Benjamin le Superbe
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Benjamin le Superbe
Le dernier album de Benjamin Biolay, La Superbe, porte bien son titre... Déjà, Trash Yéyé était composé de chansons magnifiques... Plus le temps passe, plus Benjamin devient touchant et sensible.
A ses débuts, je ne voulais pas m'y intéresser ; pourtant, Négatif et Rose Kennedy font maintenant mes délices.
Petite traversée de son œuvre à travers des morceaux choisis :
Sur les radios, en ce moment, Padam, plus commerciale, mais très agréable, avec de belles choses. J'aime les éclats poétiques, chez lui :
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"J'attendais en vain
Que le monde entier m'acclame
Qu'il me déclare sa flamme
Dans une orgie haut de gamme "
Brandt rhapsodie, duo avec Jeanne Cherhal, est belle et effrayante : l'histoire et le déclin d'un amour... Elle me met la chair de poule et me rend triste...
-"Je suis à toi
Je te veux, je pense à nous.
Tu es mon homme, tu es mon idéal
Je te désire tout le temps, partout
Tu es mon grand projet
Je te suivrai n’ importe où."
-"Parce que je t’aime
Parce que tu m’rends heureux
Parce que des fleurs dans une cuisine c’est joli.
J’t’embrasse encore, encore
Ouais, là aussi."
Sur celui-ci, La Superbe, un chef-d'oeuvre :
Je retranscris les paroles intégralement :
On Reste Dieu Merci à la merci
d'un conifère,
D'un silence inédit,
D'une seule partie de jambe en l'air,
Le soleil est assis,du mauvais coté de la mer, quelle aventure, quelle aventure..
On Reste Dieu Merci à la merci
d'un abri bus,
Ne reste pas ici, On entend
Sonner l'angelus
Le soleil est joli,
Plus triste que le cirque Gruss
quelle aventure, quelle aventure..
On Reste Dieu Merci à la merci
d'un engrenage,
D'un verre de Campari,
du bon vouloir de l'équipage,
Paris est si petit quand on le regagne
à la nage,quelle aventure, quelle aventure..
On Flane, On flaire,
On flaire la flamme singulière..
On gagne,on perd
On perd la gagne, La Superbe...
On Reste Dieu Merci à la merci
de l'amour crasse,
D'un simple démenti,
D'une mauvaise vie,
D'une mauvaise passe
Le silence est aussi pesant,
qu'un porte avion qui passe,
quelle aventure, quelle aventure..
On Reste Dieu Merci à la merci
d'un sacrifice,
D'une mort à crédit,
D'un préjugé né d'un préjudice,
Le soleil s'enfuit,
comme un savon soudain qui glisse,
quelle aventure, quelle aventure..
On Flane, On flaire,
On flaire la flamme singulière..
On gagne,on perd
On perd la gagne, La Superbe...
On Reste Dieu Merci à la merci
d'un nembutal,
Du plafond décrépit,
Qu'on observe à l'horizontal,
Le soleil est parti,
la neige tombe sur les dalles,
quelle aventure, quelle aventure..
On Reste Dieu Merci à la merci
d'un lampadaire,
D'une douleur endormie,
D'un chaste spleen un soir d'hiver,
La Vieillesse ennemie,
Reste la seule pierre angulaire
quelle aventure, quelle aventure..
On Flane, On flaire,
On flaire la flamme familière..
On gagne,on perd
On perd la gagne, La Superbe...
On Reste Dieu Merci à la merci
d'une étincelle,
Quelque pars à Paris,
Au fin fond du bar d'un hôtel,
Dès la prochaine vie,
Je rêve de se rester fidèle,
quelle aventure, quelle aventure..
Sur Trash Yéyé, certains de mes titres préférés et très associés, maintenant, à Elle:
Dans ta bouche et Laisse aboyer les Chiens, principalement.
La première est très érotique, un fou parle de sa façon obsessionnelle d'aimer et de ne pas pouvoir oublier celle qu'il aime. Méfie-toi, mon amour...
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Où que tu sois
En salle au bar ou en terrasse
Le salopard que tu as terrassé
Sera juste en face
A bien te fixer
Mon amour
Fais abstraction du forcené
Par l'attraction encore sonné
Par ses pulsions désarçonné
Par ses pensées
Quoi que tu fasses
Mon cœur je te piste à la trace
Le bonheur me pisse à la face
Rien ne me grise
Je bois la tasse
C'est dégueulasse
Oû que tu sois
Que les beaux jours reviennent ou non
Que tu partes faire la saison
En la compagnie de ce fort joli garçon
Mon amour je voudrais t'agrandir
Mon amour je pourrais tout subir
Dans ta bouche
Qui que tu baises
Des bimbos ou de grands balèzes
Des dildos ou des pieds de chaises
En trio ou sur les falaises
Une femme obèse
Je serai là
A jardin à cour sur la scène
A Hézincourt sur la FM
Dans le four de ta pizza reine
A BIR HAKEIM
Oh mon amour
Moi la pire des tes hantises
Celui qui paiera ton gin fizz
Quand tu t'es grisée, brisée
Oh mon amour
J'ai perdu plus que la raison
Reclus dans le feu de notre maison
Et sous le coup de vexation
De playstation
Laisse aboyer les chiens, dont voici le clip, parle aussi d'un amour fou et impossible, d'un amour abîmé par l'adultère, par l'infidèle...
L'amoureux choisit d'oublier, d'avaler sa souffrance, d'accepter l'inconscience de celle qui joue avec la carabine... Les refrains sont des promesses de bonheur, après la lacération des couplets où l'amoureux a décidé d'y croire encore. "Laisse aboyer les chiens, la caravane est loin"... Le danger s'est éloigné... Mais il reveint... Et puis, après toutes ces tentatives, elle tue l'amour, ne suit pas "la consigne"... L'amour casse... Mort au ciel...
Je comprenais, avant, cette chanson au sens propre du meurtre de son amour. Plus maintenant...
"tu connaissais pas la consigne,mon ange
tu m'as coupé par la racine,mon ange
blanc comme un sachet d'héroïne,mon ange
tu connaissais pas les remords,ma belle
ni ce que ça fait d'être mort au ciel
la lune est bleue comme un passeur fidèle
tu connaissais pas les ravines,mon ange
ni le sanglot que j'aurais pris,mon ange
tu joues avec la carabine,mon ange
tu connaissais pas la consigne,ma belle
fallait-il que tu la devines,ma belle
pour que l'amour enfin soit éternel
prendre la vie comme on veut
on priera le ciel si non mieux
on s'en mettra plein la panse
prendre la vie comme elle vient
on ira au ciel si on veut bien
on ne marche plus ,on avance
laisse aboyer les chiens
tu connaissais pas la consigne,mon ange
ma poule,ma p...des îles, mon ange
vois-tu les cheminées d'usine,mon ange
tu connaissais pas le silence,mon coeur
le siège arrière d'une ambulance,mon coeur
c'est trop tard une fois qu'on s'élance son coeur
comme un ange qui passe
comme une fissure dans la glace
comme ta première passe
comme on découvre en première classe
ça peut te sembler
ça peut te sembler long
comme un ange qui passe
un inconnu dans la glace
qui laisse une trace
ça peut te sembler dégueulasse
ça peut te sembler
ça peut te sembler bon
prendre la vie comme on veut
on priera le ciel sinon mieux
on s'en mettra plein la panse
on prendra la vie comme elle vient
on prendra la vie si on veut bien
on marche plus,on avance
on prendra la vie comme elle vient
on ne sera plus jamais un chien
on aura des récompenses
on prendra la vie comme on veut
on priera le ciel un jour sur deux
on s'approche plus, on s'avance
laisse aboyer les chiens
la caravane est loin
laisse aboyer les chiens
la caravane est loin
tu n'as pas suivi la consigne,mon ange
tu gis sans vie dans la cuisine orange
vêtu d'un t-shirt et d'un jean à frange"
Une autre belle chanson sur l'oubli, ou la tentative d'oublier. Presque à égalité avec la Superbe, dans la force des images...
