PAUL CELAN, Poète d’après le déluge
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PAUL CELAN, Poète d’après le déluge
Il y a encore des chants à chanter au-delà des hommes. Celan.
Paul Celan, pseudonyme de Paul Pessach Antschel (en allemand) ou Ancel (en roumain), est un poète et traducteur roumain de langue allemande, naturalisé français en 1955, né à Cernăuți le 23 novembre 1920 et décédé à Paris le 20 avril 1970.
Son nom d'écrivain est l'anagramme de son patronyme roumain.
Auteur d'une œuvre absolument novatrice, il est souvent considéré comme le plus grand poète de langue allemande de l'après-guerre.
Sa poésie est une des plus difficiles qui soit, ancrée dans la culture du peuple juif, de la Bible et de références incessantes (Mandelstam, Heine, entre autres), avec en arrière-plan la présence obsédante de la Shoah. Cette poésie à gravir comme une montagne escarpée, sans en saisir d'emblée tout le sens, est la plus haute qui soit. Parfois l'espace est raréfié, l'air difficile et abstrait, mais la lumière est au bout.
Sombre, compacte comme basalte noir, hermétique le plus souvent, la poésie de Celan se dresse comme un immense monolithe devant nous.
Pourtant il est presque unanimement considéré comme le poète de langue allemande le plus important du vingtième siècle, le seul qui ait pu parler de l’holocauste et du tragique des jours.
Son poème de 1947, « Todesfugue », (Fugue de la mort), fera vite le tour de l'Europe. Celan plus tard prit ombrage d'être réduit uniquement à ce texte.
Paul Celan, mit Reinhard Federmann, Milo Dor, Ingeborg Bachmann, 1952, Gruppe 47, Niendorf
Paul Celan, pseudonyme de Paul Pessach Antschel (en allemand) ou Ancel (en roumain), est un poète et traducteur roumain de langue allemande, naturalisé français en 1955, né à Cernăuți le 23 novembre 1920 et décédé à Paris le 20 avril 1970.
Son nom d'écrivain est l'anagramme de son patronyme roumain.
Auteur d'une œuvre absolument novatrice, il est souvent considéré comme le plus grand poète de langue allemande de l'après-guerre.
Sa poésie est une des plus difficiles qui soit, ancrée dans la culture du peuple juif, de la Bible et de références incessantes (Mandelstam, Heine, entre autres), avec en arrière-plan la présence obsédante de la Shoah. Cette poésie à gravir comme une montagne escarpée, sans en saisir d'emblée tout le sens, est la plus haute qui soit. Parfois l'espace est raréfié, l'air difficile et abstrait, mais la lumière est au bout.
Sombre, compacte comme basalte noir, hermétique le plus souvent, la poésie de Celan se dresse comme un immense monolithe devant nous.
Pourtant il est presque unanimement considéré comme le poète de langue allemande le plus important du vingtième siècle, le seul qui ait pu parler de l’holocauste et du tragique des jours.
Son poème de 1947, « Todesfugue », (Fugue de la mort), fera vite le tour de l'Europe. Celan plus tard prit ombrage d'être réduit uniquement à ce texte.
Paul Celan, mit Reinhard Federmann, Milo Dor, Ingeborg Bachmann, 1952, Gruppe 47, Niendorf
Invité- Invité
Re: PAUL CELAN, Poète d’après le déluge
Mais pourquoi ne l'ai-je jamais lu?
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
Re: PAUL CELAN, Poète d’après le déluge
Je me le demande aussi....
« ... je tiens à vous dire combien il est difficile pour un Juif d'écrire des poèmes en langue allemande. Quand mes poèmes paraîtront, ils aboutiront bien aussi en Allemagne et - permettez-moi d'évoquer cette chose terrible -, la main qui ouvrira mon livre aura peut-être serré la main de celui qui fut l'assassin de ma mère... Et pire encore pourrait arriver... Pourtant mon destin est celui-ci : d'avoir à écrire des poèmes en Allemand. » (Lettre de 1946), Paul Celan
La question fondamentale du mal et son archétype absolu, Auschwitz, va le hanter et lui ne pourra jamais croire en un retournement de la malédiction en élection, en exultation comme Emmanuel Levinas.
Pour lui Dieu est mort à Auschwitz et la langue du sacré ne protège pas du néant, celle des hommes peut-être malgré tout. Car le devoir de mémoire est encore plus sacré. La parole est l'ultime rempart contre l'oubli, pas la prière.
S'il venait,
venait un homme,
venait un homme, au monde,
aujourd'hui, avec
la barbe de clarté
des patriarches : il devrait,
s'il parlait de ce
temps, il
devrait
bégayer seulement, bégayer,
toutoutoujours
bégayer.
« ... je tiens à vous dire combien il est difficile pour un Juif d'écrire des poèmes en langue allemande. Quand mes poèmes paraîtront, ils aboutiront bien aussi en Allemagne et - permettez-moi d'évoquer cette chose terrible -, la main qui ouvrira mon livre aura peut-être serré la main de celui qui fut l'assassin de ma mère... Et pire encore pourrait arriver... Pourtant mon destin est celui-ci : d'avoir à écrire des poèmes en Allemand. » (Lettre de 1946), Paul Celan
La question fondamentale du mal et son archétype absolu, Auschwitz, va le hanter et lui ne pourra jamais croire en un retournement de la malédiction en élection, en exultation comme Emmanuel Levinas.
