Marina Tsvetaïeva
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Marina Tsvetaïeva
Tentative de jalousie
"Comment ça va auprès d’une autre?
Plus facile, non? - Coup de rame!
En peu de temps, telle une côte,
Le souvenir de moi s’éloigne,
De moi restée île flottante
(Le long du ciel - pas sur les eaux!)
Âmes, âmes! Non pas amantes
Mais sœurs - oui: vous! - serez plutôt.
Comment ça va près d’une simple
Femme? Sans vraies divinités?
Ayant jeté du trône-olympe
Votre reine (sans y rester),
Comment ça va - ça se démêle -
Ça se blottit? - Puis au lever?
Et le tribut de l’immortelle
Trivialité, dites, pauvret?
…
La pitance - bien plus mangeable?
Mais si ça vous lasse, tant pis!
Comment va près d’un simulacre,
Vous - bafoueur du Sinaï!”
J’ai aimé tes mains, ces mains
Autoritaires, je le répéterai
Vers la fin de notre amour,
À la veille de la séparation,
Et tes yeux – qui n’offrent pas
Leur regard à n’importe qui -
Et qui demandent raison
Pour un regard fortuit.
Toi, tout entière, et ta passion
Trois fois damnée – Dieu la voit ! -
Toi, qui exiges réparation
Pour un soupir fortuit.
Fatiguée encore, je dirai :
- Ne te presse pas d’écouter ! –
Ton âme s’est posée
En travers de mon âme.
Et je dirai encore :
- Qu’importe – c’est la veille ! -
Cette bouche était jeune
Avant tes baisers.
Et ce regard hardi et clair,
Avant ton regard, et ce cœur
- Avait cinq ans…Heureux
Qui n’a pas croisé ton chemin.
28 avril 1915
Marina Tsvetaïeva, «Insomnie et autres poèmes » Insomnie
Kashima- Faux-monnayeur
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Date d'inscription : 29/09/2008
Marina TSVETAÏEVA
"Tu passes ton chemin, - et
Je ne prends pas ta main. Mais
L’angoisse en moi : trop éternelle
Pour que tu sois n’importe qui.
Et mon cœur aussitôt : « Ma chérie » !
J’ai tout pardonné – au hasard -,
Sans rien savoir –même pas ton nom ! -
Aime-moi, ô, aime-moi !
Je le vois à tes lèvres –sinueuses –
A leur arrogance superbe,
A l’avancée lourde des sourcils,
Ce cœur, on le prend – d’assaut !
Ta robe – noire carapace de soie,
Ta voix, un peu rauque, à la tzigane,
J’ai mal tant j’aime tout en toi
Et même que tu ne sois pas une beauté.
Beauté, qu’un seul été ne fanera pas,
Tu n’es pas une fleur – une tige d’acier
Mauvaise, plus qu’un mauvais, plus acérée,
Que l’acéré – et dans quelle île cueillie ?
Que tu te joues d’un éventail ou d’une canne, -
Dans chacune de tes veines, et dans tes os,
Dans la forme même de chaque doigt mauvais, - :
Tendresse de femme, impertinence de garçon.
Par chaque moquerie parée d’un vers,
J’ouvre –pour toi et pour le monde, tout
Ce qui pour nous en toi se prépare,
Inconnue au front de Beethoven.
14 janvier 1915”
Insomnie et autres poèmes, cycle “l’amie”, Marina TSVETAÏEVA
Je ne prends pas ta main. Mais
L’angoisse en moi : trop éternelle
Pour que tu sois n’importe qui.
Et mon cœur aussitôt : « Ma chérie » !
J’ai tout pardonné – au hasard -,
Sans rien savoir –même pas ton nom ! -
Aime-moi, ô, aime-moi !
Je le vois à tes lèvres –sinueuses –
A leur arrogance superbe,
A l’avancée lourde des sourcils,
Ce cœur, on le prend – d’assaut !
Ta robe – noire carapace de soie,
Ta voix, un peu rauque, à la tzigane,
J’ai mal tant j’aime tout en toi
Et même que tu ne sois pas une beauté.
