La fleur bleue de Novalis
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Quelle fleur pour quel poète?
La fleur bleue de Novalis
Henri d'Ofterdingen
La Fleur bleue
"Il [Henri] se trouvait sur un moelleux gazon, tout au bord d'une source qui sortait en plein air, et où ses eaux, apparemment, s'évanouissaient. Des roches d'un bleu sombre striées de veines multicolores se dressaient à une certaine distance : mais la lumière du jour était plus limpide et plus douce autour de lui que d'ordinaire, et le ciel, d'un azur presque noir, était parfaitement pur. Ce qui, pourtant, le fascinait avec la force irrésistible d'un charme tout-puissant, c'était, et ici-même, tout auprès de la source, une fleur élancée et d'un bleu lumineux qui l'effleurait de ses larges feuilles resplendissantes. Des fleurs sans nombre et de toutes les couleurs se pressaient autour d'elle, embaumant l'air du plus exquis parfum. Il ne voyait cependant que la seule fleur bleue, et longuement, avec une tendresse qu'on ne saurait dire, il attacha ses regards sur elle. A la fin, comme il voulait s'approcher d'elle, il la vit tout soudain qui bougeait et commençait à se transformer ; les feuilles se faisaient de plus en plus brillantes et venaient se coller contre la tige, qui elle-même grandissait ; la Fleur alors se pencha vers lui, et ses pétales épanouis se déployèrent en une large collerette bleue qui s'ouvrait délicatement sur les traits exquis d'un doux visage. Dans un étonnement émerveillé et délicieux qui ne cessait de croître, il suivait la métamorphose singulière, quand, brusquement, il fut réveillé par la voix de sa mère et se retrouva là, sous le toit paternel, dans la chambre commune où le soleil matinal, déjà, mettait son or."
« Je n’ai jamais rien éprouvé de pareil : c’est comme si j’avais vécu en songe jusqu’à présent, ou encore comme si j’étais passé en dormant dans un autre monde ; car dans celui où je vivais d’ordinaire, qui donc aurait prêté attention aux fleurs ? Quant à une passion aussi insolite pour une fleur particulière, je n’en avais jamais entendu parler auparavant.- D’où provenait bien venir cet étranger ?»
« L’éternelle jeunesse parlait dans ses grands yeux tranquilles. Sur leur fond d’azur clair, telles deux étoiles, les prunelles brunes brillaient d’un doux éclat. A l’entour s’inclinaient les courbes gracieuses du front et du nez. Son visage était un lys penché vers l’aurore, et de son cou svelte et pur partaient des veines bleues dont les sinuosités charmantes venaient contourner ses joues délicates. Sa voix était comme un écho lointain, et la petite tête aux boucles brunes semblaient flotter, légère, au-dessus de cette silhouette aérienne»
« Mon état d'âme n’est-il pas le même que dans ce rêve étrange, quand la fleur bleue m’est apparue ? … Quelle singulière correspondance y a-t-il entre Mathilde et cette fleur ? …. Oui ce visage qui surgit du calice et se pencha vers moi, c’était le céleste visage de Mathilde…. Et maintenant je me rappelle aussi l’avoir vu dans le Livre. Mais pourquoi n’a-t-il pas alors troublé mon cœur aussi vivement? ... Oh! Elle est l'incarnation de l'Esprit du chant, la digne fille de son père. C'est par elle que mon être va se résoudre en harmonies. Elle sera mon âme la plus intime, la gardienne du feu sacré. Quelle impérissable fidélité je lui voue en mon cœur! Je ne suis au monde que pour l’adorer, la servir éternellement, en faire l’unique objet de mes sentiments et de mes pensées. »
Kashima- Faux-monnayeur
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Date d'inscription : 29/09/2008
la rose d'Adalbert Stifter
Oh Kashima! Tu sais que j'aime les couleurs et aime les décliner! Le "bleu", une couleur qui se décline si bien....Pour Adalbert Stifter, à l’instar de Kandinsky, à la fois peintre et philosophe, les dégradés de bleu sont comparables à des instruments de musiques :
« A mesure qu’il s’éclaircit, ce qui lui convient le moins, le bleu prend un aspect plus indifférent et paraît très lointain et indifférent à l’homme, comme un haut ciel bleu clair. Plus il s’éclaircit, plus il perd de sa résonance, jusqu’à devenir un calme muet, devenir blanc. Musicalement le bleu clair s’apparente à la flûte, le foncé au violoncelle, s’il fonce encore à la sonorité supérieure de la contrebasse ; dans ses tons les plus profonds, les plus majestueux , le bleu est comparable aux sons graves d’un orgue. » W. Kandinsky : Du spirituel dans l’art, et dans la peinture en particulier, p. 150.
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Adalbert Stifter
La mélodie des couleurs fait également partie intégrante de l’écriture picturale du peintre-écrivain Adalbert Stifter. Les couleurs sont autant de notes de musique qui deviennent sous les traits du pinceau une véritable musique pour l’œil. Peinture et musique s’allient à des moments divers de l’activité littéraire de cet écrivain autrichien qui loin de conceptualiser une théorie des couleurs, comme l’avait fait Goethe, compare l’écriture de ses romans à des fresques représentatives des tourments et des passions de l’être humain.
« A mesure qu’il s’éclaircit, ce qui lui convient le moins, le bleu prend un aspect plus indifférent et paraît très lointain et indifférent à l’homme, comme un haut ciel bleu clair. Plus il s’éclaircit, plus il perd de sa résonance, jusqu’à devenir un calme muet, devenir blanc. Musicalement le bleu clair s’apparente à la flûte, le foncé au violoncelle, s’il fonce encore à la sonorité supérieure de la contrebasse ; dans ses tons les plus profonds, les plus majestueux , le bleu est comparable aux sons graves d’un orgue. » W. Kandinsky : Du spirituel dans l’art, et dans la peinture en particulier, p. 150.
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La mélodie des couleurs fait également partie intégrante de l’écriture picturale du peintre-écrivain Adalbert Stifter. Les couleurs sont autant de notes de musique qui deviennent sous les traits du pinceau une véritable musique pour l’œil. Peinture et musique s’allient à des moments divers de l’activité littéraire de cet écrivain autrichien qui loin de conceptualiser une théorie des couleurs, comme l’avait fait Goethe, compare l’écriture de ses romans à des fresques représentatives des tourments et des passions de l’être humain.
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