises. Il le soupçonne d'être un agent secret.
Arrivé dans sa villa, il se retrouve en présence de sa belle épouse qu'il prénommera Sigrid...
1) Eloge du champagne
On connaît le goût d'Amélie pour cette boisson dont elle s'enivre. Le Fait du Prince, c'est l'éloge de "la version à bulles de l'or" (p.118). Que décident de faire Olaf et Sigrid toute la journée dans leur luxueuse villa? Boire du champagne. A la cave, il y a un dispositif ingénieux qui conserve au frais un nombre incalculable de bouteilles : Veuve-Clicquot, Roederer, Krug, Dom-pérignon... Pour choisir la marque, il suffit d'appuyer sur un bouton qui allume la veuve en orange, le krug en violet... Ainsi, les bouteilles restent toujours fraîches.
Sigrid ne se nourrit presque pas, elle se contente de boire avec délectation le champagne :
"J'ai l'impression que nous exerçons l'un sur l'autre une influence améthyste", constate Olaf à la page 131. On apprend, à ce moment-là, que le mot "améthyste" signifie "qui écarte l'ivresse" et que "les pochetrons de l'Antiquité ne s'en départaient pas".
Pourtant, cet effet ne semble pas se manifester jusqu'au bout, puisqu'on peut lire que "le corps humain possède une ligne de partage du champagne, géographie encore plus mystérieuse, à partir de laquelle le vin doré cesse de couler vers l'intelligence pour refluer en direction du grand n'importe quoi." (p. 133)
En connaisseuse, Amélie fait dire à Olaf, à moins que ce soit vraiment le narrateur-auteur qui intervienne, que les hommes laissent toujours passer le moment entre la "quinzième et la seizième gorgée de champagne", moment qui nous ferait accéder à l'ivresse mais que l'on sabote par désir de s'enivrer.
2) Sigrid
La femme sans nom, c'est Sigrid. Le prénom est une chose très importante dans les romans d'Amélie : quel plaisir éprouve-t-elle au moment où elle fait découvrir à un personnage le prénom d'une belle femme! C'est ainsi qu'elle accède au mystère de la personne. Son personnage féminin a ici la particularité de ne pas avoir de prénom. Elle accepte d'être baptisée à chaque rencontre.
L'imaginant suédoise, Olaf la prénomme Sigrid. Elle a une beauté nordique ; pour une fois, elle n'est pas brune! On sait d'elle, à la page 41, qu'elle a "le physique de la Scandinave rêvée, grande, svelte, blonde aux yeux bleus, des traits assortis à la finesse générale."
La fascination qu'il a pour elle est encore platonique. A un moment, Olaf pourrait profiter de cette femme, mais il se borne seulement à dire :
"Sauf dérogation expresse de votre part, je ne songe pas à vous faire subir les derniers outrages." (p. 143). De toute façon, couchée à côté de lui, elle s'endort.
Le désir pour cette femme est manifeste. Olaf-Amélie sait regarder ses jambes, aimer sa présence...
3) Un fait du prince
Baptiste prend une décision absurde, irréfléchie quand il décide de devenir Olaf sur un coup de tête, influencé par sa discussion de la veille avec un homme qui conseille :
"Si un invité meurt inopinément chez vous, ne prévenez surtout pas la police." (p.7)
L'état civil d'Olaf et sa vie qu'il usurpe ne peuvent plus être contestés : une fois que Baptiste entre dans cet engrenage, il doit se plier à ce fait du prince.L'expression est d'ailleurs employée quelques lignes avant la fin, quand la vie de Baptiste ne lui appartient plus, quand il est couvert de dettes sans que cela ne lui importe :
"Cette dette publique nous indifférait. C'était le fait du prince." (p. 169)
Je me demande si Amélie ne s'est pas laissée portée du début par cette belle expression du vocabulaire juridique et si elle n'est pas partie de ses sonorités, de ses sens multiples, pour en faire un roman. Partant de cette expression et d'une hypothèse qu'elle a pu se faire un jour sur "que faire du cadavre qui meurt chez vous?", elle a écrit ce livre et s'est laissée aller arbitrairement où il la portait, fait du prince pour elle aussi car il la dépasse.
On peut regretter que les choses s'accélèrent sans beaucoup de psychologie à partir de la page 149, lorsque Baptiste révèle sa véritable identité. Amélie se laisse porter où l'écriture la mène, ce qui me fait dire que ce livre est un prétexte à écrire le champagne car on ne saura jamais rien sur les intentions ou la véritable identité des personnages.
