Mademoiselle/The Handmaiden
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Mademoiselle/The Handmaiden
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Je viens de finir ce film il y a à peine une heure... Bouleversant... J'aurais tellement de choses à dire sur ce film et je crois que certaines risquent de m'échapper...
J'avoue, je crois n'avoir que très rarement lâché le mot, mais sur le coup, je suis forcé de le dire; ce film est un C.H.E.F. D'.Œ.U.V.R.E.
Jubilatoire, manipulatoire à plus d'un titre, il envoûte le spectateur au risque de le perdre et de le déstabiliser, mais jamais ne perd le fil rouge de son sujet.
Je n'ai jamais vu de film aussi roublard et trompeur depuis Mulholland Drive de David Lynch,
En somme, un film qui mêle thriller, drame, Histoire (un peu) et saphisme (plus fort et intense que celui de La Vie d'Adèle ou de Carol, sorti la même année, et tout ça pour un cocktail détonnant ! Reparti bredouille de Cannes, j'espère qu'il sera primé aux Césars et/ou aux Oscars ! Vivement la sortie en Blu-ray !
Je viens de finir ce film il y a à peine une heure... Bouleversant... J'aurais tellement de choses à dire sur ce film et je crois que certaines risquent de m'échapper...
- Spoiler:
- Dans ce cas, allons à l'essentiel.
Le sujet principal du film repose sur une arnaque : Sookee, fille d'une voleuse et voleuse douée elle-même est sollicitée par un escroc coréen qui se fait passer pour un comte japonais. Cet homme compte séduire et épouser la nièce d'un homme féru de livres (très particuliers, comme nous le verrons après), qui vend aux enchères les pièces de sa collection avant d'épouser sa nièce par alliance. L'escroc (qui se fait appeler comte Fujiwara) a l'intention d'épouser la jeune femme nommée Hideko, empocher l'héritage et la faire enfermer à l'asile, avec la complicité de Sookee.
Sookee se fait embaucher à la place d'une servante renvoyée, se rapproche de Hideko sur les injonctions de Fujiwara, mais la beauté de la jeune femme la trouble rapidement, comme en temoigne une scène où Hideko se trouve dans son bain et où Sookee (qui se fait appeler Tamako) lui polit les dents où le bout d'un bonbon s'est coincé.
Malgré tous ses efforts pour faire se rapprocher Hideko du "comte", Sookee est de plus en plus sous le charme de Hideko et cela se sent quand elle croit surprendre "le comte" avec celle qu'elle appelle "Mademoiselle" lors d'une promenade. Mais un soir, alors que Hideko ne trouve pas le sommeil, elle ordonne à Sookee de venir dormir avec elle et lui confie qu'elle redoute sa nuit de noces avec Fujiwara... Sookee décide de lui apprendre ce qu'elle sait (il est sous-entendu qu'elle a déjà fait l'amour à une autre amie voleuse) et la scène d'amour a lieu... Je redoutais au départ que l'on tombe dans le versant oriental de La Vie d'Adèle à cause du gros plan sur leurs french kisses, mais il n'en est rien, la sensualité et la douceur prédominent (mention spéciale au visage en gros plan de Sookee alors qu'elle s'apprête à lécher l'intimité de Hideko...).
Résultat, la jalousie gagne la fausse servante et "le comte" fait pression sur elle pour qu'elle s'applique mieux dans son rôle. Sookee obéit et Hideko le prend très mal. Elle finit par épouser "le comte" et s'enfuit avec lui et Sookee... L'héritage arrive, le plan est prêt à venir à son terme... mais coup de théâtre, "le comte" et Hideko, de mèche, font passer Sookee pour Hideko qui serait devenue folle en se prenant pour une servante coréenne et la font interner à l'asile...
Mais tout ceci n'était que la première partie de ce jeu de dupes. Pour mieux le comprendre, la deuxième partie nous plonge dans l'enfance de Hideko, malmenée par un oncle tyrannique et sévère, dont le "hobby" est, si j'ose dire, la lecture d'oeuvres littéraires franchement pornographiques (on alterne les métaphores poétiques orientales avec des textes plus crus inspirés de l'univers de Sade), oeuvres lues par la tante de Hideko, puis par Hideko elle-même après le suicide (?) par pendaison de sa tante, devant un parterre d'acheteurs qui s'imaginent fouettés et martyrisés... Hideko est elle-même contrainte de participer à des mises en scène équivoques avec un mannequin de bois (l'espace d'un instant, j'ai cru qu'elle allait être livrée en pâture à ces lecteurs lubriques, mais le scénariste n'était pas aussi tordu que ses personnages...).
Arrive alors Fujiwara, qui se fait passer pour un comte japonais auprès de l'oncle de Hideko et fait remarquer à ce dernier que celle-ci ne semble pas s'intéresser à lui. Intrigué, Fujiwara va voir Hideko, lui révèle son plan et décide de le changer pour la libérer en partie de l'emprise de cet oncle lubrique et pervers. Hideko suggère au "comte" d'engager une servante qui leur servira d'entremetteuse et qui finira à l'asile à la place de Hideko, comme Fujiwara y songeait au début.
Comme confirmé à la fin de la première partie, Hideko et "le comte" étaient de mèche... Mais comme rien n'est simple, ce qui était présenté à la fin de la première partie du film comme une "bad romance" s'avère bien plus complexe : Hideko et Sookee s'avèrent vraiment de plus en plus troublées l'une par l'autre (Sookee rejoint même Hideko dans son bain), malgré les conseils de part et d'autre du "comte" qui sent plus ou moins la situation lui échapper...
