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Njinga, Reine d'Angola

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Njinga, Reine d'Angola  Empty Njinga, Reine d'Angola

Message  Kashima Mer 25 Aoû 2010 - 8:45


Njinga, Reine d'Angola  3984-910

L’histoire de la reine Njinga (1582-1663), retombée de nos jours dans l’oubli, est un des épisodes les plus étonnants de l’histoire africaine. Cette femme, reine du royaume angolais de Matamba pendant 40 ans, résista à la tête de ses troupes durant trois décennies aux Portugais, avant de conclure la paix et de se convertir au catholicisme. Ce ne fut pas sans mal, car elle dut obtenir le pardon de ses crimes, qui étaient aussi nombreux que terrifiants. Publié en 1687, le récit de son confesseur, le missionnaire capucin Cavazzi, nous plonge "au coeur des ténèbres", en compagnie d’une femme fascinante, intelligente, cruelle, sexuellement dominatrice, qui tente d’abandonner peu à peu ses pratiques païennes pour se convertir, elle et son peuple, au catholicisme. Elle mourra à 81 ans, presque en odeur de sainteté, avant que le rejet de la greffe chrétienne et les guerres ne replongent le pays dans le chaos.

Le témoignage de Cavazzi est exceptionnel, car l’homme est aussi attentif aux détails des pratiques de la vie quotidienne qu’à ceux des "cultes diaboliques" que les autres missionnaires répugnent même à évoquer. Par ses descriptions, et aussi par des dessins - retrouvés récemment avec son manuscrit original -, Cavazzi livre non seulement un récit littéraire et historique d’une grande force, mais aussi un incomparable document ethnographique sur l’Afrique centrale au XVIIe siècle.


Njinga, reine d’Angola, est sûrement l’un des personnages les plus extraordinaires de l’histoire du monde. Princesse, reine, meurtrière, cannibale, conquérante entourée d’esclaves sexuels, femme soldat, elle est devenue une sorte de sainte après sa conversion au catholicisme. Le capucin qui l’a convertie, Giovanni Cavazzi, a raconté la vie de cette femme au début du XVIIe siècle. Le manuscrit intégral de cette saga qui mêle horreurs et rédemption, vient d’être retrouvé. Il est traduit et publié pour la première fois par l’éditeur Michel Chandeigne.

C'est l'histoire d'une reine qui va à la confesse. Et quand celle-ci finit par monter au paradis, le confesseur raconte. Missionnaire capucin bourré de préjugés, le père Cavazzi n'en revient toujours pas: la reine Njinga était une idolâtre coupable de tous les péchés du monde, et elle est morte confite en dévotion. Njinga, c'est à la fois Cléopâtre et Catherine II dans l'Afrique centrale du XVIIe siècle. Elle tue, elle fornique à gogo, et en plus elle mange de la chair humaine. "Elle m'a confessé qu'elle avait depuis toujours eu une extrême répugnance à manger de la chair humaine, mais que, par politique et pour être considérée et respectées, elle ordonnait de préparer de copieux banquets de ce genre." Pour préparer ses onguents magiques, elle lance la mode consistant à piler un nouveau-né dans un mortier. " Maîtresse expérimentée en tyrannie", elle a de curieuses lubies, s'entourant d'une cinquantaine de jeunes concubins, véritables esclaves sexuels soumis à ses plaisirs et à sa cruauté: " Elle les forçait à porter des vêtements féminins et à dormir avec ses servantes, non seulement dans la même maison, mais au même étage, pieds contre pieds, tête contre tête, et ils devaient observer la chasteté." Ceux qui ont fauté se retrouvent la tête coupée, les membres brisés, ou castrés. Tout cela sur fond de guerre permanente: reine du royaume angolais de Matamba pendant quanrante ans, Njinga ne cesse de batailler contre les tribus voisines et contre les Portugais, qui veulent mettre la mains sur ses terres. A sa dévotion, les guerriers Imbangala forment une sorte de secte militaire composée d'individus souvent capturés jeunes lors de razzias et initiés très tôt au combat selon des rites particulièrement cruels. Les Portugais, censés apporter les bienfaits de la civilisation, ne sont pas beaucoup plus catholique: régnant par la croix et le fusil depuis un siècle dans la région, ils ne se font pas prier pour piller or et richesses et se livrer au trafic d'esclaves. Quand, l'âge venu, la reine Njinga finit par se convertir à la vraie foi d'importation, surtout d'ailleurs dans le dessein de conclure la paix avec ses anciens ennemis colonisateurs, elle fournit à ceux-ci une preuve de sa bonne volonté en lançant ses guerriers contre l'un de ses anciens alliés, lequel trouve la mort au cours des combats:" On porta sa tête en présent à la reine, qui l'envoya sur-le-champ au gouverneur à Luanda, pour l'apaiser du précédent différend et le débarrasser de tous soupçons au sujet de sa fidélité envers les Portugais." En bon chrétien, le gouverneur portugais s'en trouva fort satisfait...
Magnifiquement édité (appareil critique, notes, illustrations), flanqué de trente de trente superbes aquarelles peintes par Cavazzi et récemment retrouvées, ce récit nous plonge" au coeur des ténèbres": cellesde l'Occident, que la conviction de sa supériorité aveugle sur ses propres crimes et celles de l'Afrique vue comme réservoir de sauvagerie primitive.

