Auteurs japonais
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Auteurs japonais
D’avoir vu le film m’a donné envie de lire le livre de cet auteur japonais.
Un homme, passionné par les cincidèles (sorte de mouches) dont il fait la collection et dont il voudrait découvrir une espèce, part pendant ses trois jours de congé dans un désert. Un vieil homme lui propose de lui trouver un lieu où dormir pour la nuit. L’homme accepte : il se retrouve prisonnier d’un trou où vit une veuve d’une trentaine d’années : impossible d’en sortir…
Le livre se compose en grande partie des pensées du narrateur, ce professeur séquestré pour mener une vie absurde qui consiste à déblayer le sable pour que le trou ne se trouve pas recouvert. En regardant les stries que fait le sable à ses pieds, par exemple, ces images lui viennent :
« Et s’il se faisait que ces vagues fussent des vagues de sons, (…) quel genre de musique pourrait-il en sortir ? Qui sait, peut-être un chant tout pareil à celui que se mettrait à chanter un être humain si… Si quoi ? Si on lui enfonçait des pincettes dans les narines pour lui boucher les deux oreilles avec les caillots de sang qui lui tomberaient du nez… Si, une à une, on lui cassait les dents à coups de marteau pour lui en enfoncer les éclats dans l’urètre… Si on lui coupait au bistouri les deux lèvres de sa vulve pour lui recoudre aux paupières… » (186)
Son intelligence se laisse gagner par ces idées surréalistes : la chaleur, le manque d’eau, l’impossibilité d’une issue le poussent à penser sans cesse.
P 187, cette chanson :
« J’ai pour le cafard un billet,
Un aller sans Retour, wouh, wouh.. »
Parfois, il se laisse aller à coucher avec la femme des sables qui semble aimer cela et rechercher ce contact. Une image, encore, frappante, de l’après-coït :
« Entre les chairs du coquillage, sa verge demeurait fanée. » (169)
Avec elle, il retrouve la vitalité d’un désir brut. Chez lui, avec celle qu’il appelle « l’autre », sa femme, il ne pouvait pas arriver à faire l’amour sans un préservatif, il se sentait impuissant, comme une « blennorragique mental », comme elle le disait.
Dans le trou où il vit, la maison est envahie par le sable qu’il faut déblayer. Celui-ci est humide, entraîne pourriture et mauvaises odeurs. A propos de celles-ci, l’homme se dit (207) :
« Entre autres choses, qu’il n’est pour un chacun rien dont le goût soit plus exquis que le goût de la cire crasseuse qu’il a dans ses propres oreilles, et que ça passait même en saveur le meilleur fromage d’origine. »
Le sable, l’objet de toutes les réflexions et de tous les maux. Dans ses rêves à demi-éveillés, l’homme s’imagine que les villageois pourraient vivre dans des tonneaux qui rouleraient sur le sable et qui permettraient d’éviter le déblaiement.
Tentatives d’évasion, résignation, illuminations… Mais l’échec est là, dès les premières pages :
« En plein mois d’août, un beau jour, il advint qu’un homme s’évanouit sans laisser de traces. (…) Et c’est ainsi que, nul n’ayant saisi la véritable chaîne, les choses restant en l’état et sept années ayant passé, - par application de l’article trente du Code Civil, le décès fut, en fin de compte, enregistré. »
Ce n’est pas un livre à suspens : les jeux sont faits, le lecteur le sait, l’homme ne le sait pas, et son espoir en est d’autant plus dérisoire.
Le film de Teshigahara me semble une très bonne adaptation, le noir et blanc rendant encore plus la pesanteur et l’absurdité de cet emprisonnement sans fin.
https://edencash.forumactif.org/sur-les-ecrans-f6/cine-jap-t333.htm
Dernière édition par Kashima le Sam 6 Déc 2014 - 16:30, édité 2 fois
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
La femme des sables
Ta présentation m'avait donné envie de lire le livre. En 2 mois, j'ai lu un peu plus de la moitié...Je ne pouvais pas continuer...quel ennui!