Qu'est-ce-que ça peut faire,
De savoir qu'été comme hiver,
Tu vas me manquer.
Qu'est-ce-que ça peut faire,
De savoir qu'on s'est fait la guerre,
Qu'on s'est fait la paix.
Qu'est-ce-que ça peut foutre,
Qu'est-ce-que ça peut faire.
Qu'est-ce-que ça peut faire,
Que tu jettes la tête en arrière,
Que je sois sonné.
Qu'est-ce-que ça peut faire,
Toutes ces parties de jambes en l'air,
Ces actes manqués.
Qu'est-ce-que ça peut foutre,
Qu'est-ce-que ça peut faire.
Au bout de la route,
Il n'y a qu'un désert.
Qu'est-ce-que ça peut faire,
De voir qu'tu n'as rien de mieux à faire,
Que de m'écouter.
Oh dis moi Qu'est-ce-que ça peut faire,
Qu'on oublie les préliminaires.
Qu'on laisse allumé.
Qu'est-ce-que ça peut foutre,
Qu'est-ce-que ça peut faire.
Qu'est-ce-que ça peut faire,
Qu'il y ait cette beauté sur la terre,
Si tout doit brûler.
Oh dis moi qu'est-ce-que ça peut faire,
Qu'il y ait un solstice en hiver,
Et l'autre en été.
Qu'est-ce-que ça peut foutre,
Qu'est-ce-que ça peut faire.
Puisqu'au bout de la route,
Il n'y a qu'un désert.
Vas-y demande à la poussière.
Il y a cette lumière,
Qui ne s'éteint jamais,
Comme un Cerbère,
Aux abords de la mer.
Il y a cette lumière,
Qui ne s'éteint jamais,
Comme un réverbère,
Comme les feux d'un loquet.
Qu'est-ce-que ça peut faire,
Qu'il y ait des stations balnéaires,
Dans mon verre à pied.
Oh dis moi qu'est-ce-que ça peut faire,
Que je te voie le ventre à l'air,
Ou les yeux cernés.
Qu'est-ce-que ça peut foutre,
Qu'est-ce-que ça peut faire.
Puisqu'au bout de la route,
Il n'y a qu'un désert.
Qu'est-ce-que ça peut foutre,
Qu'est-ce-que ça peut faire.
Puisqu'au bout de la route,
Il n'y a qu'un grand désert.
En vrac, d'autres chansons que j'adore :
Los Angeles, Dans la Merco Benz , Mon amour m'a baisé,Cactus concerto,L'histoire d'un garçon,Une chaise à Tokyo....
A suivre sur scène, fin avril...
Kashima- Faux-monnayeur
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Non madame
Benjamin Biolay a signé deux chansons pour la bande originale du film Bus Palladium.
Voici les paroles de Non madame, que j'aime tout particulièrement, ainsi que les deux versions (celle chantée par l'acteur du film, Arthur Dupont, et celle chantée par lui-même):
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Non madame, non madame,
je n'ai pas perdu votre chat
Non madame, non madame,
j'ai perdu beaucoup plus que ça
Non madame, non madame,
je n'ai pas perdu le combat
Non madame, non madame,
mais plus d'une bataille croyez-moi
Non madame, non madame,
mon dieu ne le répétez pas
Non madame, non madame,
ne criez pas sur tous les toits
Non madame, non madame,
que vous ne voulez plus de moi
Non madame, non madame,
ça reste entre vous et moi
Mes nuits blanches et roses,
restent peuplées de vous madame
Mes nuit blanches et roses,
mes errances dans tout Paname
Bonheur je t'ai reconnu au bruit que tu fis en partant
Bonheur je t'ai reconnu au bruit que tu fis en sortant
Non madame, non madame,
j'n'ai pas levé le petit doigt
Non madame, non madame,
je n'ai pas fait le moindre pas
Non madame, non madame,
je n'ai rien voulu de tout ça
Non madame, non madame,
à refaire je ne referai pas
Non madame, non madame,
tout ce qu'on raconte sur moi
Non madame,
c'est pas vrai, ou alors presque pas
Non madame, non madame,
je n'ai pas oublié tout ça
Non madame,
la vengeance est un plat qui ne se mange pas,
même pas froid
Mes nuits blanches et roses,
restent peuplées de vous madame
Mes nuit blanches et roses,
mes errances dans tout Paname
Madame
Madame
Oh madame
Oh madame
Oh madame
Oh madame
Oh madame
Oh madame
Voici les paroles de Non madame, que j'aime tout particulièrement, ainsi que les deux versions (celle chantée par l'acteur du film, Arthur Dupont, et celle chantée par lui-même):
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Non madame, non madame,
je n'ai pas perdu votre chat
Non madame, non madame,
j'ai perdu beaucoup plus que ça
Non madame, non madame,
je n'ai pas perdu le combat
Non madame, non madame,
mais plus d'une bataille croyez-moi
Non madame, non madame,
mon dieu ne le répétez pas
Non madame, non madame,
ne criez pas sur tous les toits
Non madame, non madame,
que vous ne voulez plus de moi
Non madame, non madame,
ça reste entre vous et moi
Mes nuits blanches et roses,
restent peuplées de vous madame
Mes nuit blanches et roses,
mes errances dans tout Paname
Bonheur je t'ai reconnu au bruit que tu fis en partant
Bonheur je t'ai reconnu au bruit que tu fis en sortant
Non madame, non madame,
j'n'ai pas levé le petit doigt
Non madame, non madame,
je n'ai pas fait le moindre pas
Non madame, non madame,
je n'ai rien voulu de tout ça
Non madame, non madame,
à refaire je ne referai pas
Non madame, non madame,
tout ce qu'on raconte sur moi
Non madame,
c'est pas vrai, ou alors presque pas
Non madame, non madame,
je n'ai pas oublié tout ça
Non madame,
la vengeance est un plat qui ne se mange pas,
même pas froid
Mes nuits blanches et roses,
restent peuplées de vous madame
Mes nuit blanches et roses,
mes errances dans tout Paname
Madame
Madame
Oh madame
Oh madame
Oh madame
Oh madame
Oh madame
Oh madame
Kashima- Faux-monnayeur
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Best of
Sortie du premier best of de BB avec un inédit : L'eau claire des fontaines.
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Kashima- Faux-monnayeur
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Gréco et Biolay, les superbes
Article du Monde :
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Gréco & Biolay, les superbes
Elle est une légende, il lui a écrit des chansons. Ils aiment la vie, les mots et la musique. Elle s'apprête à sortir un album, il vient de terminer un film. Rencontre entre deux artistes épris de liberté. Par Yann Plougastel / Photos Serge Leblon
Madame Gréco aime les mots. Elle les chante aujourd'hui dans un élégant album, Ça se traverse et c'est beau..., à la gloire des ponts de Paris, où elle installe en l'espace d'une poignée de refrains quelques coins de ciel bleu dans notre monde tourmenté. Depuis qu'elle a commencé à chanter dans une France tout juste libérée, Mme Gréco le dit avec une simplicité touchante : "Je suis là pour servir les seigneurs que sont les écrivains et les musiciens. Puisqu'il n'y a plus d'après à Saint-Germain-des-Prés, tout en continuant à célébrer Prévert, Vian, Queneau, Desnos, Aznavour, Gainsbourg, Ferré, Sartre, elle interprète désormais des textes de Philippe Sollers, François Morel, Jean-Claude Carrière, Marie Nimier, Gérard Duguet-Grasser, Amélie Nothomb, nouvelles figures du monde des refrains et des lettres. Tantôt mutine, tantôt dramatique, cette longue dame brune que l'on qualifie, dans les encyclopédies, d'ambassadrice de la chanson française, oscille toujours entre allure canaille et autorité caressante. Elle est comme elle est, Mme Gréco. Sans regrets ni remords. Raymond Queneau l'appelait "la rose noire des préaux de l'école des enfants pas sages". Et Jean-Paul Sartre disait d'elle : "Elle a des millions dans la gorge, des millions de poèmes, qui ne sont pas encore écrits, dont on écrira quelques-uns. On fait des pièces pour certains acteurs, pourquoi ne ferait-on pas des poèmes pour une voix ?" Après avoir publié en 1982 Jujube, une magnifique autobiographie, elle poursuit aujourd'hui l'histoire de sa vie dans Je suis faite comme ça, dont le titre sonne comme le manifeste d'une éternelle amoureuse des beaux jours, de la lumière de la Méditerranée, des corps et des coeurs des hommes. Pour fêter ses quatre-vingt-cinq printemps, elle sera dans son immuable robe noire sur la scène du Châtelet, à Paris, pour chanter comme toujours : Je suis comme je suis.
