Simone de Beauvoir
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Simone de Beauvoir
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"Vient le moment où il n'est plus rien de moi qui ne soit pris. Et alors, comme il me disait hier, je crois que je peux souffrir plus qu'aucune femme au monde."
"En sachant heureusement que je m'en tirerai, que ça ne fait rien de souffrir, en sachant que je trouverai des remèdes quand je ne chérirai plus ma peine comme le plus sensible signe du don que j'ai consenti."
Cahiers de jeunesse (1926-1930)
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Invité- Invité
L'invitée, Beauvoir
L'Invitée est un très grand livre. Quelle finesse dans la psychologie, et quelle histoire...
Xavière est une jeune provinciale qui s'ennuie à Rouen. Son amie Françoise se prend d'affection pour elle et lui propose de venir à Paris : elle vivra dans son hôtel particulier et n'aura pas à se soucier de comment vivre. Françoise subviendra à ses besoins en attendant qu'elle trouve sa voie.
Pierre est metteur en scène et comédien. Avec Françoise, ils sont tous les deux très unis, ils ne font qu'un dans l'amour. Pourtant, peu à peu, Xavière s'immisce dans le couple. Ils s'accordent pour former un trio, vivre un amour inédit.
Les sentiments de jalousie, de haine, d'amour, de frustration s'installent dans le triangle amoureux. Qui est Xavière? Que veut-elle vraiment? Son personnage est très complexe : tantôt elle passe pour une jeune fille naïve, tantôt pour une manipulatrice. L'ambiguïté de son amour (adoration pour Françoise, puis haine ; attirance pour Pierre puis comportement de vengeance...) en font un drôle de personnage qu'en tant que lecteur, on ne perçoit que comme un ennemi, un intrus qui va faire le mal.
Plus le temps passe, plus Françoise accepte malgré elle que Xavière et Pierre tissent une relation amoureuse. Ce qui est incroyable dans ce livre, c'est de voir comment on peut, malgré tous les serments intérieurs qu'on se fait à soi-même, agir contre son propre compte.
Jusqu'au bout, on se demande qui va être le sacrifié du trio.
Xavière est une jeune provinciale qui s'ennuie à Rouen. Son amie Françoise se prend d'affection pour elle et lui propose de venir à Paris : elle vivra dans son hôtel particulier et n'aura pas à se soucier de comment vivre. Françoise subviendra à ses besoins en attendant qu'elle trouve sa voie.
Pierre est metteur en scène et comédien. Avec Françoise, ils sont tous les deux très unis, ils ne font qu'un dans l'amour. Pourtant, peu à peu, Xavière s'immisce dans le couple. Ils s'accordent pour former un trio, vivre un amour inédit.
Les sentiments de jalousie, de haine, d'amour, de frustration s'installent dans le triangle amoureux. Qui est Xavière? Que veut-elle vraiment? Son personnage est très complexe : tantôt elle passe pour une jeune fille naïve, tantôt pour une manipulatrice. L'ambiguïté de son amour (adoration pour Françoise, puis haine ; attirance pour Pierre puis comportement de vengeance...) en font un drôle de personnage qu'en tant que lecteur, on ne perçoit que comme un ennemi, un intrus qui va faire le mal.
Plus le temps passe, plus Françoise accepte malgré elle que Xavière et Pierre tissent une relation amoureuse. Ce qui est incroyable dans ce livre, c'est de voir comment on peut, malgré tous les serments intérieurs qu'on se fait à soi-même, agir contre son propre compte.
Jusqu'au bout, on se demande qui va être le sacrifié du trio.
Voici quelques citations relevées au fil de la lecture :
“Nous aurons peut-être la guerre dans six mois. Et moi je cherche comment rendre la couleur de l’aube.”
“Avoir toujours peur de perdre quelque chose! Il n’y a rien qui me fasse aussi sordide! Si c’est perdu, c’est perdu, voilà tout!” (Xavière)
"Pour que ça serve à quelque chose, une rupture intérieure, il fallait la lui signifier."
"Notre amour à nous, pour qui existe-t-il ? En ce moment elle n'y croyait même pas, il n'en restait rien nulle part."
"C''était charmant de faire l'amour avec lui, mais quand c'était fini, on n'y pensait plus, c'était léger comme du blanc de poulet."
“Ailleurs quelque chose était en train de se vivre sans elle et il n’y avait que cette chose-là qui comptât.”