Invité- Invité
Re: Auteurs japonais
Tu n'as pas aimé?
J'ai un goût particulier pour ce film et ce livre (vu dans un ordre, d'ailleurs, que je ne privilégie pas) : intrigant, ce film... Monologue intérieur du héros prenant, dans le livre...
As-tu vu le film?
J'ai un goût particulier pour ce film et ce livre (vu dans un ordre, d'ailleurs, que je ne privilégie pas) : intrigant, ce film... Monologue intérieur du héros prenant, dans le livre...
As-tu vu le film?
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
Re: Auteurs japonais
Non, le livre ne m'a pas du tout donné envie de voir le film...je ne suis pas arrivée à lire plus de 2 ou 3 pages à la suite car le sommeil me prenait à chaque fois. Contre mes insomnies, excellent!
Donc, à recommander aux insomniaques!
Donc, à recommander aux insomniaques!
Invité- Invité
Re: Auteurs japonais
:ptdr:
Je suis au moins ravie d'avoir trouvé un antidote!
Je suis au moins ravie d'avoir trouvé un antidote!
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
Monologues sur le plaisir, la lassitude et la mort
Voici, en vrac, les citations que j'ai retenues de ma lecture de la trilogie de Murakami, conseillée par Enigma. Je n’ai lu que deux volets, Thanatos m’attend toujours.
Celles-ci sont extraites du premier volume, Ecstasy.
L’histoire, d’abord :
« Et toi, tu sais pourquoi Van Gogh s'est taillé une oreille ? " C'est par cette énigme que Miyashita, le je fragile de l'histoire, va se laisser entraîner dans un autre jeu - qui lui sera fatal - de relations sadomasochistes. Aspiré malgré lui par la recherche vertigineuse du plaisir et des drogues, il ira en un crescendo terrifiant jusqu'au point de non-retour. Ecstasy est le premier volume de la trilogie intitulée par l'auteur Monologues sur le plaisir, la lassitude et la mort. » (Présentation de l’éditeur)
Ryu Murakami (que je ne risque plus de confondre avec son homonyme!)
Miyashita est un homme ordinaire qui va croiser sur sa route une femme troublante et destructrice, Keiko.
Rencontre avec Kataoka Keiko :
Voici simplement les phrases qui peuvent laisser ressentir les changements qui s’opèrent dans cet homme ordinaire :
Quelle sorte d’image avez-vous du sadomasochisme ? (107)
Ce monde restera inaccessible aux gens démunis. (…) Je comprenais déjà très bien les mécanismes de la montée du désir. (…) Il y a autant de différence entre les hommes et les femmes qu’entre un ver de terre et l’infini du cosmos. (108)
Je ressentis brusquement le désir de me prosterner devant elle. (113)
Le sadique est un individu qui ne peut vivre que dans un monde mathématisé. (127)
Kataoka Keiko m’avait envoûté. (129)
Me voir était insupportable car une image est un reflet objectif par définition. (205)
C’était le germe du masochisme et je compris qu’il serait doux de devenir esclave. Ma soumission ne pouvait, en définitive, qu’être volontaire. (207)
Plus tard, Miyashita rencontre Yazaki, l’homme clé de la trilogie, qui dans ce premier volume est devenu un SDF. Cet homme avait autrefois une relation intense et sado-masochiste avec Keiko et l’autre femme qui fera son apparition plus loin, Reiko ("Elles étaient génétiquement différentes" (sur Keiko et Reiko) (328))
Pourquoi est-il devenu clochard est la question que se pose le lecteur : parce que Keiko l’a humilié jusqu’à ce qu’il perde toute estime de lui-même ? Parce que la drogue l’a conduit ici ? Mais le lecteur fait fausse route…
2ème rencontre, avec le SDF Yazaki :
Sans honte, point d’érotisme. (245)
Dans le supplice de la jalousie, quiconque finit par se considérer comme une merde. (246)
Les gens se méprennent souvent sur le sadisme. Il ne s’agit pas de prendre son pied en tourmentant une femme. C’est un effeuillage, comme on ôte un à un tous les vêtements qui nous recouvrent, c’est aider la femme à surmonter sa pudeur, sa honte, c’est l’encourager jusqu’au moment où elle abandonnera sa honte. (255)
Enfin, passionnément pris dans cette histoire, ce triangle amoureux (Yazaki, Keiko, Reiko), Miyashita se rend à Paris pour rencontrer Reiko :
J’avais simplement été submergé par cette histoire et anéanti par sa personnalité. Je n’étais plus qu’une simple marionnette. Je voulais que Kataoka Keiko me domine, il n’y avait que ce désir de soumission que je comprenais clairement. (340)
Nos réactions sont la clé de tout. Car les réactions que nous pouvons avoir dans une situation donnée nous résument entièrement. (367) (Yazaki par la bouche de Reiko)
Ecstasy est un livre troublant qui donne accès à un monde qui m'est inconnu.
