Hannah Arendt par Margarethe von Trotta, la controverse
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Hannah Arendt par Margarethe von Trotta, la controverse
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Hannah Arendt – Le cas Eichmann et la « banalité du mal »
Texte d’Hannah Arendt:
« Tout a commencé quand j’ai assisté au procès Eichmann à Jérusalem. Dans mon rapport, je parle de la « banalité du mal ». Cette expression ne recouvre ni thèse, ni doctrine bien que j’aie confusément senti qu’elle prenait à rebours la pensée traditionnelle – littéraire, théologique, philosophique – sur le phénomène du mal. Le mal, on l’apprend aux enfants, relève du démon ; il s’incarne en Satan (qui « tombe du ciel comme un éclair » (saint Luc, 10,18), ou Lucifer, l’ange déchu (« Le diable lui aussi est ange » – Miguel de Unamuno) dont le péché est l’orgueil (« orgueilleux comme Lucifer »), cette superbia dont seuls les meilleurs sont capables : ils ne veulent pas servir Dieu ils veulent être comme Lui. Les méchants, à ce qu’on dit sont mus par l’envie ; ce peut être la rancune de ne pas avoir réussi sans qu’il y aille de leur faute (Richard III), ou l’envie de Caïn qui tua Abel parce que « Yahvé porta ses regards sur Abel et vers son oblation, mais vers Caïn et vers son oblation il ne les porta pas ». Ils peuvent aussi être guidés par la faiblesse (Macbeth). Ou, au contraire, par la haine puissante que la méchanceté ressent devant la pure bonté (Iago : « Je hais le More, Mes griefs m’emplissent le cœur » ; la haine de Claggart pour l’innocence « barbare » de Billy Budd, haine que Melville considère comme « une dépravation de la nature ») ou encore par la convoitise, « source de tous les maux » (Radix omnium malorum cupiditas). Cependant, ce que j’avais sous les yeux, bien que totalement différent, était un fait indéniable. Ce qui me frappait chez le coupable, c’était un manque de profondeur évident, et tel qu’on ne pouvait faire remonter le mal incontestable qui organisait ses actes jusqu’au niveau plus profond des racines ou des motifs. Les actes étaient monstrueux, mais le responsable – tout au moins le responsable hautement efficace qu’on jugeait alors – était tout à fait ordinaire, comme tout le monde, ni démoniaque ni monstrueux. Il n’y avait en lui trace ni de convictions idéologiques solides, ni de motivations spécifiquement malignes, et la seule caractéristique notable qu’on décelait dans sa conduite, passée ou bien manifeste au cours du procès et au long des interrogatoires qui l’avaient précédé, était de nature entièrement négative : ce n’était pas de la stupidité, mais un manque de pensée. Dans le cadre du tribunal israélien et de la procédure carcérale, il se comportait aussi bien qu’il l’avait fait sous le régime nazi mais, en présence de situations où manquait ce genre de routine, il était désemparé, et son langage bourré de clichés produisait à la barre, comme visiblement autrefois, pendant sa carrière officielle, une sorte de comédie macabre. Clichés, phrases toute faites, codes d’expression standardisés et conventionnels ont pour fonction reconnue, socialement, de protéger de la réalité, c’est-à-dire des sollicitations que faits et événements imposent à l’attention, de par leur existence même. On serait vite épuisé à céder sans cesse à ces sollicitations ; la seule différence entre Eichmann et le reste de l’humanité est que, de toute évidence, il les ignorait totalement. »
Hannah Arendt, La Vie de l’esprit, p.20-21
Le film:
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Le dernier film de Margarethe von Trotta, qui est sorti en France le 24 avril, sous le titre « Hannah Arendt » devait s’appeler « La controverse ». C’était un titre réducteur mais significatif. L’ambition de la cinéaste allemande est de montrer tout ensemble la vie et la pensée d’Hannah Arendt. Initialement, elle envisageait de la suivre depuis ses 18 ans, lorsqu’elle commence à suivre les cours des philosophes Husserl, Jaspers et Heidegger et lorsque celui-ci devient son amant, jusqu’à sa mort en 1975. Mais, à trop embrasser, la cinéaste disait ne rien saisir. Le scénario s’est focalisé sur quatre années, de 1960 à 1963, autour du procès d’Adolf Eichmann, du texte qu’Hannah Arendt en tire (« Eichmann à Jérusalem ») et de la violente polémique qu’elle suscite.
