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Les Fantômes de la Jalousie, H. James

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Les Fantômes de la Jalousie, H. James Empty Les Fantômes de la Jalousie, H. James

Message  Kashima Dim 17 Avr 2011 - 19:33

Les Fantômes de la Jalousie, H. James Henry-james-les-fantomes-de-la-jalousie



"Ce volume réunit cinq longues nouvelles du célèbre auteur du Tour d'écrou. (...) Henry James (1843-1916) est celui qui dans la littérature introduit le fantastique à prédominance psychologique. (...) La partie fantastique n'occupe pas dans son œuvre une place plus importante en quantité que l'équivalent d'un de ses romans."


De Grey

La jeune Margaret Aldis, orpheline, se retrouve dame de compagnie de la Mrs de Grey, une veuve de 67 ans dont le fils est parti en Europe. A travers les conversations sur son fils et les portraits qui existent de lui, elle permet que s'éveille, en Margaret, le trouble de l'amour. Quand Paul rentre enfin à la maison, il tombe amoureux lui aussi de la jeune fille.
Mais une malédiction plane sur la famille : tous les de Grey, depuis des siècles, voient la mort de leur premier amour dans le mois qui suit la déclaration... Et Paul vient de se déclarer.

J'ai soupçonné la fin, et je me disais : pour être totalement réussie, elle devra me surprendre. Il reste que cette nouvelle est très agréable à lire, avec son ambiance XIXe et l'envie de savoir comment se réalisera la malédiction. Le caractère de Margaret s'affirme peu à peu grâce à l'amour. On part d'une jeune fille réservée pour arriver à la femme qui veut braver la mort :

"Un jour, elle traversait le hall, portant une pièce de tissu que le marchand venait de lui faire parvenir. C’était un long morceau de satin rose vif (…).
- Excusez-moi, mon père mais j’aurais trouvé fort dommage de ne pas vous montrer cette jolie pièce de satin. N’est-ce pas une couleur adorable? Ce rose tire sur le rouge. On jurerait la couleur de la chair avivée. C’est la couleur de notre amour - de ma mort.
Puis, avec un rire strident qui résonna dans la pièce :
- Père Herbert, c’est mon suaire! Ne trouvez-vous pas que ce sera un beau suaire? Du satin rose, de la dentelle jaune et des perles…"


Chez Folio, la nouvelle est sous-titrée "histoire romantique" :

Les Fantômes de la Jalousie, H. James 749817DeGreyHenryJames

Michel Sender : De Grey : A Romance, parue en juillet 1868 dans l’Atlantic Monthly de Boston, a la particularité de figurer parmi les premières nouvelles d’Henry James et de ne jamais avoir été reprise en volume du vivant de l’auteur.

Dès le début, un peu à la manière de Balzac, le jeune Henry James (il n’avait que vingt-cinq ans) campe petit à petit ses personnages (Mrs. De Grey, une vieille dame affable ; Mr. Herbert, un ancien ecclésiastique qui est un peu son directeur de conscience ; et Miss Aldis, Margaret, une jeune fille recueillie chez elle) et les lieux (une maison cossue « en bordure de la ville ») de l’action (un bien grand mot chez Henry James où tout se passe déjà en soliloques ou en conversations dérivées).

"Il est difficile d’en dire plus, sinon qu’Henry James nous plonge alors dans un thème cher au romantisme, celui de l’amour impossible ou condamné d’avance, mortel – avec une touche de fantastique irrationnel ; l’ensemble, encore une fois, dans une écriture subtile, mais aussi corsetée, comme tirée à quatre épingles !"





Dernière édition par Kashima le Mar 26 Avr 2011 - 20:36, édité 3 fois
Kashima
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Les Fantômes de la Jalousie, H. James Empty Re: Les Fantômes de la Jalousie, H. James

Message  Nicole Dim 17 Avr 2011 - 19:56

Very Happy Et vive "l'écriture corsetée" ! En voilà une belle expression !

bisou x 1001.
Nicole.
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http://nicole.garreau.over-blog.fr/

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Les Fantômes de la Jalousie, H. James Empty Maud-Evelyn

Message  Kashima Jeu 21 Avr 2011 - 9:39

Maud-Evelyn est une nouvelle sur la folie.
Lavinia a refusé la demande en mariage de Marmaduke, puis revient sur sa décision plus tard. Or, Marmaduke ne se décide pas tout de suite.
Il est parti en voyage et a fait la connaissance des Dedrick. Il passe tout son temps avec eux qui se consacrent à leur chère fille. Le problème, c'est qu'elle est morte...

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Henry James ou le sens des profondeurs
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Les Fantômes de la Jalousie, H. James Empty La redevance du fantôme

Message  Kashima Sam 23 Avr 2011 - 19:02

Rien à voir avec la jalousie, là non plus. Je crois que c'est juste un joli titre donné au recueil...
Dans cette nouvelle, un jeune homme, étudiant en théologie, voit dans la campagne une maison intrigante, qui donne l'impression d'être hantée.
Il aperçoit un jour un vieil homme rigide, ancien militaire, y pénétrer après avoir fait une sorte de génuflexion en hommage.
Il est certain qu'il vient y rencontrer un fantôme...

