La Comtesse de Lesbos (E.D.)
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La Comtesse de Lesbos (E.D.)
La Comtesse de Lesbos se vendait sous le manteau à la fin du XIXe siècle. Entre 1870 et 1910 (La Belle Époque), une littérature pornographique a été écrite et diffusée en France. L'un de ses auteurs signait E.D. Identifié comme Edmond Dumoulin (ou est-ce Émile Desjardins, Édouard Demarchin?), il aurait écrit (plutôt bien, d'ailleurs) plusieurs romans de ce genre (environ 25). Officiellement, l'éditeur Brancart diffusait des romans tels que La Nuit et le Moment de Crébillon, une littérature libertine du XVIIIe siècle, mais on s'est rendu compte plus tard que clandestinement, il publiait des textes pornographiques. C'était sa couverture...
D'après les quelques renseignements du E.D., il était peut-être un "courtier en vins de Bordeaux" ou un "fonctionnaire de Gironde".
Cette littérature n'a de clandestine que le nom à cette époque, car on trouve assez facilement ces livres. Mais à l'approche de la guerre, les condamnations sont nombreuses.
Le titre La Comtesse de Lesbos annonce un programme, si l'on est hors-contexte : une histoire de femmes entre elles. Sauf qu'il ne faut pas s'y tromper : cette comtesse, d'origine espagnole et qui, séparée de son mari, vit entourée de ses soubrettes, ne reste pas la reine des lesbiennes longtemps. Le narrateur a un coup de foudre pour elle. Après lui avoir porté secours lors d'une baignade à Trouville (elle a une crampe), il s'introduit dans ses appartements et assiste à des scènes sapphiques. Le désir le fait se trahir et, contre toute attente, celle qui se présentait comme la plus "pure", la plus sauvage des lesbiennes au monde se laisse facilement séduire (et prendre). A la première étreinte, c'est la révélation! Elle dit au jeune homme qu'il lui a fait connaître le plaisir, car elle croyait que le sexe avec un homme ne durait pas longtemps à cause de son mari qui la touchait à peine et la délaissait très vite.
Le visiteur assiste donc à toutes les scènes sexuelles de la comtesse, auxquelles il participe : les soubrettes, comme leur maîtresse, ne sont pas du tout rebutées par le phallus et s'en donnent à coeur joie, de tous les côtés.
Passé le premier chapitre, le roman est totalement pornographique : l'histoire se déroule à Paris, chez la comtesse qui reçoit fréquemment des femmes du monde avec qui elle doit passer un moment et chacune, sans sourciller, accepte la présence de l'homme et de se faire assaillir par lui.
La dernière visiteuse a seize ans : Cécile est une jeune fille vierge qu'affectionne beaucoup la comtesse et qu'elle va faire déflorer par le narrateur, toujours prêt à toutes les prouesses!
On peut y lire que les femmes font l'usage de godemichés qu'on remplit de lait chaud et qui, à l'aide d'un ressort, libèrent le liquide au moment voulu, imitant la semence masculine.
La Comtesse de Lesbos est bien écrit, dans un style plutôt classique. Le texte est de qualité, ce qui rare dans le genre. On se perd un peu parfois dans les positions (les uns sur le dos des autres, l'échelle...). On n'y trouve pas une pensée, comme chez Sade, mais le roman ne prétend pas faire autre chose que de la bonne pornographie. Le contrat est rempli.
En revanche, qu'on ne s'attende pas à de la littérature lesbienne : l'homme est là, seul, avec son "maître Jacques" vainqueur, que toutes se disputent. Les scènes lesbiennes sont presque fades, souvent identiques, et l'arrivée de l'homme fait commencer l'action.
On peut déplorer que les éditions de La Musardine laissent passer tant de coquilles : on a l'impression d'un roman qui n'a pas été relu : des virgules entre un sujet et un verbe, et de très nombreuses fautes qui m'avaient déjà gênée pour Les Batteuses d'hommes. Les relecteurs ne parviennent-ils pas à garder la tête froide?
A la fin du livre, le narrateur nous invite à suivre leurs aventures et à lire Lèvres de velours...
La Comtesse de Lesbos est lisible sur Gallica :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1302198
D'autres titres de E.D. :
Les Callipyges
Jupes troussées
Lesbia, maîtresse d'école
Lèvres de velours
Le Marbre animé
Mémoires d'une danseuse russe
Mes étapes amoureuses
Odor di femina
L'Odyssée d'un pantalon
Théâtre Naturaliste
Kashima- Faux-monnayeur
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