Une Forme de Vie
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Edencash :: Bibliothekos :: Amélie N.
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Une Forme de Vie
Le nouveau livre d'Amélie sort après-demain. Pas la chance de l'avoir lu quelques jours avant, comme l'an dernier... C'est donc le vrai compte-à-rebours, avec peut-être des rêves à la clé.
Voici en quelques mots le sujet :
Un certain Melvin Mapple, soldat depuis 6 ans à Bagdad, écrit à Amélie Nothomb.
"Ce matin-là, je reçus une lettre d'un genre nouveau :
Chère Amélie Nothomb,
Je suis soldat de 2e classe dans l'armée américaine, mon nom est Melvin Mapple, vous pouvez m'appeler Mel. Je suis posté à Bagdad depuis le début de cette fichue guerre, il y a plus de six ans. Je vous écris parce que je souffre comme un chien. J'ai besoin d'un peu de compréhension et vous, vous me comprendrez, je le sais.
Répondez-moi. J'espère vous lire bientôt.
Melvin Mapple
Bagdad, le 18/12/2008
Je crus d'abord à un canular. À supposer que ce Melvin Mapple existe, avait-il le droit de m'écrire de telles choses ? N'y avait-il pas une censure militaire qui n'eût jamais laissé passer le «fucking» devant «war» ?"
Dire que les derniers d'Amélie étaient les meilleurs qu'elle ait écrit serait exagéré : Le fait du Prince et Le Voyage d'Hiver ne font pas partie des livres qui bouleversent. En revanche, on y trouve toujours quelque chose de pas commun qui fait son style. Et c'est un de mes petits plaisirs annuels qui précèdent la rentrée et la rendent moins angoissante...
Voici en quelques mots le sujet :
Un certain Melvin Mapple, soldat depuis 6 ans à Bagdad, écrit à Amélie Nothomb.
"Ce matin-là, je reçus une lettre d'un genre nouveau :
Chère Amélie Nothomb,
Je suis soldat de 2e classe dans l'armée américaine, mon nom est Melvin Mapple, vous pouvez m'appeler Mel. Je suis posté à Bagdad depuis le début de cette fichue guerre, il y a plus de six ans. Je vous écris parce que je souffre comme un chien. J'ai besoin d'un peu de compréhension et vous, vous me comprendrez, je le sais.
Répondez-moi. J'espère vous lire bientôt.
Melvin Mapple
Bagdad, le 18/12/2008
Je crus d'abord à un canular. À supposer que ce Melvin Mapple existe, avait-il le droit de m'écrire de telles choses ? N'y avait-il pas une censure militaire qui n'eût jamais laissé passer le «fucking» devant «war» ?"
Dire que les derniers d'Amélie étaient les meilleurs qu'elle ait écrit serait exagéré : Le fait du Prince et Le Voyage d'Hiver ne font pas partie des livres qui bouleversent. En revanche, on y trouve toujours quelque chose de pas commun qui fait son style. Et c'est un de mes petits plaisirs annuels qui précèdent la rentrée et la rendent moins angoissante...
Kashima- Faux-monnayeur
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Date d'inscription : 29/09/2008
Re: Une Forme de Vie
Merci Kashima!
Néanmoins, le sujet de ce nouveau livre ne me laisse rien augurer d'exceptionnel : à quand un nouveau Métaphysique des tubes?...
Quelle barbe! :
Néanmoins, le sujet de ce nouveau livre ne me laisse rien augurer d'exceptionnel : à quand un nouveau Métaphysique des tubes?...
Quelle barbe! :
Invité- Invité
Re: Une Forme de Vie
Jour J retardé, mais je compte bien le lire aujourd'hui...
Kashima- Faux-monnayeur
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Date d'inscription : 29/09/2008
Re: Une Forme de Vie
Je l'ai!
Kashima- Faux-monnayeur
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Date d'inscription : 29/09/2008
Phrases-chiens
Anonymous, cette phrase était de trop.
Aucun rapport, ce qui suit, vraiment aucun car ce serait trop d'honneur. Juste quelques notes au fil de la lecture, avant le verdict.
"Il y a des phrases-chiens. C'est traître."
Pour l'instant, Amélie correspond avec Melvin Mapple, un soldat américain envoyé en Irak. Sa particularité : il est obèse...
Aucun rapport, ce qui suit, vraiment aucun car ce serait trop d'honneur. Juste quelques notes au fil de la lecture, avant le verdict.
"Il y a des phrases-chiens. C'est traître."
Pour l'instant, Amélie correspond avec Melvin Mapple, un soldat américain envoyé en Irak. Sa particularité : il est obèse...
Kashima- Faux-monnayeur
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Date d'inscription : 29/09/2008
Correspondance épistolaire
Fini! J'ai hâte d'en parler. C'était un régal. Un bon cru qui parle de la correspondance épistolaire. Un cru autobiographique!
Kashima- Faux-monnayeur
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Date d'inscription : 29/09/2008
Ecrire, une forme de vie
Une forme de vie, comme celle que peuvent vivre les amibes, les microbes, les êtres sans véritable existence.
Le 18 décembre 2008, Amélie Nothomb reçoit une lettre de Bagdad : un soldat américain, du nom de Melvil Mapple, décide de lui dire sa souffrance. Au fil des lettres, elle se rend compte que cet homme est obèse. Il ne pesait que 55kg en entrant dans l'armée et la boulimie provoquée par les conflits l'a fait manger sans vomir, à n'en plus finir, jusqu'à ce qu'il atteigne les 180 kg.
Sa graisse, il l'appelle Shéhérazade ; c'est une femme, peut-être une Irakienne qu'il a pu tuer lors des raids, une femme svelte toujours blottie contre lui. C'est ainsi qu'il accepte son obésité.
Un jour, Amélie, parlant à la légère, lui raconte l'histoire d'une anorexique qui a fait un mémoire avec des photos, des pesées de sa propre maladie. Que n'a-t-elle pas dit! Melvil se met en tête de devenir une œuvre d'art...
Obésité, laideur, des sujets qu'Amélie chérit. Le vrai sujet, ici, c'est celui de la correspondance, celle qu'elle entretient avec ses lecteurs (2000 correspondants, d'après elle dans le livre). Le lecteur qui échange des lettres avec elle sera avide et dans la terreur à la fois de s'y reconnaître : ouf, ce n'est pas moi! Mince, alors, je ne suis pas comme ça, quand même? L'être humain étant incorrigible et ne voulant pas voir ses défauts, tout lecteur écrivant à Amélie ne voudra pas se reconnaître dans les multiples mini-portraits qu'elle peint. Moi la première! Errare humanum est.
Amélie place au-dessus du réel la relation épistolaire. Des pages, à ce sujet, sont le contrepied de ce qu'on entend toujours : l'amitié ne peut exister qu'avec un être de chair. Justement, elle s'offusque contre cette idée que l'échange serait meilleur quand on est face à face. Mais place à Amélie au lieu de faire de la paraphrase :
"Il y a des gens qui gagnent à être côtoyés et d'autres qui gagnent à être lus. (...) Il y a des personnes que je connais uniquement par l'épistolaire. Certes, je serais curieuse de les voir, mais c'est loin d'être indispensable. Et les rencontrer ne serait pas inoffensif."
Elle soulève dans la foulée cette question :
"Faut-il rencontrer les écrivains?"
Le livre se lit bien, c'est limpide, agréable, léger tout en cachant sa légèreté d'écriture, comme d'habitude. Pas de tics de langage, comme on aurait pu le regretter dans d'autres œuvres, pas d'excès de citations, même aucune.
Et on est surpris par la fin que je ne révèlerai pas, qui nous ramène à Amélie et à sa condition d'écrivain : pourquoi j'écris?
Amélie n'a-t-elle pas écrit un hymne à sa propre folie?
Pour l'anecdote, dans le livre, la gageure est relevée : c'est un temple au Pneu! Le pneu de la graisse de Melvil, le garage à pneus... Nous n'en ressortons pas frustrés.
Le 18 décembre 2008, Amélie Nothomb reçoit une lettre de Bagdad : un soldat américain, du nom de Melvil Mapple, décide de lui dire sa souffrance. Au fil des lettres, elle se rend compte que cet homme est obèse. Il ne pesait que 55kg en entrant dans l'armée et la boulimie provoquée par les conflits l'a fait manger sans vomir, à n'en plus finir, jusqu'à ce qu'il atteigne les 180 kg.
Sa graisse, il l'appelle Shéhérazade ; c'est une femme, peut-être une Irakienne qu'il a pu tuer lors des raids, une femme svelte toujours blottie contre lui. C'est ainsi qu'il accepte son obésité.
Un jour, Amélie, parlant à la légère, lui raconte l'histoire d'une anorexique qui a fait un mémoire avec des photos, des pesées de sa propre maladie. Que n'a-t-elle pas dit! Melvil se met en tête de devenir une œuvre d'art...
Obésité, laideur, des sujets qu'Amélie chérit. Le vrai sujet, ici, c'est celui de la correspondance, celle qu'elle entretient avec ses lecteurs (2000 correspondants, d'après elle dans le livre). Le lecteur qui échange des lettres avec elle sera avide et dans la terreur à la fois de s'y reconnaître : ouf, ce n'est pas moi! Mince, alors, je ne suis pas comme ça, quand même? L'être humain étant incorrigible et ne voulant pas voir ses défauts, tout lecteur écrivant à Amélie ne voudra pas se reconnaître dans les multiples mini-portraits qu'elle peint. Moi la première! Errare humanum est.
Amélie place au-dessus du réel la relation épistolaire. Des pages, à ce sujet, sont le contrepied de ce qu'on entend toujours : l'amitié ne peut exister qu'avec un être de chair. Justement, elle s'offusque contre cette idée que l'échange serait meilleur quand on est face à face. Mais place à Amélie au lieu de faire de la paraphrase :
"Il y a des gens qui gagnent à être côtoyés et d'autres qui gagnent à être lus. (...) Il y a des personnes que je connais uniquement par l'épistolaire. Certes, je serais curieuse de les voir, mais c'est loin d'être indispensable. Et les rencontrer ne serait pas inoffensif."
Elle soulève dans la foulée cette question :
"Faut-il rencontrer les écrivains?"
Le livre se lit bien, c'est limpide, agréable, léger tout en cachant sa légèreté d'écriture, comme d'habitude. Pas de tics de langage, comme on aurait pu le regretter dans d'autres œuvres, pas d'excès de citations, même aucune.
Et on est surpris par la fin que je ne révèlerai pas, qui nous ramène à Amélie et à sa condition d'écrivain : pourquoi j'écris?
Amélie n'a-t-elle pas écrit un hymne à sa propre folie?
Pour l'anecdote, dans le livre, la gageure est relevée : c'est un temple au Pneu! Le pneu de la graisse de Melvil, le garage à pneus... Nous n'en ressortons pas frustrés.
Kashima- Faux-monnayeur
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Date d'inscription : 29/09/2008
Re: Une Forme de Vie
"il y a une jouissance que rien n'égale:l'illusion d'avoir du sens".
interseXion- L'antichambre
- Nombre de messages : 122
Date d'inscription : 03/07/2009
Re: Une Forme de Vie
La phrase que tu as retenue? Elle est belle.
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
Revue de presse : la vache qui écrit
Voici les articles parus sur Une Forme de Vie :
Libé au vitriol sur Amélie Nothomb
Le portrait de Libération de ce mardi est consacré à Amélie Nothomb. Et on peut dire que le quotidien n’y va pas de main morte ! « Elle m’énerve Amélie Nothomb ».