NOUS AVONS PROPOSÉ À BENJAMIN BIOLAY DE DIALOGUER AVEC JULIETTE GRÉCO, parce qu'il incarne la jeune garde de cette chanson française dont elle a porté les couleurs partout à travers le monde. Ils se connaissent bien puisqu'ils ont travaillé ensemble sur le précédent album de la chanteuse, Aimez-vous les uns les autres ou bien disparaissez... Comme s'il s'agissait d'un passage de témoin entre l'interprète des Feuilles mortes et l'auteur-compositeur de La Superbe, refrain emblématique de nos années de crise. Ce jour-là, Paris se préparait à fêter Noël. Benjamin arrivait juste de Buenos Aires, où il venait de tourner dans un film. Juliette avait quitté sa thébaïde de l'Oise. Comme un fils attentionné, un peu intimidé, il était plein de respect pour la femme brune qui, assise à côté de lui dans un profond canapé, le taquinait et lui expliquait en riant que la gent féminine ne pouvait rester insensible à son charme. Chacun but son thé. Benjamin prit des nouvelles de Gérard Jouannest, à la fois mari et pianiste de Juliette depuis près de trente ans, après avoir été le complice de Jacques Brel, un immense musicien à la modestie légendaire. Juliette parla de Philippe Sollers. Et ce furent deux heures d'une conversation piquante, caustique, sensible, élégante, drôle, parfois grave, toujours intelligente, autour du temps qui passe, de la vie qui va, des amours qui trébuchent, des petits malheurs, des grandes tragédies, de ces refrains qui tournent la tête des filles, bref, de ces deux ou trois choses qui préoccupent le monde. A la fin, Juliette ne donna qu'un seul conseil à Benjamin : "Il faut savoir dire non. Et merci."
On a l'impression que l'interprète de Je suis comme je suis et l'auteur-compositeur de La Superbe ont bien des points en commun. Vous avez d'ailleurs travaillé ensemble sur l'album Aimez-vous les uns les autres ou bien disparaissez... en 2004. Qu'est-ce qui vous lie ?
Juliette Gréco. Nous avons effectivement travaillé ensemble et avons fait de la belle ouvrage. L'amour des mots et le respect du public nous ont réunis. Benjamin m'a écrit cinq chansons, dont Déjeuner au soleil. Ensuite, il s'est envolé. Et c'est très bien comme ça, très bien... Pour mon grand bonheur d'interprète, j'ai la chance d'être sollicitée par une génération de nouveaux poètes. Jeunes ou moins jeunes, ils sont surtout modernes, vivants, engagés dans leur monde ; les yeux et les oreilles grands ouverts. Orly Chap, Abd Al Malik, Miossec, Marie Nimier et, bien sûr, Benjamin me sont proches. Benjamin fait une carrière multiple et il n'a pas fini, il commence ! C'est passionnant pour une femme comme moi de voir ce qu'un jeune homme comme lui, déjà extrêmement affirmé et volontaire, fabrique de lui-même. Et puis, vous savez, Benjamin a un grand pouvoir sur la femme, en général...
Benjamin Biolay. Nous ne nous sommes pas revus depuis 2004. Mais je me rappellerai toute ma vie le jour où j'ai rencontré Juliette pour la première fois. C'était le 22 avril 2002, le lendemain du premier tour de l'élection présidentielle, où Jean-Marie Le Pen était arrivé en deuxième position, devant Lionel Jospin. J'avais l'impression que c'était la fin de la pensée, de la politique, de tout. Dans le restaurant où nous avions rendez-vous, je me suis trouvé face à une femme vivante, en pleine forme, qui s'énervait comme moi. Je l'ai pris comme un signe du destin, en pensant : " Tu vois, ce n'est jamais mort. "
J. G. J'étais en pleine forme, moi ? Non...
B. B. Si, si...
J. G. Non. Mais vivante.
B. B. Très vivante. (Rires) Nous n'avions parlé que de cette élection et de la vie, pas du tout de musique.
J. G. Il faut vivre et avancer. Ne jamais rendre les armes. Pourquoi est-ce que, tout à coup, nous n'aurions plus faim ? Moi, j'ai faim tout le temps, tout le temps, tout le temps. Je ne mange pas, mais j'ai faim. Je suis vite rassasiée de nourriture mais, du reste, jamais, même si je vois le temps passer avec, euh... avec terreur, parce qu'il passe vite. Je me battrai jusqu'à mon dernier jour pour le bonheur, contre la terreur, le terrorisme intellectuel, l'indifférence et la privation du seul trésor qu'il nous faille préserver à tout prix : la liberté. Liberté d'exister comme nous le désirons, de penser, de rire, de donner, d'échanger et d'aimer sans contrainte.
La nouvelle génération de chanteurs/chanteuses a-t-elle les mêmes références que vous ?
J. G. J'aime beaucoup Olivia Ruiz. En dehors de Benjamin, il y a Abd Al Malik, un homme de lumière. Il a été délinquant et sait de quoi il parle. Maintenant, il est tourné vers la religion, ce qui ne me dérange pas, car c'est un homme de paix. Il est amoureux de la langue française et il écrit pas mal du tout. Comme il a la peau noire, c'est extrêmement important, extrêmement ! Grâce à lui, tout un jeune public comprend ce que parler veut dire et saisit que la langue française, ce n'est pas si mal que ça...
Vous arrive-t-il de chanter dans une langue étrangère ?
B. B. Lorsque vous chantez à l'étranger, vous réalisez que les gens attendent que le concert soit intégralement en français. J'ai eu l'occasion d'écouter Charles Aznavour à Buenos Aires et j'ai constaté que, lorsqu'il interprétait des morceaux en espagnol, le public était moins touché que lorsqu'il chantait La Bohème en français.
J. G. Ah, je me suis fait critiquer par la presse une fois, au Japon, parce que j'avais enregistré deux chansons en japonais. Qu'est-ce que je n'avais pas fait là ! Quelle déception ! Mais ce fut plutôt réjouissant. Il vaut mieux ne pas essayer, Maurice Chevalier, ça suffit comme ça. (Rires)
B. B. Justement, quand je chante en anglais, cela sonne un peu comme Maurice Chevalier. Les Anglais trouvent ça charmant, moi, je me sens grotesque... C'est comme si Paul McCartney venait faire un concert en français : on le sifflerait tous !
Pour chacun d'entre vous, en dépit des nouvelles technologies et des nouvelles façons d'écouter la musique, il semble que la scène reste le lieu idéal pour la chanson...
J. G. La scène, c'est mon lit... Mon lit et mon pays. Donc, je suis bien, là. Jusqu'à ce qu'ils arrivent... Quand ils arrivent, je suis un peu moins bien, un petit peu moins à l'aise, on va le dire comme ça... Mais, la scène, oui, c'est pour cela que je chante. J'y éprouve de très grands bonheurs. Benjamin, vous avez déjà goûté au silence du public ?
B. B. C'est un plaisir merveilleux que j'ai découvert il y a trois ou quatre ans. Avant, j'étais encore trop impressionné, et ça se mêlait à un sentiment d'imposture.
J. G. On n'a plus les pieds sur terre, en tout cas, on ne sait plus qu'on a les pieds sur terre... Ni un homme ni une femme ne peuvent remplacer ça. Cela ne dure pas longtemps, mais quand on y a goûté, c'est...
B. B. Une addiction ?
J. G. Ah, oui !
Et que se passe-t-il ensuite, le spectacle achevé ?
