Littérature des grands froids
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Littérature des grands froids
Quelques suggestions ou lectures d'auteurs norvégiens, suédois, finlandais...
J'ai lu, il y a quelques années, ce livre :
"Les poètes, les enfants, les simples d'esprit ont reçu la grâce de voir au-delà des apparences, d'entendre l'inaudible et de se trouver directement au cœur de l'essentiel. Le don de Tarjei Vesaas, peut-être le plus grand écrivain norvégien de ce siècle (1897-1970), aura été de savoir abolir la dérisoire ligne de démarcation entre vie et mort, solitude et présence. Il n'y a pas d'explication toute prête à proposer de ce chef-d'œuvre qu'est Palais de glace, tant la symbolique en est riche et les harmoniques multiples. Peut-être ne s'agit-il que d'une variation intensément poétique sur le grand secret du thème sacré : l'amour plus fort que la mort. Les deux petites filles qui s'aiment à en mourir, qui aiment l'amour plus qu'elles-mêmes réalisent leur rêve fou, l'une dans la fantastique splendeur de la cascade figée par le gel en un sublime château de glace, l'autre dans un immatériel palais du souvenir. Et l'art de Vesaas, fait d'approches timides, d'élans retenus, d'ébauches à demi suggérées édifie en un texte impeccable un mausolée d'images prestigieuses, de phrases chantantes qui atteint une perfection narrative rarement égalée dans son œuvre."
Merci à Amélie pour cette suggestion...
J'ai lu, il y a quelques années, ce livre :
"Les poètes, les enfants, les simples d'esprit ont reçu la grâce de voir au-delà des apparences, d'entendre l'inaudible et de se trouver directement au cœur de l'essentiel. Le don de Tarjei Vesaas, peut-être le plus grand écrivain norvégien de ce siècle (1897-1970), aura été de savoir abolir la dérisoire ligne de démarcation entre vie et mort, solitude et présence. Il n'y a pas d'explication toute prête à proposer de ce chef-d'œuvre qu'est Palais de glace, tant la symbolique en est riche et les harmoniques multiples. Peut-être ne s'agit-il que d'une variation intensément poétique sur le grand secret du thème sacré : l'amour plus fort que la mort. Les deux petites filles qui s'aiment à en mourir, qui aiment l'amour plus qu'elles-mêmes réalisent leur rêve fou, l'une dans la fantastique splendeur de la cascade figée par le gel en un sublime château de glace, l'autre dans un immatériel palais du souvenir. Et l'art de Vesaas, fait d'approches timides, d'élans retenus, d'ébauches à demi suggérées édifie en un texte impeccable un mausolée d'images prestigieuses, de phrases chantantes qui atteint une perfection narrative rarement égalée dans son œuvre."
Merci à Amélie pour cette suggestion...
Kashima- Faux-monnayeur
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Date d'inscription : 29/09/2008
L'enfant brûlé, Stig Dagerman
C'est un livre étrange, à part, avec ce qui le classe dans la littérature, plus que le style : l'atmosphère.
On enterre Alma, la mère de Bengt. L'ambiance est glaciale, surtout qu'on est en Suède et que dehors, il neige. Il y a les soeurs du père, la belle et la laide, la fiancée de Bengt, une jeune fille très fragile, qui pleure toujours beaucoup et a souvent mal à la tête, et des voisins. Une quinzaine de personnes vont enterrer Alma.
La narration à la 3e personne se focalise sur les pensées du fils, Bengt, personnage que j'ai trouvé plutôt détestable, qui ne m'a pas du tout été attachant, que je trouve même ignoble dans ses réactions et sentiments. Il y a un malaise à la lecture parce qu'on sent qu'il existe en lui une folie et une cruauté et qu'on ne sait pas comment celle-ci va se révéler.
Du vivant de la mère, Knut, le père, avait une maîtresse. Malgré le deuil, il ne la cache plus très longtemps à son fils. Bengt éprouve de la haine, de la jalousie, une confusion des sentiments qui le pousse à désirer Gun, l'amante de son propre père.
