La Panthère, Rainer Maria Rilke
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La Panthère, Rainer Maria Rilke
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La Panthère
(Jardin des Plantes, Paris)
Son regard du retour éternel des barreaux
s’est tellement lassé qu’il ne saisit plus rien.
Il ne lui semble voir que barreaux par milliers
et derrière mille barreaux, plus de monde.
La molle marche des pas flexibles et forts
qui tourne dans le cercle le plus exigu
paraît une danse de force autour d’un centre
où dort dans la torpeur un immense vouloir.
Quelquefois seulement le rideau des pupilles
sans bruit se lève. Alors une image y pénètre,
court à travers le silence tendu des membres -
et dans le cœur s’interrompt d’être.
Rainer Maria Rilke, traduit par Claude Vigée
La Panthère
(Jardin des Plantes, Paris)
Son regard du retour éternel des barreaux
s’est tellement lassé qu’il ne saisit plus rien.
Il ne lui semble voir que barreaux par milliers
et derrière mille barreaux, plus de monde.
La molle marche des pas flexibles et forts
qui tourne dans le cercle le plus exigu
paraît une danse de force autour d’un centre
où dort dans la torpeur un immense vouloir.
Quelquefois seulement le rideau des pupilles
sans bruit se lève. Alors une image y pénètre,
court à travers le silence tendu des membres -
et dans le cœur s’interrompt d’être.
Rainer Maria Rilke, traduit par Claude Vigée
Dernière édition par Enigma le Ven 13 Aoû 2010 - 20:43, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: La Panthère, Rainer Maria Rilke
Ton poème. La panthère en cage.
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
La Panthère, Rilke
oui, mon poème depuis longtemps!...Te rappelles-tu de ce qu'Hannah Arendt disait sur la langue maternelle? Pour répondre: dans quelle langue je cite, les poèmes que j'ai appris par coeur? Dans ma langue maternelle! Le seul poème que je connais par coeur en allemand est "der Panther" ( pourquoi panthère masculin en allemand? Aberration de la langue allemande!)
Rilke, l'un de mes amours de jeunesse....
"Je ne suis pas de ceux que l'amour console. Il en va bien ainsi. Qu'est-ce, en effet, qui me serait plus inutile à la fin qu'une vie consolée ?" Rilke
Rilke est et restera pour moi le poète de "l'ailleurs", de l'errance.
"Rilke sera toujours en partance vers l’ailleurs, toujours en voyage mais toujours sûr de sa mission quasi divine. Et il refusait tout obstacle à sa réalisation, amour, métier, vie matérielle. Ondoyant, d'une propreté méticuleuse, il semblait glisser sur les jours et les heures. Parfois mondain, parfois sauvage, entre salons et maison abrupte. Courtois jusqu'à la préciosité, sauvage comme un ermite.
Il était l'ambivalence flottante de sa condition humaine. Habillé en fille par sa mère et soumis à la rigueur virile de l'école militaire, passionné et en retrait pour sauver son écriture, il était avec une part de lui-même dans l'ailleurs. Avec ses yeux bleus, comme ceux d'un insecte étrange, il contemplait le monde en étant hors du monde. "
« Rainer Maria Rilke est significatif pour notre époque, ce poète le plus éloigné dans l’éloignement, le plus élevé dans le sublime, le plus solitaire dans sa solitude, est le contre-poids de notre temps ». Marina Tsvetaeva.
Il tutoyait les anges sachant que le beau n’est jamais que le commencement du terrible.
Et pour finir, à propos de la traduction qui me tient tant à coeur:
"Rilke tenait pour une trahison de sa poésie toute traduction qui ne restituerait pas en même temps que sa pensée, le mouvement intérieur, le rythme et la musique de l’original. Se contenter d’un mot à mot, si minutieux fût-il, c’était à ses yeux dépouiller l’œuvre d’une partie essentielle d’elle-même en la ramenant au plan secondaire de l’analyse, c’était substituer à un corps vivant une figure de cire, un cadavre glacé" Maurice Betz
Jamais donc il n’aura véritablement de demeure, vivant hébergé par des mécènes, indifférent aux possessions terrestres. Il acceptait cette errance et cette solitude, persuadé qu’il devait avant tout, avant tout amour, porter son œuvre et que l’hospitalité sur terre lui était due, à lui le visionnaire, l’illuminé.