Libé au vitriol sur Amélie Nothomb
AFP
Dans son portrait subjectif, la journaliste s’attaque directement à l’écrivain et lui reproche de ne plus publier de « bons » romans. Seuls trois sur les dix-neufs romans seraient excellents : Hygiène de l’assassin, Stupeur et tremblements, et Biographie de la faim [que fait-elle de Métaphysique, le Sabotage?? Elle a perdu la mémoire entre temps?] Elle compare ses livres à des « Apéricubes ». Amélie connaîtrait une réelle « descente en flammes » depuis quelques années, selon la chroniqueuse. Elle compare son travail à celui de l’industrie car l’écrivain écrirait comme « une vache à traire », avec automatisme et sans réflexion [c'est là qu'elle se trompe car écrire est une nécessité, et pas celle de publier et de donner chaque mois de décembre un livre à l'éditeur. est-ce si dur de comprendre qu'Amélie est graphomane? Et que la langue française, étudiée, ingurgitée, assimilée, est si bien maniée à tous les coups?] Le but étant qu’à chaque rentrée littéraire, elle puisse présenter un roman au public ou plutôt un « amuse-gueule », comme le qualifie Sabine Cessou.
L’écrivain à la plume impeccable avait redonné de l’espoir aux amateurs de romans de qualité avec son tout premier « bébé », Hygiène de l’assassin. A l’âge de 25 ans, Amélie était consacrée « princesse des promesses littéraires ». Puis « plus rien », jusqu’à Stupeur et tremblements, cinq ans plus tard. Ce dernier roman a dès lors assuré à l’écrivaine quelque 250 000 ventes à chaque nouvel ouvrage. Ensuite, c’est à nouveau « la panne sèche », s’enflamme la journaliste. Ses œuvres ne sont que le résultat d’une souffrance profonde, qu’elle dévoile avec détail dans chacun de ses écrits. Ce « mal de vivre » dont la journaliste parle, inclut un suicide, une période d’alcoolisme, un viol et une phase d’anorexie, entre autres...
Un peu trop de malheurs pour une seule personne selon la journaliste, « A vous seule, vous êtes une demi douzaine de cas d’écoles pour thérapeutes chevronnés », s’exclame-t-elle. Il ne s’agit pas de douter des évènements douloureux qui ont bien pu frapper cette jeune dame.
Mais c’est surtout que l’on attend quelque chose d’épatant, digne de son talent [point sur lequel je suis d'accord, car Amélie n'a pas encore fait son chef d'oeuvre]. La journaliste lui suggère de délaisser au plus vite « le fromage sous vide » et de songer à se faire « soigner ». Ces critiques impitoyables ont un unique but, selon la journaliste. Celui d’amener l’écrivaine à « enfanter » un nouveau chef-d’œuvre. Impatiente et agacée, Sabine Cessou conclut avec force : « On veut du lourd. Du Nothomb» !
L'article dans son intégralité :
La vache qui (éc)rit
portrait
Descente en flammes (3/12). Amélie Nothomb,l’écrivaine qui travaille du chapeau livre en fermière des romans formatés où la douleur s’écrème.
Chère Amélie,
Vos livres sont au fromage ce que les Apéricubes sont à la littérature. Tous les matins, vous écrivez quatre heures, comme «vache à traire», dites-vous. Et chaque septembre, pour la rentrée littéraire, le public a droit à son amuse-gueule, bien ficelé, sous emballage doré. En couverture, une photo de vous, prise par un grand photographe, différent chaque année. Bref, de la bonne crèmerie qui sent bon l’industrie.
Vous aviez commencé fort, pourtant, livrant à 25 ans cette chose extrêmement corsée, amère et salée : Hygiène de l’assassin. On croyait lire du Michel Tournier qui se serait planqué sous un pseudonyme féminin, mais c’était bien vous, aussitôt consacrée princesse des promesses littéraires. Ensuite, plus rien. Pression ? Succès ? Fruits pourris ? Lait tourné ? La panne sèche a duré cinq romans, jusqu’à Stupeur et tremblements. Une japonaiserie sur vos malheurs au pays des salary men. Ce livre vous a propulsée dans la stratosphère des 250 000 ventes assurées, au bas mot, chaque fois que vous mettez bas - sans jeu de mots. Car ce sont bien vos «enfants», ces dix-neuf romans. «Je les aime tous, confirmez-vous, même ceux qui n’ont pas été publiés. J’ai pour eux un amour fou et ils me créent des problèmes infinis… Contre la dépression post-partum, j’ai trouvé le meilleur remède : je retombe enceinte tout de suite.»
Mais revenons à nos frometons. Après Stupeur…, que les fines bouches ont surnommé «Amélie au pays des fourmis» parce que vous vous y moquiez de vous-même, mais aussi des Japonais façon Edith Cresson, il y a encore eu panne sèche. Avec ce curieux phénomène d’amas de graisse littéraire (quatre romans publiés et 3,7 fois plus de manuscrits), qui ne va pas sans laisser comme un arrière-goût de redondance. L’emmerdeur des Catilinaires se retrouve dans Cosmétique de l’ennemi, tandis que l’imposteur du Fait du prince revient dans votre prochaine livraison, Une forme de vie. Reprenons : quatre Apéricubes plus loin, après Stupeur et tremblements, on arrive à Biographie de la faim. Et là, on arrête les vacheries.
On croyait devoir reprendre l’exploration voyeuriste de chaque centimètre carré de votre jardin d’enfance. On tombe dans un gouffre de souffrances. On comprend que les livres s’emboîtent, pièce par pièce, comme un puzzle géant qui représenterait, sur une estampe de Hokusai, une forêt de conifères aux branches ployant sous la neige du passé. Tant de poids accumulé. Mises bout à bout, ces pièces se mettent à résonner comme un début de requiem. L’intégrale pourrait s’appeler Identification d’une peine.
Ce mal de vivre d’enfant précoce vous mène au suicide à 3 ans (au Japon), vous voit devenir potomane vers 5 ans (une manie qui consiste à boire des litres et des litres d’eau), puis alcoolique à 10 ans (aux Etats-Unis). A 12 ans, vous êtes violée dans les vagues, au Bangladesh, d’où votre mère vous repêche, après vous avoir laissée y aller seule, insouciante. Cette scène de viol, sur laquelle vous passez si vite, en fin de chapitre, laisse la lectrice pantelante. «Au loin, on vit sortir de l’eau quatre Indiens de vingt ans, aux corps minces et violents. Ils s’enfuirent à la course. Ils ne furent jamais retrouvés. On ne me vit plus jamais dans aucune eau. La vie devint moins bien.» Ensuite, il y eut l’anorexie, à 13 ans, puis l’arrivée en Belgique, à 17 ans.
A vous seule, vous êtes une demi-douzaine de cas d’école pour thérapeutes chevronnés. Les livres refermés, on s’interroge. Que faisaient vos parents, père diplomate et mère au foyer ? Pour le viol, vous affirmez : «Ils étaient là, ils n’ont rien dit. Il n’en fut jamais question.Ça peut paraître fou, mais ça l’est encore plus, quand on sait que j’ai publié un livre qui en parle, et ils n’ont rien dit.»
A ce compte, on vous croit volontiers. C’est vrai, vous ne calculez rien. Vous n’avez jamais rêvé, enfant, d’être un grand écrivain très maquillé. Vous êtes à fond votre personnage, qui est lui-même votre bouée de sauvetage. Votre monstre intérieur, l’obèse affamé, est devenu votre fonds de commerce, et votre fonds de commerce, votre moyen de survie. Le reflet déformé que la télévision renvoie de vous, c’est celui d’une aristocrate vaguement gothique, légèrement décalquée, maniant le second degré comme un blindé. Vos rapports avec la presse ? «Un saut en parachute : rien de plus grisant, rien de plus dangereux aussi…» Comme vous avez les cartilages mous, vous retombez toujours sur vos pattes : vous vous en sortez par des pirouettes. Exemples. Qui admiriez-vous enfant ? «Jésus. Je voulais devenir Jésus. Un mythe, un martyr, tout ça. Il m’a fallu du temps pour voir que ce serait difficile à réaliser.» Ecrivez-vous votre propre légende ? «Une légende au petit pied ! Dans mon dernier livre, on voit que mon quotidien n’a pas de quoi faire rêver : j’ouvre le courrier du jour. Ma vie est plus proche de celle de Gaston Lagaffe que de celle de Jésus !» Y a-t-il un mot pour qualifier votre mal d’enfant ? «Honnêtement, jusqu’à 12 ans, c’était vachement bien. Si c’est une maladie, je ne demande qu’à l’avoir ! On a parlé d’autisme pendant la petite enfance. Par la suite, ça s’est arrangé. Un cas d’autoguérison. Après, je suis devenue mégalo…»
On comprend aussi que votre rapport au public soit votre came. Vous vous shootez au champagne, certes, mais aussi au courrier des lecteurs. Vous recevez et épluchez toute cette souffrance, parce qu’on ne manque pas de s’identifier, massivement, à la vôtre : «Avec moi, les gens savent qu’ils peuvent y aller, qu’ils peuvent se lâcher. » Quand on vous parle de votre succès, il vous arrive de citer Dalí : «Je suis victime de la médiocrité de mes contemporains.» Votre amie et néanmoins attachée de presse, Florence Godfernaux, vous situe «quelque part entre Mick Jagger et Dalida».
Mais ce qu’il y a de vraiment pop chez vous, c’est le rapport avec le public. Tous ces romans, comme des tournées, autant de rendez-vous pour les séances de dédicaces, où votre courtoisie n’a d’égale que l’admiration qu’on vous porte.
Chère Amélie, je sais : qui suis-je, pour oser vous le dire comme je le pense ? Lectrice, je ne peux que souhaiter vos adieux les plus rapides au fromage sous vide. Pourquoi ne pas se faire soigner ? «Trop de travail, dites-vous. Si je me couche sur le divan, je ne me relève plus.» S’ignorer soi-même : «Cela vaut peut-être mieux : sachez qui vous êtes et vous vous prendrez en grippe.» Vous tenez peut-être à garder «la fraîcheur de vos névroses», comme dirait Cioran. Mais nous, on attend toujours un quatrième roman. Du lourd. Du Nothomb.
Marre du fabuleux destin de la petite Amélie qui collectionne les étiquettes de fromage et se regarde dans la boucle d’oreille de la boucle d’oreille de la boucle d’oreille, à l’infini !
Libé au vitriol sur Amélie Nothomb
Le portrait de Libération de ce mardi est consacré à Amélie Nothomb. Et on peut dire que le quotidien n’y va pas de main morte ! « Elle m’énerve Amélie Nothomb ».
Libé au vitriol sur Amélie Nothomb
AFP
Dans son portrait subjectif, la journaliste s’attaque directement à l’écrivain et lui reproche de ne plus publier de « bons » romans. Seuls trois sur les dix-neufs romans seraient excellents : Hygiène de l’assassin, Stupeur et tremblements, et Biographie de la faim [que fait-elle de Métaphysique, le Sabotage?? Elle a perdu la mémoire entre temps?] Elle compare ses livres à des « Apéricubes ». Amélie connaîtrait une réelle « descente en flammes » depuis quelques années, selon la chroniqueuse. Elle compare son travail à celui de l’industrie car l’écrivain écrirait comme « une vache à traire », avec automatisme et sans réflexion [c'est là qu'elle se trompe car écrire est une nécessité, et pas celle de publier et de donner chaque mois de décembre un livre à l'éditeur. est-ce si dur de comprendre qu'Amélie est graphomane? Et que la langue française, étudiée, ingurgitée, assimilée, est si bien maniée à tous les coups?] Le but étant qu’à chaque rentrée littéraire, elle puisse présenter un roman au public ou plutôt un « amuse-gueule », comme le qualifie Sabine Cessou.