Dans le même temps, j'ai vu Tokyo decadence (conseillé par Enigma), réalisé par l'auteur de la trilogie, un film étrange...
Cette scène, que tu m'avais postée, Enigma, et qui m'avait donné envie de voir le film :
Dernière édition par Kashima le Dim 27 Fév 2011 - 8:35, édité 1 fois
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
Ryu Murakami
Je suis ravie que tu présentes l'un de mes auteurs japonais préférés!
En effet, comme tu dis, Ryu Murakami, rien à voir avec son homonyme Haruki Murakami, qui lui est bien plus "classique" mais qui m'ennuie.
Ta présentation est concise mais précise.
Je comprends fort bien que ses écrits puissent troubler et déranger. Murakami est considéré au Japon comme l'enfant terrible, le rebelle, le Maître à penser de la nouvelle génération. Et Ectasy est, je pense le plus puissant ou le plus violemment sexué de la trilogie.
J'ai lu cette trilogie en une semaine. J'ai été conquise, dès le début mais aussi troublée, tout comme toi.
Même si je connais bien le Japon et la culture japonaise, cet auteur m'était inconnu. Je ne connaissais donc rien de lui, n'avais aucun con-texte biographique pour me guider dans les méandres de cette trilogie: 3 protagonistes, 3 visages,3 volets de la folie, de la recherche et de l'absolu. Cependant, j'ai vite ressenti que l'auteur savait de quoi il parlait, que ses écrits n'étaient pas purement fictifs et qu'il avait dû côtoyer le monde de la drogue et celui du sado-masochisme. Je ne m'étais pas trompée...
Son con-texte pourrait permettre de mieux appréhender cette oeuvre.
Quelques indications biographiques:
Murakami est originaire de Sasebo, ville se trouvant au Sud-ouest du Japon, non loin de Nagasaki.
Ses premières grandes passions furent la musique et le cinéma. Cependant ce sont les Beaux-Arts, plus précisément le design qu'il étudiera à Tokyo mais abandonnera avant l'obtention de son diplôme.
A 20 ans, il quitte la tranquilité de Sasebo pour Tokyo, où commence peu à peu sa déchéance avec l'expérimentation de toutes sortes de drogues.
En 1976, il écrit son premier livre Bleu presque transparent, autobiographie romancée qui devient vite un Best seller. Osant montrer une autre face du Japon de sa jeunesse, il évoque la drogue et le sexe sans tabou, ce qui lui vaut d'être reconnu par le public comme l'archétype du rebelle.
Pourtant ce livre sera élevé au rang de chef d'oeuvre, gagnera 2 grands prix littéraires dont Akutagawa, l'équivalent du Goncourt.