Les Fantômes de la Jalousie, H. James Redeva10

Cette nouvelle a été adapté en film par Robert Enrico (1965):

http://www.ina.fr/fictions-et-animations/adaptations-litteraires/video/CPF86650622/la-redevance-du-fantome.fr.html

Les Fantômes de la Jalousie, H. James La-red10

Parmi les trois que je viens de lire, c'est celle que je préfère, dans la tradition des histoires de maisons hantées, intrigantes, mystérieuses...

Extrait sur l'apparition du fantôme :

"Tout à coup, sensation indicible, je me rendis compte que cette ombre était animée. Elle semblait faire des remous, en quelque sorte se rassembler. Lentement (je dis lentement car, raidi dans l'attente, les instants me faisaient l'effet de durer des siècles), elle prit forme, s'avança et se tint debout en haut de l'escalier.
J'avoue n'avoir pas attendu cet instant pour être en proie à un sentiment que le devoir m'oblige à appeler la peur. Je pourrais poétiser en l'appelant Épouvante avec un E majuscule. (...) Je me disais : "J'avais toujours cru que les fantômes étaient de blanches formes diaphanes et cette apparition là-haut est d'un noir opaque."
(...)
J'avais atteint mon but : je voyais le fantôme. J'essayais de le distinguer autant que possible afin de me le rappeler."


Marie Laforêt a chanté Katy cruelle dans ce film :



Version française : http://www.deezer.com/listen-2185957
(je ne vois pas à quel passage cela pourrait correspondre dans la nouvelle, c'est sans doute romancé par le réalisateur...)

Sur le film : https://edencash.forumactif.org/t342-du-livre-au-film#7941



Dernière édition par Kashima le Mer 27 Avr 2011 - 19:55, édité 1 fois
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Les Fantômes de la Jalousie, H. James Empty Les Amis des Amis

Message  Kashima Mar 26 Avr 2011 - 15:57

Cette quatrième nouvelle mêle amour, surnaturel, folie et jalousie.
La narratrice a une amie qui a eu le pouvoir de voir le fantôme de son père quelques heures après sa mort ; un autre de ses amis a vu le fantôme de sa mère dans les mêmes circonstances. Par ouï-dire, par les amis communs, on sait que ces deux personnes capables de voir des revenants, qui ne se sont jamais vues, ont les mêmes goûts, les mêmes façons de réagir. Ils ont aussi cette particularité de ne pas vouloir être pris en photo.
Toutes les coïncidences les empêchent de se rencontrer.
L'amie commune, un jour, propose un rendez-vous où ils pourront se voir pour la première fois. Or, celle-ci s'apprête à épouser cet homme, et l'amie qui voit les fantômes vient de perdre son mari. La jalousie s'empare de celle qui voulait depuis le début qu'ils se rencontrent, et elle va se laisser envahir par ce sentiment néfaste :

"Ce masque de Méduse était ma jalousie - ma jalousie qui n'était pas morte avec celle qui l'avait fait naître ; livide, elle avait survécu et elle se nourrissait de soupçons impossibles à exprimer, ou, plutôt, qui seraient restés tels, si je ne m'étais sentie, alors, aiguillonnée par le besoin de les formuler, besoin qui s'empara de moi pour me sauver, semblait-il, de mon propre sort."

Les Fantômes de la Jalousie, H. James 97827510

Jusqu'au bout - et là, on comprend le titre donné au recueil de ces nouvelles -, on ne saura pas si le seul fantôme qui hante les lieux n'est pas celui de la folie de cette femme, capable de détruire son amour à cause de soupçons paranormaux...



Dernière édition par Kashima le Mar 26 Avr 2011 - 20:09, édité 1 fois
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Les Fantômes de la Jalousie, H. James Empty Sir Edmund Orme

Message  Kashima Mar 26 Avr 2011 - 20:08

Dans Sir Edmund Orme, le narrateur rencontre deux femmes, une mère et sa fille, et s'attache à elles. Un jour qu'ils sont à l'église, il voit un gentleman apparaître et se rend très vite compte que la jeune miss Marden ne l'a pas vu. Pourtant, il s'est assis à côté d'elle. Mrs Marden, la mère, est terrifiée : le fantôme est revenu. Sa fille n'est pas capable de le voir, mais il rôde comme une malédiction pour avoir été éconduit par la mère en son temps. Quand un homme est profondément épris de sa fille, Edmund Orme apparaît... Il veut sa vengeance.

