L'amour impossible : Pygmalion
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Quel rôle pour vous?
L'amour impossible : Pygmalion
Pygmalion refusait de tomber amoureux, soit parce qu'on le disait misogyne (mais il n'aurait pas, si c'était le cas, consacré son art à la Femme), soit parce qu'il était indigné par "la prostitution sacrée qui régnait sur la ville d'Amathonte".
Il passait son temps à sculpter une femme magnifique, en ivoire, à la retravailler pour qu'elle fût idéale, si bien qu'il en tomba amoureux.
Mais il aimait une pierre! Il pleurait devant cette femme immobile et froide, voulait s'en faire aimer aussi. Son amour était désespéré.
J'aurais bien arrêté la légende ici...
Les dieux sont plus cléments : Aphrodite eut pitié de lui et donna vie à sa statue. Il put l'épouser. Elle s'appela Galatée.
De leur union naquit Paphos, qui fonda la ville de Paphos à Chypre, dédiée aux amours et cité favorite de la déesse de l'amour.
Plus jeune, j'avais écrit un poème qui s'appelait "Pygmalion perdant". La statue prenait vie, le temps qu'il l'aime et soit ravi, puis elle redevenait pierre.
Ce mythe illustre la question des rapports entre l'oeuvre d'art et l'artiste, mais aussi celle de l'amour.
C'est ce deuxième point qui m'intéresse. Pygmalion s'enferme dans un amour qui ne sera jamais partagé, il se plaît à aimer la femme qu'il a imaginée et créée, une femme idéale, qui n'existe pas. Il est obligé d'être malheureux. L'intervention divine est trop bienvenue. Pour nous, elle n'existe pas. Je pense qu'au moment où elle devient réel, elle lui échappe. La fin du mythe, c'est un simple mariage...
Les rôles inversés par Delvaux :
Je verrais bien une statue de femme adorée par une autre femme : Edlinka, au tableau!
Voici un poème que j'adore et qui me fait penser à ce mythe, "Le Fou et la Vénus" :
"Quelle admirable journée! Le vaste parc se pâme sous l'oeil brûlant du soleil, comme la jeunesse sous la domination de l'Amour.
L'extase universelle des choses ne s'exprime par aucun bruit; les eaux elles-mêmes sont comme endormies. Bien différente des fêtes humaines, c'est ici une orgie silencieuse.
On dirait qu'une lumière toujours croissante fait de plus en plus étinceler les objets; que les fleurs excitées brûlent du désir de rivaliser avec l'azur du ciel par l'énergie de leurs couleurs, et que la chaleur, rendant visibles les parfums, les fait monter vers l'astre, comme des fumées.
Cependant, dans cette jouissance universelle, j'ai aperçu un être affligé. Aux pieds d'une colossale Vénus, un de ces fous artificiels, un de ces bouffons volontaires chargés de faire rire les rois quand le Remords ou l'Ennui les obsède, affublé d'un costume éclatant et ridicule, coiffé de cornes et de sonnettes, tout ramassé contre le piédestal, lève des yeux pleins de larmes vers l'immortelle Déesse.
Et ses yeux disent : « Je suis le dernier et le plus solitaire des humains, privé d'amour et d'amitié, et bien inférieur en cela au plus imparfait des animaux. Cependant je suis fait, moi aussi, pour comprendes et sentir l'immortelle Beauté! Ah! Déesse! ayez pitié de ma tristesse et de mon délire! »
Mais l'implacable Vénus regarde au loin je ne sais quoi avec ses yeux de marbre."
Baudelaire, Petits poèmes en prose
Il passait son temps à sculpter une femme magnifique, en ivoire, à la retravailler pour qu'elle fût idéale, si bien qu'il en tomba amoureux.
Mais il aimait une pierre! Il pleurait devant cette femme immobile et froide, voulait s'en faire aimer aussi. Son amour était désespéré.
J'aurais bien arrêté la légende ici...
Les dieux sont plus cléments : Aphrodite eut pitié de lui et donna vie à sa statue. Il put l'épouser. Elle s'appela Galatée.