N'oubliant pas sa passion pour le cinéma, il transpose certains de ses livres à l'écran. Il déclare à ce sujet: "J'aurais voulu filmer mes idées n'importe comment, quitte à ne respecter aucune règle cinématographique et déclarer " Je m'en fous du cinéma".
Quant à sa passion pour la musique, il l'a réalisée d'une certaine facon, par procuration puisqu'il vit entre temps entre le Japon et les USA et a épousé une célébre musicienne et anime un show télévisé.
Pour en revenir à cette trilogie, je commencerai par 2 phrases que tu cites et qui sont, selon moi, cruciales.
Sans honte point d'érotisme et Les gens se méprennent souvent sur le sadisme. Il ne s’agit pas de prendre son pied en tourmentant une femme. C’est un effeuillage, comme on ôte un à un tous les vêtements qui nous recouvrent, c’est aider la femme à surmonter sa pudeur, sa honte, c’est l’encourager jusqu’au moment où elle abandonnera sa honte
J'ai souligné "honte" car la "honte" est un sentiment typiquement japonais car comme l'a démontré Ruth Benedict dans son étude classique intitulée Le sabre et le chrysanthème, le Japon a une culture fondée sur la honte plutôt que sur la culpabilité comme en Occident.
En outre, la culture japonaise est très marquée par l'érotisme et le BDSM. Cette citation sur le sadisme est si vraie et si belle! Le sadisme comme "effeuillage" et "abandon de la honte". Les Occidentaux ont repris, par exemple le bondage ( shibari ou kinbaku en japonais) qui est d'origine japonais sans sa dimension esthétique/ artistique. Cet aspect mériterait d'´être développé...peut-être, je le ferai par la suite. Pour l'instant, je me contente de présenter cette vidéo, qui a mon avis, résume bien, l'art du "kinbaku".
La citation d'introduction, en référence à Van Gogh, "un autre jeu" pourrait être comprise en Echo à "un autre Je". Le "Je" de Myashita ne rêve plus que de se disperser dans "un autre" que la prise de drogues ( ectasy) morcelle/ fragmente encore plus.
Dans cette trilogie, tous tournent autour des mêmes personnages, d'une même histoire creusée dans la recherche de la sensation, d'un toujours plus loin entre sexe et drogue, entre absolu et mort...recherche d'un point limite, toujours repoussé.
La drogue n'est qu'un moyen utilisé pour dépasser des limites, toucher à un sublime qui se dérobe. Le sexe est central, il est le véhicule de ce voyage commun, chacun pour soi mais chacun à travers les autres, vers un idéal.
Dans ce sillage de cet attellage à 3, chaotique et passionné, les témoins et êtres de passage se trouvent happés, comme attirés par une force d'attraction fatale du triangle central.
Les personnages sont profondément décalés...folie, course jusqu'à l'extrême, ravageant l'ordonnancement soigné des existences codifiées. La norme de la société s'efface, ne reste alors que la tentative effrénée d'être désordonnés, poussant leur désordre jusqu'à sa limite, créant leur propre système.
Au bout du parcours, si c'était possible il y aurait un saut dans les nuages, vers le soleil et la nuit. L'échec ne remet pas en cause leur choix. L'appel obscur de l'idéal est plus fort qu'une terne raison.
Pour conclure, aujourd'hui avec Murakami ( je reviendrai sur ses films et notamment sur Tokyo décadence que tu as présenté), il est indéniable que Murakami a révolutionné la littérature japonaise avec son style d'écriture trash et le choix de ses sujets tabou, tout en gardant une pointe de finesse et de poésie dans son écriture.
En effet, comme tu dis, Ryu Murakami, rien à voir avec son homonyme Haruki Murakami, qui lui est bien plus "classique" mais qui m'ennuie.
Ta présentation est concise mais précise.
Je comprends fort bien que ses écrits puissent troubler et déranger. Murakami est considéré au Japon comme l'enfant terrible, le rebelle, le Maître à penser de la nouvelle génération. Et Ectasy est, je pense le plus puissant ou le plus violemment sexué de la trilogie.