C'est vraiment particulier car très tendu. J'ai détesté les passages qui mettent en scène le chien et la métaphore des "petits chiens" auxquels le narrateur compare les humains.
La narration alterne aussi avec des passages à "je", des lettres écrites par Bengt à lui-même ou à d'autres, sa fiancée, son père, Gun...
Bengt m'a fait l'effet d'un égoïste froid et en même temps, me semblait très proche de ce qu'est un humain véritable. Ce livre est complètement désespéré.
“Terrible est la neige qui tombe en silence et pesamment, dehors, et qui enterre tous les vivants et tous les morts.”
“Être ivre c’est ne voir que de belles lumières gaies, et des angles arrondis à ce qui d’ordinaire a des angles vifs.”
“On doit agir vite avec une personne ivre. Sinon, c’est tout de suite trop tard, car être ivre, c’est ne pouvoir supporter le silence.”
“Dans l’ivresse tout est également vrai. Il n’en est pas de même lorsqu’on n’a pas bu. Pourtant les choses qui étaient vraies dans l’ivresse ne perdent pas tout à fait leur vérité ensuite. On se souvient vaguement de ce qu’on a dit et on commence à y penser. Alors on découvre qu’il y a dedans une petite vérité.”
“Nous portons tous l’image d’une chose terrible qui nous arrivera une fois, quand il fera très sombre, l’image de quelqu’un que nous rencontrerons un soir de pluie et de grand vent, l’image de quelqu’un que nous trouverons debout derrière la porte en entrant dans une chambre. Nous portons tous en nous l’image d’un spectre.”
“Qu’est-ce que l’éducation sinon un effort de parents irrités pour étouffer ce qu’ils reconnaissent chez leurs enfants comme étant ce qu’ils ont étouffé de meilleur en eux-mêmes?”
“Il n’y a rien d’aussi beau que les premières minutes de solitude avec celui qui pourrait nous aimer. (…) Il n’y a rien d’aussi silencieux que ces minutes, rien d’aussi saturé de suave attente. C’est pour ces quelques minutes qu’on aime et non pour toutes celles qui suivront. Ils savent que plus jamais rien de si beau ne leur arrivera.”
“Nous qui savons ce que nous faisons, nous ressemblons à des joueurs d’échecs. Nous ne demandons pas où nous devons placer nos pièces. Nous n’avons même pas de respect pour les reines.”
“Être pur, c’est ressentir en soi un feu auquel ne résiste aucun doute, aucune lâcheté, aucun scrupule.”
“Aimer c’est être curieux. N’est beau que ce qui ne nous a pas encore satisfaits. N’est beau, peut-être, que ce qui est nouveau. En tout cas nous ne pouvons aimer que ce qui est nouveau. Pour aimer quelqu’un que nous sommes parvenus à bien connaître il est nécessaire de commencer par l’oublier, non entièrement mais beaucoup.”
“Ainsi est-elle, lui dit son instinct, ainsi est-elle celle que j’aime. Lorsqu’elle a suffisamment joui elle dort. Si elle s’éveille elle ne s’éveille que pour jouir. Moi qui suis pur, je ne peux que la haïr. Oh! la pureté est un terrible personnage qui toujours porte ce masque.”
“Si l’on veut qu’une femme nous aime il ne faut pas l’obliger à se demander si “réellement” elle nous aime. Car en fin de compte ce que nous faisons “réellement” est bien peu de choses. Si on cherche à savoir la vérité, on s’aperçoit que la sonde n’atteint jamais le fond, et notre profondeur nous épouvante. On n’est vraiment épouvanté que lorsqu’on a compris qu’il est un autre notre nom trop profond : le vide.”
“Sa bouche est comme une plante carnivore. Quand on l’embrasse on a l’impression de s’enfoncer dans un marais.”
Kashima- Faux-monnayeur
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Ennuis de noce, Stig Dagerman
Le roman s'ouvre ainsi :
L'escargot est l'un des personnages. Dans le premier chapitre, on apprend que Hildur va se marier avec le boucher du village, bien plus vieux qu'elle mais qui a une situation confortable. Par touches, les personnages qui gravitent autour d'elle se dessinent. C'est une écriture impressionniste, très maîtrisée, qui fait avancer l'histoire d'une drôle de façon, sans linéarité apparente. L'événement central, c'est le mariage qu'on attend, quand on remettra la jeune femme à cet ogre...
