Partir - Catherine Corsini
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Edencash :: Super 8 :: Love story
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Partir - Catherine Corsini
Une histoire d'amour impossible très forte, très émouvante... Suzanne est mariée à un riche médecin depuis vingt ans. Ils ont deux grands enfants. Ils entreprennent des travaux dans leur villa près de Nîmes pour que Suzanne puisse reprendre, après quinze ans, son métier de kiné. Ivan, un Espagnol qui travaille au noir chez eux, entre dans la vie de Suzanne : ils tombent fous amoureux, elle quitte son mari. Mais comment vivre un amour fou dans la précarité...?
Catherine Corsini peint à merveille les sentiments, que ce soient ceux du mari abandonné (Yvan Attal) qui n'a que l'argent comme argument pour tenter de faire revenir sa femme ; ceux de la femme de quarante ans Kristin Scott-Thomas), prise par le tourment de la passion ; ceux d'Ivan (Sergi Lopez), sentiments bruts et forts...
J'avais adoré la Répétition, film dans lequel Pascale Bussières vampirisait son amie d'enfance, Emmanuelle Béart ; la Nouvelle Eve, à revoir, car j'avais aimé mais ne m'en souviens plus.
Les Amoureux parlent de l'homosexualité en province ; les Ambitieux, avec une nouvelle fois Karine Viard, raconte ceci :
"Julien est un jeune auteur qui rêve d'être édité. Il réussit à obtenir un rendez-vous avec une éditrice redoutable Judith Zahn. "
A suivre!
En tant que réalisatrice (filmographie) :
* 1982 : La Mésange
* 1983 : Ballades
* 1986 : Nuit de Chine
* 1988 : Poker
* 1991 : Haute tension (série TV)
* 1992 : Interdit d'amour (TV)
* 1994 : Les Amoureux
* 1996 : Jeunesse sans Dieu (TV)
* 1998 : Denis (TV)
* 1999 : La Nouvelle Ève
* 2001 : Mohammed
* 2001 : Pas d'histoires
* 2001 : La Répétition
* 2003 : Mariées mais pas trop
* 2006 : Les Ambitieux
* 2009 : Partir
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
La Belle saison
La Belle Saison est un film qui m'a enchantée, que j'ai regardé sans en perdre une miette, très émouvant.
Il commence sur une scène aux champs : Delphine fait les foins, conduit un tracteur. Elle s'occupe de la ferme familiale, au fin fond du Limousin et, malgré son sens du devoir et sa connaissance du métier, elle a besoin de partir.
1ère rupture : Elle s'installe donc à Paris où elle trouve un emploi à l'usine. Dans le bus, elle croise une bande d"hystériques" (ainsi qu'on les appelle à la fac), des féministes. Nous sommes en 1971, à la veille de la publication du Manifeste des 343 salopes en faveur de l'avortement.
Parmi ces femmes engagées et révoltées se trouve Carole, une Parisienne qui trouble Delphine. Elles deviennent amis jusqu'à ce que cette dernière, un soir, se fasse repousser gentiment alors qu'elle essayait de l'embrasser.
Finalement, les deux femmes vont vivre une histoire d'amour passionnée. Mais le père de Delphine a une attaque et elle est obligée de retourner à la ferme pour seconder sa mère.
2e rupture : Delphine revient à l'endroit qu'elle a tenté de fuir, auquel elle semble ne pas pouvoir échapper. Carole la rejoint pour un temps, à la belle saison, et elles vivent en se cachant du regard des gens du coin et de la mère. Delphine n'a pas du tout envie qu'on apprenne sa liaison avec une femme.
Le film évite les clichés, est monté de sorte que Catherine Corsini se détourne des scènes attendues. Elle ne tombe pas dans l'eau de rose non plus, ne nous fait pas croire que tout le monde est beau et gentil, mais brosse avec justesse les caractères et les milieux.
Dans l'amphithéâtre, les femmes qui lèvent le point et chantent "debout", ça donne les larmes et des frissons.
Encore une fois, le mot "partir" est au coeur du film : Delphine peut-elle partir, laisser derrière elle ce à quoi elle est destinée, même par amour? J'ai trouvé Cécile de France superbe, et Izïa Higelin très convaincante dans son rôle de lesbienne peu exubérante et assez brut de décoffrage. Bravo aussi à Noémie Lvovsky, impeccable dans le rôle de la mère de Delphine. Elle parvient à ne rien laisser transparaître, à faire sentir ce caractère rustre : à la campagne, on ne se touche pas, on ne se confie pas, on ne se dit pas qu'on s'aime : il faut avancer et être efficace, pas le temps de se plaindre ni de se morfondre. Jusqu'au bout, on ignore si elle favorisera l'amour de sa fille pour Carole.
Je me suis dit que, certes, le contexte rural n'était (et n'est pas) favorable à l'homosexualité, mais le comportement de Delphine, qui se cache, s'autocensure, ne s'assume pas, est aussi responsable du rejet dont elle imagine être victime.
En sortant de la projection, de nombreuses questions se posent à ce sujet.
C'est fait avec beaucoup de sensibilité et de bienveillance, et le film rejoint mes films préférés. Vive Catherine Corsini : qu'elle nous fasse encore plein de ces petits chefs-d’œuvre.
Il commence sur une scène aux champs : Delphine fait les foins, conduit un tracteur. Elle s'occupe de la ferme familiale, au fin fond du Limousin et, malgré son sens du devoir et sa connaissance du métier, elle a besoin de partir.