L’écrivain à la plume impeccable avait redonné de l’espoir aux amateurs de romans de qualité avec son tout premier « bébé », Hygiène de l’assassin. A l’âge de 25 ans, Amélie était consacrée « princesse des promesses littéraires ». Puis « plus rien », jusqu’à Stupeur et tremblements, cinq ans plus tard. Ce dernier roman a dès lors assuré à l’écrivaine quelque 250 000 ventes à chaque nouvel ouvrage. Ensuite, c’est à nouveau « la panne sèche », s’enflamme la journaliste. Ses œuvres ne sont que le résultat d’une souffrance profonde, qu’elle dévoile avec détail dans chacun de ses écrits. Ce « mal de vivre » dont la journaliste parle, inclut un suicide, une période d’alcoolisme, un viol et une phase d’anorexie, entre autres...
Un peu trop de malheurs pour une seule personne selon la journaliste, « A vous seule, vous êtes une demi douzaine de cas d’écoles pour thérapeutes chevronnés », s’exclame-t-elle. Il ne s’agit pas de douter des évènements douloureux qui ont bien pu frapper cette jeune dame.
Mais c’est surtout que l’on attend quelque chose d’épatant, digne de son talent [point sur lequel je suis d'accord, car Amélie n'a pas encore fait son chef d'oeuvre]. La journaliste lui suggère de délaisser au plus vite « le fromage sous vide » et de songer à se faire « soigner ». Ces critiques impitoyables ont un unique but, selon la journaliste. Celui d’amener l’écrivaine à « enfanter » un nouveau chef-d’œuvre. Impatiente et agacée, Sabine Cessou conclut avec force : « On veut du lourd. Du Nothomb» !
L'article dans son intégralité :
La vache qui (éc)rit
portrait
Descente en flammes (3/12). Amélie Nothomb,l’écrivaine qui travaille du chapeau livre en fermière des romans formatés où la douleur s’écrème.
Chère Amélie,
Vos livres sont au fromage ce que les Apéricubes sont à la littérature. Tous les matins, vous écrivez quatre heures, comme «vache à traire», dites-vous. Et chaque septembre, pour la rentrée littéraire, le public a droit à son amuse-gueule, bien ficelé, sous emballage doré. En couverture, une photo de vous, prise par un grand photographe, différent chaque année. Bref, de la bonne crèmerie qui sent bon l’industrie.
Vous aviez commencé fort, pourtant, livrant à 25 ans cette chose extrêmement corsée, amère et salée : Hygiène de l’assassin. On croyait lire du Michel Tournier qui se serait planqué sous un pseudonyme féminin, mais c’était bien vous, aussitôt consacrée princesse des promesses littéraires. Ensuite, plus rien. Pression ? Succès ? Fruits pourris ? Lait tourné ? La panne sèche a duré cinq romans, jusqu’à Stupeur et tremblements. Une japonaiserie sur vos malheurs au pays des salary men. Ce livre vous a propulsée dans la stratosphère des 250 000 ventes assurées, au bas mot, chaque fois que vous mettez bas - sans jeu de mots. Car ce sont bien vos «enfants», ces dix-neuf romans. «Je les aime tous, confirmez-vous, même ceux qui n’ont pas été publiés. J’ai pour eux un amour fou et ils me créent des problèmes infinis… Contre la dépression post-partum, j’ai trouvé le meilleur remède : je retombe enceinte tout de suite.»
Mais revenons à nos frometons. Après Stupeur…, que les fines bouches ont surnommé «Amélie au pays des fourmis» parce que vous vous y moquiez de vous-même, mais aussi des Japonais façon Edith Cresson, il y a encore eu panne sèche. Avec ce curieux phénomène d’amas de graisse littéraire (quatre romans publiés et 3,7 fois plus de manuscrits), qui ne va pas sans laisser comme un arrière-goût de redondance. L’emmerdeur des Catilinaires se retrouve dans Cosmétique de l’ennemi, tandis que l’imposteur du Fait du prince revient dans votre prochaine livraison, Une forme de vie. Reprenons : quatre Apéricubes plus loin, après Stupeur et tremblements, on arrive à Biographie de la faim. Et là, on arrête les vacheries.
On croyait devoir reprendre l’exploration voyeuriste de chaque centimètre carré de votre jardin d’enfance. On tombe dans un gouffre de souffrances. On comprend que les livres s’emboîtent, pièce par pièce, comme un puzzle géant qui représenterait, sur une estampe de Hokusai, une forêt de conifères aux branches ployant sous la neige du passé. Tant de poids accumulé. Mises bout à bout, ces pièces se mettent à résonner comme un début de requiem. L’intégrale pourrait s’appeler Identification d’une peine.
Ce mal de vivre d’enfant précoce vous mène au suicide à 3 ans (au Japon), vous voit devenir potomane vers 5 ans (une manie qui consiste à boire des litres et des litres d’eau), puis alcoolique à 10 ans (aux Etats-Unis). A 12 ans, vous êtes violée dans les vagues, au Bangladesh, d’où votre mère vous repêche, après vous avoir laissée y aller seule, insouciante. Cette scène de viol, sur laquelle vous passez si vite, en fin de chapitre, laisse la lectrice pantelante. «Au loin, on vit sortir de l’eau quatre Indiens de vingt ans, aux corps minces et violents. Ils s’enfuirent à la course. Ils ne furent jamais retrouvés. On ne me vit plus jamais dans aucune eau. La vie devint moins bien.» Ensuite, il y eut l’anorexie, à 13 ans, puis l’arrivée en Belgique, à 17 ans.
A vous seule, vous êtes une demi-douzaine de cas d’école pour thérapeutes chevronnés. Les livres refermés, on s’interroge. Que faisaient vos parents, père diplomate et mère au foyer ? Pour le viol, vous affirmez : «Ils étaient là, ils n’ont rien dit. Il n’en fut jamais question.Ça peut paraître fou, mais ça l’est encore plus, quand on sait que j’ai publié un livre qui en parle, et ils n’ont rien dit.»
A ce compte, on vous croit volontiers. C’est vrai, vous ne calculez rien. Vous n’avez jamais rêvé, enfant, d’être un grand écrivain très maquillé. Vous êtes à fond votre personnage, qui est lui-même votre bouée de sauvetage. Votre monstre intérieur, l’obèse affamé, est devenu votre fonds de commerce, et votre fonds de commerce, votre moyen de survie. Le reflet déformé que la télévision renvoie de vous, c’est celui d’une aristocrate vaguement gothique, légèrement décalquée, maniant le second degré comme un blindé. Vos rapports avec la presse ? «Un saut en parachute : rien de plus grisant, rien de plus dangereux aussi…» Comme vous avez les cartilages mous, vous retombez toujours sur vos pattes : vous vous en sortez par des pirouettes. Exemples. Qui admiriez-vous enfant ? «Jésus. Je voulais devenir Jésus. Un mythe, un martyr, tout ça. Il m’a fallu du temps pour voir que ce serait difficile à réaliser.» Ecrivez-vous votre propre légende ? «Une légende au petit pied ! Dans mon dernier livre, on voit que mon quotidien n’a pas de quoi faire rêver : j’ouvre le courrier du jour. Ma vie est plus proche de celle de Gaston Lagaffe que de celle de Jésus !» Y a-t-il un mot pour qualifier votre mal d’enfant ? «Honnêtement, jusqu’à 12 ans, c’était vachement bien. Si c’est une maladie, je ne demande qu’à l’avoir ! On a parlé d’autisme pendant la petite enfance. Par la suite, ça s’est arrangé. Un cas d’autoguérison. Après, je suis devenue mégalo…»
On comprend aussi que votre rapport au public soit votre came. Vous vous shootez au champagne, certes, mais aussi au courrier des lecteurs. Vous recevez et épluchez toute cette souffrance, parce qu’on ne manque pas de s’identifier, massivement, à la vôtre : «Avec moi, les gens savent qu’ils peuvent y aller, qu’ils peuvent se lâcher. » Quand on vous parle de votre succès, il vous arrive de citer Dalí : «Je suis victime de la médiocrité de mes contemporains.» Votre amie et néanmoins attachée de presse, Florence Godfernaux, vous situe «quelque part entre Mick Jagger et Dalida».
Mais ce qu’il y a de vraiment pop chez vous, c’est le rapport avec le public. Tous ces romans, comme des tournées, autant de rendez-vous pour les séances de dédicaces, où votre courtoisie n’a d’égale que l’admiration qu’on vous porte.
Chère Amélie, je sais : qui suis-je, pour oser vous le dire comme je le pense ? Lectrice, je ne peux que souhaiter vos adieux les plus rapides au fromage sous vide. Pourquoi ne pas se faire soigner ? «Trop de travail, dites-vous. Si je me couche sur le divan, je ne me relève plus.» S’ignorer soi-même : «Cela vaut peut-être mieux : sachez qui vous êtes et vous vous prendrez en grippe.» Vous tenez peut-être à garder «la fraîcheur de vos névroses», comme dirait Cioran. Mais nous, on attend toujours un quatrième roman. Du lourd. Du Nothomb.
Marre du fabuleux destin de la petite Amélie qui collectionne les étiquettes de fromage et se regarde dans la boucle d’oreille de la boucle d’oreille de la boucle d’oreille, à l’infini !
Kashima- Faux-monnayeur
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Pélerin magazine
Amélie Nothomb fait sa rentrée littéraire !
Pour fêter la rentrée littéraire, Pèlerin a invité l’écrivain Amélie Nothomb – dont le dernier roman Une forme de vie * est sorti le 18 août – à se livrer au jeu des questions-réponses.
Le résultat est surprenant… De quoi confirmer qu’Amélie Nothomb est bien plus qu’un auteur, c’est un personnage !
Pèlerin : la dernière fois que vous avez ri ?
Amélie Nothomb : en voyant Toy story 3.
La dernière fois que vous avez pleuré ?
En voyant L’illusionniste .
Votre principale qualité ?
L’enthousiasme.
Votre principal défaut ?
La patience.
Votre péché mignon ?
Le chocolat lait-noisettes entières Côte d’Or.
Votre péché mortel ?
Le champagne.
Une raison d’espérer ?
Le champagne Pop.
Un remord, un regret ?
Jamais.
Qui voyez-vous au paradis ?
Balzac.
C'est quoi l'enfer pour vous ?
Un appartement mal chauffé l’hiver.
Un geste d’amour ?
Serrer dans ses bras.
Le comble de la méchanceté ?
Me voler ma part de tarte au chocolat.
Ce qui vous rend meilleure ?
La belle musique.
Ce qui vous met en colère ?
Le mépris.
La dernière fois que vous avez demandé pardon ?
Il y a deux semaines…
Un vœu, une prière ?
Trouver un peu de paix.
Qu’aimeriez-vous dire à Dieu ?
À votre santé !
Pour fêter la rentrée littéraire, Pèlerin a invité l’écrivain Amélie Nothomb – dont le dernier roman Une forme de vie * est sorti le 18 août – à se livrer au jeu des questions-réponses.
Le résultat est surprenant… De quoi confirmer qu’Amélie Nothomb est bien plus qu’un auteur, c’est un personnage !
Pèlerin : la dernière fois que vous avez ri ?
Amélie Nothomb : en voyant Toy story 3.
La dernière fois que vous avez pleuré ?
En voyant L’illusionniste .
Votre principale qualité ?
L’enthousiasme.
Votre principal défaut ?
La patience.
Votre péché mignon ?
Le chocolat lait-noisettes entières Côte d’Or.
