Le crime du comte Neville
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Le crime du comte Neville
Clin d’œil du destin : alors que le roman d'Amélie était déjà en cours d'impression, sans doute, on l'a anoblie et elle a reçu le titre de baronne. Quoi de mieux pour défendre, sur les radios et à la télévision, son livre qui raconte une histoire de noblesse?
Pour résumer, le comte Henri de Neville est ruiné. Il va devoir se débarrasser de son château du Pluvier, à regrets. Marié à Alexandra, une superbe femme née en 1967 (comme l'auteur), il a trois enfants : Oreste, Electre et... non, pas Iphigénie, mais Sérieuse. Celle-ci va être marquée par le poids du prénom absent au point d'imaginer que son père aurait le devoir de la tuer. Je n'en dis pas plus sur l'histoire dont le suspens reste entier jusqu'au bout.
Comme dans la mythologie grecque, une prédiction originelle pèse sur la famille et on sait que, plus fort que les dieux, le destin se réalise toujours. C'est la fatalité : les parents d'Oedipe abandonnent l'enfant qui devrait tuer le père et épouser la mère... Acrisios fait enfermer sa fille Danaé avec son bébé et jette le coffre à la mer car son petit-fils le tuera... Même si l'homme lutte et se débat, le destin s'accomplit. La voyante a annoncé au comte Neville qu'il tuerait un invité lors de la garden-party (l'ultime, d'ailleurs, avant de vendre le château).
Amélie Nothomb bâtit son roman sur ce système-là, en le transposant dans la Belgique des années 90, dans le milieu aristocratique auquel elle appartient. On trouvera de nombreuses références autobiographiques, des doubles d'Amélie dans différents personnages, des références littéraires qui se fondent bien dans l'ensemble. Avec une facilité apparente, l'auteur conduit agréablement son récit : on s'intéresse à ce comte, aux personnages secondaires (se plaisant à reconnaître une Juliette, au passage, puisque l'attachement des sœurs est extrêmement fort - même si le lien ne parvient pas à retenir Sérieuse du côté de la vie.) J'imagine très bien le père d'Amélie, Patrick Nothomb, dans ce personnage sympathique, courtois et affable qu'est le comte de Neville, mais j'y vois Amélie elle-même aussi!
Le lecteur fidèle reconnaîtra des traits du héros de Journal d'Hirondelle, qui ne ressent plus rien et commet des crimes pour être "atteint" ; entre les lignes, l'accident vécu par la jeune narratrice dans Biographie de la faim confrontée aux mains de la mer...
Retenons l'expression "Venise s'enfonce" pour couper court au fatalisme... Et j'aime beaucoup le sort réservé aux "ressentis" tout au long du livre, au point que le comte, agacé par ce vocabulaire moderne et impropre, termine une de ses lettres ainsi :
"Croyez en mes ressentis agacés"
J'ai moins aimé le côté adolescente torturée de la jeune fille, c'est mon bémol, mais l'ensemble est gai et léger alors qu'il nous parle tout de même d'un meurtre qui doit avoir lieu.
On espère qu'Amélie Nothomb connaîtra un tel retournement du destin et qu'elle pourra, comme elle disait le désirer à Jacques Chancel, conserver le château de la famille.
Pour finir, deux autres phrases/dictons à retenir :
“Réagis, pars, danse, bouge, puisque c'est intolérable”, mais mon corps demeurait inerte.
"Quand crie la chouette, ta pensée est juste."
Dernière édition par Kashima le Sam 22 Aoû 2015 - 12:51, édité 1 fois
Kashima- Faux-monnayeur
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Le crime de Lord Arthur Savile
Le dernier roman d'Amélie Nothomb a comme sous-texte Le crime de Lord Arthur Savile d'Oscar Wilde. On y retrouve le poids de la prédiction et du destin.
Lors d'une soirée, un chiromancien prédit à Lord Arthur, sur le point de se marier avec Sybil, qu'il commettra un crime. Le jeune homme est bouleversé par cette annonce et décide qu'il ne se mariera qu'une fois la prédiction accomplie. Pour cela, il va devoir aider le destin : il dresse la liste des membres de sa famille et cherche qui il pourrait bien assassiner. Son choix s'arrête sur une vieille parente qu'il aime beaucoup et qu'il va empoisonner...
La faiblesse de l'esprit humain ébranlé par la prédiction de son avenir est très bien raconté dans ce classique de Wilde. L'autodétermination, le libre-arbitre, le Destin, toutes ces questions sont soulevées dans ce court récit dont la chute montre combien nos actes peuvent être influencés par une simple idée devenue obsessionnelle.
Lors d'une soirée, un chiromancien prédit à Lord Arthur, sur le point de se marier avec Sybil, qu'il commettra un crime. Le jeune homme est bouleversé par cette annonce et décide qu'il ne se mariera qu'une fois la prédiction accomplie. Pour cela, il va devoir aider le destin : il dresse la liste des membres de sa famille et cherche qui il pourrait bien assassiner. Son choix s'arrête sur une vieille parente qu'il aime beaucoup et qu'il va empoisonner...
La faiblesse de l'esprit humain ébranlé par la prédiction de son avenir est très bien raconté dans ce classique de Wilde. L'autodétermination, le libre-arbitre, le Destin, toutes ces questions sont soulevées dans ce court récit dont la chute montre combien nos actes peuvent être influencés par une simple idée devenue obsessionnelle.
- Vous n'allez pas me dire que vous croyez à la chiromancie?
- Mais si, dit le jeune homme en souriant.
- Mais pourquoi ?
- Parce que je lui dois tout le bonheur de ma vie.
Kashima- Faux-monnayeur
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