Shoji Ueda, l'homme des sables
Shoji Ueda, l'homme des sables
Le photographe japonais Shoji Ueda (1913-2000) avait fait des dunes son studio naturel.
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C'est à Sakaiminato, un port encadré par une montagne aussi célèbre que le mont Fuji, que naît, en 1913, le photographe japonais Shoji Ueda. Là, sans jamais s'éloigner des paysages naturels, loin des centres artistiques de Tokyo, il élabore une oeuvre prolifique, singulière, avant de s'éteindre à l'âge de 87 ans. Adolescent, il aime la peinture. Mais son père, cordonnier, préfère qu'il s'oriente vers le métier de photographe. Pour ses 16 ans, il lui offre son premier appareil. Après de brèves études à l'Oriental School of Photography de Tokyo, Shoji ouvre son studio dans sa ville natale. Il a 20 ans. De cette activité de simple artisan qu'il mène tout au long de sa vie, assisté par sa femme, il ne dit mot, se revendiquant simple amateur en photographie, dans l'esprit d'un Jacques-Henri Lartigue, insatiable chroniqueur du bonheur et des plaisirs qu'Ueda cite volontiers. Lors de ses temps libres, il flâne de la campagne au bord de la mer au gré de ses impulsions, capturant dans son boîtier l'ombre des enfants, un paysan, des bois flottés sur la grève... tel un chasseur de papillons.
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En 1931, il découvre des photos réalisées par Man Ray, Kertész ou Emmanuel Sougez parues dans la revue anglaise Modern Photography. Comme eux, il procède alors à des expérimentations de solarisation et de déformation sous l'agrandisseur : l'étrange Paysage avec station de train (1931) ou les Voisins photographiés en plongée en témoignent. Mais c'est en 1939, avec Quatre Filles, que l'univers de Shoji Ueda s'esquisse définitivement. Il demande simplement à quatre demoiselles rencontrées sur la plage de poser l'une à côté de l'autre. Cette mise en scène impromptue, habitée d'une présence naturelle, restera parmi les plus célèbres images de Shoji Ueda.
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Quattre filles
La guerre survient et il pense ne jamais plus pouvoir photographier avec la même insouciance. Mais sa participation au concours lancé par le journal Osaka Asahi et le prix qui le récompense en 1949 pour son image Enfant le réconforte.
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Désormais, il fera de la dune son studio naturel. Il y orchestre des scènes où se mêlent famille et amis. Adossé à la pente sablonneuse, il se joue des perspectives, plaçant dans un même axe des sujets répartis sur plusieurs plans. Avec une économie de moyens (quelques accessoires, un parapluie, un chapeau, un kimono...), il tire le portrait d'un Japon empreint de poésie, hors du temps. Plein d'esprit, il ira jusqu'à faire poser, dans son "théâtre des dunes", son ami le photographe Ken Domon (adepte de l'instant décisif, cher à Cartier-Bresson), que l'on découvre tournant son appareil vers Shoji Ueda. Aujourd'hui, grâce à l'exposition conçue par Gabriel Bauret et William A. Ewing, directeur du musée de l'Elysée à Lausanne, il nous est offert de découvrir toute la richesse et la singularité d'une oeuvre unique, indépendante de tout mouvement esthétique.Frédérique Chapuis
Télérama n° 3028
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C'est à Sakaiminato, un port encadré par une montagne aussi célèbre que le mont Fuji, que naît, en 1913, le photographe japonais Shoji Ueda. Là, sans jamais s'éloigner des paysages naturels, loin des centres artistiques de Tokyo, il élabore une oeuvre prolifique, singulière, avant de s'éteindre à l'âge de 87 ans. Adolescent, il aime la peinture. Mais son père, cordonnier, préfère qu'il s'oriente vers le métier de photographe. Pour ses 16 ans, il lui offre son premier appareil. Après de brèves études à l'Oriental School of Photography de Tokyo, Shoji ouvre son studio dans sa ville natale. Il a 20 ans. De cette activité de simple artisan qu'il mène tout au long de sa vie, assisté par sa femme, il ne dit mot, se revendiquant simple amateur en photographie, dans l'esprit d'un Jacques-Henri Lartigue, insatiable chroniqueur du bonheur et des plaisirs qu'Ueda cite volontiers. Lors de ses temps libres, il flâne de la campagne au bord de la mer au gré de ses impulsions, capturant dans son boîtier l'ombre des enfants, un paysan, des bois flottés sur la grève... tel un chasseur de papillons.