B. B. L'envie de mourir dans sa chambre d'hôtel ! (Rires) On vit un grand moment de solitude. De tels plaisirs, cela ne peut que coûter cher, très cher.
J. G. Très ! C'est une drogue.
B. B. Donc, passé le grand shoot, il y a la descente...
J. G. Je ne me suis jamais droguée parce que je n'en ai jamais eu besoin, tellement ces moments sont forts. Vous vous dites que, avec le temps, cela n'arrivera plus jamais. Et puis cela surgit, à nouveau. Voilà pourquoi on continue...
En chantant, vous jouez beaucoup avec vos mains.
J. G. François Morel a écrit dans un très joli texte : " Oh Gréco, ça va. Mais ses mains... Ses mains... ". Il en parle comme de deux personnes, accompagnant une troisième. C'est drôle. Mais cette danse des mains m'est indispensable. Lorsque je suis en scène, ça circule partout et ça sort par là (dit-elle en montrant ses doigts). Par là aussi, mais par hasard (en désignant sa bouche). (Rires) Je n'ai pas de corps, moi, ça me sauve quand même pas mal, je suis cachée.
B. B. C'est le minimalisme le plus maximal que j'aie jamais vu.
J. G. Un lapin blanc !
B. B. Je ne le vois pas tout à fait comme ça... (Rires)
Juliette, dans votre livre Je suis faite comme ça, vous comparez la chanson au théâtre...
J. G. Une chanson est une oeuvre théâtrale. Une bonne chanson est une pièce de théâtre qui dure deux minutes et demie, avec un premier acte, un deuxième acte et un troisième acte au minimum ! On peut parfois choisir un texte pour ce qu'il dénonce, ce qu'il défend, mais aussi pour un simple instant de plaisir, la pure beauté de la chose. J'ai enregistré certains poèmes d'Aragon ou d'Eluard, d'autres encore, juste pour ça. Je préfère prendre des textes que j'aime, que je sens, qui me conviennent, et me mettre à leur service. J'aime les beaux mots comme on aime un tableau. J'aime la couleur des mots, leur puissance. Leurs secrets, aussi.
B. B. Je conçois effectivement une chanson comme un petit film ou une pièce...
J. G. Il faut qu'il y ait une construction.
B. B. En voyant Juliette "faire monter la sauce", pour parler trivialement, avec une introduction, un développement - faut-il parler d'actes ou de tableaux ? Peu importe -, je me suis rendu compte de la nécessité d'être acteur de la chanson. Il est très particulier de la voir transformer une chanson. Dans la même chanson, elle peut interpréter une mélodie d'une voix très douce et d'un coup, tonner, parce qu'elle le sent.
J. G. J'ai un sale caractère.
B. B. En plus ! (Rires)
J. G. Ecrire une pièce de théâtre en deux minutes trente ou trois minutes, ce n'est vraiment pas facile, c'est un art. Gainsbourg disait que c'était un art mineur, moi je crois qu'il voulait dire que...
B. B. ... "A part moi, il s'agit d'un art mineur"...
J. G. ... Non... Je pense qu'il voulait dire que, finalement, c'est extrêmement difficile. Etre parolier relève d'un artisanat délicat. Il faut que cela soit court, mais beau !
D'une façon assez surprenante, vous avez été tous les deux victimes de la censure au cours de votre carrière.
J. G. Plein de fois ! Heureusement ! C'est emmerdant pour les auteurs, mais cette reconnaissance-là est assez réjouissante. D'une part, elle prouve la bêtise du censeur. De l'autre, ce qui est beaucoup plus bête, elle suscite une très bonne publicité. En 1957, La Complainte de Raymond Queneau a été censurée parce qu'elle comportait dix-sept fois le mot " con ". L'année suivante, Qu'on est bien de Guy Béart a été jugée trop érotique. Je n'ai jamais pensé qu'il était dangereux de chanter : "Qu'on est bien/ Dans les bras/ D'une personne du genre qu'on n'a pas/ Qu'on est bien dans ces bras-là." En 1967, "Déshabillez-moi, déshabillez-moi/ Oui, mais pas tout de suite, pas trop vite" a été interdite de diffusion pendant plusieurs mois... Je ne renoncerai jamais à chanter ce qui me plaît, ce que j'aime, ce que je crois utile aussi.
B. B. C'est pernicieux, parce qu'on est très fier, quand on est censuré.
J. G. Très ! (Rires)
B. B. Parfois, on me demande de changer un mot... Dans ces cas-là, je refuse. Il ne s'agit pas de chansons cochonnes, même pas grivoises, juste avec une connotation un peu sexuelle... C'est idiot, parce que la chanson ne passe nulle part, mais je me suis dit, lors de l'incident avec Dans la Merco Benz : "Ben voilà, j'ai réussi à les bouger, ces imbéciles." Sans le faire exprès, un mot coince, alors qu'il s'agit simplement d'utiliser un terme un peu dur pour dire quelque chose de très tendre à quelqu'un. Si la personne qui m'aime m'appelle "mon petit connard", je sais très bien que c'est affectueux.
J. G. Tout dépend de l'intonation (Rires). C'est tout le bonheur de l'interprète, ça !
Vous n'hésitez d'ailleurs pas à modifier l'interprétation d'une chanson. L'exemple le plus célèbre reste Ne me quitte pas de Jacques Brel.
J. G. Je n'aime pas l'interprétation de Brel. On dirait un mec qui se traîne, largué comme une merde. C'est parce que j'aime Brel que j'ai voulu montrer que ce n'est pas ce qu'il voulait dire et que cette chanson pouvait se donner autrement. Je préfère ma version. Je la chante à l'envers. Sur le mode : "Tu me quittes, d'accord, mais tu vas voir ce qui va t'arriver."
B. B. Lorsque Juliette la chante sur scène, elle tabasse.
J. G. Les femmes sont plus violentes que les hommes... Jacques était un homme étrange, un peu compliqué, mais pas du tout violent. C'était un inquiet, un spectateur formidable, un homme de son temps, qui passait les êtres et les événements aux ultraviolets, un dessinateur.
B. B. Léo Ferré était plus agressif ?
J. G. Absolument... Ferré, c'était une bête féroce.
B. B. Brassens me semble plus délicat.
J. G. Extraordinairement. C'est fou ! C'était un travailleur de force qui reprenait ses chansons pendant des heures et des heures. Il a tout de suite compris que, si on écrit pour moi en imaginant ce que je suis, on se trompe régulièrement. Donc, il a préféré me permettre d'interpréter ses propres chansons comme L'Auvergnat ou Le Temps passé dont le refrain dit : "Il est toujours joli le temps passé/ Une fois qu'ils ont cassé leur pipe." Ce qui n'est pas vraiment un langage de dame.
Avec le recul, comment voyez-vous vos carrières respectives ?
J. G. On m'aime mieux maintenant. Mais j'ai connu des années très difficiles. Je leur ai fait peur longtemps. Parce que je suis orgueilleuse, que j'ai horreur de faire des singeries pour faire plaisir.
B. B. Maintenant, je suis plus fier de mon parcours. C'est l'avenir, tout ce que je n'ai pas encore fait, qui m'intéresse. Avec le temps qui passe, j'ai acquis plus d'instinct, je me sens moins superficiel. Mais, au départ, il est obligatoire de se sentir fort.
J. G. Cela aide, bien sûr. Mais moi, je n'ai jamais été sûre de rien. Cela m'a permis de progresser, de chercher, toujours et tout le temps. Rencontrer les autres, tous ceux qui m'ont tendu la main, c'est magique. J'ai toujours eu l'impression, à de nombreux moments de ma vie, d'être comme un petit chat en train de crever dans le ruisseau, et de me faire attraper par la peau du cou et mettre sur le trottoir comme ça, de côté, sauvée. Par qui ? Par quoi ? Quelquefois, je me dis que c'est mon grand-père qui me protège. Je me reconnais dans la formule de Brel : "Etre vieux sans être adulte." Si l'idée de la mort ne m'angoisse pas, la mort des autres m'angoisse à mourir.
UN DISQUE, UN LIVRE...
