GIACOMO LEOPARDI, Poète et philosophe italien
Page 1 sur 1
GIACOMO LEOPARDI, Poète et philosophe italien
Giacomo Leopardi, l'infinito
“Les enfants trouvent tout d’un rien, les hommes ne trouvent rien dans tout”
Considéré dans son pays comme un des plus grands des poètes avec Dante, Giacomo Leopardi est une figure incontournable de la littérature italienne. Issu de la noblesse de Recanati, son père, le comte Monaldo Leopardi, possède une des plus importantes bibliothèques d'Italie. L'enfant surdoué grandit dans la solitude, ne s'éveille qu'au contact des livres et apprend seul le latin, le grec et l'hébreu. Jeune homme souffreteux, presque infirme, il connaît des désillusions amoureuses exprimées dans 'Premier amour' ou 'Les Canti', et se forge des convictions pessimistes et matérialistes que l'on retrouve dans ses ouvrages philosophiques comme les 'Petites oeuvres morales' ou le 'Zibaldone', son monumental journal posthume. Celui qui considère que "tout est vanité, hormis la douleur", chante également le plaisir, la renaissance et le printemps dans des poèmes lyriques qui font cohabiter des thèmes morbides et les joies éphémères qu'apporte la beauté. Chantre de l'Italie et de ses gloires passées ('A l’Italie’, ‘Sur le monument de Dante', 1818), le poète s'investit dans la cause nationaliste et dénonce l'invasion napoléonienne. Bien qu'admiré par certains romantiques comme Alfred de Musset, Leopardi remet en cause ce mouvement littéraire et sa propension à l'épanchement subjectif dans son 'Discours sur la poésie romantique' en 1818. Longtemps considéré comme un classique du fait de sa passion pour les textes latins, Giacomo Leopardi fait en réalité preuve d’une très grande modernité à travers sa poésie.
Poème
L'INFINITO
Sempre caro mi fu quest’ermo colle,
E questa siepe, che da tanta parte
Dell’ultimo orizzonte il guardo esclude.
Ma sedendo e rimirando, interminati
Spazi di là da quella, e sovrumani
Silenzi, e profondissima quiete
Io nel pensier mi fingo, ove per poco
Il cor non si spaura. E come il vento
Odo stormir tra queste piante, io quello
Infinito silenzio a questa voce
Vo comparando: e mi sovvien l’eterno,
E le morte stagioni, e la presente
E viva, e il suon di lei. Così tra questa
Immensità s’annega il pensier mio:
E il naufragar m’è dolce in questo mare
Toujours tendre me fut ce solitaire mont
Et cette haie qui, de tout bord ou presque,
Dérobe aux yeux le lointain horizon.
Mais, bien assis regardant, des espaces
Sans limites au delà d'elle, de surhumains
Silences, un calme on ne peut plus profond
Je forme en mon esprit, où peut s'en faut
Que le cœur ne défaille. Et comme j'ois le vent
Bruire parmi les feuilles, cet
Infini silence-là à cette voix
Je compare : et me souviens de l'éternité,
des mortes saisons, et de la présente
Et vive, avec son chant. Ainsi, en cette
Immensité ma pensée s'engloutit :
Et dans ces eaux il m'est doux de sombrer.
Citations:
“Les enfants trouvent tout d’un rien, les hommes ne trouvent rien dans tout.”
“Le moyen le plus sûr de cacher aux autres les limites de son savoir est de ne jamais les dépasser.”
"L’ennui est, en quelque sorte, le plus sublime des sentiments humains. Je ne crois pas que de l’examen de ce sentiment naissent les conséquences que beaucoup de philosophes ont cru en tirer ; mais cependant ne pouvoir être satisfait par aucune chose terrestre et, pour ainsi parler, de la terre entière ; considérer l’étendue incalculable de l’espace, le nombre et la masse prodigieuse des mondes, et trouver que tout est pauvre et petit pour la capacité de notre âme ; se figurer le nombre des mondes infini, l’univers infini et sentir que son âme et son désir sont encore plus grands que cet univers, et toujours accuser les choses d’insuffisance et de nullité, et souffrir de manque et de vide et, par là, d’ennui : – voilà pour moi le plus haut signe de noblesse et de grandeur qui se voie dans la vie humaine. Aussi l’ennui est-il peu connu des hommes médiocres, et très peu ou point des autres animaux"
"Je n'ai pas honte de dire que je n'aime personne si ce n'est moi-même, par nécessité naturelle, et le moins qu'il m'est possible"
"Les illusions ne peuvent être condamnées, méprisées, pourchassées, que par ceux qui en sont les victimes et par ceux qui croient que le monde est ou puisse être vraiment quelque chose, et quelque chose de beau.
Illusion capitale : le demi-philosophe combat donc les illusions précisément parce qu'il en est la victime ; le vrai philosophe les aime et s'en fait l'apôtre parce qu'il en est dépourvu : en général, combattre les illusions est le signe le plus sûr d'une science très imparfaite et d'une illusion notable."
"Le démon : Qu’est-ce que la vérité ?
Le Tasse : Pilate l’ignorait autant que moi.
Le démon : C’est bon, je répondrai pour toi. Sache donc qu’entre le rêve et la vérité, la seule différence est que le rêve peut-être quelquefois beaucoup plus tendre et plus beau que la vérité ne peut l’être.
Le Tasse : Un plaisir rêvé aurait donc autant de valeur qu’un vrai plaisir ?
Le démon : Je le crois. D’ailleurs, j’ai eu vent de quelqu’un qui, lorsque la femme qu’il aime lui apparaît dans un songe heureux, fuit le lendemain tout occasion de la revoir. Car il sait qu’elle ne pourrait égaler l’image que le sommeil a imprimé en lui, et qu’effaçant de son esprit l’illusion de la vérité le priverait du plaisir extraordinaire qu’il en tire."
Gattopardo- Nombre de messages : 5
Date d'inscription : 21/02/2022
Sujets similaires
» HEINER MÜLLER, Auteur dramatique et poète anticonformiste
» Un poète, des poètes
» Picabia poète
» Alain Souchon, un poète des temps modernes ?
» PAUL CELAN, Poète d’après le déluge
» Un poète, des poètes
» Picabia poète
» Alain Souchon, un poète des temps modernes ?
» PAUL CELAN, Poète d’après le déluge
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|