Reading time : Orwell
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Reading time : Orwell
Pour savoir qui était George Orwell, qu'on ne connaît souvent que comme l'auteur de 1984 et La Ferme des Animaux, il faut lire la biographie de Stéphane Maltère parue en mai 2015 chez Gallimard. On y découvre comment Eric Blair est devenu peu à peu cet écrivain renommé, essuyant de nombreux échecs mais s'acharnant à son travail littéraire. Le livre se lit comme un roman, et il m'a donné envie de lire, entre autres, Et Vive l'aspidistra dont le titre est plus un repoussoir qu'autre chose. Je ne sais pas pourquoi, mais il me donnait l'impression d'un texte sur une révolution en Amérique du Sud...
Mais l'aspidistra, c'est une plante récurrente dans le roman, dont la logeuse de Gordon Comstock se sert pour orner toutes ses fenêtres.
Gordon Comstock est un drôle de narrateur (le livre est écrit à la 3e personne, mais le point de vue interne nous donne directement accès aux pensées souvent mesquines de ce personnage qui fait figure, dès les premières lignes, d'anti-héros). Issu d'une famille pauvre, il a décidé de devenir écrivain. Le problème, c'est que jusque là, à part son recueil de poèmes Souris, vendu à une centaine d'exemplaires, il n'a pas fait grand chose. Il refuse de gagner de l'argent et pourtant, se plaint de ne pas en avoir : il a quitté tous les emplois qui lui auraient permis de vivre confortablement! Il est désormais embauché dans une librairie/bibliothèque, où il passe dix heures par jour. Le premier chapitre est hilarant : la description des personnages qui défilent à la librairie, la façon qu'a Gordon de les percevoir, est très drôle.
A suivre...
"On peut obtenir n'importe quoi en ce monde pourvu qu'on ne le veuille sincèrement pas."
"Son magnum opus. Le fruit (un fruit, tu parles!) de deux années de travail - ce fouillis labyrinthique de mots! Quant à l'ouvrage de ce soir - il avait biffé deux vers ; il avait régressé de deux vers au lieu d'avancer."
"Si vous voulez savoir ce que les parents d'un mort pensent réellement de lui, un bon critère approximatif, c'est le poids de sa pierre tombale."
Mais l'aspidistra, c'est une plante récurrente dans le roman, dont la logeuse de Gordon Comstock se sert pour orner toutes ses fenêtres.
Gordon Comstock est un drôle de narrateur (le livre est écrit à la 3e personne, mais le point de vue interne nous donne directement accès aux pensées souvent mesquines de ce personnage qui fait figure, dès les premières lignes, d'anti-héros). Issu d'une famille pauvre, il a décidé de devenir écrivain. Le problème, c'est que jusque là, à part son recueil de poèmes Souris, vendu à une centaine d'exemplaires, il n'a pas fait grand chose. Il refuse de gagner de l'argent et pourtant, se plaint de ne pas en avoir : il a quitté tous les emplois qui lui auraient permis de vivre confortablement! Il est désormais embauché dans une librairie/bibliothèque, où il passe dix heures par jour. Le premier chapitre est hilarant : la description des personnages qui défilent à la librairie, la façon qu'a Gordon de les percevoir, est très drôle.
A suivre...
"On peut obtenir n'importe quoi en ce monde pourvu qu'on ne le veuille sincèrement pas."
"Son magnum opus. Le fruit (un fruit, tu parles!) de deux années de travail - ce fouillis labyrinthique de mots! Quant à l'ouvrage de ce soir - il avait biffé deux vers ; il avait régressé de deux vers au lieu d'avancer."
"Si vous voulez savoir ce que les parents d'un mort pensent réellement de lui, un bon critère approximatif, c'est le poids de sa pierre tombale."
Dernière édition par Kashima le Dim 14 Fév 2016 - 9:21, édité 2 fois
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
Et vive l'aspidistra! George Orwell
... Gordon Comstock est obsédé par l'argent, mais à l'inverse de tout le monde : il n'en veut pas. Il veut fuir tout emploi confortable qui rapporterait, et ce principe le conduit de plus en plus bas. Rosemary, sa petite amie, est d'une patience incroyable. Son ami socialiste, Ravelston, le supporte avec la même gentillesse, et lui ne veut rien entendre : non, on ne payera rien pour lui. Qu'il vive dans la misère, sans personne, il n'acceptera pas de reprendre cet emploi de publicitaire qu'il a quitté de son plein gré.
Le roman est un enfoncement progressif : Gordon se plaît à se laisser "couler", loin de l'ambition, du confort, quitte à vivre dans un taudis avec les punaises :
"Il aimait à penser qu'au-dessous du monde de l'argent, il y a ce vaste monde inférieur, louche et malpropre, où l'échec et le succès n'ont pas de sens ; une sorte de royaume de spectres, où tous sont égaux. C'était là qu'il souhaitait être, dans ce royaume de spectres, au-dessous de l'ambition."
Symboliquement, son ennemi, c'est l'aspidistra : on trouve cette plante chez tous les gens de Londres, et tout particulièrement chez ceux que le système a happés. Il prend cette plante en haine et, où qu'il aille, il la rencontre.
La focalisation interne 3e personne rend familier de Gordon, au point que, comme son entourage, il nous agace, nous navre, mais on n'arrive pas à le trouver détestable. Pénible, oui, tellement à cheval sur ses principes absurdes qu'on le voit passer à côté de sa vie. Un chapitre, particulièrement, nous place dans cette position : Gordon a gagné 10 livres grâce à l'un de ses poèmes publié dans une revue américaine. Lui qui n'a pas d'argent va pouvoir mieux vivre quelque temps et, que fait-il? Il les claque en une soirée, sous l'oeil impuissant de Rosemary et de Ravelston, s'enivrant au point qu'il va finir en cellule.
"Vicisti, O aspidistra!"
C'est un livre drôle et grinçant aussi, dans lequel Orwell dévoile encore sa fascination pour la pauvreté, lui qui a été capable de vivre comme un miséreux pour pousser l'expérience jusqu'au bout. En est sorti le roman : Dans la dèche à Paris et à Londres, à lire aussi!
Le roman est un enfoncement progressif : Gordon se plaît à se laisser "couler", loin de l'ambition, du confort, quitte à vivre dans un taudis avec les punaises :
"Il aimait à penser qu'au-dessous du monde de l'argent, il y a ce vaste monde inférieur, louche et malpropre, où l'échec et le succès n'ont pas de sens ; une sorte de royaume de spectres, où tous sont égaux. C'était là qu'il souhaitait être, dans ce royaume de spectres, au-dessous de l'ambition."
Symboliquement, son ennemi, c'est l'aspidistra : on trouve cette plante chez tous les gens de Londres, et tout particulièrement chez ceux que le système a happés. Il prend cette plante en haine et, où qu'il aille, il la rencontre.
La focalisation interne 3e personne rend familier de Gordon, au point que, comme son entourage, il nous agace, nous navre, mais on n'arrive pas à le trouver détestable. Pénible, oui, tellement à cheval sur ses principes absurdes qu'on le voit passer à côté de sa vie. Un chapitre, particulièrement, nous place dans cette position : Gordon a gagné 10 livres grâce à l'un de ses poèmes publié dans une revue américaine. Lui qui n'a pas d'argent va pouvoir mieux vivre quelque temps et, que fait-il? Il les claque en une soirée, sous l'oeil impuissant de Rosemary et de Ravelston, s'enivrant au point qu'il va finir en cellule.
"Vicisti, O aspidistra!"
C'est un livre drôle et grinçant aussi, dans lequel Orwell dévoile encore sa fascination pour la pauvreté, lui qui a été capable de vivre comme un miséreux pour pousser l'expérience jusqu'au bout. En est sorti le roman : Dans la dèche à Paris et à Londres, à lire aussi!
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
Dans la dèche
George Orwell nous narre sa vie de vagabond à Paris et à Londres.
Dans la première partie, il est surtout question de sa vie de plongeur au sein d'un grand hôtel parisien : on y apprend les conditions de travail atroces (chaleur, saleté, plus de quinze heures par jour...), comment la cuisine est faite dans la crasse (la sueur qui tombe dans les aliments, la nourriture qui se retrouve par terre, rincée rapidement au chiffon sale et remise dans l'assiette). Être plongeur est le dernier degré dans la hiérarchie quand être garçon est l'ambition première!
Il nous raconte cela dans un style très agréable à lire, limpide, qui fait sourire. La misère est partout : elle fait des S au mur, cortège de punaises ; elle est dans les vêtements troués qu'on porte à l'année, au Mont-de-Piété où l'on vous déleste de vos biens contre presque rien.
A Londres, il est surtout question de la vie de trimard dans les asiles pour la nuit : interdiction de dormir deux fois dans le même lieu. Tout est sale, difficile de dormir avec l'haleine et les pieds sous le nez d'autres clochards.
Pourtant, Orwell défend les mendiants. Ses idées politiques sont amorcées dans ce livre. Il montre l'absurdité du système qui force les gens à la mendicité tout en les réprimandant et en ne leur donnant aucune chance de s'en sortir. Il voudrait sonder leur âme de plus près, comme il le dit à la dernière page. A travers les portraits de Bozo, l'artiste de trottoir (il dessine au sol pour récolter un peu d'argent), de Paddy, de Charlie qui clame qu'il a connu l'amour - en s'étant acheté les faveurs d'une prostituée non consentante qu'il a violée et violentée -, Orwell nous fait partager cette vie d'errance et de pauvreté sans jamais éveiller la pitié.
Kashima- Faux-monnayeur
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