Sarah Waters
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Sarah Waters
Derrière la Porte est le dernier roman de Sarah Waters (sorti en 2016). Comme dans les précédents, Sarah Waters sait installer ses personnages, prend son temps pour structurer et décrire les choses, de manière quasiment classique.
Frances et sa mère vivent seules depuis la disparition des hommes de la maison : les deux frères sont morts à la guerre et le père a eu une crise cardiaque. Comme elles ont des difficultés financières, elles décident de prendre des locataires : un jeune couple s'installe donc à l'étage. Peu à peu, Frances va se sentir attirée par Lilian et, comme toujours chez Sarah Waters, le désir monte, c'est subtil et haletant, et elle a l'habileté de faire basculer son roman d'une manière ou d'une autre, sur des pistes inattendues. Jusqu'au bout, le lecteur est suspendu à ce récit palpitant : comment peut se réaliser cet amour impossible?
Je n'ai pas encore tout lu d'elle, mais Caresser le velours avait été un choc (au point de ne pas pouvoir passer à une autre lecture) et Du bout des doigts était stupéfiant par ses ressorts dramatiques (récemment adapté au cinéma avec Mademoiselle)
Il me reste à lire, à thématique lesbienne :
Ronde de nuit, Affinités.
Et, sur un autre sujet (spiritisme, maison hantée), L'Indésirable.
Sarah Waters est une immense romancière, à découvrir et à dévorer!
Frances et sa mère vivent seules depuis la disparition des hommes de la maison : les deux frères sont morts à la guerre et le père a eu une crise cardiaque. Comme elles ont des difficultés financières, elles décident de prendre des locataires : un jeune couple s'installe donc à l'étage. Peu à peu, Frances va se sentir attirée par Lilian et, comme toujours chez Sarah Waters, le désir monte, c'est subtil et haletant, et elle a l'habileté de faire basculer son roman d'une manière ou d'une autre, sur des pistes inattendues. Jusqu'au bout, le lecteur est suspendu à ce récit palpitant : comment peut se réaliser cet amour impossible?
Je n'ai pas encore tout lu d'elle, mais Caresser le velours avait été un choc (au point de ne pas pouvoir passer à une autre lecture) et Du bout des doigts était stupéfiant par ses ressorts dramatiques (récemment adapté au cinéma avec Mademoiselle)
Il me reste à lire, à thématique lesbienne :
Ronde de nuit, Affinités.
Et, sur un autre sujet (spiritisme, maison hantée), L'Indésirable.
Sarah Waters est une immense romancière, à découvrir et à dévorer!
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
Re: Sarah Waters
J'ai tellement de choses à lire avant, mais quand j'aurai l'opportunité de me plonger dans "Du bout des doigts", je m'y jette !
Re: Sarah Waters
J'aurais voulu enchaîner avec un autre tout de suite, mais je dois lire d'autres choses et elle n'en a pas écrit non plus tant que cela : je n'aurai plus rien après! Rares sont les livres lesbiens de cette qualité.
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
"Fingersmith"
Après le choc qu'a été le film "Mademoiselle" (la version longue sort mercredi prochain en Blu-ray, et je compte la voir au plus vite !), j'ai voulu lire le matériau originel, soit "Fingersmith" ("Du bout des doigts" en VF). Même s'il s'agit d'un gros pavé (plus de 700 pages), j'ai pris du plaisir à le lire...
- Spoiler:
- Comme le film, le livre est divisé en trois parties. La première nous présente les personnages, avec plus de détails sur la bande de voleurs dont fait partie Sue (John, Dainty, Mrs. Sucksby, sa mère adoptive). J'ai trouvé que c'était la moins intéressante, car ayant vu "Mademoiselle", je m'attendais à la chute et au retournement de situation (mais si je n'avais pas vu le film, j'aurais été tout autant estomaqué par le dénouement, qui se conclut de façon percutante : "Je l'avais prise pour un pigeon. Pigeon, mon œil ! La garce savait tout. Elle y trempait dès le départ." L'intérêt de cette première partie résidant dans le fait de mettre en parallèle le récit avec les images de "Mademoiselle".
Dès la deuxième, tout s'accélère, on a Maud, née d'une mère morte folle, mais recueillie par un oncle excentrique et passionné de livres pornographiques (tout est cependant suggéré) et qui en fait sa secrétaire contre son gré. Même si le personnage de l'oncle n'est pas foncièrement sympathique, j'ai néanmoins trouvé que le rôle du méchant de l'histoire allait plus à Gentleman, escroc retors, qui n'hésite pas à faire pression sur Maud quand il se rend compte qu'elle tombe amoureuse de Sue et n'hésite pas à dire aux médecins de l'asile d'aliénés que son épouse officielle qui se prend soi-disant pour une soubrette a agressé sexuellement sa soubrette.
Mais le choc est à la fin de la seconde partie, quand on apprend que tout avait été orchestré depuis près de 18 ans par Mrs. Sucksby, qui avait recueilli une femme qui n'est autre que la vraie mère de Sue, avait recueilli sa fille et avait fait passer un bébé pour l'autre enfant... Autrement dit, Sue a mené la vie que Maud aurait dû mener et réciproquement. Le testament de la mère de Sue répartissant l'héritage entre sa fille et Maud, Mrs. Sucksby avait imaginé un plan pour récupérer Maud après presque 18 ans au détriment de Sue, et toucher une bonne partie de l'héritage (3/4, le 1/4 revenant à Gentleman). La seconde partie se conclut sur une révélation; Maud n'est pas une orpheline ordinaire, mais la vraie fille de Mrs. Sucksby...
Tout s'accélère dans la troisième partie, car après avoir enduré mille tourments et souffrances, Sue s'enfuit, décidée à faire payer à Maud sa trahison. Elle confronte son ancien clan, Maud, mais Gentleman arrive, une bagarre s'ensuit et Maud finit par poignarder Gentleman à mort... mais Mrs. Sucksby, pour protéger les deux femmes et expier sa faute, s'accuse et est condamnée à mort.
Après le drame, le clan se délite, Sue finit par apprendre la vérité sur sa naissance et retrouve Maud. Cette dernière, après la mort de son oncle adoptif, gagne sa vie en écrivant des textes érotiques, les mêmes qu'elle devait lire... elle se réconcilie avec Sue et lui fait lire ce qu'elle ressent pour elle à travers ses écrits...
Comme je l'ai dit, il y a plusieurs différences avec "Mademoiselle", dans la mesure où les personnages secondaires ont plus de chair, l'escroc apparaît plus antipathique que l'oncle lubrique (sans doute parce que ses manies ne sont que suggérées, alors que Park Chan-Wook ne nous épargne rien des lectures pornographiques dans "Mademoiselle". L'histoire d'amour entre Sue et Maud est plus retenue, sûrement en raison du contexte de l'Angleterre victorienne, de sorte que les manipulations sautent plus aux yeux que l'aspect saphique... et si Sue et Maud sont trompées pendant longtemps, jusqu'au dénouement, dans "Mademoiselle", Sook-hee et Hideko se liguent contre l'escroc et l'érotomane...
Malgré les différences entre livre et film, je me dis que Park Chan-Wook en a respecté l'essence en la transcendant, avec plus d'audace, et pas seulement en raison des scènes explicites et que loin d'être un pervers conditionné par le male gaze (reproche administré par des critiques à l'esprit étroit), il est, malgré ses extravagances et son goût des excès, un grand sentimental.
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