On connait l’histoire : Adolf Eichmann qui avait dirigé le bureau des affaires juives de l’office central de sécurité du Reich et organisé les déportations vers Auschwitz avait réussi à fuir en Argentine avec l’aide de la Croix Rouge et de dignitaires du Vatican. En mai 1960 il est capturé par des agents du Mossad et transporté à Jérusalem. Accusé de crimes contre le peuple juif et de crimes contre l’humanité, Il est jugé par un tribunal israélien. Le procès dure 8 mois d’avril à décembre 1961. Condamné à mort Eichmann est pendu le 28 mars 1962.
Femme, juive, allemande, apatride 18 années durant à partir de 1933, de nationalité américaine depuis 1951, penseuse inclassable, Hannah Arendt est en 1960 une professeure de théorie politique réputée. Son travail sur le totalitarisme entrepris de 1945 à 1949 et publié en 1951 aux Etats Unis a une importance considérable, bien que méconnu en France à l’époque, notamment à gauche, car elle compare l’Allemagne d’Hitler et l’URSS de Staline et affirme le caractère totalitaire des deux systèmes.
Elle propose au New Yorker de suivre le procès. « Une obligation qu’elle doit à son passé », « une cure a posteriori ». Son compte rendu parait en 5 articles en 1963 puis dans le livre « Eichmann in Jerusalem » publié peu après. La représentation qu’Hannah Arendt donne d’Eichmann (non pas un monstre, mais un homme au contraire très médiocre, rouage de la machine totalitaire), la thèse de « la banalité du mal » et l’affirmation d’une participation de responsables des communautés juives d’Europe à l’accomplissement du génocide provoquent des réactions d’une rare violence, y compris parmi certains de ses amis.
Hannah Arendt – Le cas Eichmann et la « banalité du mal »
Texte d’Hannah Arendt:
« Tout a commencé quand j’ai assisté au procès Eichmann à Jérusalem. Dans mon rapport, je parle de la « banalité du mal ». Cette expression ne recouvre ni thèse, ni doctrine bien que j’aie confusément senti qu’elle prenait à rebours la pensée traditionnelle – littéraire, théologique, philosophique – sur le phénomène du mal. Le mal, on l’apprend aux enfants, relève du démon ; il s’incarne en Satan (qui « tombe du ciel comme un éclair » (saint Luc, 10,18), ou Lucifer, l’ange déchu (« Le diable lui aussi est ange » – Miguel de Unamuno) dont le péché est l’orgueil (« orgueilleux comme Lucifer »), cette superbia dont seuls les meilleurs sont capables : ils ne veulent pas servir Dieu ils veulent être comme Lui. Les méchants, à ce qu’on dit sont mus par l’envie ; ce peut être la rancune de ne pas avoir réussi sans qu’il y aille de leur faute (Richard III), ou l’envie de Caïn qui tua Abel parce que « Yahvé porta ses regards sur Abel et vers son oblation, mais vers Caïn et vers son oblation il ne les porta pas ». Ils peuvent aussi être guidés par la faiblesse (Macbeth). Ou, au contraire, par la haine puissante que la méchanceté ressent devant la pure bonté (Iago : « Je hais le More, Mes griefs m’emplissent le cœur » ; la haine de Claggart pour l’innocence « barbare » de Billy Budd, haine que Melville considère comme « une dépravation de la nature ») ou encore par la convoitise, « source de tous les maux » (Radix omnium malorum cupiditas). Cependant, ce que j’avais sous les yeux, bien que totalement différent, était un fait indéniable. Ce qui me frappait chez le coupable, c’était un manque de profondeur évident, et tel qu’on ne pouvait faire remonter le mal incontestable qui organisait ses actes jusqu’au niveau plus profond des racines ou des motifs. Les actes étaient monstrueux, mais le responsable – tout au moins le responsable hautement efficace qu’on jugeait alors – était tout à fait ordinaire, comme tout le monde, ni démoniaque ni monstrueux. Il n’y avait en lui trace ni de convictions idéologiques solides, ni de motivations spécifiquement malignes, et la seule caractéristique notable qu’on décelait dans sa conduite, passée ou bien manifeste au cours du procès et au long des interrogatoires qui l’avaient précédé, était de nature entièrement négative : ce n’était pas de la stupidité, mais un manque