L'atmosphère est envoûtante, troublante, et elle met aussi mal à l'aise.
Qui a frappé en pleine nuit à la porte de la future mariée?
La servante du boucher est enceinte ; la mère de Hildur est triste de perdre son enfant ; l'aînée, à 35 ans, n'est toujours pas mariée et le père, l'Escargot, vit dans le grenier (au du moins à l'étage).
Il faut une immense habileté pour arriver à un tel résultat, entre poésie et roman, pour installer une telle ambiance dans ces pages.
L'escargot est l'un des personnages. Dans le premier chapitre, on apprend que Hildur va se marier avec le boucher du village, bien plus vieux qu'elle mais qui a une situation confortable. Par touches, les personnages qui gravitent autour d'elle se dessinent. C'est une écriture impressionniste, très maîtrisée, qui fait avancer l'histoire d'une drôle de façon, sans linéarité apparente. L'événement central, c'est le mariage qu'on attend, quand on remettra la jeune femme à cet ogre...
L'atmosphère est envoûtante, troublante, et elle met aussi mal à l'aise.
Qui a frappé en pleine nuit à la porte de la future mariée?
La servante du boucher est enceinte ; la mère de Hildur est triste de perdre son enfant ; l'aînée, à 35 ans, n'est toujours pas mariée et le père, l'Escargot, vit dans le grenier (au du moins à l'étage).
Il faut une immense habileté pour arriver à un tel résultat, entre poésie et roman, pour installer une telle ambiance dans ces pages.
Kashima- Faux-monnayeur
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Jorn Riel, La vierge froide et autres racontars
Je suis venue à ce livre pour le titre et la couverture, et je n'ai pas été déçue par les histoires qui y sont racontées. Au Groenland, les hommes sont des chasseurs. Ils vivent souvent par deux dans ces contrées froides, se nourrissent de leurs chasses, collectent les peaux pour les revendre plus tard, quand ils reprendront le bateau qui les a conduits ici.
On retrouve, d'une histoire à l'autre, les mêmes personnages sous un angle différent.
"Le dressage d'un lieutenant" raconte comment Lieutenant Hansen oblige, à son arrivée, les hommes sur place à une discipline de guerre : ils doivent faire de nombreux exercices militaires au point qu'ils ne peuvent plus s'adonner à leurs chasses. Ils décident de se liguer et de donner une leçon au lieutenant.
Dans "La vierge froide", l'une de mes préférées, il est question d'une femme d'une femme inventée par Mads Madsen : Emma est sa femme rêvée, il lui parle, passe ses nuits avec elle jusqu'au jour où William le Noir s'éprend d'elle à son tour. Emma trompe Mads avec lui, et William avoue à son ami qu'elle veut partir avec lui. Il la rachète chère à Mads Madsen. Mais la renommée de cette femme se répand dans les alentours, et on s'arrache Emma, la femme imaginaire.
"La femme devient en Arctique une entité lointaine et imaginaire, à laquelle on ne fait allusion qu'avec des tournures vagues et prudentes."
L’histoire de l'amitié entre Herbert et son coq est très jolie, comme celle du Vieux-Niels avec son cochon Oscar.
On se bat aussi pour des toilettes ; un tatoueur débarque et fait fortune grâce à la naïveté des hommes sur place...
Ce recueil d'anecdotes inspirées par ce qu'a vécu Jorn Riel sur la banquise est divertissant. Je le conseillerais comme rafraichissement en été!
"Jørn Riel s'est engagé en 1950 dans une expédition scientifique (Lauge koche) pour le nord-est du Groenland, où il passera seize années, notamment sur une base d'étude de l'île d'Ella. De ce séjour, il tirera le versant arctique de son œuvre littéraire, dont la dizaine de volumes humoristiques des Racontars arctiques, ou la trilogie Le Chant pour celui qui désire vivre. Dans ces romans, dédiés à son ami Paul-Émile Victor, Jørn Riel s'attache à raconter la vie des populations du Groenland."