J'ai lu cette trilogie en une semaine. J'ai été conquise, dès le début mais aussi troublée, tout comme toi.
Même si je connais bien le Japon et la culture japonaise, cet auteur m'était inconnu. Je ne connaissais donc rien de lui, n'avais aucun con-texte biographique pour me guider dans les méandres de cette trilogie: 3 protagonistes, 3 visages,3 volets de la folie, de la recherche et de l'absolu. Cependant, j'ai vite ressenti que l'auteur savait de quoi il parlait, que ses écrits n'étaient pas purement fictifs et qu'il avait dû côtoyer le monde de la drogue et celui du sado-masochisme. Je ne m'étais pas trompée...
Son con-texte pourrait permettre de mieux appréhender cette oeuvre.
Quelques indications biographiques:
Murakami est originaire de Sasebo, ville se trouvant au Sud-ouest du Japon, non loin de Nagasaki.
Ses premières grandes passions furent la musique et le cinéma. Cependant ce sont les Beaux-Arts, plus précisément le design qu'il étudiera à Tokyo mais abandonnera avant l'obtention de son diplôme.
A 20 ans, il quitte la tranquilité de Sasebo pour Tokyo, où commence peu à peu sa déchéance avec l'expérimentation de toutes sortes de drogues.
En 1976, il écrit son premier livre Bleu presque transparent, autobiographie romancée qui devient vite un Best seller. Osant montrer une autre face du Japon de sa jeunesse, il évoque la drogue et le sexe sans tabou, ce qui lui vaut d'être reconnu par le public comme l'archétype du rebelle.
Pourtant ce livre sera élevé au rang de chef d'oeuvre, gagnera 2 grands prix littéraires dont Akutagawa, l'équivalent du Goncourt.
N'oubliant pas sa passion pour le cinéma, il transpose certains de ses livres à l'écran. Il déclare à ce sujet: "J'aurais voulu filmer mes idées n'importe comment, quitte à ne respecter aucune règle cinématographique et déclarer " Je m'en fous du cinéma".
Quant à sa passion pour la musique, il l'a réalisée d'une certaine facon, par procuration puisqu'il vit entre temps entre le Japon et les USA et a épousé une célébre musicienne et anime un show télévisé.
Pour en revenir à cette trilogie, je commencerai par 2 phrases que tu cites et qui sont, selon moi, cruciales.
Sans honte point d'érotisme et Les gens se méprennent souvent sur le sadisme. Il ne s’agit pas de prendre son pied en tourmentant une femme. C’est un effeuillage, comme on ôte un à un tous les vêtements qui nous recouvrent, c’est aider la femme à surmonter sa pudeur, sa honte, c’est l’encourager jusqu’au moment où elle abandonnera sa honte
J'ai souligné "honte" car la "honte" est un sentiment typiquement japonais car comme l'a démontré Ruth Benedict dans son étude classique intitulée Le sabre et le chrysanthème, le Japon a une culture fondée sur la honte plutôt que sur la culpabilité comme en Occident.
En outre, la culture japonaise est très marquée par l'érotisme et le BDSM. Cette citation sur le sadisme est si vraie et si belle! Le sadisme comme "effeuillage" et "abandon de la honte". Les Occidentaux ont repris, par exemple le bondage ( shibari ou kinbaku en japonais) qui est d'origine japonais sans sa dimension esthétique/ artistique. Cet aspect mériterait d'´être développé...peut-être, je le ferai par la suite. Pour l'instant, je me contente de présenter cette vidéo, qui a mon avis, résume bien, l'art du "kinbaku".
La citation d'introduction, en référence à Van Gogh, "un autre jeu" pourrait être comprise en Echo à "un autre Je". Le "Je" de Myashita ne rêve plus que de se disperser dans "un autre" que la prise de drogues ( ectasy) morcelle/ fragmente encore plus.