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En 1931, il découvre des photos réalisées par Man Ray, Kertész ou Emmanuel Sougez parues dans la revue anglaise Modern Photography. Comme eux, il procède alors à des expérimentations de solarisation et de déformation sous l'agrandisseur : l'étrange Paysage avec station de train (1931) ou les Voisins photographiés en plongée en témoignent. Mais c'est en 1939, avec Quatre Filles, que l'univers de Shoji Ueda s'esquisse définitivement. Il demande simplement à quatre demoiselles rencontrées sur la plage de poser l'une à côté de l'autre. Cette mise en scène impromptue, habitée d'une présence naturelle, restera parmi les plus célèbres images de Shoji Ueda.
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Quattre filles
La guerre survient et il pense ne jamais plus pouvoir photographier avec la même insouciance. Mais sa participation au concours lancé par le journal Osaka Asahi et le prix qui le récompense en 1949 pour son image Enfant le réconforte.
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Désormais, il fera de la dune son studio naturel. Il y orchestre des scènes où se mêlent famille et amis. Adossé à la pente sablonneuse, il se joue des perspectives, plaçant dans un même axe des sujets répartis sur plusieurs plans. Avec une économie de moyens (quelques accessoires, un parapluie, un chapeau, un kimono...), il tire le portrait d'un Japon empreint de poésie, hors du temps. Plein d'esprit, il ira jusqu'à faire poser, dans son "théâtre des dunes", son ami le photographe Ken Domon (adepte de l'instant décisif, cher à Cartier-Bresson), que l'on découvre tournant son appareil vers Shoji Ueda. Aujourd'hui, grâce à l'exposition conçue par Gabriel Bauret et William A. Ewing, directeur du musée de l'Elysée à Lausanne, il nous est offert de découvrir toute la richesse et la singularité d'une oeuvre unique, indépendante de tout mouvement esthétique.Frédérique Chapuis
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Invité- Invité
Shoji Ueda
Belle découverte!
C'est vrai qu'il peut porter le nom de "Magritte japonais en photographie", pour reprendre ton expression.
Ces chapeaux et parapluies, détails parmi toute une atmosphère, nous y amènent...
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Self Portrait with Gorilla Mask, 1975
J'ai peu de références japonaises, mais je ne peux m'empêcher de penser, avec ces dunes, au parcours dans le désert du collectionneur de mouches dans [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]. Ton titre est parfaitement trouvé!
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Il est de la même famille que [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], en effet.
Je porte soudain un autre regard sur la photographie.
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C'est vrai qu'il peut porter le nom de "Magritte japonais en photographie", pour reprendre ton expression.
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J'ai peu de références japonaises, mais je ne peux m'empêcher de penser, avec ces dunes, au parcours dans le désert du collectionneur de mouches dans [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]. Ton titre est parfaitement trouvé!
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Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
Re: Shoji Ueda, l'homme des sables
Le titre homme des sables fait volontairement Echo à La femme des sables et je savais qu'il allait te faire réagir;-)
Moi, comme tu sais, je suis bien plus sensible à la photographie qu'à la peinture.
Je vais te faire découvrir d'autres photographes japonais.
A propos chapeau et parapluie:
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Rodney Smith
Moi, comme tu sais, je suis bien plus sensible à la photographie qu'à la peinture.
Je vais te faire découvrir d'autres photographes japonais.
A propos chapeau et parapluie:
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Rodney Smith
Invité- Invité
Re: Shoji Ueda, l'homme des sables
Pour moi, c'est le contraire, comme tu sais...
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
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