Votre péché mortel ?
Le champagne.
Une raison d’espérer ?
Le champagne Pop.
Un remord, un regret ?
Jamais.
Qui voyez-vous au paradis ?
Balzac.
C'est quoi l'enfer pour vous ?
Un appartement mal chauffé l’hiver.
Un geste d’amour ?
Serrer dans ses bras.
Le comble de la méchanceté ?
Me voler ma part de tarte au chocolat.
Ce qui vous rend meilleure ?
La belle musique.
Ce qui vous met en colère ?
Le mépris.
La dernière fois que vous avez demandé pardon ?
Il y a deux semaines…
Un vœu, une prière ?
Trouver un peu de paix.
Qu’aimeriez-vous dire à Dieu ?
À votre santé !
Kashima- Faux-monnayeur
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Le Figaro
La face cachée d'Amélie Nothomb
Chapeau bas ! C'est le dix-neuvième livre d'Amélie Nothomb en dix-neuf années, et la romancière réussit à nous surprendre encore. Elle ose même créer un personnage principal qui nous rappelle quelqu'un : Amélie Nothomb. Un personnage ? Pas si sûr, puisque dans ce roman épistolaire, tout ce qui lui arrive s'est réellement passé. En revanche, le second personnage, Melvin Mapple, est inventé, comme ces lettres qu'il lui envoie.
Dans le roman, Nothomb écrit à ce soldat américain qui se retrouve en Irak et désire se révolter contre la guerre en devenant obèse, il gagne une centaine de kilos en autant de pages. À travers cette correspondance, on découvre la face cachée de l'auteur, et cette révélation : ce qu'elle vit avec ses lecteurs, ses admirateurs - et ils sont nombreux - n'est pas toujours rose.
Sous un ton presque amusé, elle dit sa souffrance et le poids d'une responsabilité offerte par d'autres qu'elle n'a pas cherché à refuser. Elle dit aussi ce qui la pousse à écrire tous les jours, à se réveiller à 4 heures du matin - sans y être forcée et sans que ce soit sa nature. Et, avouons-le : ce livre est touchant, aussi. Parce qu'il a l'air si éloigné du mensonge, de la fabrication, et que l'on rencontre une femme généreuse par imprudence - elle ne peut faire autrement. Elle le souligne : «Je vais écrire une chose grave et vraie : je suis cet être poreux à qui les gens font jouer un rôle écrasant dans leur vie.»
«Chercher désespérément la porte de sortie
Elle se montre souvent ironique, parfois mordante : «Il n'empêche que les gens allégeraient mon existence en m'épargnant ces continuelles suppliques.» Un conseil : elle les préfère courtes, «c'est une loi de la nature, dussé-je me répéter : la lettre désirée est courte, la missive indésirable est volumineuse. Cela se retrouve à tous les niveaux du désir….» Elle insiste pour ceux qui n'auraient pas compris : «D'habitude, je ne raffole pas des longues missives. Ce sont généralement les moins intéressantes.»
Elle s'interroge, enfin : «Depuis que tu as commencé à écrire, quelle est ta quête ? Que convoites-tu avec une si remarquable ardeur depuis si longtemps ? Pour toi, écrire, qu'est-ce que c'est ? Tu le sais : si tu écris chaque jour de ta vie comme une possédée, c'est parce que tu as besoin d'une issue de secours. Être écrivain, pour toi, cela signifie chercher désespérément la porte de sortie.» Une porte de sortie qui constitue une petite fenêtre pour des milliers de lecteurs.
Par Mohammed Aissaoui : http://www.lefigaro.fr/livres/2010/08/20/03005-20100820ARTFIG00498-la-face-cachee-d-amelie-nothomb.php
Chapeau bas ! C'est le dix-neuvième livre d'Amélie Nothomb en dix-neuf années, et la romancière réussit à nous surprendre encore. Elle ose même créer un personnage principal qui nous rappelle quelqu'un : Amélie Nothomb. Un personnage ? Pas si sûr, puisque dans ce roman épistolaire, tout ce qui lui arrive s'est réellement passé. En revanche, le second personnage, Melvin Mapple, est inventé, comme ces lettres qu'il lui envoie.
Dans le roman, Nothomb écrit à ce soldat américain qui se retrouve en Irak et désire se révolter contre la guerre en devenant obèse, il gagne une centaine de kilos en autant de pages. À travers cette correspondance, on découvre la face cachée de l'auteur, et cette révélation : ce qu'elle vit avec ses lecteurs, ses admirateurs - et ils sont nombreux - n'est pas toujours rose.
Sous un ton presque amusé, elle dit sa souffrance et le poids d'une responsabilité offerte par d'autres qu'elle n'a pas cherché à refuser. Elle dit aussi ce qui la pousse à écrire tous les jours, à se réveiller à 4 heures du matin - sans y être forcée et sans que ce soit sa nature. Et, avouons-le : ce livre est touchant, aussi. Parce qu'il a l'air si éloigné du mensonge, de la fabrication, et que l'on rencontre une femme généreuse par imprudence - elle ne peut faire autrement. Elle le souligne : «Je vais écrire une chose grave et vraie : je suis cet être poreux à qui les gens font jouer un rôle écrasant dans leur vie.»
«Chercher désespérément la porte de sortie
Elle se montre souvent ironique, parfois mordante : «Il n'empêche que les gens allégeraient mon existence en m'épargnant ces continuelles suppliques.» Un conseil : elle les préfère courtes, «c'est une loi de la nature, dussé-je me répéter : la lettre désirée est courte, la missive indésirable est volumineuse. Cela se retrouve à tous les niveaux du désir….» Elle insiste pour ceux qui n'auraient pas compris : «D'habitude, je ne raffole pas des longues missives. Ce sont généralement les moins intéressantes.»
Elle s'interroge, enfin : «Depuis que tu as commencé à écrire, quelle est ta quête ? Que convoites-tu avec une si remarquable ardeur depuis si longtemps ? Pour toi, écrire, qu'est-ce que c'est ? Tu le sais : si tu écris chaque jour de ta vie comme une possédée, c'est parce que tu as besoin d'une issue de secours. Être écrivain, pour toi, cela signifie chercher désespérément la porte de sortie.» Une porte de sortie qui constitue une petite fenêtre pour des milliers de lecteurs.
Par Mohammed Aissaoui : http://www.lefigaro.fr/livres/2010/08/20/03005-20100820ARTFIG00498-la-face-cachee-d-amelie-nothomb.php
Kashima- Faux-monnayeur
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L'Express
Le jour tant attendu par les aficionados de Nothomb est enfin arrivé. En effet, c'est aujourd'hui, mercredi 18 août , que sort le nouveau roman d'Amélie Nothomb, Une forme de vie , chez Albin Michel.
Dans ce livre, l'écrivaine belge nous entraîne dans l'incroyable correspondance qu'elle aurait noué avec un GI américain en Irak. Elle révèle aussi l'étonnante relation qui la lie à ses lecteurs et à l'écriture.
L'EXPRESS.fr vous propose de (re)découvrir des extraits du roman, en attendant le grand dossier que nous consacrerons, la semaine prochaine, à cette sortie majeure de la rentrée littéraire.
Kashima- Faux-monnayeur
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Le Temps
L’art épistolaire selon Amélie Nothomb
Eléonore Sulser
Dans «Une Forme de vie», plus gros tirage de cette rentrée littéaraire, la romancière se met en scène en correspondante chevronnée et bienveillante
Dix-neuvième roman d’Amélie Nothomb, et voici que la graphomane préférée du grand public annonce triomphalement l’existence d’Une Forme de vie. Tel est le titre de son nouveau «bébé» – elle désigne ainsi ses romans – démultiplié à 220 000 exemplaires. Le plus gros tirage de la rentrée littéraire.
Est-ce un titre à tiroirs? On serait tenté de le croire. Il traduit, d’abord, la quête de l’un des personnages centraux du roman, un certain Melvin Mapple, un Américain, affligé d’une obésité fantastique, victime d’un véritable «big bang intérieur». Il s’efforce de sublimer son triste état en envoyant des lettres à son écrivain fétiche et en s’inventant un destin de pacifiste – trop gros pour combattre, précise-t-il – et de body artist. C’est des plis adipeux de son corps que jaillit l’étincelle romanesque. Dans son désir d’être lu et entendu, il est en quête, sur la planète Terre, d’une «forme de vie» capable de s’intéresser à la sienne.
Ensuite, on peut lire dans ce titre la trace de l’intervention, à la première personne, d’Amélie Nothomb elle-même, qui apparaît en destinataire des missives de Melvin Mapple. Stupeur et tremblements, Métaphysique des tubes, Ni d’Eve ni d’Adam, Amélie Nothomb a souvent pioché dans son passé. Elle plonge aujourd’hui dans son présent, pour raconter son quotidien d’écriveuse forcenée. Où l’on vérifie que si les romans sont ses enfants, les lettres sont à la fois sa respiration, ses bonheurs et son calvaire quotidien. «Je suis épistolière depuis bien plus longtemps que je suis écrivain et je ne serais probablement pas devenue écrivain – en tout cas, pas cet écrivain – si je n’avais été d’abord, et si assidûment épistolière.»
Oui, dit-elle en substance à l’intention de ses lecteurs, il y a bien «une forme de vie» derrière les pages de mes livres; une forme de vie qui demande à être respectée; une forme de vie qui persiste, d’ailleurs, grâce à l’écriture, quelle qu’elle soit. Le fil des mots est ce lien ténu qui lui permet de supporter l’existence, de croire à la possibilité d’un sens, avoue-t-elle: «Si tu écris chaque jour de ta vie comme une possédée, note-t-elle à la dernière ligne du livre, c’est parce que tu as besoin d’une issue de secours. Etre écrivain, pour toi, cela signifie, chercher désespérément la porte de sortie.»
Mais quelle forme de vie? Une vie en forme de phénomène, cachée dans ses plis de graisse comme Melvin Mapple ou tentée par la disparition anorexique comme le fut la romancière, ce qui revient sans doute au même? Une vie affabulée comme celle de Melvin Mapple ou celle d’un écrivain? Une vie en différé, où les échanges passent par le papier, une vie qui met les corps à bonne distance? Une vie protégée, entourée par une muraille de mots?
Amélie Nothomb ne précise-t-elle pas qu’une rencontre de papier vaut souvent mieux pour elle qu’une rencontre réelle: «Rares sont les êtres dont la compagnie m’est plus agréable que ne le serait une missive d’eux.» La fin de son livre, d’ailleurs, a des allures de sauve-qui-peut vers la fiction, le réel étant décidément trop périlleux, trop inquiétant, trop envahissant.
Nonobstant cette quête d’une forme de vie aussi ténue que têtue (obésité, graphomanie, autant de moyens de se répandre), Amélie Nothomb, ayant eu affaire à toutes sortes de correspondances inquiétantes voire agressives, en profite pour poser les règles d’une coexistence épistolaire pacifique.
«Depuis plus de seize ans, j’ai reçu un si grand nombre de courriers que, sans le vouloir, j’ai développé une théorie instinctive de l’art épistolaire», dit-elle. Elle dresse donc le portrait du parfait correspondant qui se doit de n’écrire pas plus d’une page (deux, maximum) recto verso – ne gaspillons ni le papier ni le temps de la destinataire, car «la lettre désirée est courte, la missive indésirable volumineuse»; il se doit d’éviter absolument de réclamer de l’argent ou tout autre service et surtout, surtout, ne pas se présenter comme «pas comme tout le monde», car sa lettre risque alors un aller simple pour la poubelle. «Vous voulez que je ne vous traite pas comme tout le monde? Vos désirs sont des ordres. J’ai le plus profond respect pour tout le monde. Vous demandez un traitement d’exception, donc je ne vous respecte pas et je jette votre épître à la corbeille.»