De leur union naquit Paphos, qui fonda la ville de Paphos à Chypre, dédiée aux amours et cité favorite de la déesse de l'amour.
Plus jeune, j'avais écrit un poème qui s'appelait "Pygmalion perdant". La statue prenait vie, le temps qu'il l'aime et soit ravi, puis elle redevenait pierre.
Ce mythe illustre la question des rapports entre l'oeuvre d'art et l'artiste, mais aussi celle de l'amour.
C'est ce deuxième point qui m'intéresse. Pygmalion s'enferme dans un amour qui ne sera jamais partagé, il se plaît à aimer la femme qu'il a imaginée et créée, une femme idéale, qui n'existe pas. Il est obligé d'être malheureux. L'intervention divine est trop bienvenue. Pour nous, elle n'existe pas. Je pense qu'au moment où elle devient réel, elle lui échappe. La fin du mythe, c'est un simple mariage...
Les rôles inversés par Delvaux :
Je verrais bien une statue de femme adorée par une autre femme : Edlinka, au tableau!
Voici un poème que j'adore et qui me fait penser à ce mythe, "Le Fou et la Vénus" :
"Quelle admirable journée! Le vaste parc se pâme sous l'oeil brûlant du soleil, comme la jeunesse sous la domination de l'Amour.
L'extase universelle des choses ne s'exprime par aucun bruit; les eaux elles-mêmes sont comme endormies. Bien différente des fêtes humaines, c'est ici une orgie silencieuse.
On dirait qu'une lumière toujours croissante fait de plus en plus étinceler les objets; que les fleurs excitées brûlent du désir de rivaliser avec l'azur du ciel par l'énergie de leurs couleurs, et que la chaleur, rendant visibles les parfums, les fait monter vers l'astre, comme des fumées.
Cependant, dans cette jouissance universelle, j'ai aperçu un être affligé. Aux pieds d'une colossale Vénus, un de ces fous artificiels, un de ces bouffons volontaires chargés de faire rire les rois quand le Remords ou l'Ennui les obsède, affublé d'un costume éclatant et ridicule, coiffé de cornes et de sonnettes, tout ramassé contre le piédestal, lève des yeux pleins de larmes vers l'immortelle Déesse.
Et ses yeux disent : « Je suis le dernier et le plus solitaire des humains, privé d'amour et d'amitié, et bien inférieur en cela au plus imparfait des animaux. Cependant je suis fait, moi aussi, pour comprendes et sentir l'immortelle Beauté! Ah! Déesse! ayez pitié de ma tristesse et de mon délire! »
Mais l'implacable Vénus regarde au loin je ne sais quoi avec ses yeux de marbre."
Baudelaire, Petits poèmes en prose
Dernière édition par Kashima le Mer 26 Nov 2008 - 16:24, édité 1 fois
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
Re: L'amour impossible : Pygmalion
Aphrodite, l'entremetteuse divinité
Par ce vote, je ne nie aucunement les deux autres. Je pense juste qu'un acharnement pour une personne qui n'éprouve rien, ou qu'une personne qui s'emploie à se faire aimer est une perte de temps, la vie est si courte. Cet amour, comme dans les deux cas que je viens de citer, est à mon goût trop oppressant car il n'est pas vécu pareil par les peux personnes, donc pas en osmose.
Voilà.
Par ce vote, je ne nie aucunement les deux autres. Je pense juste qu'un acharnement pour une personne qui n'éprouve rien, ou qu'une personne qui s'emploie à se faire aimer est une perte de temps, la vie est si courte. Cet amour, comme dans les deux cas que je viens de citer, est à mon goût trop oppressant car il n'est pas vécu pareil par les peux personnes, donc pas en osmose.
Voilà.
Edlinka- Les limbes
- Nombre de messages : 325
Age : 42
Date d'inscription : 01/10/2008
Re: L'amour impossible : Pygmalion
Pygmalion, sans hésiter.
Le rôle de Galatée n'est pas mal, mais qu'on l'épouse... :bad:
Le rôle de Galatée n'est pas mal, mais qu'on l'épouse... :bad:
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
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