de pensée. Dans le cadre du tribunal israélien et de la procédure carcérale, il se comportait aussi bien qu’il l’avait fait sous le régime nazi mais, en présence de situations où manquait ce genre de routine, il était désemparé, et son langage bourré de clichés produisait à la barre, comme visiblement autrefois, pendant sa carrière officielle, une sorte de comédie macabre. Clichés, phrases toute faites, codes d’expression standardisés et conventionnels ont pour fonction reconnue, socialement, de protéger de la réalité, c’est-à-dire des sollicitations que faits et événements imposent à l’attention, de par leur existence même. On serait vite épuisé à céder sans cesse à ces sollicitations ; la seule différence entre Eichmann et le reste de l’humanité est que, de toute évidence, il les ignorait totalement. »
Hannah Arendt, La Vie de l’esprit, p.20-21
Le film:
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Le dernier film de Margarethe von Trotta, qui est sorti en France le 24 avril, sous le titre « Hannah Arendt » devait s’appeler « La controverse ». C’était un titre réducteur mais significatif. L’ambition de la cinéaste allemande est de montrer tout ensemble la vie et la pensée d’Hannah Arendt. Initialement, elle envisageait de la suivre depuis ses 18 ans, lorsqu’elle commence à suivre les cours des philosophes Husserl, Jaspers et Heidegger et lorsque celui-ci devient son amant, jusqu’à sa mort en 1975. Mais, à trop embrasser, la cinéaste disait ne rien saisir. Le scénario s’est focalisé sur quatre années, de 1960 à 1963, autour du procès d’Adolf Eichmann, du texte qu’Hannah Arendt en tire (« Eichmann à Jérusalem ») et de la violente polémique qu’elle suscite.
On connait l’histoire : Adolf Eichmann qui avait dirigé le bureau des affaires juives de l’office central de sécurité du Reich et organisé les déportations vers Auschwitz avait réussi à fuir en Argentine avec l’aide de la Croix Rouge et de dignitaires du Vatican. En mai 1960 il est capturé par des agents du Mossad et transporté à Jérusalem. Accusé de crimes contre le peuple juif et de crimes contre l’humanité, Il est jugé par un tribunal israélien. Le procès dure 8 mois d’avril à décembre 1961. Condamné à mort Eichmann est pendu le 28 mars 1962.
Femme, juive, allemande, apatride 18 années durant à partir de 1933, de nationalité américaine depuis 1951, penseuse inclassable, Hannah Arendt est en 1960 une professeure de théorie politique réputée. Son travail sur le totalitarisme entrepris de 1945 à 1949 et publié en 1951 aux Etats Unis a une importance considérable, bien que méconnu en France à l’époque, notamment à gauche, car elle compare l’Allemagne d’Hitler et l’URSS de Staline et affirme le caractère totalitaire des deux systèmes.
Elle propose au New Yorker de suivre le procès. « Une obligation qu’elle doit à son passé », « une cure a posteriori ». Son compte rendu parait en 5 articles en 1963 puis dans le livre « Eichmann in Jerusalem » publié peu après. La représentation qu’Hannah Arendt donne d’Eichmann (non pas un monstre, mais un homme au contraire très médiocre, rouage de la machine totalitaire), la thèse de « la banalité du mal » et l’affirmation d’une participation de responsables des communautés juives d’Europe à l’accomplissement du génocide provoquent des réactions d’une rare violence, y compris parmi certains de ses amis.
Invité- Invité
Hannah Arendt - Martin Heidegger
C'est intéressant de voir à l'écran cette controverse. Et les images d'archives aussi sur Eichmann.
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J'ai été plus gênée par le choix de l'actrice, même si je n'ai rien à reprocher à son jeu. Mais pour moi qui ne la connais pas beaucoup, Hannah Arendt a une plus grande solennité, une autre classe.
Qu'as-tu pensé du maître, Heidegger?
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J'ai été plus gênée par le choix de l'actrice, même si je n'ai rien à reprocher à son jeu. Mais pour moi qui ne la connais pas beaucoup, Hannah Arendt a une plus grande solennité, une autre classe.
Qu'as-tu pensé du maître, Heidegger?