Ce respect de tous – jusqu’à et y compris l’obèse affabulateur qui lui déclare comme tant d’autres vouloir exister pour elle –, Amélie Nothomb en fait preuve dans tous ses romans. Aussi légers soient-ils, aussi peu consistants qu’ils semblent, on n’y cherchera en vain trace de mépris. Malgré ses limites, Amélie Nothomb témoigne d’une ouverture réelle aux autres, dans leurs différences et leurs errances. Elle peut avouer des déceptions, éprouver des colères, mais ne juge pas d’emblée. Et c’est peut-être là qu’il faut chercher les raisons de son extraordinaire succès populaire.
Eléonore Sulser
Dans «Une Forme de vie», plus gros tirage de cette rentrée littéaraire, la romancière se met en scène en correspondante chevronnée et bienveillante
Dix-neuvième roman d’Amélie Nothomb, et voici que la graphomane préférée du grand public annonce triomphalement l’existence d’Une Forme de vie. Tel est le titre de son nouveau «bébé» – elle désigne ainsi ses romans – démultiplié à 220 000 exemplaires. Le plus gros tirage de la rentrée littéraire.
Est-ce un titre à tiroirs? On serait tenté de le croire. Il traduit, d’abord, la quête de l’un des personnages centraux du roman, un certain Melvin Mapple, un Américain, affligé d’une obésité fantastique, victime d’un véritable «big bang intérieur». Il s’efforce de sublimer son triste état en envoyant des lettres à son écrivain fétiche et en s’inventant un destin de pacifiste – trop gros pour combattre, précise-t-il – et de body artist. C’est des plis adipeux de son corps que jaillit l’étincelle romanesque. Dans son désir d’être lu et entendu, il est en quête, sur la planète Terre, d’une «forme de vie» capable de s’intéresser à la sienne.
Ensuite, on peut lire dans ce titre la trace de l’intervention, à la première personne, d’Amélie Nothomb elle-même, qui apparaît en destinataire des missives de Melvin Mapple. Stupeur et tremblements, Métaphysique des tubes, Ni d’Eve ni d’Adam, Amélie Nothomb a souvent pioché dans son passé. Elle plonge aujourd’hui dans son présent, pour raconter son quotidien d’écriveuse forcenée. Où l’on vérifie que si les romans sont ses enfants, les lettres sont à la fois sa respiration, ses bonheurs et son calvaire quotidien. «Je suis épistolière depuis bien plus longtemps que je suis écrivain et je ne serais probablement pas devenue écrivain – en tout cas, pas cet écrivain – si je n’avais été d’abord, et si assidûment épistolière.»
Oui, dit-elle en substance à l’intention de ses lecteurs, il y a bien «une forme de vie» derrière les pages de mes livres; une forme de vie qui demande à être respectée; une forme de vie qui persiste, d’ailleurs, grâce à l’écriture, quelle qu’elle soit. Le fil des mots est ce lien ténu qui lui permet de supporter l’existence, de croire à la possibilité d’un sens, avoue-t-elle: «Si tu écris chaque jour de ta vie comme une possédée, note-t-elle à la dernière ligne du livre, c’est parce que tu as besoin d’une issue de secours. Etre écrivain, pour toi, cela signifie, chercher désespérément la porte de sortie.»
Mais quelle forme de vie? Une vie en forme de phénomène, cachée dans ses plis de graisse comme Melvin Mapple ou tentée par la disparition anorexique comme le fut la romancière, ce qui revient sans doute au même? Une vie affabulée comme celle de Melvin Mapple ou celle d’un écrivain? Une vie en différé, où les échanges passent par le papier, une vie qui met les corps à bonne distance? Une vie protégée, entourée par une muraille de mots?
Amélie Nothomb ne précise-t-elle pas qu’une rencontre de papier vaut souvent mieux pour elle qu’une rencontre réelle: «Rares sont les êtres dont la compagnie m’est plus agréable que ne le serait une missive d’eux.» La fin de son livre, d’ailleurs, a des allures de sauve-qui-peut vers la fiction, le réel étant décidément trop périlleux, trop inquiétant, trop envahissant.
Nonobstant cette quête d’une forme de vie aussi ténue que têtue (obésité, graphomanie, autant de moyens de se répandre), Amélie Nothomb, ayant eu affaire à toutes sortes de correspondances inquiétantes voire agressives, en profite pour poser les règles d’une coexistence épistolaire pacifique.
«Depuis plus de seize ans, j’ai reçu un si grand nombre de courriers que, sans le vouloir, j’ai développé une théorie instinctive de l’art épistolaire», dit-elle. Elle dresse donc le portrait du parfait correspondant qui se doit de n’écrire pas plus d’une page (deux, maximum) recto verso – ne gaspillons ni le papier ni le temps de la destinataire, car «la lettre désirée est courte, la missive indésirable volumineuse»; il se doit d’éviter absolument de réclamer de l’argent ou tout autre service et surtout, surtout, ne pas se présenter comme «pas comme tout le monde», car sa lettre risque alors un aller simple pour la poubelle. «Vous voulez que je ne vous traite pas comme tout le monde? Vos désirs sont des ordres. J’ai le plus profond respect pour tout le monde. Vous demandez un traitement d’exception, donc je ne vous respecte pas et je jette votre épître à la corbeille.»
Ce respect de tous – jusqu’à et y compris l’obèse affabulateur qui lui déclare comme tant d’autres vouloir exister pour elle –, Amélie Nothomb en fait preuve dans tous ses romans. Aussi légers soient-ils, aussi peu consistants qu’ils semblent, on n’y cherchera en vain trace de mépris. Malgré ses limites, Amélie Nothomb témoigne d’une ouverture réelle aux autres, dans leurs différences et leurs errances. Elle peut avouer des déceptions, éprouver des colères, mais ne juge pas d’emblée. Et c’est peut-être là qu’il faut chercher les raisons de son extraordinaire succès populaire.
Kashima- Faux-monnayeur
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Suite 101
Amélie Nothomb : son nouveau roman "Une forme de vie"
21 août 2010 Hélène Flaux
Le voilà sorti et déjà en tête des ventes : le nouvel Amélie Nothomb s'intitule donc "Une forme de vie". Entre biographie et auto-fiction, une réussite !
Comme chaque été donc, Amélie Nothomb sort son roman de l'année. Lorsqu'on apprécie l'écrivain, on est toujours fébrile : lira-t-on dans sa veine autobiographique ou de la pure fiction ? Cette fois on adopterait volontiers le terme "d'autofiction", l'auteur parlant beaucoup d'elle au travers d'une histoire probablement et inévitablement romancée.
Présentation
Amélie nous emmène dans sa vie d'écrivain, ou plutôt de personnage public, ayant pour drôle de particularité, non pas de recevoir beaucoup de courrier, mais d'y répondre !
Elle reçoit, au début de ce nouvel opus, la lettre d'un soldat américain posté à Bagdad. Très vite, on apprend qu'il souffre de la guerre et que son mal a pris la forme d'une obésité à la fois militante et vertigineuse et subie.
Les deux planètes qui se rencontrent dans ces échanges épistolaires vont alors se répondre et apprendre à se connaitre. Si étrangement, et si véritablement... d'un sens.
Bien volontairement, le reste de "l'intrigue" sera laissé à la découverte du lecteur.
De l'art épistolaire
Si une grande thématique, outre celle du poids, récurrent chez Nothomb, est à retenir, c'est bien celle de l'art épistolaire, et même de la rencontre épistolaire.
De fait, Amélie Nothomb a la réputation, non-usurpée, de répondre en personne à son courrier. Elle explique tout au long de ce nouveau roman quelle forme, quelle teneur, doivent idéalement avoir les lettres de ses correspondants. Elle y expose aussi à la fois la pénibilité de ce courrier incessant, inopportun, parfois si invraisemblable dans ses demandes, et sa jubilation à le recevoir et y répondre.
A l'heure ou internet demeure inconnu de la romancière, elle expose pourtant des problématiques bien semblables à celles des rencontres dites "virtuelles". Quelle place pour quelqu'un qui entre dans votre vie par le biais de l'écrit ? Quelle relation en découle ? Est-ce une relation ? Véritable et humaine ? Autant de questions auxquelles l'écrivain répond pour elle-même, rappelant que s'il est par dessus tous les autres un écrit destiné à être lu, c'est bien la lettre...
Du rapport à l'écrivain
Ce n'est pas non plus la première fois que la romancière aborde cette thématique; Elle la creuse cependant plus que jamais en montrant ce qu'est le rapport entre lecteur et auteur : ce rapport concret du lecteur qui écrit à l'auteur... Etre lu par celle qu'on lit, recevoir ses réponses, l'investir d'un pouvoir quasi surnaturel ou d'une omnipotence liée à son statut de "célébrité" ou à son talent d'écrivain capable de tout comprendre de la vie des autres... C'est l'occasion pour Nothomb de rappeler son humanité, sa condition d'être humain, gagnant sa vie, soit, d'une façon rare, mais qui ne l'extrait néanmoins pas des limites de ce monde. Pas de carnet d'adresse mirifique ouvrant toutes les portes, pas de fortune incommensurable, pas d'inclinaison particulière à psychanalyser ses lecteurs... Un être humain qui écrit, dans toute sa singularité, étonnante et touchante, à laquelle on peut s'identifier, mais un simple être humain tout de même.C'est aussi le rappel que l'identification et le processus de lecture son issus d'un pacte, un pacte que les lettrés appellent "pacte de lecture" : on accepte de suivre l'auteur, en investissant son écrit. L'identification, la compréhension fut-elle intime de cet écrit n'impliquent pas la ressemblance de l'âme du lecteur et de l'auteur, de leurs vies, de leurs attentes, identités et besoins.
Consciente et heureuse malgré tout de la projection faite par le lecteur sur l'écrivain, c'est aussi de la part d'Amélie Nothomb une véritable confession et un rappel à l'ordre.
Un tournant dans l'oeuvre de Nothomb ?
Enfin on ressort de cette lecture en ayant le sentiment d'avoir lu autant de fiction que de biographie. L'autofiction... Elle consiste dans ce mélange indémêlable de vie et de fiction. Nothomb était déjà coutumière du fait, mais cette fois on peut, sans mal discerner, la voix de l'écrivain de celle de la romancière pure. C'est en tous les cas l'impression qui reste à l'issue de cette lecture : donnant à la fois d'elle-même et de sa capacité à la création. Pour le fan, il sera agréable de pénétrer un peu plus l'univers de l'auteur. Pour ceux qui découvrent Amélie Nothomb à l'occasion de cette parution, c'est une jolie porte d'entrée vers son monde et ses oeuvres autobiographiques.
Soit : il faudra reconnaitre qu'au moment de conclure, dans ses deux dernières pages, un peu comme pour le "Robert des noms Propres" par exemple, on aura à vivre une révolte fréquente à la lecture de cette belge hors-normes : un fin en queue de poisson, si ce n'est en pirouette.
Il n'en reste pas moins que le cru 2010 d'Amélie Nothomb est à classer parmi ses meilleurs.
21 août 2010 Hélène Flaux
Le voilà sorti et déjà en tête des ventes : le nouvel Amélie Nothomb s'intitule donc "Une forme de vie". Entre biographie et auto-fiction, une réussite !
Comme chaque été donc, Amélie Nothomb sort son roman de l'année. Lorsqu'on apprécie l'écrivain, on est toujours fébrile : lira-t-on dans sa veine autobiographique ou de la pure fiction ? Cette fois on adopterait volontiers le terme "d'autofiction", l'auteur parlant beaucoup d'elle au travers d'une histoire probablement et inévitablement romancée.