Le néologisme de ce roman est la "décaphonie". De tête, Baptiste, devenu Olaf, cherche à recomposer le numéro fait par Olaf avant de mourir car il est parvenu à refaire de tête les dix intonations. "Pneu", cette fois, y est. Je l'ai cherché en vain dans Ni d'Eve ni d'Adam.
On a affaire à quelqu'un de peu intéressant au début, voir de minable, mais cet anti-héros s'en sort bien et, de médiocre, se construit une vie enivrante.
Une des phrases qui m'ont frappée se trouve au début du livre :
"On croirait que mon cerveau ne différencie pas le possible du désirable." (A méditer...)
En résumé, ce livre est loin d'être mon préféré, je le classe dans le trio de queue, avec Acide Sulfurique et Robert des Noms propres : "Beau titre, belle couverture...
Pour résumer l'histoire, Baptiste Bordave voit mourir chez lui Olaf Sildur, un homme qu'il ne connaît pas et qui venait passer un coup de fil sous prétexte que sa voiture était en panne. Il lui vient à l'idée d'usurper son identité. Il ne sait rien de cet homme hormis ses origines suédoises. Il le soupçonne d'être un agent secret.
Arrivé dans sa villa, il se retrouve en présence de sa belle épouse qu'il prénommera Sigrid...
1) Eloge du champagne
On connaît le goût d'Amélie pour cette boisson dont elle s'enivre. Le Fait du Prince, c'est l'éloge de "la version à bulles de l'or" (p.118). Que décident de faire Olaf et Sigrid toute la journée dans leur luxueuse villa? Boire du champagne. A la cave, il y a un dispositif ingénieux qui conserve au frais un nombre incalculable de bouteilles : Veuve-Clicquot, Roederer, Krug, Dom-pérignon... Pour choisir la marque, il suffit d'appuyer sur un bouton qui allume la veuve en orange, le krug en violet... Ainsi, les bouteilles restent toujours fraîches.
Sigrid ne se nourrit presque pas, elle se contente de boire avec délectation le champagne :
"J'ai l'impression que nous exerçons l'un sur l'autre une influence améthyste", constate Olaf à la page 131. On apprend, à ce moment-là, que le mot "améthyste" signifie "qui écarte l'ivresse" et que "les pochetrons de l'Antiquité ne s'en départaient pas".
Pourtant, cet effet ne semble pas se manifester jusqu'au bout, puisqu'on peut lire que "le corps humain possède une ligne de partage du champagne, géographie encore plus mystérieuse, à partir de laquelle le vin doré cesse de couler vers l'intelligence pour refluer en direction du grand n'importe quoi." (p. 133)
En connaisseuse, Amélie fait dire à Olaf, à moins que ce soit vraiment le narrateur-auteur qui intervienne, que les hommes laissent toujours passer le moment entre la "quinzième et la seizième gorgée de champagne", moment qui nous ferait accéder à l'ivresse mais que l'on sabote par désir de s'enivrer.
2) Sigrid
La femme sans nom, c'est Sigrid. Le prénom est une chose très importante dans les romans d'Amélie : quel plaisir éprouve-t-elle au moment où elle fait découvrir à un personnage le prénom d'une belle femme! C'est ainsi qu'elle accède au mystère de la personne. Son personnage féminin a ici la particularité de ne pas avoir de prénom. Elle accepte d'être baptisée à chaque rencontre.
L'imaginant suédoise, Olaf la prénomme Sigrid. Elle a une beauté nordique ; pour une fois, elle n'est pas brune! On sait d'elle, à la page 41, qu'elle a "le physique de la Scandinave rêvée, grande, svelte, blonde aux yeux bleus, des traits assortis à la finesse générale."
La fascination qu'il a pour elle est encore platonique. A un moment, Olaf pourrait profiter de cette femme, mais il se borne seulement à dire :
"Sauf dérogation expresse de votre part, je ne songe pas à vous faire subir les derniers outrages." (p. 143). De toute façon, couchée à côté de lui, elle s'endort.
Le désir pour cette femme est manifeste. Olaf-Amélie sait regarder ses jambes, aimer sa présence...