Beauté, qu’un seul été ne fanera pas,
Tu n’es pas une fleur – une tige d’acier
Mauvaise, plus qu’un mauvais, plus acérée,
Que l’acéré – et dans quelle île cueillie ?
Que tu te joues d’un éventail ou d’une canne, -
Dans chacune de tes veines, et dans tes os,
Dans la forme même de chaque doigt mauvais, - :
Tendresse de femme, impertinence de garçon.
Par chaque moquerie parée d’un vers,
J’ouvre –pour toi et pour le monde, tout
Ce qui pour nous en toi se prépare,
Inconnue au front de Beethoven.
14 janvier 1915”
Insomnie et autres poèmes, cycle “l’amie”, Marina TSVETAÏEVA
Kashima- Faux-monnayeur
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Marina Tsvetaïeva
“
Les mains au fond des poches,
Je suis là. Le courant d’eau bleuit.
Aimer quelqu’un encore? -
Tu pars tôt demain matin.
(…)
L’amour efface sur les joues les plus belles
Couleurs. Goûtez comme les larmes Sont salées. J’ai peur de
Me réveiller morte demain matin.
Des Indes, envoyez-moi des pierres.
Où nous verrons-nous ? - En rêve.
- Quel vent! - Bonjour à votre femme
Et à l’autre dame aux yeux verts.
(…)
… Les mains au fond des poches,
Je suis là. Entre nous - l’océan.
Sur la ville - la brume, la brume.
Les brumes des amours anciennes.
”
—
Marina Tsvétaïeva, “Les brumes des amours anciennes”, Le ciel brûle
Les mains au fond des poches,
Je suis là. Le courant d’eau bleuit.
Aimer quelqu’un encore? -
Tu pars tôt demain matin.
(…)
L’amour efface sur les joues les plus belles
Couleurs. Goûtez comme les larmes Sont salées. J’ai peur de
Me réveiller morte demain matin.
Des Indes, envoyez-moi des pierres.
Où nous verrons-nous ? - En rêve.
- Quel vent! - Bonjour à votre femme
Et à l’autre dame aux yeux verts.
(…)
… Les mains au fond des poches,
Je suis là. Entre nous - l’océan.
Sur la ville - la brume, la brume.
Les brumes des amours anciennes.
”
—
Marina Tsvétaïeva, “Les brumes des amours anciennes”, Le ciel brûle
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Marina Tsvetaïeva
“Ai-je cessé de vous aimer ? Non, vous n’avez pas changé et je n’ai pas changé - non plus. Une seule chose a changé : ma concentration névralgique sur vous. Vous n’avez pas cessé d’exister pour moi, j’ai cessé d’exister en vous. Mon heure avec vous s’est achevée, reste mon éternité avec vous. Oh, attardez-vous un peu là-dessus ! En dehors des passions, il y a encore l’immensité. C’est dans l’immensité qu’a lieu désormais notre rencontre.”
Marina Tsvétaïeva in Vivre dans le feu - Confessions
Kashima- Faux-monnayeur
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Marina Tsvetaïeva
“Durch alle Welten, durch alle Gegenden
an allen Weg’enden
Das ewige Paar der sich-Nie-Begegnenden.”
—
(“Par tous les mondes, par tous les coins, à tous bouts de route Deux êtres éternels qui jamais ne peuvent se rencontrer”)
Marina Tsvetaeva à Rilke
an allen Weg’enden
Das ewige Paar der sich-Nie-Begegnenden.”
—
(“Par tous les mondes, par tous les coins, à tous bouts de route Deux êtres éternels qui jamais ne peuvent se rencontrer”)
Marina Tsvetaeva à Rilke
Kashima- Faux-monnayeur
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Marina Tsvetaïeva
“Je l’aime comme on aime seulement ceux qu’on n’a jamais vus, qu’on n’a jamais vus ou qui n’ont jamais été.”
Kashima- Faux-monnayeur
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