Dans cette trilogie, tous tournent autour des mêmes personnages, d'une même histoire creusée dans la recherche de la sensation, d'un toujours plus loin entre sexe et drogue, entre absolu et mort...recherche d'un point limite, toujours repoussé.
La drogue n'est qu'un moyen utilisé pour dépasser des limites, toucher à un sublime qui se dérobe. Le sexe est central, il est le véhicule de ce voyage commun, chacun pour soi mais chacun à travers les autres, vers un idéal.
Dans ce sillage de cet attellage à 3, chaotique et passionné, les témoins et êtres de passage se trouvent happés, comme attirés par une force d'attraction fatale du triangle central.
Les personnages sont profondément décalés...folie, course jusqu'à l'extrême, ravageant l'ordonnancement soigné des existences codifiées. La norme de la société s'efface, ne reste alors que la tentative effrénée d'être désordonnés, poussant leur désordre jusqu'à sa limite, créant leur propre système.
Au bout du parcours, si c'était possible il y aurait un saut dans les nuages, vers le soleil et la nuit. L'échec ne remet pas en cause leur choix. L'appel obscur de l'idéal est plus fort qu'une terne raison.
Pour conclure, aujourd'hui avec Murakami ( je reviendrai sur ses films et notamment sur Tokyo décadence que tu as présenté), il est indéniable que Murakami a révolutionné la littérature japonaise avec son style d'écriture trash et le choix de ses sujets tabou, tout en gardant une pointe de finesse et de poésie dans son écriture.
Invité- Invité
Murakami, l'autre : "Kafka sur le rivage"
Forcément, je pourrais prendre un air affecté ou tortiller du sourcil, avoir le regard conspirateur ou le souffle prometteur – bref, me la péter grave comme je l’avais fait, il y a quelques temps, pour annoncer à mes amies ma relation privilégiée avec Jóhanna Sigurðardóttir. Mais non, ça n’eût pas été honnête, faut que j’admette, je n’avais jusque très récemment jamais entendu parler de Murakami ; pas Ryu, non, l’autre, celui qui t’ennuie, Haruki.
La rencontre s’est faite par hasard, la nuit, encore elle, était profonde, j’attendais une émission ou je n’attendais rien, je ne sais plus, j’écrivais peut-être – peut-être même ne faisais-je que regarder devant moi, sans véritable intention. La radio fonctionnait toute seule, et Murakami est arrivé dans la maison en même temps que Kafka sur le rivage. C’était France Culture, c’était un épisode, je ne sais plus lequel, de l’adaptation que Juliette Heymann avait faite de l’œuvre de l’écrivain japonais. J'étais une ignorante, je crois m’être enfoncée dans le vieux fauteuil en cuir.
Depuis je grappille, j’ai tout dévoré, oh, pas l’œuvre écrite, bien sûr, je n’ai pas les moyens et la bibliothèque du village n’a connu aucun séisme, aucune envolée dans l'espace. Non, je grappille Kafka Tamura, son Kafka, quinze ans tout mouillé, je rencontre avec lui le vieux Nakata, j’apprends – qui n’apprendrait d’un tel récit ? – je pioche, pas forcément dans l’ordre, je reviens en arrière, parfois cinq minutes ici, deux phrases là, un épisode ailleurs. Je regarde Kafka tenter d’échapper à la terrible prophétie. L’adaptation radiophonique est magnifique, les voix envoûtantes, les effets sonores judicieux, madame Heymann sait ce qu’elle fait, je ferme les yeux, elle m’entraîne. L’œuvre est initiatique et elle m’initie.
Tout simplement merci.
x 1001.
