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Le Pélican, figure du sacrifice et de l'inspiration

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Le Pélican, figure du sacrifice et de l'inspiration Empty Le Pélican, figure du sacrifice et de l'inspiration

Message  Kashima Mar 2 Aoû 2011 - 10:12

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Le Pélican est l'animal qui, dans le christianisme, symbolise la piété et le sacrifice.
Il s'arrache les entrailles pour pouvoir nourrir ses petits. Au Moyen-Âge, "on croyait qu'il perçait sa propre chair et nourrissait ses petits de son sang. D'autres légendes racontent que le pélican tue ses petits, puis, pris de remords, ouvre sa poitrine de son bec. Son sang, se déversant sur les oisillons, les ramène alors à la vie."
On retrouve cette image du pélican nourrissant ses petits de son propre sang dans les objets liés à l'Église. Par exemple, au musée européen de la Visitation, on peut voir deux objets qui se rapportent à lui (exposition "De l'ombre à la lumière") :

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Les Visitandines (soeurs de l'ordre de la Visitation Sainte-Marie fondé en 1610 par saint François de Sales et sainte Jeanne de Chantal à Annecy) ont reçu de multiples dons. Sous une vitrine, un objet en diverses matières, dont la principale est l'ouate, représente le pélican plongeant son bec dans son ventre pour nourrir les oisillons. Cet ouvrage a été réalisé par une sœur italienne (de sœur de Pignerol) au XIXe. Il symboliserait, en plus de ce qui a été dit plus haut, le sacrifice de la mère supérieure envers ses filles :

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Les poètes ont utilisé cette image. Parmi eux, Clément Marot (XVIe), dans L'Adolescence clémentine, compose ce refrain pour la ballade XIII sur la Passion du Christ :

"Le Pélican, qui pour les siens se tue."

Dans ce poème, le pélican laisse ses oiselets dans le paradis terrestre après les avoir créés. Malheureusement, trop gourmands, ils se font attrapés et tués par un chasseur. Le pélican va donner sa vie pour les faire renaître. Dans l'envoi, Marot explicite le parallèle fait avec le Christ:

Les Corbeaulx sont des Juifs exilez,
Qui ont a tort les membres mutillez
Du Pellican: c'est du seul Dieu et maistre.
Les Oyseletz, sont humains, qu'il feit naistre.
Et L'oyseleur, la Serpente tortue,
Qui les deceut, leur faisant mescongnoistre
Le Pellican, qui pour les siens se tue.


Lire le poème en moyen français ici. (Ballade XIII)

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Alfred de Musset, au XIXe siècle, utilise l'allégorie du pélican dans un tout autre but :

Les plus désespérés sont les chants les plus beaux,
Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots.
Lorsque le pélican, lassé d'un long voyage,
Dans les brouillards du soir retourne à ses roseaux,
Ses petits affamés courent sur le rivage
En le voyant au loin s'abattre sur les eaux.
Déjà, croyant saisir et partager leur proie,
Ils courent à leur père avec des cris de joie
En secouant leurs becs sur leurs goitres hideux.
Lui, gagnant à pas lent une roche élevée,
De son aile pendante abritant sa couvée,
Pêcheur mélancolique, il regarde les cieux.
Le sang coule à longs flots de sa poitrine ouverte;
En vain il a des mers fouillé la profondeur;
L'océan était vide et la plage déserte;
Pour toute nourriture il apporte son cœur.
Sombre et silencieux, étendu sur la pierre,
Partageant à ses fils ses entrailles de père,
Dans son amour sublime il berce sa douleur;
Et, regardant couler sa sanglante mamelle,
Sur son festin de mort il s'affaisse et chancelle,
Ivre de volupté, de tendresse et d'horreur.
Mais parfois, au milieu du divin sacrifice,
Fatigué de mourir dans un trop long supplice,
Il craint que ses enfants ne le laissent vivant;
Alors il se soulève, ouvre son aile au vent,
Et, se frappant le cœur avec un cri sauvage,
Il pousse dans la nuit un si funèbre adieu,
Que les oiseaux des mers désertent le rivage,
Et que le voyageur attardé sur la plage,
Sentant passer la mort se recommande à Dieu.




La Muse, dans la Nuit de Mai, raconte cette histoire au poète, qui doit puiser dans ses entrailles pour créer, la souffrance étant le moteur de la création chez les Romantiques :


Poète, c'est ainsi que font les grands poètes.
Ils laissent s'égayer ceux qui vivent un temps;
Mais les festins humains qu'ils servent à leurs fêtes
Ressemblent la plupart à ceux des pélicans.
Quand ils parlent ainsi d'espérances trompées,
De tristesse et d'oubli, d'amour et de malheur,
Ce n'est pas un concert à dilater le cœur ;
Leurs déclamations sont comme des épées :
Elles tracent dans l'air un cercle éblouissant;
Mais il y pend toujours quelques gouttes de sang.


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Kashima
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Message  Invité Sam 16 Nov 2013 - 19:26

The Pelican Portrait, c.1575, by Hilliard, Portrait d'Elisabeth I. d'Angleterre
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Surnommée la Reine-Vierge, elle ne se maria pas et n'eut pas d'héritier. Sur presque tous ses portraits, Élisabeth porte des atours absolument stupéfiants.
Sur le "Pelican Portrait" : la broche représentant le pélican qui s'ouvre le cœur avec son bec pour nourrir ses petits de son sang

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