1ère rupture : Elle s'installe donc à Paris où elle trouve un emploi à l'usine. Dans le bus, elle croise une bande d"hystériques" (ainsi qu'on les appelle à la fac), des féministes. Nous sommes en 1971, à la veille de la publication du Manifeste des 343 salopes en faveur de l'avortement.
Parmi ces femmes engagées et révoltées se trouve Carole, une Parisienne qui trouble Delphine. Elles deviennent amis jusqu'à ce que cette dernière, un soir, se fasse repousser gentiment alors qu'elle essayait de l'embrasser.
Finalement, les deux femmes vont vivre une histoire d'amour passionnée. Mais le père de Delphine a une attaque et elle est obligée de retourner à la ferme pour seconder sa mère.
2e rupture : Delphine revient à l'endroit qu'elle a tenté de fuir, auquel elle semble ne pas pouvoir échapper. Carole la rejoint pour un temps, à la belle saison, et elles vivent en se cachant du regard des gens du coin et de la mère. Delphine n'a pas du tout envie qu'on apprenne sa liaison avec une femme.
Le film évite les clichés, est monté de sorte que Catherine Corsini se détourne des scènes attendues. Elle ne tombe pas dans l'eau de rose non plus, ne nous fait pas croire que tout le monde est beau et gentil, mais brosse avec justesse les caractères et les milieux.
Dans l'amphithéâtre, les femmes qui lèvent le point et chantent "debout", ça donne les larmes et des frissons.
Encore une fois, le mot "partir" est au coeur du film : Delphine peut-elle partir, laisser derrière elle ce à quoi elle est destinée, même par amour? J'ai trouvé Cécile de France superbe, et Izïa Higelin très convaincante dans son rôle de lesbienne peu exubérante et assez brut de décoffrage. Bravo aussi à Noémie Lvovsky, impeccable dans le rôle de la mère de Delphine. Elle parvient à ne rien laisser transparaître, à faire sentir ce caractère rustre : à la campagne, on ne se touche pas, on ne se confie pas, on ne se dit pas qu'on s'aime : il faut avancer et être efficace, pas le temps de se plaindre ni de se morfondre. Jusqu'au bout, on ignore si elle favorisera l'amour de sa fille pour Carole.
Je me suis dit que, certes, le contexte rural n'était (et n'est pas) favorable à l'homosexualité, mais le comportement de Delphine, qui se cache, s'autocensure, ne s'assume pas, est aussi responsable du rejet dont elle imagine être victime.
En sortant de la projection, de nombreuses questions se posent à ce sujet.
C'est fait avec beaucoup de sensibilité et de bienveillance, et le film rejoint mes films préférés. Vive Catherine Corsini : qu'elle nous fasse encore plein de ces petits chefs-d’œuvre.
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
Re: Partir - Catherine Corsini
Je viens de le voir, à la sortie, j'avais le coeur serré, et pour cause...
- Spoiler:
- Difficile de décrire tout ce qui me passe par la tête, d'autant que le déroulement a été déjà plus ou moins fait, mais je me lance... on a une bonne opposition des deux milieux, mais sans caricature, avec la campagne, Delphine, qui doit aider ses parents à la ferme, dans un monde patriarcal (on le voit à la coopérative, où les hommes sont réticents à la voir prendre des décisions alors qu'elle remplace son père hospitalisé), où tout se sait très vite, même si l'on ne dit rien. De l'autre, nous avons Paris, en pleine effervescence avec les luttes des féministes, dont fait partie Carole, femme jusqu'au bout des seins et des aisselles (non épilées) que rencontre Delphine. Celle-ci s'intègre au groupe, participe à leurs luttes, même si elles sont apparemment éloignées de la cause des femmes, comme lorsqu'un homosexuel est libéré de l'hôpital psychiatrique (l'homosexualité était encore considéré comme une maladie mentale en France). Puis Carole et Delphine se rapprochent, s'embrassent, et même plus encore, la description des scènes d'amour est faite avec pudeur et tendresse à la fois, que ce soit lors d'une première fois où Carole est chamboulée de faire l'amour pour la première fois avec une femme, ou en tout épanouissement dans les champs, avec les vaches comme seuls témoins (muets).
Oui, mais nous sommes en 1971, les mentalités conservatrices demeurent, surtout dans la campagne, avec une mère qui trouve que c'est naturel que l'homme soit le chef de famille et que c'est déjà bien d'avoir son propre compte en banque (depuis 1965...). Et cela pèse sur Carole, qui supporte de moins en moins de se taire, contrairement à Delphine. Celle-ci embrassera d'ailleurs son ami d'enfance pour faire taire les ragots, mais en vain, l'ami est déjà au courant.
Finalement, ce qui devait arriver arrive, la mère confronte Carole furieuse et après une dispute, Carole est chassée de la maison. Delphine l'accompagne, mais change d'avis au dernier moment et reste sur le quai de la gare de la correspondance, le poids des obligations familiales est la plus forte et elle reste sur le quai, comme à la fin du clip Time After Time de Cyndi Lauper...
5 ans plus tard, la loi Veil est adoptée, Carole assume son homosexualité (elle a refait sa vie avec une femme) et s'occupe de jeunes filles en détresse au Planning Familial. Puis, elle reçoit une lettre de Delphine, qui a aussi refait sa vie, elle est devenue indépendante, gère sa propre ferme. Si elle regrette d'avoir manqué de courage il y a 5 ans, que ce soit pour accompagner les féministes dans leurs luttes ou pour suivre Carole à Paris, elle confie malgré tout que si on ne peut pas changer le passé, on peut aller de l'avant et Carole verse des larmes de joie en voyant la nouvelle vie de son amour perdu...
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