La rencontre s’est faite par hasard, la nuit, encore elle, était profonde, j’attendais une émission ou je n’attendais rien, je ne sais plus, j’écrivais peut-être – peut-être même ne faisais-je que regarder devant moi, sans véritable intention. La radio fonctionnait toute seule, et Murakami est arrivé dans la maison en même temps que Kafka sur le rivage. C’était France Culture, c’était un épisode, je ne sais plus lequel, de l’adaptation que Juliette Heymann avait faite de l’œuvre de l’écrivain japonais. J'étais une ignorante, je crois m’être enfoncée dans le vieux fauteuil en cuir.
Depuis je grappille, j’ai tout dévoré, oh, pas l’œuvre écrite, bien sûr, je n’ai pas les moyens et la bibliothèque du village n’a connu aucun séisme, aucune envolée dans l'espace. Non, je grappille Kafka Tamura, son Kafka, quinze ans tout mouillé, je rencontre avec lui le vieux Nakata, j’apprends – qui n’apprendrait d’un tel récit ? – je pioche, pas forcément dans l’ordre, je reviens en arrière, parfois cinq minutes ici, deux phrases là, un épisode ailleurs. Je regarde Kafka tenter d’échapper à la terrible prophétie. L’adaptation radiophonique est magnifique, les voix envoûtantes, les effets sonores judicieux, madame Heymann sait ce qu’elle fait, je ferme les yeux, elle m’entraîne. L’œuvre est initiatique et elle m’initie.
Tout simplement merci.
x 1001.
Nicole.
Haruki Murakami
Je n'en ai lu qu'un, de Murakami, je ne peux pas dire qu'il m'ennuie à partir de cette seule lecture : c'étaient Les Amants du Spoutnik (que tu as mis en lien). Je n'en garde que l'impression aucunement désagréable d'une plage en Grèce, mais c'est tout... Je devrais en lire d'autres pour me faire une idée.
A lire ton texte et le petit résumé de l'histoire, tu donnes le sentiment d'un voyage plein de douceur!
A lire ton texte et le petit résumé de l'histoire, tu donnes le sentiment d'un voyage plein de douceur!
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
Haruki Murakami
Pas forcément de douceur non, mais de rêve -- oui c'est ça, de rêve. Kafka sur le rivage est un conte onirique autant qu'initiatique, les personnages sont singuliers et pourtant la présence en nous de choses d'eux (et en eux de choses de nous) est palpable. Enfin moi je l'ai palpée, je crois, en tout cas -- mais il est vrai que j'atteins parfois et désormais une capacité d'empathie qui confine au désordre psychologique.
Cela dit, encore une fois, je ne perçois l'oeuvre qu'à travers le filtre de l'adaptation radiophonique. Donc...
x 1001.
Cela dit, encore une fois, je ne perçois l'oeuvre qu'à travers le filtre de l'adaptation radiophonique. Donc...
x 1001.
Nicole.
Haruki Murakami ; Eiji Yoshikawa
Bonjour,
Je suis nouveau sur le forum, j'ai vu cette discussion qui m'a intéressé, j'ai lu quasiment tout les Haruki Murakami,
Les plus marquants sont pour moi comme dit précédemment "Kafka sur le rivage" mais aussi "La fin des temps" si vous avez apprécié kafka il est vraiment à lire. On retrouve dans ces romans le thème assez redondant d'une double réalité, de se monde intérieur qui est notre jardin secret. Il a un style que j'apprécie, très détaillé avec de très nombreuses références.
J'ai appris récemment qu'il venait de sortir un livre ( 1Q84 ), apparemment en rapport avec le livre de George Orwell.. Quelqu'un l'aurais t-il lut ?
Je suis actuellement en train de lire la deuxième fois le roman d'Eiji Yoshikawa " La pierre et et le sabre" premier volume d'une biographie romancé sur le ronin Miyamoto Musashi, se termine avec "La parfaite lumière"
C'est un très grand classique japonais vraiment bien écrit, qui tient en haleine tout au long rebondissant sur le charisme des personnages, et alliant politique et histoire du japon, à la voie dans la quelle on s'implique.. La voie de vie que l'on choisit les comportements "droit" et "déviant".. Un livre très instructif et passionnant..