De longs voyages, de nombreuses fréquentations aussi en font le premier véritable poète européen. Il était l'instabilité même, souvent dépressif, toujours exalté, toujours errant.
Mon poète...après Baudelaire!
Rilke, l'un de mes amours de jeunesse....
"Je ne suis pas de ceux que l'amour console. Il en va bien ainsi. Qu'est-ce, en effet, qui me serait plus inutile à la fin qu'une vie consolée ?" Rilke
Rilke est et restera pour moi le poète de "l'ailleurs", de l'errance.
"Rilke sera toujours en partance vers l’ailleurs, toujours en voyage mais toujours sûr de sa mission quasi divine. Et il refusait tout obstacle à sa réalisation, amour, métier, vie matérielle. Ondoyant, d'une propreté méticuleuse, il semblait glisser sur les jours et les heures. Parfois mondain, parfois sauvage, entre salons et maison abrupte. Courtois jusqu'à la préciosité, sauvage comme un ermite.
Il était l'ambivalence flottante de sa condition humaine. Habillé en fille par sa mère et soumis à la rigueur virile de l'école militaire, passionné et en retrait pour sauver son écriture, il était avec une part de lui-même dans l'ailleurs. Avec ses yeux bleus, comme ceux d'un insecte étrange, il contemplait le monde en étant hors du monde. "
« Rainer Maria Rilke est significatif pour notre époque, ce poète le plus éloigné dans l’éloignement, le plus élevé dans le sublime, le plus solitaire dans sa solitude, est le contre-poids de notre temps ». Marina Tsvetaeva.
Il tutoyait les anges sachant que le beau n’est jamais que le commencement du terrible.
Et pour finir, à propos de la traduction qui me tient tant à coeur:
"Rilke tenait pour une trahison de sa poésie toute traduction qui ne restituerait pas en même temps que sa pensée, le mouvement intérieur, le rythme et la musique de l’original. Se contenter d’un mot à mot, si minutieux fût-il, c’était à ses yeux dépouiller l’œuvre d’une partie essentielle d’elle-même en la ramenant au plan secondaire de l’analyse, c’était substituer à un corps vivant une figure de cire, un cadavre glacé" Maurice Betz
Jamais donc il n’aura véritablement de demeure, vivant hébergé par des mécènes, indifférent aux possessions terrestres. Il acceptait cette errance et cette solitude, persuadé qu’il devait avant tout, avant tout amour, porter son œuvre et que l’hospitalité sur terre lui était due, à lui le visionnaire, l’illuminé.
De longs voyages, de nombreuses fréquentations aussi en font le premier véritable poète européen. Il était l'instabilité même, souvent dépressif, toujours exalté, toujours errant.
Mon poète...après Baudelaire!
Invité- Invité
Rilke
Baudelaire, ton premier poète?
De Rilke, j'ai lu les Lettres à un jeune poète.
Ce que tu dis sur lui plus haut, je l'apprends. Un vrai poète.
De Rilke, j'ai lu les Lettres à un jeune poète.
Ce que tu dis sur lui plus haut, je l'apprends. Un vrai poète.
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
Rilke
Lettre à un jeune poète est la seule oeuvre de Rilke vraiment connue en France mais pas pour autant la plus belle. J'aime l'orphisme rilkien!
Rilke était un Vrai poète. Il devrait trouver une place dans ton Panthéon.
Les fleurs du mal fut mon livre de chevet dans mon adolescence.
Je connais encore plusieurs poèmes par coeur. ( "par coeur", quelle belle expression!)
Rilke était un Vrai poète. Il devrait trouver une place dans ton Panthéon.
Les fleurs du mal fut mon livre de chevet dans mon adolescence.
Je connais encore plusieurs poèmes par coeur. ( "par coeur", quelle belle expression!)
Invité- Invité
Re: La Panthère, Rainer Maria Rilke
"Par coeur", j'approuve!
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
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