Juliette Gréco sort un nouvel album (Ça se traverse et c'est beau..., 1 CD, Deutsche Grammophon, en vente le 23 janvier), ses Mémoires (Je suis faite comme ça, éditions Flammarion, parution le 7 février) et sera au Théâtre du Châtelet les 6, 7 et 8 février, à 20 h 30 (1, place du Châtelet, Paris-1er. Tél. : 01-40-28-28-40).
Le 5 février, à 20 h 40, Théma Arte lui consacre une soirée Juliette, la Gréco, avec Juliette Gréco, l'insoumise, un documentaire d'Yves Riou et de Philippe Pouchain, et la retransmission d'un récital filmé à l'Olympia en 2004. Quant à Benjamin Biolay, il a sorti un best of, sobrement intitulé Best of, chez Naïve.
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Gréco & Biolay, les superbes
Elle est une légende, il lui a écrit des chansons. Ils aiment la vie, les mots et la musique. Elle s'apprête à sortir un album, il vient de terminer un film. Rencontre entre deux artistes épris de liberté. Par Yann Plougastel / Photos Serge Leblon
Madame Gréco aime les mots. Elle les chante aujourd'hui dans un élégant album, Ça se traverse et c'est beau..., à la gloire des ponts de Paris, où elle installe en l'espace d'une poignée de refrains quelques coins de ciel bleu dans notre monde tourmenté. Depuis qu'elle a commencé à chanter dans une France tout juste libérée, Mme Gréco le dit avec une simplicité touchante : "Je suis là pour servir les seigneurs que sont les écrivains et les musiciens. Puisqu'il n'y a plus d'après à Saint-Germain-des-Prés, tout en continuant à célébrer Prévert, Vian, Queneau, Desnos, Aznavour, Gainsbourg, Ferré, Sartre, elle interprète désormais des textes de Philippe Sollers, François Morel, Jean-Claude Carrière, Marie Nimier, Gérard Duguet-Grasser, Amélie Nothomb, nouvelles figures du monde des refrains et des lettres. Tantôt mutine, tantôt dramatique, cette longue dame brune que l'on qualifie, dans les encyclopédies, d'ambassadrice de la chanson française, oscille toujours entre allure canaille et autorité caressante. Elle est comme elle est, Mme Gréco. Sans regrets ni remords. Raymond Queneau l'appelait "la rose noire des préaux de l'école des enfants pas sages". Et Jean-Paul Sartre disait d'elle : "Elle a des millions dans la gorge, des millions de poèmes, qui ne sont pas encore écrits, dont on écrira quelques-uns. On fait des pièces pour certains acteurs, pourquoi ne ferait-on pas des poèmes pour une voix ?" Après avoir publié en 1982 Jujube, une magnifique autobiographie, elle poursuit aujourd'hui l'histoire de sa vie dans Je suis faite comme ça, dont le titre sonne comme le manifeste d'une éternelle amoureuse des beaux jours, de la lumière de la Méditerranée, des corps et des coeurs des hommes. Pour fêter ses quatre-vingt-cinq printemps, elle sera dans son immuable robe noire sur la scène du Châtelet, à Paris, pour chanter comme toujours : Je suis comme je suis.
NOUS AVONS PROPOSÉ À BENJAMIN BIOLAY DE DIALOGUER AVEC JULIETTE GRÉCO, parce qu'il incarne la jeune garde de cette chanson française dont elle a porté les couleurs partout à travers le monde. Ils se connaissent bien puisqu'ils ont travaillé ensemble sur le précédent album de la chanteuse, Aimez-vous les uns les autres ou bien disparaissez... Comme s'il s'agissait d'un passage de témoin entre l'interprète des Feuilles mortes et l'auteur-compositeur de La Superbe, refrain emblématique de nos années de crise. Ce jour-là, Paris se préparait à fêter Noël. Benjamin arrivait juste de Buenos Aires, où il venait de tourner dans un film. Juliette avait quitté sa thébaïde de l'Oise. Comme un fils attentionné, un peu intimidé, il était plein de respect pour la femme brune qui, assise à côté de lui dans un profond canapé, le taquinait et lui expliquait en riant que la gent féminine ne pouvait rester insensible à son charme. Chacun but son thé. Benjamin prit des nouvelles de Gérard Jouannest, à la fois mari et pianiste de Juliette depuis près de trente ans, après avoir été le complice de Jacques Brel, un immense musicien à la modestie légendaire. Juliette parla de Philippe Sollers. Et ce furent deux heures d'une conversation piquante, caustique, sensible, élégante, drôle, parfois grave, toujours intelligente, autour du temps qui passe, de la vie qui va, des amours qui trébuchent, des petits malheurs, des grandes tragédies, de ces refrains qui tournent la tête des filles, bref, de ces deux ou trois choses qui préoccupent le monde. A la fin, Juliette ne donna qu'un seul conseil à Benjamin : "Il faut savoir dire non. Et merci."
On a l'impression que l'interprète de Je suis comme je suis et l'auteur-compositeur de La Superbe ont bien des points en commun. Vous avez d'ailleurs travaillé ensemble sur l'album Aimez-vous les uns les autres ou bien disparaissez... en 2004. Qu'est-ce qui vous lie ?
Juliette Gréco. Nous avons effectivement travaillé ensemble et avons fait de la belle ouvrage. L'amour des mots et le respect du public nous ont réunis. Benjamin m'a écrit cinq chansons, dont Déjeuner au soleil. Ensuite, il s'est envolé. Et c'est très bien comme ça, très bien... Pour mon grand bonheur d'interprète, j'ai la chance d'être sollicitée par une génération de nouveaux poètes. Jeunes ou moins jeunes, ils sont surtout modernes, vivants, engagés dans leur monde ; les yeux et les oreilles grands ouverts. Orly Chap, Abd Al Malik, Miossec, Marie Nimier et, bien sûr, Benjamin me sont proches. Benjamin fait une carrière multiple et il n'a pas fini, il commence ! C'est passionnant pour une femme comme moi de voir ce qu'un jeune homme comme lui, déjà extrêmement affirmé et volontaire, fabrique de lui-même. Et puis, vous savez, Benjamin a un grand pouvoir sur la femme, en général...
Benjamin Biolay. Nous ne nous sommes pas revus depuis 2004. Mais je me rappellerai toute ma vie le jour où j'ai rencontré Juliette pour la première fois. C'était le 22 avril 2002, le lendemain du premier tour de l'élection présidentielle, où Jean-Marie Le Pen était arrivé en deuxième position, devant Lionel Jospin. J'avais l'impression que c'était la fin de la pensée, de la politique, de tout. Dans le restaurant où nous avions rendez-vous, je me suis trouvé face à une femme vivante, en pleine forme, qui s'énervait comme moi. Je l'ai pris comme un signe du destin, en pensant : " Tu vois, ce n'est jamais mort. "
J. G. J'étais en pleine forme, moi ? Non...
B. B. Si, si...
J. G. Non. Mais vivante.
B. B. Très vivante. (Rires) Nous n'avions parlé que de cette élection et de la vie, pas du tout de musique.
J. G. Il faut vivre et avancer. Ne jamais rendre les armes. Pourquoi est-ce que, tout à coup, nous n'aurions plus faim ? Moi, j'ai faim tout le temps, tout le temps, tout le temps. Je ne mange pas, mais j'ai faim. Je suis vite rassasiée de nourriture mais, du reste, jamais, même si je vois le temps passer avec, euh... avec terreur, parce qu'il passe vite. Je me battrai jusqu'à mon dernier jour pour le bonheur, contre la terreur, le terrorisme intellectuel, l'indifférence et la privation du seul trésor qu'il nous faille préserver à tout prix : la liberté. Liberté d'exister comme nous le désirons, de penser, de rire, de donner, d'échanger et d'aimer sans contrainte.
La nouvelle génération de chanteurs/chanteuses a-t-elle les mêmes références que vous ?