Pour lui Dieu est mort à Auschwitz et la langue du sacré ne protège pas du néant, celle des hommes peut-être malgré tout. Car le devoir de mémoire est encore plus sacré. La parole est l'ultime rempart contre l'oubli, pas la prière.
S'il venait,
venait un homme,
venait un homme, au monde,
aujourd'hui, avec
la barbe de clarté
des patriarches : il devrait,
s'il parlait de ce
temps, il
devrait
bégayer seulement, bégayer,
toutoutoujours
bégayer.
Invité- Invité
23 novembre 1920 | Naissance de Paul Celan
Après la déportation de ses parents, en juin 1942, au camp de Michailovka, en Ukraine, Paul Antschel est enrôlé dans un camp de travail forcé en Valachie. De retour à Czernowitz en 1944, Paul Antschel prend la fuite pour Bucarest. Paul Antschel y travaille comme lecteur et traducteur d’auteurs russes. Les premières publications de ses poèmes, sous le nom francisé de Paul Celan, datent de 1947. En décembre de la même année, Paul Celan rencontre à Vienne, où il séjourne pendant six mois, Ingeborg Bachmann. En 1948, à Paris, Celan s’inscrit à la Sorbonne pour y passer sa licence d’allemand et publie, dans la revue Plan, 17 poèmes. Il poursuit ses travaux de traduction avec des œuvres de Jean Cocteau et de Guillaume Apollinaire. Il traduit également les recueils de poèmes d’Yvan Goll (1891-1950).
En 1952, Celan donne sa première lecture publique de poèmes, à Niendorf, en Allemagne. Le 23 décembre 1952, il épouse Gisèle de Lestrange, peintre et graveur. Le premier recueil de Paul Celan, Pavot et mémoire (Mohn und Gedächtnis), paraît la même année. Commencent alors, dès octobre 1953, les premières campagnes de diffamation de Claire Goll, qui accuse Paul Celan d’avoir plagié les poèmes de son mari, le poète Yvan Goll. Le 22 octobre 1960, Paul Celan reçoit le prix Büchner à Darmstadt, en Allemagne, malgré les tentatives de Claire Goll pour empêcher cet événement.
De 1955 à 1970, six recueils sont publiés :
- De seuil en seuil (Von Schwelle zu Schwelle, 1955),
- Grille de parole (Sprachgitter,1959),
- La Rose de personne (Die Niemandsrose, 1963),
- Renverse du souffle (Atemwende, 1967),
- Soleil-filaments (Fadensonnen,1968),
- Péage noir (Schwarzmaut, 1969).
Le 19/20 avril 1970, Paul Celan se donne la mort à Paris en se jetant dans la Seine. Son dernier poème, Rebleute, est daté du 13 avril.
SCHIBBOLETH (1)
Mitsamt meinen Steinen,
den großgeweinten
hinter den Gittern,
schleiften sie mich
in die Mitte des Marktes,
dorthin,
wo die Fahne sich aufrollt, der ich
keinerlei Eid schwor.
Flöte,
Doppelflöte der Nacht:
denke der dunklen
Zwillingsröte
in Wien und Madrid.
Setz deine Fahne auf Halbmast,
Erinnrung.
Auf Halbmast
für heute und immer.
Herz:
gib dich auch hier zu erkennen,
hier, in der Mitte des Marktes.
Ruf’s, das Schibboleth, hinaus
in die Fremde der Heimat:
Februar (2). No pasarán.
Einhorn (3):
du weißt um die Steine,
du weißt um die Wasser,
komm,
ich führ dich hinweg
zu den Stimmen
von Estremadura (4).
SCHIBBOLETH
Avec toutes mes pierres,
grandies dans les pleurs
derrière les grilles,
ils m’ont traîné
jusqu’au milieu du marché,
jusqu’au lieu
où se déroule le drapeau auquel je n’ai
prêté aucune espèce de serment.
Flûte,
double-flûte de la nuit :
songe à la sombre
aurore jumelle
à Vienne et Madrid.
Mets à mi-hampe ton drapeau,
souvenir
à mi-hampe
pour aujourd’hui et à jamais.
Cœur :
là aussi fais-toi connaître,
là au milieu du marché.
Crie-le, le schibboleth, à toute force
dans l’étrangeté du pays:
février. No pasarán.
Licorne :
tu sais bien ce qu’il en est des pierres,
tu sais bien ce qu’il en est des eaux,
viens,
je t'emmène loin
chez les voix
de l'Estrémadure.
Paul Celan, De seuil en seuil in Choix de poèmes réunis par l’auteur (édition bilingue), Gallimard, Collection Poésie, 1998, pp. 112-113-114-115. Notes, p. 339. Traduction et présentation de Jean-Pierre Lefebvre.
http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2009/11/23-novembre-1920naissance-de-paul-celan.html
Kashima- Faux-monnayeur
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