Jean-Claude Grumberg
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Jean-Claude Grumberg
Le 4 mai 2019, Jacqueline Grumberg est morte à l'hôpital, à 23h20, sans que son mari depuis près de soixante ans puisse cueillir son dernier soupir.
Grumberg est connu pour être un dramaturge. Comme il le dit lui-même, c'est la première fois qu'il écrit comme ça, un récit, peut-on dire un roman? Le roman de l'absente, sa femme, qu'il a aimée profondément, lui à qui rien ne promettait de recevoir son amour. Jacqueline était belle, brillante... Lui, comme il le dit lui-même, ne valait pas grand chose : sans travail, "faignant", pas très beau... et c'est pourtant lui qu'elle a aimé en lui faisant la promesse de rester avec lui jusqu'à ce qu'elle rencontre "l'homme de sa vie".
À travers un récit qui part dans tous les sens, dans une écriture qui est vitale parce qu'elle fait vivre, revivre Jacqueline, parce qu'elle ne peut pas disparaître comme ça, avant lui, Jean-Claude Grumberg fait le portrait de celle sur qui il n'avait écrit aucun livre. Son désir, son amour si vivants n'avaient pas trouvé place dans ses pièces, peut-être parce qu'il le vivait justement.
Il raconte Jacqueline, son caractère fort, son charme, le désir qu'elle lui inspire fortement et jusqu'au bout, même sur son lit d'hôpital où elle meurt d'avoir trop fumé (deux paquets par jour : "Arrête-toi, si tu m'aimes. — Est-ce que moi je te demande de fumer si tu m'aimes?")
Le cancer du poumon s'est transformé en une énorme tumeur au foie. Jean-Claude se souvient, elle est partout avec lui, il n'a pas l'intention de faire son deuil : ce temps-là ne viendra jamais.
Faire le deuil de l'absente, c'est l'enterrer définitivement. Un amoureux fou ne fait pas son deuil.
Il dit leur rencontre improbable, leurs longs baisers, leur mariage, la perte d'un enfant, la joie d'être avec Jeanne, leur petite-fille. Il écrit à vif et sait rire de lui-même, malgré la douleur. On reconnaît parfois l'amuseur, avec ses expressions grossières que la voix de Jacqueline vient lui reprocher d'utiliser.
À 80 ans, Jacqueline est belle, jeune, sans rides. Elle aurait pu dépasser les cent ans sans jamais vieillir.
Jacqueline, Jacqueline, c'est la déclaration qu'on aurait dû faire, mais aussi la lutte contre l'absence. L'absence, ça se chasse sur l'instant, autant que possible, à bout de forces, à coups de stylo. Mais ça ne guérit pas. Il faut espérer un retour. Le seul possible, pour lui, sera de la rejoindre, peut-être en nouant cette cravate de Kippour autour de son cou. Ce qu'il ne fera pas. Il continuera à vivre avec elle, sa voix, son souvenir, "son" livre posé sur l'oreiller.
"Je t'aime presque plus que le chocolat noir."
Peut-on déclarer mieux son amour?
À écouter : la belle interview de Laure Adler :
"L'hymne à l'amour"
https://www.franceinter.fr/emissions/l-heure-bleue/l-heure-bleue-du-mardi-28-septembre-2021
Source des photos : https://librairiexxisiecle.com/2021/08/16/jean-claude-grumberg-jacqueline-jacqueline-photographies/
Source : https://lemanoirdeslettres.forumactif.com/t196-pour-la-disparue-jacqueline-jacqueline-jean-claude-grumberg-2021
Kashima- Faux-monnayeur
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