Dernière édition par Kashima le Mer 23 Oct 2013 - 18:09, édité 1 fois
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
Re: Hannah Arendt par Margarethe von Trotta, la controverse
Absolument d'accord avec toi!
Quant à Maître Renard, heureusement qu'il ne fait que de courtes apparitions dans le film. Tout comme H. Arendt, Heidegger avait une telle présence, un regard si intelligent, un charisme, etc....Comment rendre ce sublime à l'écran?
Et même s'il était impossible d'aborder la complexité de H. Arendt dans sa totalité- ce dont M. von Trotta, la réalisatrice, était consciente- je regrette malgré tout que certains aspects (essentiels) de sa pensée comme la vita acta, l’homo faber, l’animal laborans, la création d'oeuvre, etc....(cf. La condition de l’homme moderne, H. Arendt) n'aient même pas été évoqués.
« C'est l'action qui est le plus étroitement liée à la condition humaine de natalité ; le commencement inhérent à la naissance ne peut se faire sentir dans le monde que parce que le nouveau venu possède la faculté d'entreprendre du neuf, c'est-à-dire d'agir. En ce sens d'initiative un élément d'action, et donc de natalité, est inhérent à toutes les activités humaines. De plus, l'action étant l'activité politique par excellence, la natalité, par opposition à la mortalité, est sans doute la catégorie centrale de la pensée politique, par opposition à la pensée métaphysique. », Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne, Calmann-Lévy, coll. Pocket Agora, Paris, 1983
Par cet appel de l'Etre-vers/pour- la vie, Hannah Arendt prend ses distances avec Martin Heidegger, l'opposant à L'Etre-vers/pour-la mort.
Mais comme Heidegger, elle partage le même souci de retour aux Grecs : chez, les Grecs, l'essence du politique était d’assurer la liberté en tant que « pouvoir-commencer », de rompre avec l’ordre existant du monde. Le politique était même envisagé, dans l’Antiquité, comme un art, ce qui conduit Arendt à faire de la polis le lieu où la « liberté comme virtuosité [peut] apparaître ». Le politique était une fin absolue. Chez les modernes, au contraire, elle est devenue un moyen au service de la conservation de la vie et la sauvegarde de ses intérêts.
Et pour finir, dommage que, parmi les proches de H. Arendt, Karl Jaspers n'ait même pas été mentionné. (cf. Correspondance | Hannah Arendt et Karl Jaspers
1926 - 1969, 1056 pages)
La correspondance de Hannah Arendt avec Karl Jaspers est dans l'histoire de la pensée la première de cette importance entre deux philosophes à être publiée intégralement. Elle débute en 1926 quand Arendt, âgée de vingt ans, suit le cours de philosophie de Jaspers à l'université de Heidelberg. Elle est interrompue à cause de l'exil en France puis en Amérique de Arendt et l'«exil intérieur» de Jaspers. Elle reprend à l'automne 1945. Sauf quelques lettres d'avant 1933, la correspondance tire toute son importance et son sens des années de l'après-guerre. Ces lettres montrent, bien sûr, le cheminement de leurs pensées philosophiques mais aussi elles révèlent pour la première fois un côté personnel et spontané. Brillante, vulnérable, directe. Hannah Arendt parle de son pays d'adoption - l'Amérique - de l'université, de la politique. du maccarthysme et de Kennedy, de la détérioration urbaine... Elle parle aussi de l'Allemagne, de l'antisémitisme, de la culpabilité, de la politique. D'Israël, qu'elle critique mais qu'elle soutient en tant que Juive. Dans son dialogue avec Arendt, Jaspers, généreux, inquiet, réfléchi, examine la question du «caractère allemand». Il parle des philosophes du passé et du présent - Spinoza, Heidegger - de la retraite, de la vieillesse, de l'avenir de l'homme... Ce livre est un dialogue fascinant entre un homme et une femme, une Juive et un Allemand, quelqu'un qui pose des questions et un visionnaire, tous deux intransigeants dans l'examen de notre siècle troublé.
Quant à Maître Renard, heureusement qu'il ne fait que de courtes apparitions dans le film. Tout comme H. Arendt, Heidegger avait une telle présence, un regard si intelligent, un charisme, etc....Comment rendre ce sublime à l'écran?
