Barbe bleue
Edencash :: Bibliothekos :: Amélie N.
Page 1 sur 1
Barbe bleue
Sortie le 22 aoît 2012...
Dernière édition par Kashima le Mer 25 Juil 2012 - 21:22, édité 1 fois
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
France culture Barbe bleue
Avant-goût : http://www.franceculture.fr/emission-les-bonnes-feuilles-barbe-bleue-d-amelie-nothomb-2012-07-24
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
Barbe bleue
Quelques citations au fil de la lecture :
"Mon ambition était de devenir un œuf."
"Hélas, la déception ne guérit pas de l'amour."
"Mon ambition était de devenir un œuf."
"Hélas, la déception ne guérit pas de l'amour."
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
Barbe bleue
Pour les vingt ans d'Hygiène de l'Assassin, voilà du Amélie Nothomb comme on les aime! De quoi largement consoler de Tuer le père.
De la légèreté, un ton acerbe, des choses profondes qui sont dites derrière une apparence de simplicité. Comme elle le répète elle-même, au fil des années, son écriture s'épure. Ce Barbe bleue est un reflet d’Hygiène de l'Assassin : un dialogue entre un homme et une jeune femme, un mystère, des meurtres, une façon qu'a l'interlocutrice de ne pas se laisser happer par l'aura du personnage...
Saturnine Puissant devient la colocataire d'Elemirio Nibal y Milcar, un noble espagnol qui vit dans le septième arrondissement, reclus dans son bel appartement depuis vingt ans. Huit femmes ont habité avec lui avant elle, et elles ont étrangement disparu. Saturnine est sûre qu'Elemirio les a assassinées. Il lui interdit, comme aux autres, d'entrer dans la chambre noire, pièce qui n'est pas fermée à clé, au risque d'en être châtiée. Saturnine n'a pas l'intention de se laisser charmer par cet homme. Pourtant, elle partage sa table chaque soir, il est un cuisinier hors pair. Son frigo est rempli des meilleurs champagnes et, surtout : il lui confectionne une magnifique jupe couleur or, d'un "jaune asymptotique", couleur inventée par lui.
Cet homme aux ascendants carthaginois (moitié Hannibal, moitié Hamilcar) a le raffinement espagnol. Il tombe amoureux de Saturnine qui a bon appétit et complimente sa façon de cuisiner les oeufs. Comme il le dit lui-même :
"Mon ambition était de devenir un œuf."
La force de Saturnine est de ne pas être amoureuse de lui, ce qui lui permet de ne pas avoir envie de franchir cette chambre noire. Le lecteur est placé dans la position du curieux qui voudrait bien déflorer ce secret. Cette pièce renferme-t-elle véritablement un mystère ou est-elle une épreuve pour s'assurer de la confiance d'autrui? Les sens de chambre noir, déjà, se recoupent: chambre de mort, chambre du mystère, chambre qui révèlera la photographie, la pellicule. Pourra-t-on y entrer sans risque? Violer l'intimité est ce que punit Elemirio. Amélie lui fait d'ailleurs dire des choses très justes sur la cohabitation et l'amour. Cette chambre noire est le besoin d'intime qu'a l'amant et qu'il voudrait garder pour son bien-être :
"L'idée de la chambre noire m'est venue à cette période. C'est logique. Un célibataire n'en a pas besoin. C'est quand on s'apprête à partager sa vie avec son amour que la nécessité apparaît. (...) Il y a une cartographie amoureuse qui vaut les cartographies guerrières. (...) On croit que l'amour est fusionnel. Sous le même toit, il le devient beaucoup moins. (...) Ne pensez-vous pas que chaque être humain a droit à sa chambre noire?" (p.92)
A part une faute d'orthographe p.14 (qui n'est pas du fait d'Amélie) et des premières pages qui ne sont pas très convaincantes par le style ("Don't act" fait l'effet sur moi du "Last but not least"), le tout trouve son rythme, sa vraisemblance, nous raconte une folie qui se niche dans l'amour et les couleurs.
Un ouvrage imaginaire est cité à deux reprises dans Barbe bleue : Le Catalogue universel des coloris d'Amélie Casus Belli écrit en 1867 (Amélie est née en 1967). Il renferme toutes les couleurs existantes et sert de livre référence à Elemirio, en plus de la Bible, car il est très croyant.