Présentation
Amélie nous emmène dans sa vie d'écrivain, ou plutôt de personnage public, ayant pour drôle de particularité, non pas de recevoir beaucoup de courrier, mais d'y répondre !
Elle reçoit, au début de ce nouvel opus, la lettre d'un soldat américain posté à Bagdad. Très vite, on apprend qu'il souffre de la guerre et que son mal a pris la forme d'une obésité à la fois militante et vertigineuse et subie.
Les deux planètes qui se rencontrent dans ces échanges épistolaires vont alors se répondre et apprendre à se connaitre. Si étrangement, et si véritablement... d'un sens.
Bien volontairement, le reste de "l'intrigue" sera laissé à la découverte du lecteur.
De l'art épistolaire
Si une grande thématique, outre celle du poids, récurrent chez Nothomb, est à retenir, c'est bien celle de l'art épistolaire, et même de la rencontre épistolaire.
De fait, Amélie Nothomb a la réputation, non-usurpée, de répondre en personne à son courrier. Elle explique tout au long de ce nouveau roman quelle forme, quelle teneur, doivent idéalement avoir les lettres de ses correspondants. Elle y expose aussi à la fois la pénibilité de ce courrier incessant, inopportun, parfois si invraisemblable dans ses demandes, et sa jubilation à le recevoir et y répondre.
A l'heure ou internet demeure inconnu de la romancière, elle expose pourtant des problématiques bien semblables à celles des rencontres dites "virtuelles". Quelle place pour quelqu'un qui entre dans votre vie par le biais de l'écrit ? Quelle relation en découle ? Est-ce une relation ? Véritable et humaine ? Autant de questions auxquelles l'écrivain répond pour elle-même, rappelant que s'il est par dessus tous les autres un écrit destiné à être lu, c'est bien la lettre...
Du rapport à l'écrivain
Ce n'est pas non plus la première fois que la romancière aborde cette thématique; Elle la creuse cependant plus que jamais en montrant ce qu'est le rapport entre lecteur et auteur : ce rapport concret du lecteur qui écrit à l'auteur... Etre lu par celle qu'on lit, recevoir ses réponses, l'investir d'un pouvoir quasi surnaturel ou d'une omnipotence liée à son statut de "célébrité" ou à son talent d'écrivain capable de tout comprendre de la vie des autres... C'est l'occasion pour Nothomb de rappeler son humanité, sa condition d'être humain, gagnant sa vie, soit, d'une façon rare, mais qui ne l'extrait néanmoins pas des limites de ce monde. Pas de carnet d'adresse mirifique ouvrant toutes les portes, pas de fortune incommensurable, pas d'inclinaison particulière à psychanalyser ses lecteurs... Un être humain qui écrit, dans toute sa singularité, étonnante et touchante, à laquelle on peut s'identifier, mais un simple être humain tout de même.C'est aussi le rappel que l'identification et le processus de lecture son issus d'un pacte, un pacte que les lettrés appellent "pacte de lecture" : on accepte de suivre l'auteur, en investissant son écrit. L'identification, la compréhension fut-elle intime de cet écrit n'impliquent pas la ressemblance de l'âme du lecteur et de l'auteur, de leurs vies, de leurs attentes, identités et besoins.
Consciente et heureuse malgré tout de la projection faite par le lecteur sur l'écrivain, c'est aussi de la part d'Amélie Nothomb une véritable confession et un rappel à l'ordre.
Un tournant dans l'oeuvre de Nothomb ?
Enfin on ressort de cette lecture en ayant le sentiment d'avoir lu autant de fiction que de biographie. L'autofiction... Elle consiste dans ce mélange indémêlable de vie et de fiction. Nothomb était déjà coutumière du fait, mais cette fois on peut, sans mal discerner, la voix de l'écrivain de celle de la romancière pure. C'est en tous les cas l'impression qui reste à l'issue de cette lecture : donnant à la fois d'elle-même et de sa capacité à la création. Pour le fan, il sera agréable de pénétrer un peu plus l'univers de l'auteur. Pour ceux qui découvrent Amélie Nothomb à l'occasion de cette parution, c'est une jolie porte d'entrée vers son monde et ses oeuvres autobiographiques.
Soit : il faudra reconnaitre qu'au moment de conclure, dans ses deux dernières pages, un peu comme pour le "Robert des noms Propres" par exemple, on aura à vivre une révolte fréquente à la lecture de cette belge hors-normes : un fin en queue de poisson, si ce n'est en pirouette.
Il n'en reste pas moins que le cru 2010 d'Amélie Nothomb est à classer parmi ses meilleurs.
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Les Echos
« Une forme de vie » d'Amélie Nothomb
Amélie et le soldat Mapple
[ 19/08/10 - 01H00 - Les Echos - actualisé à 00:36:33 ]
Albin Michel, 170 pages, 15,90 euros.
Il en est des livraisons d'Amélie Nothomb comme des vendanges : elles ne sont pas tardives, généralement autour de la troisième semaine d'août ; elles sont abondantes, le tirage dépassant les 200.000, loin devant le bataillon des petits producteurs. Et si les millésimes sont inégaux, environ une bonne année sur deux, celui-ci est excellent : charnu et gouleyant, il a du corps, de la cuisse, du ventre et même… un triple menton.
Melvin Mapple, soldat américain basé en Irak depuis 2003, est frappé d'un mal terrible provoqué par le stress de la guerre : il est devenu obèse. De 80 kilos à son arrivée, il a été propulsé, comme nombre de ses collègues, à 100, puis 130, 150 et jusqu'à 180 kilos. « C'est pas croyable ce qu'on peut avaler », écrit-il à Amélie Nothomb, dont il a lu tous les romans et avec laquelle il correspond au prétexte qu'elle seule pourra le comprendre. « On est fou. Quelque chose est cassé en nous. On ne peut pas dire qu'on aime manger comme ça, c'est plus fort que nous, on pourrait se tuer de nourriture, c'est peut-être ce qu'on cherche. »
Depuis son arrivée en Irak, Mapple a gonflé de 17 kilos par an. Une prise de poids énorme, à la mesure de sa culpabilité. Face aux missions meurtrières, aux femmes et aux enfants assassinés, les hommes du rang sont de plus en plus nombreux à développer des symptômes d'obésité. A la grande fureur des officiers qui ne supportent pas que l'armée américaine puisse renvoyer cette monstrueuse image d'elle-même. Du coup, les troufions XXXXL sont les derniers à être renvoyés au pays, dans l'espoir qu'ils se feront trouer la peau et rentreront dans une boîte en sapin drapée du Stars and Stripes. Au Vietnam, les soldats US se droguaient à l'opium en écoutant Hendrix ; en Irak, ils se défoncent au « peanut butter » et au hamburger-frites.
Pour supporter son obésité, le soldat Mapple s'est inventé un double, une fiction nommée Schéhérazade. « Elle me parle des nuits entières. Elle sait que je ne peux plus faire l'amour, alors elle remplace cet acte par de belles histoires qui me charment […]. J'ai horreur de mon obésité, mais j'aime Schéhérazade. La nuit quand mon poids oppresse ma poitrine, je pense que ce n'est pas moi, mais une belle jeune femme allongée sur mon corps [...] . Croyez-moi, à ces moments-là, je suis heureux. Mieux : nous sommes heureux, elle et moi, comme seuls deux amants peuvent l'être. »
« Tas de gras »
Cette autofiction va bouleverser Amélie Nothomb. « Je n'ai jamais rien lu de pareil. » La romancière se lance alors dans une correspondance éperdue, au point d'en devenir dépendante, guettant le courrier en provenance d'Irak ou s'inquiétant d'un silence prolongé. C'est que Mapple fait preuve d'une grande intelligence. Et d'un certain sens de l'humour : « Le gras humain sera à George W. Bush ce que le napalm fut à Johnson », assène-t-il. Et quand Amélie lui conseille de transformer son corps en oeuvre d'art, tels les adeptes du « body art », Mapple lui répond en comparant sa pathologie et celle de la romancière, laquelle accumule les manuscrits - « aux dernières nouvelles vous en étiez au 65e ». Cette perfide remarque n'enchante guère l'écrivain qui ressent un « vague malaise à l'idée qu'il assimile mes enfants d'encre et de papier à son tas de gras ».
Roman sur l'obésité, « Une forme de vie » est aussi un guide pratique sur l'art et la manière d'écrire à Amélie Nothomb, avec une chance de retenir son attention. Une manière d'exploit. Car même si la femme au chapeau répond à toutes les lettres (de 2.000 correspondants environ), la relation épistolaire va rarement au-delà d'un échange courtois. « Il en va du courrier comme de n'importe quoi : l'excès est aussi insupportable que la carence. » Le roman, lui, est parfaitement dosé.
T. G., Les Echos
Amélie et le soldat Mapple
[ 19/08/10 - 01H00 - Les Echos - actualisé à 00:36:33 ]
Albin Michel, 170 pages, 15,90 euros.
Il en est des livraisons d'Amélie Nothomb comme des vendanges : elles ne sont pas tardives, généralement autour de la troisième semaine d'août ; elles sont abondantes, le tirage dépassant les 200.000, loin devant le bataillon des petits producteurs. Et si les millésimes sont inégaux, environ une bonne année sur deux, celui-ci est excellent : charnu et gouleyant, il a du corps, de la cuisse, du ventre et même… un triple menton.
Melvin Mapple, soldat américain basé en Irak depuis 2003, est frappé d'un mal terrible provoqué par le stress de la guerre : il est devenu obèse. De 80 kilos à son arrivée, il a été propulsé, comme nombre de ses collègues, à 100, puis 130, 150 et jusqu'à 180 kilos. « C'est pas croyable ce qu'on peut avaler », écrit-il à Amélie Nothomb, dont il a lu tous les romans et avec laquelle il correspond au prétexte qu'elle seule pourra le comprendre. « On est fou. Quelque chose est cassé en nous. On ne peut pas dire qu'on aime manger comme ça, c'est plus fort que nous, on pourrait se tuer de nourriture, c'est peut-être ce qu'on cherche. »
Depuis son arrivée en Irak, Mapple a gonflé de 17 kilos par an. Une prise de poids énorme, à la mesure de sa culpabilité. Face aux missions meurtrières, aux femmes et aux enfants assassinés, les hommes du rang sont de plus en plus nombreux à développer des symptômes d'obésité. A la grande fureur des officiers qui ne supportent pas que l'armée américaine puisse renvoyer cette monstrueuse image d'elle-même. Du coup, les troufions XXXXL sont les derniers à être renvoyés au pays, dans l'espoir qu'ils se feront trouer la peau et rentreront dans une boîte en sapin drapée du Stars and Stripes. Au Vietnam, les soldats US se droguaient à l'opium en écoutant Hendrix ; en Irak, ils se défoncent au « peanut butter » et au hamburger-frites.