Kashima- Faux-monnayeur
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Arto Paasilinna, Le lièvre de Vatanen
Tout commençait bien : un journaliste et un photographe sont sur la route. Soudain, ils percutent un lièvre. Vatanen sort de la voiture tandis que son collègue photographe râle contre l'animal.
Le levraut a une patte cassée : Vatanen disparaît du champ de vision du photographe qui fulmine et repart sans l'attendre plus longtemps. Vatanen a décidé de garder ce lièvre avec lui et de changer de vie : il ne rentrera pas à la maison, quittera sa femme et partira à l'aventure avec son lièvre apprivoisé.
L'amitié entre l'homme et la bête avait tout pour me plaire mais, très vite, je me suis ennuyée (à partir de l'incendie de la forêt, un peu avant la moitié du livre). Je n'ai plus été intéressée par les situations et les personnages. Je trouve que l'ensemble manque de panache et qu'on assiste à un catalogue de situations pas très prenantes. J'ai abandonné.
Le levraut a une patte cassée : Vatanen disparaît du champ de vision du photographe qui fulmine et repart sans l'attendre plus longtemps. Vatanen a décidé de garder ce lièvre avec lui et de changer de vie : il ne rentrera pas à la maison, quittera sa femme et partira à l'aventure avec son lièvre apprivoisé.
L'amitié entre l'homme et la bête avait tout pour me plaire mais, très vite, je me suis ennuyée (à partir de l'incendie de la forêt, un peu avant la moitié du livre). Je n'ai plus été intéressée par les situations et les personnages. Je trouve que l'ensemble manque de panache et qu'on assiste à un catalogue de situations pas très prenantes. J'ai abandonné.
Kashima- Faux-monnayeur
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Pan, Knut Hamsun
Ce livre, considéré comme un chef d’œuvre, n'a pas été pour moi un choc littéraire, même si j'en ai aimé la lecture. Certes, il y a une certaine poésie, une ambiance très étrange, quelque chose qui pèse dans cette nature habitée par Glahn, le chasseur. On ne sait pas vraiment d'où émane la folie des personnages qui sont pourtant très ordinaires, retranchés dans leur petite vie.
On retrouve aussi l'atmosphère nordique des romans de Stig Dagerman, cette bizarrerie qui s'inscrit chez le commun des mortels.
Mais le narrateur est horripilant! Un anti-héros, un homme détestable, égoïste, pas du tout attachant, un chasseur plein de froideur, qui ne s'anime jamais par amour de l'autre, mais en fonction de l'intérêt qu'on lui porte, par orgueil. Il s'éprend d'Edvarda, dont le comportement est lui aussi très étonnant. On ne sait jamais si ses caprices viennent du manque de sociabilité de Glahn, si elle s'adapte à cet amoureux renfermé sur lui-même ou si elle est aussi égocentrique que lui.
Les femmes sont jeunes et belles ; elles sont des nymphes qui tombent parfois dans les filets de Pan : les étreint-il vraiment ou les rêve-t-il?
On retrouve aussi l'atmosphère nordique des romans de Stig Dagerman, cette bizarrerie qui s'inscrit chez le commun des mortels.
Mais le narrateur est horripilant! Un anti-héros, un homme détestable, égoïste, pas du tout attachant, un chasseur plein de froideur, qui ne s'anime jamais par amour de l'autre, mais en fonction de l'intérêt qu'on lui porte, par orgueil. Il s'éprend d'Edvarda, dont le comportement est lui aussi très étonnant. On ne sait jamais si ses caprices viennent du manque de sociabilité de Glahn, si elle s'adapte à cet amoureux renfermé sur lui-même ou si elle est aussi égocentrique que lui.
Les femmes sont jeunes et belles ; elles sont des nymphes qui tombent parfois dans les filets de Pan : les étreint-il vraiment ou les rêve-t-il?
Kashima- Faux-monnayeur
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