J. G. J'aime beaucoup Olivia Ruiz. En dehors de Benjamin, il y a Abd Al Malik, un homme de lumière. Il a été délinquant et sait de quoi il parle. Maintenant, il est tourné vers la religion, ce qui ne me dérange pas, car c'est un homme de paix. Il est amoureux de la langue française et il écrit pas mal du tout. Comme il a la peau noire, c'est extrêmement important, extrêmement ! Grâce à lui, tout un jeune public comprend ce que parler veut dire et saisit que la langue française, ce n'est pas si mal que ça...
Vous arrive-t-il de chanter dans une langue étrangère ?
B. B. Lorsque vous chantez à l'étranger, vous réalisez que les gens attendent que le concert soit intégralement en français. J'ai eu l'occasion d'écouter Charles Aznavour à Buenos Aires et j'ai constaté que, lorsqu'il interprétait des morceaux en espagnol, le public était moins touché que lorsqu'il chantait La Bohème en français.
J. G. Ah, je me suis fait critiquer par la presse une fois, au Japon, parce que j'avais enregistré deux chansons en japonais. Qu'est-ce que je n'avais pas fait là ! Quelle déception ! Mais ce fut plutôt réjouissant. Il vaut mieux ne pas essayer, Maurice Chevalier, ça suffit comme ça. (Rires)
B. B. Justement, quand je chante en anglais, cela sonne un peu comme Maurice Chevalier. Les Anglais trouvent ça charmant, moi, je me sens grotesque... C'est comme si Paul McCartney venait faire un concert en français : on le sifflerait tous !
Pour chacun d'entre vous, en dépit des nouvelles technologies et des nouvelles façons d'écouter la musique, il semble que la scène reste le lieu idéal pour la chanson...
J. G. La scène, c'est mon lit... Mon lit et mon pays. Donc, je suis bien, là. Jusqu'à ce qu'ils arrivent... Quand ils arrivent, je suis un peu moins bien, un petit peu moins à l'aise, on va le dire comme ça... Mais, la scène, oui, c'est pour cela que je chante. J'y éprouve de très grands bonheurs. Benjamin, vous avez déjà goûté au silence du public ?
B. B. C'est un plaisir merveilleux que j'ai découvert il y a trois ou quatre ans. Avant, j'étais encore trop impressionné, et ça se mêlait à un sentiment d'imposture.
J. G. On n'a plus les pieds sur terre, en tout cas, on ne sait plus qu'on a les pieds sur terre... Ni un homme ni une femme ne peuvent remplacer ça. Cela ne dure pas longtemps, mais quand on y a goûté, c'est...
B. B. Une addiction ?
J. G. Ah, oui !
Et que se passe-t-il ensuite, le spectacle achevé ?
B. B. L'envie de mourir dans sa chambre d'hôtel ! (Rires) On vit un grand moment de solitude. De tels plaisirs, cela ne peut que coûter cher, très cher.
J. G. Très ! C'est une drogue.
B. B. Donc, passé le grand shoot, il y a la descente...
J. G. Je ne me suis jamais droguée parce que je n'en ai jamais eu besoin, tellement ces moments sont forts. Vous vous dites que, avec le temps, cela n'arrivera plus jamais. Et puis cela surgit, à nouveau. Voilà pourquoi on continue...
En chantant, vous jouez beaucoup avec vos mains.
J. G. François Morel a écrit dans un très joli texte : " Oh Gréco, ça va. Mais ses mains... Ses mains... ". Il en parle comme de deux personnes, accompagnant une troisième. C'est drôle. Mais cette danse des mains m'est indispensable. Lorsque je suis en scène, ça circule partout et ça sort par là (dit-elle en montrant ses doigts). Par là aussi, mais par hasard (en désignant sa bouche). (Rires) Je n'ai pas de corps, moi, ça me sauve quand même pas mal, je suis cachée.
B. B. C'est le minimalisme le plus maximal que j'aie jamais vu.
J. G. Un lapin blanc !
B. B. Je ne le vois pas tout à fait comme ça... (Rires)
Juliette, dans votre livre Je suis faite comme ça, vous comparez la chanson au théâtre...
J. G. Une chanson est une oeuvre théâtrale. Une bonne chanson est une pièce de théâtre qui dure deux minutes et demie, avec un premier acte, un deuxième acte et un troisième acte au minimum ! On peut parfois choisir un texte pour ce qu'il dénonce, ce qu'il défend, mais aussi pour un simple instant de plaisir, la pure beauté de la chose. J'ai enregistré certains poèmes d'Aragon ou d'Eluard, d'autres encore, juste pour ça. Je préfère prendre des textes que j'aime, que je sens, qui me conviennent, et me mettre à leur service. J'aime les beaux mots comme on aime un tableau. J'aime la couleur des mots, leur puissance. Leurs secrets, aussi.
B. B. Je conçois effectivement une chanson comme un petit film ou une pièce...
J. G. Il faut qu'il y ait une construction.
B. B. En voyant Juliette "faire monter la sauce", pour parler trivialement, avec une introduction, un développement - faut-il parler d'actes ou de tableaux ? Peu importe -, je me suis rendu compte de la nécessité d'être acteur de la chanson. Il est très particulier de la voir transformer une chanson. Dans la même chanson, elle peut interpréter une mélodie d'une voix très douce et d'un coup, tonner, parce qu'elle le sent.
J. G. J'ai un sale caractère.
B. B. En plus ! (Rires)
J. G. Ecrire une pièce de théâtre en deux minutes trente ou trois minutes, ce n'est vraiment pas facile, c'est un art. Gainsbourg disait que c'était un art mineur, moi je crois qu'il voulait dire que...
B. B. ... "A part moi, il s'agit d'un art mineur"...
J. G. ... Non... Je pense qu'il voulait dire que, finalement, c'est extrêmement difficile. Etre parolier relève d'un artisanat délicat. Il faut que cela soit court, mais beau !
D'une façon assez surprenante, vous avez été tous les deux victimes de la censure au cours de votre carrière.
J. G. Plein de fois ! Heureusement ! C'est emmerdant pour les auteurs, mais cette reconnaissance-là est assez réjouissante. D'une part, elle prouve la bêtise du censeur. De l'autre, ce qui est beaucoup plus bête, elle suscite une très bonne publicité. En 1957, La Complainte de Raymond Queneau a été censurée parce qu'elle comportait dix-sept fois le mot " con ". L'année suivante, Qu'on est bien de Guy Béart a été jugée trop érotique. Je n'ai jamais pensé qu'il était dangereux de chanter : "Qu'on est bien/ Dans les bras/ D'une personne du genre qu'on n'a pas/ Qu'on est bien dans ces bras-là." En 1967, "Déshabillez-moi, déshabillez-moi/ Oui, mais pas tout de suite, pas trop vite" a été interdite de diffusion pendant plusieurs mois... Je ne renoncerai jamais à chanter ce qui me plaît, ce que j'aime, ce que je crois utile aussi.
B. B. C'est pernicieux, parce qu'on est très fier, quand on est censuré.
J. G. Très ! (Rires)
B. B. Parfois, on me demande de changer un mot... Dans ces cas-là, je refuse. Il ne s'agit pas de chansons cochonnes, même pas grivoises, juste avec une connotation un peu sexuelle... C'est idiot, parce que la chanson ne passe nulle part, mais je me suis dit, lors de l'incident avec Dans la Merco Benz : "Ben voilà, j'ai réussi à les bouger, ces imbéciles." Sans le faire exprès, un mot coince, alors qu'il s'agit simplement d'utiliser un terme un peu dur pour dire quelque chose de très tendre à quelqu'un. Si la personne qui m'aime m'appelle "mon petit connard", je sais très bien que c'est affectueux.
J. G. Tout dépend de l'intonation (Rires). C'est tout le bonheur de l'interprète, ça !
Vous n'hésitez d'ailleurs pas à modifier l'interprétation d'une chanson. L'exemple le plus célèbre reste Ne me quitte pas de Jacques Brel.
J. G. Je n'aime pas l'interprétation de Brel. On dirait un mec qui se traîne, largué comme une merde. C'est parce que j'aime Brel que j'ai voulu montrer que ce n'est pas ce qu'il voulait dire et que cette chanson pouvait se donner autrement. Je préfère ma version. Je la chante à l'envers. Sur le mode : "Tu me quittes, d'accord, mais tu vas voir ce qui va t'arriver."