Le retour à la scène d'amour du point de vue de Hideko est bien plus détaillé, les deux femmes se donnent l'une à l'autre en rivalisant de sensualité et de douceur, sans excès, oui, on est a des lieues des scènes de La Vie d'Adèle, le réalisateur n'a pas, même inconsciemment, voulu reproduire les meilleures scènes des Japanese Adult Videos lesbiennes (la présence de musique permet d'éviter une comparaison dévalorisante) et c'est tant mieux !
Puis, après que Sookee a repris son rôle sous la pression de Fujiwara, Hideko, désespérée, tente de se suicider en se pendant au cerisier où sa tante avait été retrouvée morte, mais Sookee la rattrape et lui révèle le pot aux roses... et Hideko en fait de même...
Après avoir détruit les estampes et textes lubriques de l'oncle de Hideko, les deux femmes se liguent et Sookee avertit par une lettre la bande de voleurs qui font partie de ses proches, puis est conduite à l'asile à la place de Hideko, comme prévu...
Au début du 3e acte (si j'ose dire...), Fujiwara fait savoir à Hideko que Sookee mourra à l'asile et qu'elle prendra son identité. Il lui révèle également tomber amoureux d'elle, mais Hideko lui répond : "Que savez-vous de l'amour ?"
En parallèle, Sookee est à l'asile, mais n'y reste pas longtemps, car elle profite d'un incendie orchestré par ses complices pour s'échapper.
Hideko, elle, fait mine de céder aux avances du "comte", mais en fait l'empoisonne (non sans mal) et échappe à ses griffes au moment où il s'apprête à la prendre de force, comme toutes les femmes aiment, selon lui et l'oncle pervers...
Au matin, Fujiwara est retrouvé déculotté par les serviteurs de l'oncle de Hideko (à qui cette dernière a révélé l'imposture de l'escroc), qui le torture et fait savoir que les deux femmes ne pourront jamais quitter le Japon car il a tout fait pour... Sauf qu'il n'avait pas prévu que Hideko se ferait passer pour un homme...
Il s'efforce de faire cracher à Fujiwara les détails de sa "nuit de noces" avec Hideko, détails que Fujiwara invente en fumant cigarette sur cigarette (en réalité, Hideko s'était elle-même déflorée avec un couteau)... des cigarettes qui ne contenaient pas du tabac, mais du mercure... l'oncle meurt après avoir découpé le caleçon de Fujiwara qui est au moins content "de mourir avec sa bite", comme il le dit si joliment...
Quant à Hideko et Sookee, le dénouement avait beau être incroyable (surtout à la fin de la 1ère partie), il est pourtant bien réel; les deux femmes se retrouvent, fuient le Japon, jettent symboliquement à la mer deux gants noués par une alliance, pour dire adieu à l'emprise d'un pervers (pour Hideko) et d'un arnaqueur (pour Sookee)...
A la fin, dans une cabine du bateau, Sookee et Hideko se donnent l'une à l'autre, prêtes notamment à utiliser ces boules de Meilin présentes dans l'un des textes que la belle Japonaise lisait, forcée, pour un auditoire lubrique...
J'avoue, je crois n'avoir que très rarement lâché le mot, mais sur le coup, je suis forcé de le dire; ce film est un C.H.E.F. D'.Œ.U.V.R.E.
Jubilatoire, manipulatoire à plus d'un titre, il envoûte le spectateur au risque de le perdre et de le déstabiliser, mais jamais ne perd le fil rouge de son sujet.
Je n'ai jamais vu de film aussi roublard et trompeur depuis Mulholland Drive de David Lynch,
- Spoiler:
- mais là où le créateur de Twin Peaks insérait une histoire lesbienne pour mieux mettre en exergue le cauchemar hollywoodien, Park Chan-wook nous sert une histoire d'amour a priori mal partie, mais au final troublante, sensuelle et tendre (les dernières minutes du film, après plus de deux heures de mensonges et de faux-semblants, ressemblent à une délivrance pour les plus sentimentaux d'entre nous - dont votre serviteur.
- Spoiler:
- Bound des (alors) frères Wachowski, avec des femmes intelligentes et des hommes dupés, comme en témoigne la fin pathétique du "comte" Fujiwara et de l'oncle pervers de Hideko
- Spoiler:
- Wild Things(Sexcrimes en VF), avec un "Tel est pris qui croyait prendre qui s'impose, mais sans faire de l'atout lesbien un simple atout rince-l'oeil pour les plus pervers d'entre nous (in fine, votre serviteur doit se mettre dans le lot, lui aussi...).
En somme, un film qui mêle thriller, drame, Histoire (un peu) et saphisme (plus fort et intense que celui de La Vie d'Adèle ou de Carol, sorti la même année, et tout ça pour un cocktail détonnant ! Reparti bredouille de Cannes, j'espère qu'il sera primé aux Césars et/ou aux Oscars ! Vivement la sortie en Blu-ray !
Dernière édition par Johnny le Mer 29 Mar 2017 - 11:30, édité 6 fois
Re: Mademoiselle/The Handmaiden
Un chef d'oeuvre, oui!
Moins sensible que Carol mais tellement bien construit.
Moins sensible que Carol mais tellement bien construit.
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
Re: Mademoiselle/The Handmaiden
Une sortie Blu-ray Director's Cut est prévue en Corée, avec 23 minutes supplémentaires, minutes qui rendraient le film plus romantique que la version ciné, à voir... J'espère que cette version sortira en France !
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