Le dernier crâne de M. de Sade
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Le dernier crâne de M. de Sade
Le marquis de Sade vit ses derniers jours à la prison de Charenton. Il a plus de soixante-dix ans, mais se livre encore à la débauche dans le fond de sa cellule, comme le constate le médecin qui l'examine et ceux qui entendent ses râles.
Il crache sur la religion, fait jurer à des gens de confiance qu'il ne sera pas autopsié et que sa dépouille ne sera pas ornée d'une croix : il exècre tant l’Église! Souvent, une aura de soufre se dégage de lui.
A sa mort, comme le cimetière de Charenton est remanié, ses ossements sont déterrés, et son crâne, au mystérieux pouvoir, va circuler de main en main, réservant un étrange destin à tous ceux qui le possèderont.
Le livre est d'une écriture poétique, avec un souffle, un rythme, comme peut en donner cette illustration :
“L’anus bée, ourlé comme un bijou fruité, couleur de braise, de framboise des bois, un rouge rosé sur l’ombre où il voudrait inviter. Le docteur Doucet s’interroge. Stupeur et admiration. Qu’a fait le marquis, que fait-il encore, pour arriver à ce trou étrange? Qui favorise ce vice? Quels monstrueux objets polis ou subtilement contournés perforent cette chair extasiée et rougeoyante? Cette lascivité porcine, râlante, grognante, ce tas de viande qui halète et se pâme sous le boutoir. Et tout cela qui sert d’enveloppe, de support corporel déchu, à l’esprit le plus aigu et le plus libre de son siècle.”
Jacques Chessex, auteur suisse mort il y a trois ans, raconte aussi ce goût qu'a l'homme pour les reliques :
“C’est parce que l’homme est seul qu’il a si terriblement besoin de symboles. D’un crâne, d’amulettes, d’objets de conjuration. La conscience vertigineuse de la fin de l’être dans la mort. A chaque instant, la ruine. Peut-être faudrait-il regarder la passion d’un crâne, et singulièrement d’un crâne hanté, comme une manifestation désespérée d’amour de soi, et du monde déjà perdu.”
Le narrateur possèdera le crâne en 2009... Étrangement, c'est cette année-là que disparaîtra brutalement l'auteur... Derniers mots de son dernier roman :
«Wie sind wir wandermüde – ist dies etwa der Tod? Comme nous sommes las d’errer! Serait-ce déjà la mort?»
De quoi nourrir un mythe.
Kashima- Faux-monnayeur
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Date d'inscription : 29/09/2008
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