Pour supporter son obésité, le soldat Mapple s'est inventé un double, une fiction nommée Schéhérazade. « Elle me parle des nuits entières. Elle sait que je ne peux plus faire l'amour, alors elle remplace cet acte par de belles histoires qui me charment […]. J'ai horreur de mon obésité, mais j'aime Schéhérazade. La nuit quand mon poids oppresse ma poitrine, je pense que ce n'est pas moi, mais une belle jeune femme allongée sur mon corps [...] . Croyez-moi, à ces moments-là, je suis heureux. Mieux : nous sommes heureux, elle et moi, comme seuls deux amants peuvent l'être. »
« Tas de gras »
Cette autofiction va bouleverser Amélie Nothomb. « Je n'ai jamais rien lu de pareil. » La romancière se lance alors dans une correspondance éperdue, au point d'en devenir dépendante, guettant le courrier en provenance d'Irak ou s'inquiétant d'un silence prolongé. C'est que Mapple fait preuve d'une grande intelligence. Et d'un certain sens de l'humour : « Le gras humain sera à George W. Bush ce que le napalm fut à Johnson », assène-t-il. Et quand Amélie lui conseille de transformer son corps en oeuvre d'art, tels les adeptes du « body art », Mapple lui répond en comparant sa pathologie et celle de la romancière, laquelle accumule les manuscrits - « aux dernières nouvelles vous en étiez au 65e ». Cette perfide remarque n'enchante guère l'écrivain qui ressent un « vague malaise à l'idée qu'il assimile mes enfants d'encre et de papier à son tas de gras ».
Roman sur l'obésité, « Une forme de vie » est aussi un guide pratique sur l'art et la manière d'écrire à Amélie Nothomb, avec une chance de retenir son attention. Une manière d'exploit. Car même si la femme au chapeau répond à toutes les lettres (de 2.000 correspondants environ), la relation épistolaire va rarement au-delà d'un échange courtois. « Il en va du courrier comme de n'importe quoi : l'excès est aussi insupportable que la carence. » Le roman, lui, est parfaitement dosé.
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Carrefour savoirs
Amélie Nothomb fut, avant d'être écrivain, une épistolière assidue. Aujourd'hui encore, elle entretient avec nombre de ses lecteurs une correspondance prolifique. Mais, un jour, c'est une missive d'un tout autre genre qui l'interpelle, celle d'un soldat américain basé à Bagdad depuis le début de la guerre en Irak. Dans Une Forme de Vie, Amélie Nothomb ne s'adresse pas uniquement à son correspondant imaginaire mais aussi à tous ceux, d'encre et de papier, qui lui écrivent. Plus qu'un roman, l'auteur nous propose à nouveau de sonder les thèmes qui lui tiennent à cœur, de sa vision de l'art jusqu'aux troubles alimentaires. Une introspection épistolaire qui remet l'amour des lettres au goût du jour. ***** ( * = nul, ** = moyen, *** = bien, **** = très bien, ***** = excellent, ****** = parfait)
Kashima- Faux-monnayeur
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Parutions.com
Amélie Nothomb Une forme de vie
Albin Michel 2010 / 15.90 € - 104.15 ffr. / 168 pages
ISBN : 978-2-226-21517-8
FORMAT : 13,5cm x 20cm
Critiquer un nouveau roman d'Amélie Nothomb revient souvent à ressortir quelques vieilles antiennes : format court (160 pages lues en un peu plus d'une heure), présence systématique sur les étals des libraires à chaque rentrée littéraire, dans la foulée du 15 août (à notre connaissance, elle est le seul auteur à honorer aussi fidèlement le rendez-vous, cette assiduité expliquant sans doute le format... mais pas seulement), une prose classique assumée mais rehaussée d'un fumet particulier, dont l'ingénuité confine au cynisme – qu'Amélie N., officiellement, abhorre – et installe à tout le moins un délicieux humour noir. Aussi, donc, un art du décalage, une mise en scène un peu barrée de soi et des autres, créant ce malaise nécessaire et bienvenu. Enfin, une passion pour l'écriture, une compulsion plutôt, dite à nouveau ici en toute fin d'ouvrage, dans des accents plutôt tristes (écrire ou mourir ?).
Une forme de vie met ainsi en scène Amélie Nothomb elle-même dans un échange épistolaire assez particulier. L'auteur s'est fait la réputation d'honorer avec scrupule son courrier des lecteurs dont elle nous livre ici quelques spécimens, des anecdotes, une méthode et, enfin, toute une philosophie. Signe d'un humanisme jusqu'au-boutiste et quelque peu autiste qui l'honore en même temps qu'il accentue son côté autre et étrange. Le cœur du roman évoque un échange plus approfondi que d'autres avec un certain Melvin Mapple, interlocuteur à la destinée suffisamment romanesque pour piquer la curiosité de notre écrivain.
Soldat américain en Irak, Melvin contacte Amélie car, pense-t-il, elle comprendra sa peine : fils d'Américains moyens, garagistes à Baltimore, il rejoignit les rangs de l'armée dix ans plus tôt, persuadé de trouver là un peu de tranquillité. C'était juste avant le 11 Septembre... et Melvin de finir en Irak en 2003 où l'horreur omniprésente provoqua chez lui une réaction et une métamorphose : ne supportant pas la situation et les crimes commis de ses mains mêmes, Melvin fit un choix politique et existentiel des plus originaux ; il devint obèse. L'obésité comme un lent suicide qui serait aussi un acte d'opposition politique. ''Fed-Up'' qui, de l'autre côté de l'Atlantique, veut dire gavé mais aussi accablé, soumis au ras-le-bol. Engraissé aux frais de l'armée, parts de pizzas et burgers comme autant de balles caloriques tirées sur soi-même, 130 kilos acquis au fil des mois, une monstruosité de chair et de graisse que le pauvre soldat assume comme un acte de protestation, affirmant aussi que cet embonpoint recèle un secret. Melvin ne serait plus un mais deux, son obésité renfermant le corps d'une certaine Schéhérazade...
Amélie tombe évidemment sous le charme et entame avec Melvin une relation épistolaire à l'issue surprenante. Vraie ? Pas vraie ? Allez savoir... La toute fin du roman suggère que non, mais on pourrait croire le contraire. Incroyable mais vraisemblable, cette histoire, assurément originale, constitue un coup de maître dont le seul reproche qu'on pourrait lui faire est, comme toujours, ces seules 160 pages. Même si l'on comprend que livrer des romans courts fait partie du système et du style nothombiens, on ne peut s'empêcher de rêver à ce qu'un autre auteur aurait fait de cette idée géniale, un roman social épais et poignant, assurément. Ce qu'Une forme de vie, en l'état et l'épaisseur exceptée, est de toute façon déjà, assurément.
Thomas Roman
( Mis en ligne le 20/08/2010 )
Albin Michel 2010 / 15.90 € - 104.15 ffr. / 168 pages
ISBN : 978-2-226-21517-8
FORMAT : 13,5cm x 20cm
Critiquer un nouveau roman d'Amélie Nothomb revient souvent à ressortir quelques vieilles antiennes : format court (160 pages lues en un peu plus d'une heure), présence systématique sur les étals des libraires à chaque rentrée littéraire, dans la foulée du 15 août (à notre connaissance, elle est le seul auteur à honorer aussi fidèlement le rendez-vous, cette assiduité expliquant sans doute le format... mais pas seulement), une prose classique assumée mais rehaussée d'un fumet particulier, dont l'ingénuité confine au cynisme – qu'Amélie N., officiellement, abhorre – et installe à tout le moins un délicieux humour noir. Aussi, donc, un art du décalage, une mise en scène un peu barrée de soi et des autres, créant ce malaise nécessaire et bienvenu. Enfin, une passion pour l'écriture, une compulsion plutôt, dite à nouveau ici en toute fin d'ouvrage, dans des accents plutôt tristes (écrire ou mourir ?).
Une forme de vie met ainsi en scène Amélie Nothomb elle-même dans un échange épistolaire assez particulier. L'auteur s'est fait la réputation d'honorer avec scrupule son courrier des lecteurs dont elle nous livre ici quelques spécimens, des anecdotes, une méthode et, enfin, toute une philosophie. Signe d'un humanisme jusqu'au-boutiste et quelque peu autiste qui l'honore en même temps qu'il accentue son côté autre et étrange. Le cœur du roman évoque un échange plus approfondi que d'autres avec un certain Melvin Mapple, interlocuteur à la destinée suffisamment romanesque pour piquer la curiosité de notre écrivain.
Soldat américain en Irak, Melvin contacte Amélie car, pense-t-il, elle comprendra sa peine : fils d'Américains moyens, garagistes à Baltimore, il rejoignit les rangs de l'armée dix ans plus tôt, persuadé de trouver là un peu de tranquillité. C'était juste avant le 11 Septembre... et Melvin de finir en Irak en 2003 où l'horreur omniprésente provoqua chez lui une réaction et une métamorphose : ne supportant pas la situation et les crimes commis de ses mains mêmes, Melvin fit un choix politique et existentiel des plus originaux ; il devint obèse. L'obésité comme un lent suicide qui serait aussi un acte d'opposition politique. ''Fed-Up'' qui, de l'autre côté de l'Atlantique, veut dire gavé mais aussi accablé, soumis au ras-le-bol. Engraissé aux frais de l'armée, parts de pizzas et burgers comme autant de balles caloriques tirées sur soi-même, 130 kilos acquis au fil des mois, une monstruosité de chair et de graisse que le pauvre soldat assume comme un acte de protestation, affirmant aussi que cet embonpoint recèle un secret. Melvin ne serait plus un mais deux, son obésité renfermant le corps d'une certaine Schéhérazade...
Amélie tombe évidemment sous le charme et entame avec Melvin une relation épistolaire à l'issue surprenante. Vraie ? Pas vraie ? Allez savoir... La toute fin du roman suggère que non, mais on pourrait croire le contraire. Incroyable mais vraisemblable, cette histoire, assurément originale, constitue un coup de maître dont le seul reproche qu'on pourrait lui faire est, comme toujours, ces seules 160 pages. Même si l'on comprend que livrer des romans courts fait partie du système et du style nothombiens, on ne peut s'empêcher de rêver à ce qu'un autre auteur aurait fait de cette idée géniale, un roman social épais et poignant, assurément. Ce qu'Une forme de vie, en l'état et l'épaisseur exceptée, est de toute façon déjà, assurément.
Thomas Roman
( Mis en ligne le 20/08/2010 )
Kashima- Faux-monnayeur
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Re: Une Forme de Vie
Eh bien Madame la Journaliste de Libération a trempé sa plume dans l'amertume il semblerait... Que vous n'appréçiez pas le dernier roman d'Amèlie Nothomb est votre droit légitime; cependant vous abusez de votre statut avec cet article!
D'une part, vous vous permettez de porter un jugement à l'encontre de la femme, voire d'analyser de manière grossière ses us et ses coutumes; d'autre part vous dénigrez la romancière d'après vos seuls critères, qui sont purement subjectifs! Dramatique pour une professionelle de la presse écrite...
Votre exercice de style est juste pompeux et creux; il se voulait destructeur? Oh non Madame, c'est une bien pâle démonstration journalistique avec laquelle vous déversez votre fiel de manière arrogante, dissimulée sous la couverture de votre quotidien. Votre arrogance est vide de sens! Et votre attitude de furie est simplement indécente...
Malgrè tous vos efforts déployés pour descendre " cette lettre d'un genre nouveau" et toute cette énergie dépensée pour trouver des mots assassins, vous vous vourvoyez toute seule et vous ne réussissez qu'à publier un tissu de méchancetés gratuites qui tombera vite dans les oubliettes de nos mémoires.
En revanche, les livres d'Amèlie Nothomb continueront d'être lus et découverts , de transporter ses lectrices et ses lecteurs pour une raison simple et lumineuse : elle trempe sa plume dans l'encre distillée par les Muses.
D'une part, vous vous permettez de porter un jugement à l'encontre de la femme, voire d'analyser de manière grossière ses us et ses coutumes; d'autre part vous dénigrez la romancière d'après vos seuls critères, qui sont purement subjectifs! Dramatique pour une professionelle de la presse écrite...