Le passage sur les robes, les femmes et les couleurs est un beau passage (lu par Amélie elle-même sur rance Culture en juillet) :
http://www.franceculture.fr/emission-les-bonnes-feuilles-barbe-bleue-d-amelie-nothomb-2012-07-24
Les considérations sur les rapports entre mort et photographie sont très intéressantes :
"Le rôle de l'art est de compléter la nature et le rôle de la nature est d'imiter l'art. La mort est la fonction que la nature a inventée dans le but d'imiter la photographie. Et les hommes ont inventé la photographie pour capter ce formidable arrêt qu'est l'instant du trépas. A se demander quel sens pouvait avoir la mort avant Nicéphore Niepce." (p. 129)
Pour Elemirio, la photographie est un "art d'autiste" :
"Un musicien ou un chorégraphe souffrirait, je crois, de ne pas partager sa création. Un écrivain aime qu'on lui parle de ses textes. Le photographe ne jouit jamais autant que de son propre regard. (...) Tous les photographes sont autistes. S'ils en étaient conscients, ils nous épargneraient bien des vernissages." (p. 117)
L'humour n'est pas aussi présent qu'on pourrait l'espérer, mais on sourit et la lecture est agréable. Le conte se revisite avec plaisir! Bon cru d'anniversaire...
De la légèreté, un ton acerbe, des choses profondes qui sont dites derrière une apparence de simplicité. Comme elle le répète elle-même, au fil des années, son écriture s'épure. Ce Barbe bleue est un reflet d’Hygiène de l'Assassin : un dialogue entre un homme et une jeune femme, un mystère, des meurtres, une façon qu'a l'interlocutrice de ne pas se laisser happer par l'aura du personnage...
Saturnine Puissant devient la colocataire d'Elemirio Nibal y Milcar, un noble espagnol qui vit dans le septième arrondissement, reclus dans son bel appartement depuis vingt ans. Huit femmes ont habité avec lui avant elle, et elles ont étrangement disparu. Saturnine est sûre qu'Elemirio les a assassinées. Il lui interdit, comme aux autres, d'entrer dans la chambre noire, pièce qui n'est pas fermée à clé, au risque d'en être châtiée. Saturnine n'a pas l'intention de se laisser charmer par cet homme. Pourtant, elle partage sa table chaque soir, il est un cuisinier hors pair. Son frigo est rempli des meilleurs champagnes et, surtout : il lui confectionne une magnifique jupe couleur or, d'un "jaune asymptotique", couleur inventée par lui.
Cet homme aux ascendants carthaginois (moitié Hannibal, moitié Hamilcar) a le raffinement espagnol. Il tombe amoureux de Saturnine qui a bon appétit et complimente sa façon de cuisiner les oeufs. Comme il le dit lui-même :
"Mon ambition était de devenir un œuf."
La force de Saturnine est de ne pas être amoureuse de lui, ce qui lui permet de ne pas avoir envie de franchir cette chambre noire. Le lecteur est placé dans la position du curieux qui voudrait bien déflorer ce secret. Cette pièce renferme-t-elle véritablement un mystère ou est-elle une épreuve pour s'assurer de la confiance d'autrui? Les sens de chambre noir, déjà, se recoupent: chambre de mort, chambre du mystère, chambre qui révèlera la photographie, la pellicule. Pourra-t-on y entrer sans risque? Violer l'intimité est ce que punit Elemirio. Amélie lui fait d'ailleurs dire des choses très justes sur la cohabitation et l'amour. Cette chambre noire est le besoin d'intime qu'a l'amant et qu'il voudrait garder pour son bien-être :
"L'idée de la chambre noire m'est venue à cette période. C'est logique. Un célibataire n'en a pas besoin. C'est quand on s'apprête à partager sa vie avec son amour que la nécessité apparaît. (...) Il y a une cartographie amoureuse qui vaut les cartographies guerrières. (...) On croit que l'amour est fusionnel. Sous le même toit, il le devient beaucoup moins. (...) Ne pensez-vous pas que chaque être humain a droit à sa chambre noire?" (p.92)
A part une faute d'orthographe p.14 (qui n'est pas du fait d'Amélie) et des premières pages qui ne sont pas très convaincantes par le style ("Don't act" fait l'effet sur moi du "Last but not least"), le tout trouve son rythme, sa vraisemblance, nous raconte une folie qui se niche dans l'amour et les couleurs.