B. B. Lorsque Juliette la chante sur scène, elle tabasse.
J. G. Les femmes sont plus violentes que les hommes... Jacques était un homme étrange, un peu compliqué, mais pas du tout violent. C'était un inquiet, un spectateur formidable, un homme de son temps, qui passait les êtres et les événements aux ultraviolets, un dessinateur.
B. B. Léo Ferré était plus agressif ?
J. G. Absolument... Ferré, c'était une bête féroce.
B. B. Brassens me semble plus délicat.
J. G. Extraordinairement. C'est fou ! C'était un travailleur de force qui reprenait ses chansons pendant des heures et des heures. Il a tout de suite compris que, si on écrit pour moi en imaginant ce que je suis, on se trompe régulièrement. Donc, il a préféré me permettre d'interpréter ses propres chansons comme L'Auvergnat ou Le Temps passé dont le refrain dit : "Il est toujours joli le temps passé/ Une fois qu'ils ont cassé leur pipe." Ce qui n'est pas vraiment un langage de dame.
Avec le recul, comment voyez-vous vos carrières respectives ?
J. G. On m'aime mieux maintenant. Mais j'ai connu des années très difficiles. Je leur ai fait peur longtemps. Parce que je suis orgueilleuse, que j'ai horreur de faire des singeries pour faire plaisir.
B. B. Maintenant, je suis plus fier de mon parcours. C'est l'avenir, tout ce que je n'ai pas encore fait, qui m'intéresse. Avec le temps qui passe, j'ai acquis plus d'instinct, je me sens moins superficiel. Mais, au départ, il est obligatoire de se sentir fort.
J. G. Cela aide, bien sûr. Mais moi, je n'ai jamais été sûre de rien. Cela m'a permis de progresser, de chercher, toujours et tout le temps. Rencontrer les autres, tous ceux qui m'ont tendu la main, c'est magique. J'ai toujours eu l'impression, à de nombreux moments de ma vie, d'être comme un petit chat en train de crever dans le ruisseau, et de me faire attraper par la peau du cou et mettre sur le trottoir comme ça, de côté, sauvée. Par qui ? Par quoi ? Quelquefois, je me dis que c'est mon grand-père qui me protège. Je me reconnais dans la formule de Brel : "Etre vieux sans être adulte." Si l'idée de la mort ne m'angoisse pas, la mort des autres m'angoisse à mourir.
UN DISQUE, UN LIVRE...
Juliette Gréco sort un nouvel album (Ça se traverse et c'est beau..., 1 CD, Deutsche Grammophon, en vente le 23 janvier), ses Mémoires (Je suis faite comme ça, éditions Flammarion, parution le 7 février) et sera au Théâtre du Châtelet les 6, 7 et 8 février, à 20 h 30 (1, place du Châtelet, Paris-1er. Tél. : 01-40-28-28-40).
Le 5 février, à 20 h 40, Théma Arte lui consacre une soirée Juliette, la Gréco, avec Juliette Gréco, l'insoumise, un documentaire d'Yves Riou et de Philippe Pouchain, et la retransmission d'un récital filmé à l'Olympia en 2004. Quant à Benjamin Biolay, il a sorti un best of, sobrement intitulé Best of, chez Naïve.
Titre des chansons écrites par Biolay sur Aimez-vous les uns les autres ou bien disparaissez :
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Kashima- Faux-monnayeur
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Vengeance
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Le nouvel album de BB sort en novembre : Vengeance!
Premier extrait : Aime mon amour
L'express blog:
Le disque le plus attendu de l’année sortira le 05 novembre 2012. BB# 051112 a été longtemps le nom de code de Vengeance, titre que Benjamin Biolay révélait début mai au moment de Pop’pea .
« C’est un album joyeux, me confiait Benjamin. La Superbe était un disque de dépits, de constats. Vengeance, c’est plutôt « la vie est belle » ce qui dans mon langage romantique signifie ballades un peu noires. » Bref la vie est trop courte pour attendre novembre et je vous la fais courte – pour citer des paroles du nouveau Benjamin Biolay – le vinyl 2 volumes est déjà en pré-commande ici (une page de pub). Le CD déroule 14 titres, fait 55 minutes, comprend 6 featurings : Orelsan, Carl Barât, Vanessa Paradis – Biolay réalise son nouvel opus – Oxmo Puccino, Giula Stone, Gesa Hansen. L’envol sur les ondes du premier single Aime mon amour (comprendre, celle qui fut mon amour), est imminent. Et donc!
Donc Vengeance est une ballade en Biolayland, brûlante et coupante comme le givre. Une collection de chansons tendres et légères et martiales et lucides et tendues et dansantes, écrites pour éclairer les nuits blanches. Parfois à la lampe de chevet, d’autres fois aux néons des night-shops ou aux spots des dance-floors. Chansons d’ultra-moderne crooner qui parlent de solitude, de rupture et d’abandon. Façon Sinatrash.
Biolay crie Vengeance dans le noir. C’est une valse à mille tempos musicaux, l’indéchiffrable déchiffré avec des phrases chargées de chagrin et d’électricité qui auscultent les terres de l’amour et les tiroirs secrets, les hontes et les non-dits. « Sous le lac gelé » fera beaucoup parler.
Mais aussi « Marlène déconne ». Mais encore « Personne dans mon lit ». Et… Chutt.
C’est la pop du Grand sommeil, les sentiers d’Indochine, la new wave de The Cure, les moulins de Legrand, la bossa de Joa Gilberto, le rap de Booba, le souffle de Bowie et la dentelle de Bashung. C’est les démons de l’aurore et le cinéma de la ville. C’est une Vengeance éclatante.
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Le nouvel album de BB sort en novembre : Vengeance!
Premier extrait : Aime mon amour
L'express blog:
Le disque le plus attendu de l’année sortira le 05 novembre 2012. BB# 051112 a été longtemps le nom de code de Vengeance, titre que Benjamin Biolay révélait début mai au moment de Pop’pea .
« C’est un album joyeux, me confiait Benjamin. La Superbe était un disque de dépits, de constats. Vengeance, c’est plutôt « la vie est belle » ce qui dans mon langage romantique signifie ballades un peu noires. » Bref la vie est trop courte pour attendre novembre et je vous la fais courte – pour citer des paroles du nouveau Benjamin Biolay – le vinyl 2 volumes est déjà en pré-commande ici (une page de pub). Le CD déroule 14 titres, fait 55 minutes, comprend 6 featurings : Orelsan, Carl Barât, Vanessa Paradis – Biolay réalise son nouvel opus – Oxmo Puccino, Giula Stone, Gesa Hansen. L’envol sur les ondes du premier single Aime mon amour (comprendre, celle qui fut mon amour), est imminent. Et donc!
Donc Vengeance est une ballade en Biolayland, brûlante et coupante comme le givre. Une collection de chansons tendres et légères et martiales et lucides et tendues et dansantes, écrites pour éclairer les nuits blanches. Parfois à la lampe de chevet, d’autres fois aux néons des night-shops ou aux spots des dance-floors. Chansons d’ultra-moderne crooner qui parlent de solitude, de rupture et d’abandon. Façon Sinatrash.
Biolay crie Vengeance dans le noir. C’est une valse à mille tempos musicaux, l’indéchiffrable déchiffré avec des phrases chargées de chagrin et d’électricité qui auscultent les terres de l’amour et les tiroirs secrets, les hontes et les non-dits. « Sous le lac gelé » fera beaucoup parler.
Mais aussi « Marlène déconne ». Mais encore « Personne dans mon lit ». Et… Chutt.
C’est la pop du Grand sommeil, les sentiers d’Indochine, la new wave de The Cure, les moulins de Legrand, la bossa de Joa Gilberto, le rap de Booba, le souffle de Bowie et la dentelle de Bashung. C’est les démons de l’aurore et le cinéma de la ville. C’est une Vengeance éclatante.