Je le conseil vivement.
Je suis heureux d'avoir trouvé un forum où parlé littérature,
C'est un plaisir,
Mugen.
PS : Je vais peut être lire ecstazy de Murakami Ryu, une lecture qui à l'air de s'avéré peut commun.
Je suis nouveau sur le forum, j'ai vu cette discussion qui m'a intéressé, j'ai lu quasiment tout les Haruki Murakami,
Les plus marquants sont pour moi comme dit précédemment "Kafka sur le rivage" mais aussi "La fin des temps" si vous avez apprécié kafka il est vraiment à lire. On retrouve dans ces romans le thème assez redondant d'une double réalité, de se monde intérieur qui est notre jardin secret. Il a un style que j'apprécie, très détaillé avec de très nombreuses références.
J'ai appris récemment qu'il venait de sortir un livre ( 1Q84 ), apparemment en rapport avec le livre de George Orwell.. Quelqu'un l'aurais t-il lut ?
Je suis actuellement en train de lire la deuxième fois le roman d'Eiji Yoshikawa " La pierre et et le sabre" premier volume d'une biographie romancé sur le ronin Miyamoto Musashi, se termine avec "La parfaite lumière"
C'est un très grand classique japonais vraiment bien écrit, qui tient en haleine tout au long rebondissant sur le charisme des personnages, et alliant politique et histoire du japon, à la voie dans la quelle on s'implique.. La voie de vie que l'on choisit les comportements "droit" et "déviant".. Un livre très instructif et passionnant..
Je le conseil vivement.
Je suis heureux d'avoir trouvé un forum où parlé littérature,
C'est un plaisir,
Mugen.
PS : Je vais peut être lire ecstazy de Murakami Ryu, une lecture qui à l'air de s'avéré peut commun.
Invité- Invité
1Q84
Bienvenue, Mugen, et merci pour ces conseils de lecture.
Cette double réalité que tu évoques est justement l'impression qu'a laissée en moi ma seule lecture de Murakami.
1Q84, ça m'intrigue, car j'avais adoré le roman d'Orwell...
"1Q84 est un roman de 2009 de Haruki Murakami, publié en trois tomes au Japon chez les éditions Shinchosha. Il s'est rapidement imposé comme best-seller, le premier tirage étant épuisé le jour même de sa mise sur le marché, un million d'exemplaires étant finalement vendus en un mois.
Les deux protagonistes mènent leurs histoire en parallèle, avec d'un coté une tueuse à gage, et de l'autre, l'histoire d'un prof rêvant d'écrire des livres.
Les principaux termes abordés dans le roman sont le meurtre, l'histoire, la religion, la violence, les liens familiaux, l'amour, la vie et la mort."
(Wikipedia)
Cette double réalité que tu évoques est justement l'impression qu'a laissée en moi ma seule lecture de Murakami.
1Q84, ça m'intrigue, car j'avais adoré le roman d'Orwell...
"1Q84 est un roman de 2009 de Haruki Murakami, publié en trois tomes au Japon chez les éditions Shinchosha. Il s'est rapidement imposé comme best-seller, le premier tirage étant épuisé le jour même de sa mise sur le marché, un million d'exemplaires étant finalement vendus en un mois.
Les deux protagonistes mènent leurs histoire en parallèle, avec d'un coté une tueuse à gage, et de l'autre, l'histoire d'un prof rêvant d'écrire des livres.
Les principaux termes abordés dans le roman sont le meurtre, l'histoire, la religion, la violence, les liens familiaux, l'amour, la vie et la mort."
(Wikipedia)
Kashima- Faux-monnayeur
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Re: Auteurs japonais
Sois le bienvenu Mugen, et merci pour ces suggestions de lecture !
x 1001.
x 1001.
Nicole.
P.-S. Tu ne t'es pas trompé, Edencash est plein de trésors...
Kashima- Faux-monnayeur
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