La mort de Mao
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La mort de Mao
En revenant de Chine, Jules Roy décide d'appeler son chien du nom de l'empereur. Ainsi, comme il le dit, celui-ci règnera sur lui. Ce petit chien est un teckel noir : il passe sa vie à gambader dans la campagne, il est très proche de son maître contre lequel il se blottit la nuit, s'enfouissant dans les draps comme dans un terrier, quitte à étouffer de chaleur dans l'odeur de celui qu'il aime.
"Je n'avais donc pas de honte à abriter sous mon édredon un chien qui n'était heureux qu'au chaud et avec moi, et tournait peut-être dans sa tête, sans pouvoir les exprimer, les mêmes tourments que moi. Ca compte, même quand c'est un chien, quelqu'un qui vous préfère au reste du monde." (65)
La mort de Mao raconte l'amour qui naît entre un homme et un chien, quel que soit le temps passé ensemble : un seul regard, comme il le dit aussi, suffit parfois à l’attachement. La mort de l'animal, sorte d'enfant auquel on sait qu'on va survivre ([Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]), est une souffrance que tente de dire Jules Roy, en ne s'étendant pas sur le jour du drame, mais en essayant de faire revivre tous les moments partagés avec lui :
"Deux automnes, deux hivers, un printemps et un été ensemble, est-ce assez pour être attachés à jamais? Il suffit de bien moins. Un simple regard, parfois." (97)
Cet amour est désintéressé, pur, du côté de l'évidence :
"Je sais ce qui m'a ému par lui : ce sentiment, quand il était allongé à côté de moi, sur mes genoux, sa tête enfouie sous mon veston ou mon chandail, que je possédais là, sans que cela fût, ni pour lui ni pour moi, humiliant ou indiscret, une sorte de bonheur frustre, le meilleur de tous parce qu'il est fait, comme le pain ou le vin, des biens du monde et non des artifices de l'intelligence. (...) je suis heureux parce que mon chien (...) est là, et je me fous qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il neige, que mon livre ait du succès ou pas. C'est une part de cette félicité que j'ai perdue, la plus simple de toutes, celle de l'anthropoïde des cavernes que je suis." (98)
La quatrième de couverture est une lettre de son ami François Nourissier, l'auteur de [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], dans laquelle il lui dit sa reconnaissance d'avoir écrit ce texte. Il faut dépasser le ridicule dont nous taxent les personnes qui ne savent pas ce qu'est le sentiment qui existe entre un être humain et son animal. Ces textes font honneur à ceux qui savent l'éprouver :
Jules Roy est un écrivain et militaire français, né le 22 octobre 1907 à Rovigo (Algérie) et mort le 15 juin 2000 à Vézelay (Yonne). Il a eu le prix Renaudot pour la Vallée heureuse et le Grand prix de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre.
Kashima- Faux-monnayeur
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