L'homosexualité à l'école

J'ouvre ce topic suite à une anecdote arrivée aujourd'hui avec des 5e.
Je resitue les choses : nous étions en train de travailler sur la "situation d'énonciation". Il s'agissait de reconstituer des contextes.
Ex : "De quoi souffrez-vous?" (un médecin, au patient, dans son cabinet).

Une phrase était sur le mariage et rien, en effet, n'indiquait le sexe des interlocuteurs. Un élève lève le doigt et demande très sérieusement, avec le vocabulaire exact :
"Est-ce que les gays peuvent se marier?"
Je pars dans mon laïus sur les USA, l'Espagne, la Belgique, la Hollande..., très à l'aise sur le sujet. Un petit ricanement d'un autre me permet juste d'ajouter que l'élève qui a posé la question est ouvert d'esprit et que c'est tout à son honneur d'avoir posé cette question.

Tout est passé comme une lettre à la poste.
C'est le fait que le mot "gay" soit utilisé qui m'a agréablement surprise, et l'absence d'arrière-pensée de mon élève. C'est tout de même rare qu'ils s'interrogent là-dessus!

J'espère pour eux qu'ils le sont, et pour le bien de nos enfants! lol

Je relaterai ici ce qui se passe en classe sur ce sujet.
Il se trouve que j'ai fait avec mes 4e Verlaine, ce qui a donné l'occasion de parler de sa relation avec Rimbaud. Ils ne se permettent pas de réflexion avec moi, je leur explique naturellement, je montre qu'il n'y a pas de problème. Je ne me voile pas la face non plus, mais je me dis que c'est dans ma classe qu'ils pourront déjà entendre un autre discours que le discours officiel ambiant.
En latin, avec les 3e, lors d'un exposé jeudi dernier, il a été question de l'amour de Zeus pour Ganymède. Un des rares garçons de la classe a demandé (l'expression m'a étonnée aussi), sans dédain ni moquerie : "Il est pédé?"
J'ai expliqué très brièvement les moeurs des Grecs et le reflet de cela dans la mythologie, ajoutant que c'était naturel et qu'il n'y avait rien de choquant. Souvent, je fais plutôt l'innocente en demandant : "Qu'est-ce qui vous fait rire? Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle..."

Et puis aussi, avec les 4e, quand on a fait L'Amour en Sonnet, j'avais choisi un poème de Renée Vivien sur une femme amoureuse d'un/e androgyne. Cela les sensibilise à la différence, leur ouvre l'esprit.

J'espère pouvoir faire venir AGILE dans le cadre du "projet santé"...

La Halde contre les discriminations homophobes au collège et au lycée

Le MAG-Jeunes gais, lesbiennes, bi et trans se félicite de la délibération rendue par la Halde le 12 janvier 2009 en ce qui concerne la prévention des discriminations et du harcèlement discriminatoire à raison de l'orientation sexuelle au collège et au lycée. L'association parisienne rappelle la responsabilité du ministère de l'Éducation nationale sur ces questions et appelle également ce dernier à s'appuyer sur les associations.

La Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité se félicite des décisions déjà prises par le ministère telles que la circulaire du 4 avril 2008 visant à «lutter contre toutes les violences et toutes les discriminations, notamment l'homophobie» ou l'introduction en 2007 des actes liés à l'homophobie dans le logiciel Sivis de recensement des violences à l'école. Reprenant les propositions d'un groupe de travail, la Halde recommande aussi une plus grande prise en compte du critère de l'orientation sexuelle, au même titre que les autres critères de discrimination, que ce soit au niveau des manuels scolaires, de la formation des enseignants ou des règlements intérieurs des établissements. Elle souhaite enfin que l'Éducation nationale s'appuie sur les associations qui, telles que le MAG, mènent des interventions visant à prévenir l'homophobie, et l'invite à cette fin à examiner «sans a priori» les demandes d'agréments émanant de telles associations.

Le MAG espère que cette délibération sera suivie d'effet. «N'oublions pas la situation difficile dans de nombreux établissements où, du fait de leur orientation sexuelle- réelle ou supposée- de nombreux jeunes se sentent rejetés, subissant des brimades, sans toujours pouvoir compter sur le soutien du personnel encadrant, écrit l'association. Le résultat de ce climat où l'homosexualité est l'objet de dérision ou de violence est de conduire de nombreux jeunes gays, lesbiennes, ou en questionnement quant à leur orientation sexuelle à s'auto-dévaloriser et parfois à adopter des comportements à risques, ce que montrent les tristes chiffres de la sur-suicidalité des jeunes homosexuels.»

Des nouvelles de la Halde en ce qui concerne l'homophobie à l'école (suite) :

Un collectif éducation de lutte contre les LGBT-phobies(lesbiennes, gaies, bi et transsexuelles) a demandé lundi au ministère de l'Education d'appliquer des recommandations de prévention de discriminations liées à l'orientation sexuelle émises par la Halde.

Vendredi, la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde) a recommandé plusieurs mesures de prévention dans les collèges et les lycées.

Par exemple, elle conseille «de veiller à ce que le critère de l'orientation sexuelle soit pris en compte au même titre que les autres critères de discrimination au sein des programmes scolaires» et «de s'assurer que le sujet de l'homophobie soit explicitement abordé dans les différentes disciplines, lorsque cela peut être pertinent».

Prenant acte «avec satisfaction du contenu» de ces recommandations, le collectif Education demande au ministère leur application, dans un communiqué lundi.

Toutefois, il regrette, entre autre «que ces recommandations ne s'appliquent pas dès l'enseignement primaire, premier échelon de l'apprentissage au vivre ensemble dans la diversité». Ce collectif regroupe les fédérations de l'Education FSU, Sgen-CFDT, Ferc-CGT, les lycéens de l'UNL, les étudiants de l'Unef, les parents d'élèves de la FCPE.


Surtout que, dès la primaire, des camarades peuvent être amenés à en côtoyer qui sont issus de familles homoparentales...