3) Un fait du prince
Baptiste prend une décision absurde, irréfléchie quand il décide de devenir Olaf sur un coup de tête, influencé par sa discussion de la veille avec un homme qui conseille :
"Si un invité meurt inopinément chez vous, ne prévenez surtout pas la police." (p.7)
L'état civil d'Olaf et sa vie qu'il usurpe ne peuvent plus être contestés : une fois que Baptiste entre dans cet engrenage, il doit se plier à ce fait du prince.L'expression est d'ailleurs employée quelques lignes avant la fin, quand la vie de Baptiste ne lui appartient plus, quand il est couvert de dettes sans que cela ne lui importe :
"Cette dette publique nous indifférait. C'était le fait du prince." (p. 169)
Je me demande si Amélie ne s'est pas laissée portée du début par cette belle expression du vocabulaire juridique et si elle n'est pas partie de ses sonorités, de ses sens multiples, pour en faire un roman. Partant de cette expression et d'une hypothèse qu'elle a pu se faire un jour sur "que faire du cadavre qui meurt chez vous?", elle a écrit ce livre et s'est laissée aller arbitrairement où il la portait, fait du prince pour elle aussi car il la dépasse.
On peut regretter que les choses s'accélèrent sans beaucoup de psychologie à partir de la page 149, lorsque Baptiste révèle sa véritable identité. Amélie se laisse porter où l'écriture la mène, ce qui me fait dire que ce livre est un prétexte à écrire le champagne car on ne saura jamais rien sur les intentions ou la véritable identité des personnages.
Le néologisme de ce roman est la "décaphonie". De tête, Baptiste, devenu Olaf, cherche à recomposer le numéro fait par Olaf avant de mourir car il est parvenu à refaire de tête les dix intonations. "Pneu", cette fois, y est. Je l'ai cherché en vain dans Ni d'Eve ni d'Adam.
On a affaire à quelqu'un de peu intéressant au début, voir de minable, mais cet anti-héros s'en sort bien et, de médiocre, se construit une vie enivrante.
Une des phrases qui m'ont frappée se trouve au début du livre :
"On croirait que mon cerveau ne différencie pas le possible du désirable." (A méditer...)
En résumé, ce livre est loin d'être mon préféré, je le classe dans le trio de queue, avec Acide Sulfurique et Robert des Noms propres : "Beau titre, belle couverture...
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
Re: Le Fait du Prince : champagne!
Kashima a écrit:En résumé, ce livre est loin d'être mon préféré, je le classe dans le trio de queue, avec Acide Sulfurique et Robert des Noms propres : "Beau titre, belle couverture...
Oui, c'est vrai qu'elle ne s'est pas foulée cette année. D'ailleurs, elle en est très consciente, car en interview, elle désamorce immédiatement les critiques en plaisantant sur la légèreté (en kg) de ce nouvel opus.
Néanmoins, ce livre, c'est sûr, sera à nouveau un succès. Et moi-même, je dois avouer que je l'ai lu avec un certain plaisir, voire un plaisir certain ! ...
Invité- Invité
Re: Le Fait du Prince : champagne!
Oui, c'est toujours, quoi qu'il arrive, du Amélie!
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
Re: Le Fait du Prince : champagne!
Je préfère quand même les livres où elle nous parle d'elle, je veux dire plus ou moins autobiographiques.
J'ai en effet l'impression qu'il existe un fossé entre les récits qu'elle invente totalement, et ceux qui correspondent à des histoires vécues.
J'ai en effet l'impression qu'il existe un fossé entre les récits qu'elle invente totalement, et ceux qui correspondent à des histoires vécues.
Invité- Invité
Re: Le Fait du Prince : champagne!
Je n'ai pas encore lu "Le Fait du prince".
Et je n'ai pas lu tous ses livres.
J'en ai lu un certain nombre, mais comme j'ai commencé tard, je les lis dans le désordre. Au mois d'août j'ai lu "Les Catilinaires", par exemple.
Je lirai son dernier, un jour.
J'aime cette attente.
D'une part parce que, de toute façon, je sais que j'aimerai son livre et d'autre part parce que j'ai horreur de me précipiter immédiatement sur tout ce dont on parle.
Et je n'ai pas lu tous ses livres.
J'en ai lu un certain nombre, mais comme j'ai commencé tard, je les lis dans le désordre. Au mois d'août j'ai lu "Les Catilinaires", par exemple.
Je lirai son dernier, un jour.
J'aime cette attente.
D'une part parce que, de toute façon, je sais que j'aimerai son livre et d'autre part parce que j'ai horreur de me précipiter immédiatement sur tout ce dont on parle.
chercheusedor- L'antichambre
- Nombre de messages : 173
Age : 61
Localisation : Paris, close to the fleuve.
Date d'inscription : 02/10/2008
Re: Le Fait du Prince : champagne!
Vite, vite, qu'on en parle!
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
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