Correspondance 1945-1972

Carlo Jansiti a publié un choix de lettres de Violette Leduc. Elle écrit souvent à ses deux amours impossibles, Jacques Guérin et Simone de Beauvoir, mais on y trouve aussi une correspondance assidue, en 1948, avec trois lycéens. Elle tomba amoureuse de deux d'entre eux, Georges et Robert...

“Il n’y a pas une femme Henry Miller, une femme Jean Genet. Je souhaite être un exemple dans l’avenir pour des jeunes filles qui écriront et qui voudront peut-être et pourront aller plus loin que moi.”

“Je m’accroche à des amours qui sont des causes perdues d’avance mais c’est peut-être ce grand luxe de mon sentiment qui subsistera de moi dans l’éternité. Mon amour pour vous, c'est de la virginité fabuleuse.”


“Vous rentrerez bientôt : votre photographie n’est plus la même et le monde fut créé un six mai et je me permets d’écrire que je vous aime pendant ce mois de mai et après.”
— Violette Leduc à Simone de Beauvoir partie en Amérique, lettre du 21 avril 1947

“La littérature est un labeur de luxe.”
— Violette Leduc à Georges, lettre du 10 décembre 1947

“Je n’ai pas d’âge car, hélas, mon coeur est un “demeuré”.”
— Violette Leduc à Alain, lettre du 14 février 1948

“Je vous aime et vous m’inspirez un seul amour, la chasteté, le silence, la vie monacale, la discrétion, l’effort d’écrire.”
— Violette Leduc à Simone de Beauvoir, lettre du 27 mai 1949


“Comme c’est plat quand on ne boit pas. Mon petit alcool, c’est ma plume.”
— Violette Leduc à Simone de Beauvoir, lettre du 16 juillet 1949

“Je vous aime mais en lisant le tome II du Deuxième Sexe, j’ai compris qu’un amour qui n’est pas physique n’est pas un amour réel et quand je vous désire c’est un égarement pire que celui de vous aimer platoniquement. C’est difficile, c’est dur de ne pas être aimée pendant quatorze ans et de ne pas pouvoir aimer librement. De quoi suis-je punie? De trop penser à moi sans doute. Je suis bien punie.”
Violette Leduc à Simone de Beauvoir, lettre du 25 novembre 1949

“Je suis une larve de bonne volonté. On me reproche surtout mon manque de franchise alors que j’essaie de garder les êtres avec mes efforts de souplesse. C’est fini. Je serai moi-même. Si je déplais, tant pis.”
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Lettre de Violette Leduc à Jacques Guérin et Jean Boy, 8 avril 1950

“Aimer en étant aimée, c’est cela le tour de force.”
—   Lettre de Violette Leduc à Simone de Beauvoir - Correspondance (26 avril 1950)

“Il est bien que vous n’aimiez pas que je vous aime puisque ainsi je ne me lasserai jamais de vous adorer avec gravité. Mon amour pour vous, c'est de la virginité fabuleuse.”
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Lettre de Violette Leduc à Simone de Beauvoir, 6 septembre 1950

Jeudi matin 7 septembre. - J’avais écrit au service presse Gallimard et je lui avais demandé en deux lignes votre photographie. Ils me l’ont envoyée tout de suite. Elle est arrivée ce matin, elle est sur ma table contre un bocal dans lequel j’ai mis des grandes branches de fleur (des boules rouges) que j’ai cueillies dans les haies. C’est la photographie Harcourt, celle que j’ai vue souvent à l’étalage des librairies. Je vous regarde, et en même temps je sais que c’est vrai, que c’est fort mon amour pour vous. Il pleut, il vente. Comme je voudrais marcher jusqu’à la nuit pour vous rejoindre un instant. Oui, vous reviendrez et j’ouvrirai ma porte au télégraphiste qui me tendra votre pneumatique. C’est vrai, comme je voudrais aussi écrire des poèmes pour vous, les réussir pour vous. Je pleure de bonheur parce que je ne me lasse pas de vous aimer, parce que votre visage est ici.