“Il n’y avait rien, nulle part, à envier ni à regretter, ni à craindre. Le passé, l’avenir, l’amour, le bonheur, c’était juste du bruit qu’on faisait avec sa bouche.”
“Cent francs pour ton bonheur, ce n’est rien ; combien veux-tu payer pour ton bonheur ; vingt francs?
- Rien du tout.”
Dialogue entre Pierre et Françoise à propos de Xavière :
“Je lui ai dit en la quittant qu’elle était une perle noire.
- Pourquoi noire?
- A cause de cette espèce de perversité qu’elle a. On dirait que c’est un besoin chez elle par moments de faire du mal, de se faire mal et de se faire haïr.”
“Je ne comprends pas, dit Xavière. Est-ce qu’il n’y a aucun pays où on puisse faire ce qu’on veut?
- Aucun.
- Alors il faudrait partir sur une île déserte.
- Même les îles désertes appartiennent à des gens à présent, dit Françoise. On est coincé.”
“Ce n’est pas possible qu’elle soit froide. J’ai tant aimé la seconde danse ; à la fin, quand elle vacille de fatigue, ça fait un épuisement si profond que ça en devient voluptueux.”
“- Croire, toujours croire. Évidemment, ça donne de la sécurité. Tu as besoin que tes sentiments gardent toujours la même figure, il faut qu’ils soient autour de toi, bien rangés, immuables et même s’il ne reste plus rien dedans, ça t’est bien égal. C’est comme les sépulcres blanchis de l’Évangile, ça flamboie à l’extérieur, c’est solide, c’est fidèle, on peut même périodiquement les recrépir de belles paroles. (…) Seulement il ne faut jamais les ouvrir, on n’y trouverait que cendre et poussière.
- Mais, ce n’est pas si grave.
- C’est grave, je suis sûre de ce que je dis ; tes sentiments, ils sont inaltérables, ils peuvent traverser les siècles parce que ce sont des momies.”
“Sans jalousie, sans amour, sans âge, sans nom, elle n’était plus devant sa propre vie qu’un témoin calme et détaché.”
“Elle hésita ; lâcher prise ; elle n’avait plus peur du lendemain, il n’y avait pas de lendemain ; mais elle apercevait autour d’elle un présent si nu, si glacé, que le cœur lui manqua.”
“Ca ne rimait à rien de lui imposer du dehors le simulacre d’une foi qu’il ne possédait plus ; à quoi bon vouloir quelque chose pour lui, si c’était sans lui et même contre lui? Les décisions que Françoise attendait de lui, c’est de sa volonté qu’elle les exigeait : tout son bonheur reposait sur la libre volonté de Pierre et c’était précisément sur quoi elle n’avait aucune prise.”
“Je suis ta vie, mais vois-tu ce que je sens si fort ce soir, c’est que nos vies, elles sont là autour de nous, presque malgré nous, sans qu’on les choisisse. Moi non plus tu ne me choisis plus jamais. Tu n’es plus libre de ne plus m’aimer.”
“Ça fait des instantanés de passion, ça ne fait pas vraiment un sentiment.”
“Je lui ai dit : “Etranglez-moi, mais ne m’embrassez pas.””
“Mais il ne s’agit pas de rêver, il s’agit de vouloir, c’est différent!”
“Je ne veux pas me mentir. Je trouve ignoble de croire, il n’y a rien de sûr, que ce qu’on touche.”
“"Ou alors, il faudrait être assez riche pour l’acheter et pour la séquestrer, dit Xavière. C’est Baudelaire qui avait fait ça, n’est-ce pas? Vous imaginez, quand on rentre chez soi, au lieu d’un chien ou d’un chat, trouver cette somptueuse créature en train de ronronner au coin du feu de bois!"
Un corps noir et nu couché de tout son long devant un feu de bois… était-ce cela que Xavière rêvait? Jusqu’où allait son rêve?”
“Le sens de toute cette soirée, le sens du monde entier pendant ce soir allait dépendre de l’éclat de ses yeux.”
“Ça a-t-il bon goût une âme de rose?”
“Je sais bien, c’est sordide, la passion.”
“J’aime bien la forme de votre crâne. Ça me fait drôle de vous embrasser.”
Kashima- Faux-monnayeur
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Date d'inscription : 29/09/2008
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