Les Fantômes de la Jalousie, H. James 69289710



Lu sur ce blog, avec une analyse que je partage :

"Sir Edmund Orme" est racontée à la première personne par un jeune homme de la bonne société anglaise ; fréquentant les Marden (une mère et sa fille), il s’éprend sincèrement de la jeune fille, Charlotte, mais ne manque pas de remarquer que sa mère, dans des instants parfaitement anodins, est parfois subitement saisie d’une profonde angoisse, incompréhensible. Après plusieurs visites et alors qu’il prend conscience de son attachement profond pour Charlotte, il découvre l’existence de Sir Edmund Orme, un jeune gentilhomme que personne, hormis Mrs Marden et lui-même, ne semble voir. Mrs Marden lui explique que cet homme est le fantôme de son premier fiancé qui s’est suicidé quand elle a choisi d’en épouser un autre ; depuis la mort de Monsieur Marden, Sir Edmund Orme s’est attaché aux pas de sa fille - qui ne se doute de rien – veillant à ce que celle-ci ne reproduise pas la trahison de sa mère en brisant le cœur d’un jeune homme amoureux.

Le rôle du fantôme dans la nouvelle fantastique est généralement un rôle punitif ; son apparition dénonce les dysfonctionnements qui se cachent sous le carcan vertueux de la bourgeoisie et de l’aristocratie anglaise (meurtres, mauvais comportement…) et, d’une façon ou d’une autre, présage le rétablissement de la justice par le châtiment des coupables. C’est le cas ici, conférant à l’apparition d’Edmund Orme une valeur morale. C’est un personnage muet, un observateur inactif dont la présence est symbolique, rappelant sans cesse à la mère la faute qu’elle a commise dans le passé et incitant le narrateur amoureux à la prudence quant au comportement de la jeune fille :

« C’était un cas de justice vengeresse, les péchés des mères, à défaut de ceux des pères, retombant sur les enfants. La malheureuse mère devait payer en souffrances les souffrances qu’elle avait infligées ; et comme la disposition à se jouer des légitimes espoirs d’un honnête homme pouvait surgir de nouveau, à mon détriment, chez la fille, il fallait étudier cette jeune personne, pour qu’elle eût à souffrir si elle causait le même mal. Peut-être marcherait-elle sur les traces de sa mère, par quelque trait de perversité caractéristique, tout comme elle lui ressemblait par le charme ; et si on décelait cette impulsion, autrement dit, si elle était surprise à manquer à sa parole ou à commettre quelque acte cruel, ses yeux s’ouvriraient sur-le-champ, par une insidieuse et impitoyable logique, sur la « parfaite présence » qu’elle devrait alors incorporer, comme elle pourrait, dans sa conception de l’univers d’une jeune demoiselle. »

Le fantôme, qui terrorise Mrs Marden et risque d’effrayer Charlotte, fascine le narrateur qui ne le craint pas ; au contraire, il se plait à se considérer comme un cas intéressant à analyser : à une époque où l’on évoque souvent par des ouï-dire des témoignages de rencontres de fantômes, il se plait à être le spectateur curieux d’un de ces phénomènes :

« Nul doute que je fusse en proie à une grande exaltation. Je n’en revenais pas de la distinction qui m’était conférée et de l’exception – au sens d’un mystique élargissement de vision – faite en ma faveur. »

Ce détachement du narrateur confère à la nouvelle une ambiance insolite, fantastique, mais pas effrayante ; l’angoisse présente est celle de Mrs Marden, c’est à dire la frayeur d’un coupable face à un juge, purgeant sa peine et craignant qu’une autre ne s’y ajoute, comme si le fantôme était une personnification de ses remords. Les innocents – c’est-à-dire ici le narrateur et, par identification, le lecteur, savent qu’ils n’ont rien à craindre de l’apparition, qui les protège du statut de victime :

« Je finis par sentir qu’il était mon allié, veillait sur mes intérêts, attentif à ce que l’on ne me jouât aucun tour et que mon cœur au moins ne fût pas brisé.»

Comme toute histoire de fantôme, sa tâche moralisatrice accomplie et une fois la justice rendue, l’esprit, enfin apaisé, disparaît, cessant définitivement de hanter les vivants.

«Ce fut miséricordieusement notre dernière vision de Sir Edmund Orme. »




De ces six nouvelles, j'ai préféré La Redevance du fantôme pour son atmosphère, sa demeure hantée et cette façon de jouer avec la folie et la réalité.
On se demande souvent si les personnages sont fous ou si le phénomène existe vraiment (c'est aussi le propre du fantastique...).
Quelques femmes pourraient faire penser à des héroïnes de Poe, certains lieux aussi - comme cette maison dans la Redevance.
A côté de cela, on n'est pas toujours très surpris ou imprégnés des lieux, des personnages, comme on peut l'être justement chez Edgar Poe.
Mais les voix des récits sont intéressantes, car souvent, on commence par un narrateur témoin qui donne la parole à un autre ou divulgue des écrits retrouvés. J'aime beaucoup cette façon d'agencer la narration.






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