Un ouvrage imaginaire est cité à deux reprises dans Barbe bleue : Le Catalogue universel des coloris d'Amélie Casus Belli écrit en 1867 (Amélie est née en 1967). Il renferme toutes les couleurs existantes et sert de livre référence à Elemirio, en plus de la Bible, car il est très croyant.
Le passage sur les robes, les femmes et les couleurs est un beau passage (lu par Amélie elle-même sur rance Culture en juillet) :
http://www.franceculture.fr/emission-les-bonnes-feuilles-barbe-bleue-d-amelie-nothomb-2012-07-24
Les considérations sur les rapports entre mort et photographie sont très intéressantes :
"Le rôle de l'art est de compléter la nature et le rôle de la nature est d'imiter l'art. La mort est la fonction que la nature a inventée dans le but d'imiter la photographie. Et les hommes ont inventé la photographie pour capter ce formidable arrêt qu'est l'instant du trépas. A se demander quel sens pouvait avoir la mort avant Nicéphore Niepce." (p. 129)
Pour Elemirio, la photographie est un "art d'autiste" :
"Un musicien ou un chorégraphe souffrirait, je crois, de ne pas partager sa création. Un écrivain aime qu'on lui parle de ses textes. Le photographe ne jouit jamais autant que de son propre regard. (...) Tous les photographes sont autistes. S'ils en étaient conscients, ils nous épargneraient bien des vernissages." (p. 117)
L'humour n'est pas aussi présent qu'on pourrait l'espérer, mais on sourit et la lecture est agréable. Le conte se revisite avec plaisir! Bon cru d'anniversaire...
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
Barbe bleue
Barbe bleue va être adapté au cinéma par... Daniel Auteuil :
A 63 ans, Daniel Auteuil est un des acteurs français les plus plébiscités. Il sera prochainement à l’affiche de Jappeloup avec Guillaume Canet et du prochain film de Philippe Claudel, Avant l’hiver, avec Kristin Scott Thomas. Mais son amour pour le cinéma va bien plus loin. Depuis 2011, Auteuil a décidé de passer derrière la caméra avec La Fille de puisatier et continuera sa relecture de la trilogie de Pagnol, avec Marius et Fanny d’ici la fin de l’année. Après ça, il semblerait qu’il veuille changer de registre en s’attaquant au dernier roman d’Amélie Nothomb, Barbe bleue.
En effet, Daniel Auteuil souhaite revisiter ce conte moderne librement adapté du roman initial de Charles Perrault. L’histoire raconte la vie d’un aristocrate espagnol vivant à Paris, propriétaire d’un hôtel particulier et qui épluche les petites annonces de colocation pour repérer ses victimes. Pour l’instant, le casting n’est pas encore connu même si Auteuil a déclaré qu’il voulait jouer l’aristocrate.
A noter que Barbe bleue sera la troisième adaptation au cinéma d’un roman d’Amélie Nothomb. En 1999, François Ruggieri avait mis en images Hygiène de l’assassin et en 2003, Alain Corneau avait adapté Stupeur et tremblements.
(Première)
A 63 ans, Daniel Auteuil est un des acteurs français les plus plébiscités. Il sera prochainement à l’affiche de Jappeloup avec Guillaume Canet et du prochain film de Philippe Claudel, Avant l’hiver, avec Kristin Scott Thomas. Mais son amour pour le cinéma va bien plus loin. Depuis 2011, Auteuil a décidé de passer derrière la caméra avec La Fille de puisatier et continuera sa relecture de la trilogie de Pagnol, avec Marius et Fanny d’ici la fin de l’année. Après ça, il semblerait qu’il veuille changer de registre en s’attaquant au dernier roman d’Amélie Nothomb, Barbe bleue.
En effet, Daniel Auteuil souhaite revisiter ce conte moderne librement adapté du roman initial de Charles Perrault. L’histoire raconte la vie d’un aristocrate espagnol vivant à Paris, propriétaire d’un hôtel particulier et qui épluche les petites annonces de colocation pour repérer ses victimes. Pour l’instant, le casting n’est pas encore connu même si Auteuil a déclaré qu’il voulait jouer l’aristocrate.
A noter que Barbe bleue sera la troisième adaptation au cinéma d’un roman d’Amélie Nothomb. En 1999, François Ruggieri avait mis en images Hygiène de l’assassin et en 2003, Alain Corneau avait adapté Stupeur et tremblements.
(Première)
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
Edencash :: Bibliothekos :: Amélie N.
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum