Contes d'amour, de folie et de mort
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Contes d'amour, de folie et de mort
Les Contes d'amour, de folie et de mort datent de 1917, mais n'ont été publiés en France qu'en 1984 aux éditions Métailié. Horacio Quiroga les a écrits dans la forêt tropicale, en Argentine. Ecrivain solitaire, on le surnomme "le sauvage".
Ses Contes d'amour, de folie et de mort sont composés de 15 textes empreints de fantastique et de romantisme, comme "La méningite et son ombre", morceau de choix de ce recueil :
Un billet datant de 7h30 du matin est envoyé chez le narrateur (Carlos Duran) par Luis Maria Funès. Il s'en étonne car il ne connaît pas très bien cet homme. Il se trouve que sa sœur est alitée, atteinte d'une grave méningite et, dans son délire, elle ne souhaite voir qu'une personne : Duran! Le problème, c'est qu'ils se connaissent à peine et qu'il n'est pas question d'amour entre eux, même si la jeune femme est très belle. A la demande du frère et du médecin, Duran accepte de jouer le jeu de l'amour car les moments où il vient au chevet de la jeune fille malade sont ses seuls moments d'apaisement.
Les jours passent et, insidieusement, l'amour s'insinue en lui même s'il sait très bien qu'il n'est qu'un "amour d'apparence". Au cours de l'un de ses délires, Maria Elvira lui dit cette phrase qui le trouble profondément :
"Et quand je ne délirerai plus, m'aimeras-tu encore?"
Et un jour, la jeune femme guérit...
Jaillit, en rêve, un homme à tête de thermomètre...
"Mais les rêves d'amour, fussent-ils des rêves de deux heures et à 40°, se payent le jour et s'il est au monde une personne que je cours le risque d'aimer en pleine lumière, j'ai très peur que ce ne soit pas mon amour nocturne. Car j'aime une ombre."
Quiroga et sa première épouse
Parmi les autres contes à ne pas manquer, celui de "L'oreiller de plumes" où une jeune femme, fraîchement mariée, se retrouve atteinte d'une anémie qui la dévore, ou "La poule égorgée" où l'auteur nous fait un fabuleux portrait d'une famille d'idiots : le mari et la femme ont fait quatre enfants qui, arrivés à seize ou vingt mois, sont atteints d'un mal qui en fait des handicapés mentaux. On trouve aussi "Le bateau suicide", des histoires qui se passent non loin de San Ignacio où vécut Quiroga : des fourmis qui rongent tout ce qui vit, des péons travaillent sous la canicule dans les champs argentins... Deux histoires ont pour personnages principaux des chiens.
Dans "L'insolation", les chiens pensent et appréhendent la mort de leur maître. Ils ont le pouvoir de sentir quand la Mort approche. Étrangement, un double de la personne qui va mourir se cogne à la véritable enveloppe de l'individu. Dans "Yaguaï", le pauvre petit fox qui aimait chasser le lézard se retrouve en pension chez un homme qui compte l'élever pour la chasse en forêt.
On oscille entre l'atmosphère des salons et les plaines et forêts argentines.
"Une saison en amour" raconte comment deux personnes qui s'aiment peuvent être détournées l'une de l'autre par leur entourage : on y lit les amours gâchées.
"Mais pour moi elle était toujours belle et peut-être plus encore, parce que je la perdais."
"La méningite et son ombre"
"Les tâcherons" et "Les pêcheurs de grumes" m'ont moins intéressée, mais ce livre vaut vraiment le détour!
Quiroga et un coati
Voici ce qu'on lit sur la vie d'Horacio Quiroga (Wikipedia) :
L'existence tout entière d'Horacio Quiroga est placée sous le signe de la mort : mort de son père, qui, alors que le futur écrivain est âgé de trois mois se tire une balle de fusil dans la tête sans que l'on sache s'il s'agit d'un accident de chasse ou d'un suicide; mort de son beau-père, dix-sept ans plus tard, qui paraplégique se suicide d'un coup de fusil soutenant l'arme avec ses pieds, Horacio est le premier qui arrive à l'endroit; suicide de sa première femme en 1915 ; mort enfin de son meilleur ami, Federico Ferrando, accidentellement tué par Quiroga lui-même alors qu'il manipule un pistolet.
On ne s'étonnera pas que dans ce contexte très particulier les contes et nouvelles publiés par Horacio Quiroga soient placés sous le signe de cette facilité sinistre de mourir dont parle Victor Hugo : on citera, notamment, dans les Contes d'Amour, de folie et de mort, les nouvelles intitulées « La poule égorgée », « À la dérive », « Les bateaux-suicides », ou encore, dans le recueil Anaconda, la nouvelle intitulée « Diète d'amour », dans laquelle le héros, invité à appliquer littéralement l'adage « vivre d'amour et d'eau fraîche », meurt lentement et paisiblement de faim.
Il part à Paris en 1900, où il ne reste que trois mois, à court d'argent. Il rejoint Buenos Aires, déçu par la capitale française. Le gouvernement cherchant à favoriser l'évangélisation de la province reculée de Misiones, Quiroga s'installe à San Ignacio, au milieu forêt tropicale, (on peut visiter sa maison). Il y emmène vivre sa jeune épouse, Ana María Cirés, âgée de 15 ans3. Il retourne en 1916 à Buenos Aires, où sont publiés ses ouvrages les plus connus: Cuentos de amor de locura y de muerte (1916), Cuentos de la selva (1918), El Salvaje (1918) et Anaconda (1921).
À partir des années 1920, Quiroga gagne une renommée internationale avec des traductions aux États-Unis et en France.
Atteint d'un cancer de la prostate, il mit fin à ses jours dans un hôpital de Buenos Aires, en avalant une pilule de cyanure en 1937. Les cendres de l'écrivain ont été mises dans un cylindre métallique pour les insérer dans une tête en bois de Quiroga. L'œuvre sculpté par l'artiste russe Stephan Erzia sur un morceau de racine d'un arbre de la forêt, et enfin emmenée à la ville natale de Quiroga, Salto, en Uruguay. Dans cette ville il y a un musée-mausolée à la maison de sa jeunesse, qui garde la sculpture.
Kashima- Faux-monnayeur
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