Njinga, reine d'Angola, la relation d'Antonio Cavazzi de Montecucculo (1687), Ed. Chandeigne, 416p. 32 euros. Traduit par Xavier de Castro et Alix du Cheyron d'Abzac


Par Freddy Mulongo, vendredi 23 juillet 2010



La reine noire (nouvelobs.com)
Par Laurent Lemire

Au commencement était le crime. Ce n'était que torrents de sang, sacrifices, cannibalisme et tortures indicibles. La reine Njinga Mbandi (1582-1663) régna sans partage pendant quarante ans sur le royaume angolais de Matamba. Elle possédait un harem masculin, obligeait ses concubins à dormir avec des servantes et faisait exécuter ceux qui succombaient à la tentation. A côté de ce régime, celui de Vlad l'Empaleur est une sinécure. Puis vint la conversion au catholicisme. La Cruella d'Afrique se métamorphosa en Ana de Sousa. C'est du moins ce que raconte le capucin Antonio Cavazzi de Montecuccolo (1621-1678) dans cette histoire édifiante et terrifiante, pour la première fois impeccablement traduite et éditée, avec cartes, repères chronologiques et les illustrations inouïes du manuscrit original.


Njinga, Reine d'Angola  Njinga10
Njinga_Coll-Araldi_Modene-Ed_Chandeigne.jpg
(c)Coll. Araldi, Modène-Ed. Chandeigne
"La reine Njinga punit une servante"

Nous pénétrons ici au coeur des ténèbres, sur un territoire où l'histoire et l'ethnographie se mêlent aux fantasmes, où la violence accompagne le faste. Le capucin n'était pas très intelligent, mais il écrivait bien et surtout il fut le confesseur de cette reine fascinante jusqu'à ses funérailles, qui eurent lieu quand elle eut 81 ans ! Trop heureux de se pousser du col en montrant comment il avait réussi à convertir cette femme intrépide et sexuellement dominatrice, il observa et consigna dans ce témoignage aussi excessif dans l'horreur que dans la louange :

« De tous les Noirs que j'ai connus, je n'ai jamais rencontré quiconque qui égalât dona Ana en magnanimité et dans l'art de régner.»

Mais il nous laisse surtout voir une reine finaude, combattante, habile à se jouer des Portugais et des usages des Blancs. Ce texte exceptionnel a longtemps servi de référence comme document sur l'Afrique centrale. Il retrouve ici grâce à Michel Chandeigne tout son lustre sous la forme d'un fascinant portrait dont on imagine ce qu'un Orsenna ou un Rufin pourraient tirer.
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