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Kashima- Faux-monnayeur
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Vengeance
En attendant la sortie, lundi 5 novembre :
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Aime mon amour
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“L’injonction est simple: «Puisqu’elle est à toi désormais, aime mon amour!». Aime mon amour aurait pu mettre en scène le somme toute banal trio amoureux de la femme, du mari et de l’amant. Lorsque Benjamin Biolay incarne le mari trompé et Karole Rocher (vue récemment dans Polisse) la femme, les choses ne sont pas si simples. Certes, l’objet amoureux passe de mains en mains, et le mari ne peut que se résigner le plus dignement possible à l’évidence. Mais sous certaines conditions. L‘amant, baîlloné et attaché sur une chaise doit répondre à une exigence: aimer l’être perdu. Il s’agit ici d’une «passation de pouvoir amoureux», comme le précise la maison de disques Naïve, dans sa présentation de l’album. Le clip, réalisé par Karole Rocher, présente la scène de rupture houleuse où s’entremêlent fougue amoureuse, tendresse et désespoir.”
Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
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Aime mon amour
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“L’injonction est simple: «Puisqu’elle est à toi désormais, aime mon amour!». Aime mon amour aurait pu mettre en scène le somme toute banal trio amoureux de la femme, du mari et de l’amant. Lorsque Benjamin Biolay incarne le mari trompé et Karole Rocher (vue récemment dans Polisse) la femme, les choses ne sont pas si simples. Certes, l’objet amoureux passe de mains en mains, et le mari ne peut que se résigner le plus dignement possible à l’évidence. Mais sous certaines conditions. L‘amant, baîlloné et attaché sur une chaise doit répondre à une exigence: aimer l’être perdu. Il s’agit ici d’une «passation de pouvoir amoureux», comme le précise la maison de disques Naïve, dans sa présentation de l’album. Le clip, réalisé par Karole Rocher, présente la scène de rupture houleuse où s’entremêlent fougue amoureuse, tendresse et désespoir.”
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Kashima- Faux-monnayeur
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Date d'inscription : 29/09/2008
Vengeance
Plus le temps passe et plus c'est bon!
Vengeance est un album où l'on trouve de vrais bijoux...
Les trois morceaux de choix sont, selon moi :
Ne regrette rien
DivShare File - 08-Ne regrette rien_feat_OrelSan_.mp3
L'insigne honneur
DivShare File - 11-L_insigne honneur.mp3
Sous le lac gelé
DivShare File - 04-Sous le lac gelé _feat_Hensen_.mp3
Mais je vais poursuivre encore et encore la découverte. Marlène déconne, Aime mon amour et dans un genre complètement différent, le hip hop Belle époque (Night shop2).
En tout cas, s'il existe quelqu'un qui sait écrire des chansons, c'est bien lui :
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Comme il l'a dit lui même, il met un tel soin à finir une chanson qu'il la pousse jusqu'à la nausée, et il est très difficile de faire une chanson qui paraît facile.
Vengeance est un album où l'on trouve de vrais bijoux...
Les trois morceaux de choix sont, selon moi :
Ne regrette rien
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L'insigne honneur
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Sous le lac gelé
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Mais je vais poursuivre encore et encore la découverte. Marlène déconne, Aime mon amour et dans un genre complètement différent, le hip hop Belle époque (Night shop2).
En tout cas, s'il existe quelqu'un qui sait écrire des chansons, c'est bien lui :
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Comme il l'a dit lui même, il met un tel soin à finir une chanson qu'il la pousse jusqu'à la nausée, et il est très difficile de faire une chanson qui paraît facile.
Kashima- Faux-monnayeur
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Marlène déconne
Marlène déconne, un amour courtois ou l'amour de loin... Le vassal, l'homme lige, doit résister, mais il voudrait la toucher.
Début d"un amour? Epreuve pour voir s'il l'aime vraiment?
C'est l'histoire d'un amour fou, mais elle n'a pas besoin (pas encore, pas pour l'instant, pas autant que lui?) de l'acte physique : "Y a pas mort d'homme". Lui n'en peut plus.
"Toi mon amour tu m'aimes mais tu ne me touches pas.
Toi mon amour tu m'aimes mais la chambre est d'un froid
Toi mon amour tu m'aimes mais jamais dans de beaux draps"
Début d"un amour? Epreuve pour voir s'il l'aime vraiment?
C'est l'histoire d'un amour fou, mais elle n'a pas besoin (pas encore, pas pour l'instant, pas autant que lui?) de l'acte physique : "Y a pas mort d'homme". Lui n'en peut plus.
"Toi mon amour tu m'aimes mais tu ne me touches pas.
Toi mon amour tu m'aimes mais la chambre est d'un froid
Toi mon amour tu m'aimes mais jamais dans de beaux draps"
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Kashima- Faux-monnayeur
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Marlène déconne
Une précision sur Marlène déconne, quand même : "déconner" serait l’équivalent de "débander". Étymologiquement, il signifie "sortir du vagin", ce qui sert évidemment bien mieux la chanson...
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“Toi mon amour tu m’aimes
Mais jamais dans de beaux draps
Même sur les bords de Seine
Ou sur un banc de bois
Pas même ailleurs, moi j’en crève…”
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“Toi mon amour tu m’aimes
Mais jamais dans de beaux draps
Même sur les bords de Seine
Ou sur un banc de bois
Pas même ailleurs, moi j’en crève…”
Kashima- Faux-monnayeur
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Le son du bruit
Le son du bruit, inédit fait pour le magazine 66 minutes sur M- (09/12/12)
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Kashima- Faux-monnayeur
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EP Vengeance remixes
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Triple 45T sorti dans le cadre du Disquaire Day, avec trois remixes : Profite, Confettis et Sous le lac gelé. Les deux premiers sont largement mieux que les originales, selon moi...
Téléchargeables ici :
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Triple 45T sorti dans le cadre du Disquaire Day, avec trois remixes : Profite, Confettis et Sous le lac gelé. Les deux premiers sont largement mieux que les originales, selon moi...
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Kashima- Faux-monnayeur
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Long courrier
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Long courrier
J'ai écrit sur les murs
Mon nom sans ratures
J'ai ponctué de coups de haches
Si jamais je ne mesure ton envergure
C'est que je n'ai rien dans la ganache
Va belle créature
C'est fou ce que j'endure
À me coltiner ce coeur de lâche
On concorde, ça c'est sûr
Mais je ne tiens pas l'allure
De peur qu'un jour mon coeur ne lâche
J'm'envoie gin, codéine avant que tout
S'envenime entre nous
Ciel bleu marine
Paris en ruines
Tout sera sublime
Tu me veux tout entier
C'est juré je ferai l'effort
Jusqu'à ma mort et même bien après
Mais ne sois pas trop dure
Tu le sais l'azur
Me fait souvent frôler l'attaque
Tu voudrais t'envoler
À mille planer dans les phosphores
Dedans dehors pour toi je prierai
Puisque rien ne dure
Rien n'est dur
À oublier
Plus rien ne tache
J'ai la mine chagrine je sais que tout
S'envenime entre nous
Je t'imagine dans la berline
Au volant sublime
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Long courrier
J'ai écrit sur les murs
Mon nom sans ratures
J'ai ponctué de coups de haches
Si jamais je ne mesure ton envergure
C'est que je n'ai rien dans la ganache
Va belle créature
C'est fou ce que j'endure
À me coltiner ce coeur de lâche
On concorde, ça c'est sûr
Mais je ne tiens pas l'allure
De peur qu'un jour mon coeur ne lâche
J'm'envoie gin, codéine avant que tout
S'envenime entre nous
Ciel bleu marine
Paris en ruines
Tout sera sublime
Tu me veux tout entier
C'est juré je ferai l'effort
Jusqu'à ma mort et même bien après
Mais ne sois pas trop dure
Tu le sais l'azur
Me fait souvent frôler l'attaque
Tu voudrais t'envoler
À mille planer dans les phosphores
Dedans dehors pour toi je prierai
Puisque rien ne dure
Rien n'est dur
À oublier
Plus rien ne tache
J'ai la mine chagrine je sais que tout
S'envenime entre nous
Je t'imagine dans la berline
Au volant sublime
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Kashima- Faux-monnayeur
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