Votre exercice de style est juste pompeux et creux; il se voulait destructeur? Oh non Madame, c'est une bien pâle démonstration journalistique avec laquelle vous déversez votre fiel de manière arrogante, dissimulée sous la couverture de votre quotidien. Votre arrogance est vide de sens! Et votre attitude de furie est simplement indécente...
Malgrè tous vos efforts déployés pour descendre " cette lettre d'un genre nouveau" et toute cette énergie dépensée pour trouver des mots assassins, vous vous vourvoyez toute seule et vous ne réussissez qu'à publier un tissu de méchancetés gratuites qui tombera vite dans les oubliettes de nos mémoires.
En revanche, les livres d'Amèlie Nothomb continueront d'être lus et découverts , de transporter ses lectrices et ses lecteurs pour une raison simple et lumineuse : elle trempe sa plume dans l'encre distillée par les Muses.
Invité- Invité
Re: Une Forme de Vie
:lalala: :lalala:
Bravo Brenda! Je commenterais avec plaisir et à contrepied sa lettre, pour compléter ton coup de gueule!
Bravo Brenda! Je commenterais avec plaisir et à contrepied sa lettre, pour compléter ton coup de gueule!
Kashima- Faux-monnayeur
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Date d'inscription : 29/09/2008
Libération
Cette fois, par une autre journaliste :
Il faut sauver le soldat Nothomb. Détour par l’Irak
Par CLAIRE DEVARRIEUX
Amélie Nothomb
Une forme de vie
Albin Michel, 170 pp., 15,90 €.
Amélie Nothomb prend ses quartiers d’automne. Au coude à coude cette année avec Laurent Gaudé (le prix Goncourt 2004 publie Ouragan), elle vient de s’installer, tout naturellement, et comme chaque rentrée, au sommet des ventes. Qu’attendent les fans de leurs auteurs préférés ? C’est comme les paysages de leurs vacances : ils doivent être immuables, et cependant les surprendre encore. Mission accomplie avec Une forme de vie.
Parmi les deux ou trois choses que tout le monde sait d’Amélie Nothomb, il y a la sincérité de son engagement en littérature, qui ne se traduit pas seulement par sa prolixité, et son extraordinaire courtoisie à l’égard des lecteurs. Ces derniers bénéficient de longues séances de dédicaces, mais aussi, dit-on, de réponses à leur courrier. C’est ici l’un des deux sujets principaux, l’autre étant l’obésité comme forme d’art (de body art) et de protestation. On se souvient que l’auteur de Biographie de la faim a traité naguère de l’anorexie et de la boulimie.
«Chère Amélie Nothomb, je suis soldat de 2e classe dans l’armée américaine, mon nom est Melvin Mapple, vous pouvez m’appeler Mel. je suis posté à Bagdad depuis le début de cette fichue guerre, il y a plus de six ans. Je vous écris parce que je souffre comme un chien. J’ai besoin d’un peu de compréhension et vous, vous me comprendrez, je le sais.» Comment être compréhensive sans se laisser envahir ? Nothomb estime adéquat de poster un paquet de ses livres dédicacés. «Chère Amélie Nothomb, merci pour vos romans. Vous voulez que j’en fasse quoi ?» Il ne faut quand même pas exagérer. «Cher Melvin Mapple, je ne sais pas. Peut-être rééquilibrer un meuble ou surélever une chaise.» Ainsi s’établit leur correspondance, reproduite et commentée, Amélie Nothomb esquissant une psychanalyse sauvage et désopilante des relations entre l’écrivain célèbre et son lectorat tyrannique. La dévoration épistolaire n’a pas de secret pour elle, qui sait lire les demandes abusives, et déjouer les intrusions par trop égocentriques : «Les gens sentent que je suis le terreau idéal pour leurs plantations secrètes.»
Le soldat Melvin noie sa culpabilité et son mal-être dans la nourriture. En Irak, ils sont un certain nombre comme lui : «Notre obésité constitue un formidable et spectaculaire acte de sabotage.» Melvin Mapple prétend encore que «le gras humain sera à George W. Bush ce que le napalm fut à Johnson». Il présente son obésité comme une maladie, et comme une addiction engendrée par la guerre. Plus original, il explique qu’il incorpore littéralement ses victimes, qu’il en porte le poids. A d’autres moments, il préfère imaginer qu’un corps étranger est collé au sien, le corps d’une belle jeune femme. «Schéhérazade et moi, nous voulions vous raconter ça.»
Il faut sauver le soldat Mapple, dans la mesure du possible, aussi l’aimable Amélie suggère-t-elle la piste du body art. Accueil enthousiaste en Irak : «Vous savez, j’ai beaucoup lu dans ma vie, j’ai, comme on dit, fréquenté pas mal d’auteurs, en lisant leurs œuvres complètes, et je peux vous l’assurer : c’est une idée à la Amélie Nothomb.»
Dans la grande lutte éternellement renouvelée menée par les romanciers pour être crus quand ils racontent des histoires, leur apparition ès qualités dans leurs propres livres est une arme imparable. Mais elle est délicate à manier. Amélie Nothomb est indéniablement une championne du genre. On en viendrait presque à imaginer que cette Amélie Nothomb d’Une forme de vie, c’est vraiment elle.
En revanche, l’allusion à un éditorial de l’auteur dans le New York Times du 4 avril 2009 est exacte. La romancière belge affichait alors sa sympathie pour le président américain : «La position de M.Obama sur l’Iran a provoqué des réactions très favorables partout en Europe, et particulièrement en France […]. La colère de M.Obama est décrite ici comme une colère sainte. Et quand il rit, nous rions. Au contraire, quand notre président, Nicolas Sarkozy, se met en colère, nous rions. Quand il rit, on se demande pourquoi. M.Obama confère de la dignité à son pays et à son peuple. Nous aussi, nous aimerions qu’on nous donne de la dignité.» Quant à Mapple, il est bien évident qu’il n’existe pas. Mais de quelle manière n’existe-t-il pas ? On ne va pas dévoiler le ressort le mieux tendu du roman, son mensonge le plus beau. Juste citer cette phrase : «Tout écrivain contient un escroc, c’est donc en tant que collègue que je vous tire mon chapeau.» Ce qui n’est pas contradictoire avec la sincérité.«sina cera«sans cire»
En lisant Une forme de vie, on apprendra également ce qu’est l’opisthographie, qui consiste à écrire recto verso. D’où Amélie Nothomb tient-elle que c’est là déroger aux bonnes manières ? La baronne Staffe, dans ses manuels du savoir-vivre, n’en fait pas état.
Il faut sauver le soldat Nothomb. Détour par l’Irak
Par CLAIRE DEVARRIEUX
Amélie Nothomb
Une forme de vie
Albin Michel, 170 pp., 15,90 €.
Amélie Nothomb prend ses quartiers d’automne. Au coude à coude cette année avec Laurent Gaudé (le prix Goncourt 2004 publie Ouragan), elle vient de s’installer, tout naturellement, et comme chaque rentrée, au sommet des ventes. Qu’attendent les fans de leurs auteurs préférés ? C’est comme les paysages de leurs vacances : ils doivent être immuables, et cependant les surprendre encore. Mission accomplie avec Une forme de vie.
Parmi les deux ou trois choses que tout le monde sait d’Amélie Nothomb, il y a la sincérité de son engagement en littérature, qui ne se traduit pas seulement par sa prolixité, et son extraordinaire courtoisie à l’égard des lecteurs. Ces derniers bénéficient de longues séances de dédicaces, mais aussi, dit-on, de réponses à leur courrier. C’est ici l’un des deux sujets principaux, l’autre étant l’obésité comme forme d’art (de body art) et de protestation. On se souvient que l’auteur de Biographie de la faim a traité naguère de l’anorexie et de la boulimie.
«Chère Amélie Nothomb, je suis soldat de 2e classe dans l’armée américaine, mon nom est Melvin Mapple, vous pouvez m’appeler Mel. je suis posté à Bagdad depuis le début de cette fichue guerre, il y a plus de six ans. Je vous écris parce que je souffre comme un chien. J’ai besoin d’un peu de compréhension et vous, vous me comprendrez, je le sais.» Comment être compréhensive sans se laisser envahir ? Nothomb estime adéquat de poster un paquet de ses livres dédicacés. «Chère Amélie Nothomb, merci pour vos romans. Vous voulez que j’en fasse quoi ?» Il ne faut quand même pas exagérer. «Cher Melvin Mapple, je ne sais pas. Peut-être rééquilibrer un meuble ou surélever une chaise.» Ainsi s’établit leur correspondance, reproduite et commentée, Amélie Nothomb esquissant une psychanalyse sauvage et désopilante des relations entre l’écrivain célèbre et son lectorat tyrannique. La dévoration épistolaire n’a pas de secret pour elle, qui sait lire les demandes abusives, et déjouer les intrusions par trop égocentriques : «Les gens sentent que je suis le terreau idéal pour leurs plantations secrètes.»
Le soldat Melvin noie sa culpabilité et son mal-être dans la nourriture. En Irak, ils sont un certain nombre comme lui : «Notre obésité constitue un formidable et spectaculaire acte de sabotage.» Melvin Mapple prétend encore que «le gras humain sera à George W. Bush ce que le napalm fut à Johnson». Il présente son obésité comme une maladie, et comme une addiction engendrée par la guerre. Plus original, il explique qu’il incorpore littéralement ses victimes, qu’il en porte le poids. A d’autres moments, il préfère imaginer qu’un corps étranger est collé au sien, le corps d’une belle jeune femme. «Schéhérazade et moi, nous voulions vous raconter ça.»
Il faut sauver le soldat Mapple, dans la mesure du possible, aussi l’aimable Amélie suggère-t-elle la piste du body art. Accueil enthousiaste en Irak : «Vous savez, j’ai beaucoup lu dans ma vie, j’ai, comme on dit, fréquenté pas mal d’auteurs, en lisant leurs œuvres complètes, et je peux vous l’assurer : c’est une idée à la Amélie Nothomb.»
Dans la grande lutte éternellement renouvelée menée par les romanciers pour être crus quand ils racontent des histoires, leur apparition ès qualités dans leurs propres livres est une arme imparable. Mais elle est délicate à manier. Amélie Nothomb est indéniablement une championne du genre. On en viendrait presque à imaginer que cette Amélie Nothomb d’Une forme de vie, c’est vraiment elle.
En revanche, l’allusion à un éditorial de l’auteur dans le New York Times du 4 avril 2009 est exacte. La romancière belge affichait alors sa sympathie pour le président américain : «La position de M.Obama sur l’Iran a provoqué des réactions très favorables partout en Europe, et particulièrement en France […]. La colère de M.Obama est décrite ici comme une colère sainte. Et quand il rit, nous rions. Au contraire, quand notre président, Nicolas Sarkozy, se met en colère, nous rions. Quand il rit, on se demande pourquoi. M.Obama confère de la dignité à son pays et à son peuple. Nous aussi, nous aimerions qu’on nous donne de la dignité.» Quant à Mapple, il est bien évident qu’il n’existe pas. Mais de quelle manière n’existe-t-il pas ? On ne va pas dévoiler le ressort le mieux tendu du roman, son mensonge le plus beau. Juste citer cette phrase : «Tout écrivain contient un escroc, c’est donc en tant que collègue que je vous tire mon chapeau.» Ce qui n’est pas contradictoire avec la sincérité.«sina cera«sans cire»
En lisant Une forme de vie, on apprendra également ce qu’est l’opisthographie, qui consiste à écrire recto verso. D’où Amélie Nothomb tient-elle que c’est là déroger aux bonnes manières ? La baronne Staffe, dans ses manuels du savoir-vivre, n’en fait pas état.
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