Et même s'il était impossible d'aborder la complexité de H. Arendt dans sa totalité- ce dont M. von Trotta, la réalisatrice, était consciente- je regrette malgré tout que certains aspects (essentiels) de sa pensée comme la vita acta, l’homo faber, l’animal laborans, la création d'oeuvre, etc....(cf. La condition de l’homme moderne, H. Arendt) n'aient même pas été évoqués.
« C'est l'action qui est le plus étroitement liée à la condition humaine de natalité ; le commencement inhérent à la naissance ne peut se faire sentir dans le monde que parce que le nouveau venu possède la faculté d'entreprendre du neuf, c'est-à-dire d'agir. En ce sens d'initiative un élément d'action, et donc de natalité, est inhérent à toutes les activités humaines. De plus, l'action étant l'activité politique par excellence, la natalité, par opposition à la mortalité, est sans doute la catégorie centrale de la pensée politique, par opposition à la pensée métaphysique. », Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne, Calmann-Lévy, coll. Pocket Agora, Paris, 1983
Par cet appel de l'Etre-vers/pour- la vie, Hannah Arendt prend ses distances avec Martin Heidegger, l'opposant à L'Etre-vers/pour-la mort.
Mais comme Heidegger, elle partage le même souci de retour aux Grecs : chez, les Grecs, l'essence du politique était d’assurer la liberté en tant que « pouvoir-commencer », de rompre avec l’ordre existant du monde. Le politique était même envisagé, dans l’Antiquité, comme un art, ce qui conduit Arendt à faire de la polis le lieu où la « liberté comme virtuosité [peut] apparaître ». Le politique était une fin absolue. Chez les modernes, au contraire, elle est devenue un moyen au service de la conservation de la vie et la sauvegarde de ses intérêts.
Et pour finir, dommage que, parmi les proches de H. Arendt, Karl Jaspers n'ait même pas été mentionné. (cf. Correspondance | Hannah Arendt et Karl Jaspers
1926 - 1969, 1056 pages)
La correspondance de Hannah Arendt avec Karl Jaspers est dans l'histoire de la pensée la première de cette importance entre deux philosophes à être publiée intégralement. Elle débute en 1926 quand Arendt, âgée de vingt ans, suit le cours de philosophie de Jaspers à l'université de Heidelberg. Elle est interrompue à cause de l'exil en France puis en Amérique de Arendt et l'«exil intérieur» de Jaspers. Elle reprend à l'automne 1945. Sauf quelques lettres d'avant 1933, la correspondance tire toute son importance et son sens des années de l'après-guerre. Ces lettres montrent, bien sûr, le cheminement de leurs pensées philosophiques mais aussi elles révèlent pour la première fois un côté personnel et spontané. Brillante, vulnérable, directe. Hannah Arendt parle de son pays d'adoption - l'Amérique - de l'université, de la politique. du maccarthysme et de Kennedy, de la détérioration urbaine... Elle parle aussi de l'Allemagne, de l'antisémitisme, de la culpabilité, de la politique. D'Israël, qu'elle critique mais qu'elle soutient en tant que Juive. Dans son dialogue avec Arendt, Jaspers, généreux, inquiet, réfléchi, examine la question du «caractère allemand». Il parle des philosophes du passé et du présent - Spinoza, Heidegger - de la retraite, de la vieillesse, de l'avenir de l'homme... Ce livre est un dialogue fascinant entre un homme et une femme, une Juive et un Allemand, quelqu'un qui pose des questions et un visionnaire, tous deux intransigeants dans l'examen de notre siècle troublé.
Invité- Invité
Re: Hannah Arendt par Margarethe von Trotta, la controverse
Pareil pour Heidegger. Dans le film, il avait un côté malicieux que je ne lui prête pas, mais pas du tout!
Après, je ne connais pas assez l'oeuvre d'Hannah Arendt ni elle-même pour avoir été plus dérangée que cela, vu que ce procès Eichmann m'intéresse. En revanche, je n'ai pas appris grand chose, justement...
Après, je ne connais pas assez l'oeuvre d'Hannah Arendt ni elle-même pour avoir été plus dérangée que cela, vu que ce procès Eichmann m'intéresse. En revanche, je n'ai pas appris grand chose, justement...
Kashima- Faux-monnayeur
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Date d'inscription : 29/09/2008
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