Ensorcelés ! Magie et sorcellerie dans l'Antiquité

On y trouve les figures d'Hécate, déesse à trois têtes qui symbolise les trois âges de la vie, de Dionysos, dieu du passage vers le désordre intérieur et d'Hermès, dont une des fonctions est de conduire les âmes aux Enfers (Hermès psychopompe). Son épithète de Trismégiste, le trois fois puissant, n'est pas sans lien avec la magie. Héphaïstos est aussi  associé à la magie, parce qu'une fois rejeté de l'Olympe, il a su regagner ce lieu dans une sorte de renaissance.


On peut voir sous vitrine de nombreuses intailles, petites pierres gravées que l'on avait sur soi comme des porte-bonheur. Ici, un génie léontocéphale et des représentations des dieux cités ci-dessus.
Jupiter, lié au Sérapis égyptien, est lui aussi associé à la magie. Hermès se rapproche de Toth.
Les deux sorcières mythologiques les plus connues sont Circé et Médée, mais on en a peu de représentations dans l'exposition, si ce n'est sur les grands dessins qui ornent les pièces.

Il est aussi question de Sabazios, dieu thrace ou phrygien assimilé à Jupiter et Bacchus. Son principal attribut est le serpent.
Son culte, initiatique, comportait une procession au cours de laquelle les fidèles portaient et agitaient un serpent ou une main décorés de références à l'animal.




2) La cache du magicien

"En juillet 2005, à Chartres, la fouille d’une domus (maison de ville,) située dans le quartier des Épars, révèle une sorte de petite cave et un important matériel archéologique daté de la fin du 1er siècle ou du début du 2e siècle. Les décors et les inscriptions présents sur les objets permettent d’identifier cet ensemble exceptionnel comme faisant partie de l’arsenal d’un magicien et de son « laboratoire ». Cette cave est appelée « cache du magicien ». Pour la période
antique, c’est l’une des rares preuves d’un lieu où la magie se pratique.
La cache est reconstituée dans une salle de l’exposition."



3) L'envoûtement

Une des parties les plus intéressantes, celle consacrée à l'envoûtement dans l'Antiquité.
Les tablettes d'envoûtement étaient en plomb. On gravait sur ces lamelles de plomb des messages, formules, pour protéger, pour chasser le mal ou pour nuire.


L'envoûtement, c'est katadesmos en grec, defixio en latin.
La défixion consiste à lier, à clouer qqn (homme ou animal) sous la volonté d'un autre.

"Gravées au cours de rituels précis que nous rapportent en détail les papyrus magiques grecs, ces tablettes de plomb sont pliées ou roulées, parfois transpercées de clous, et déposées dans des lieux censés favoriser le contact avec le monde d’en-bas [contact chthonien] (puits, tombe, source…)."


Le plomb avait des vertus magiques. Il est le support pour invoquer les démons. On trouve sur les tablettes le nom d'Abraxas, d'où vient sûrement le "abracadabra".
Abraxas Panthée figure en son centre un personnage à tronc d’homme, à tête de coq levée et scrutant le soleil, et dont les jambes sont deux serpents.


On peut voir une figurine égyptienne (venant d'Antinoopolis) transpercée de piques (comme dans le vaudou). On y trouve le nom de la victime. Vu la place des piques, le but est peut-être de priver cette femme de plaisir :



4) La magie médicale et protection

Plantes, minéraux avaient des pouvoirs curatifs ou de protection.


Beaucoup d'intailles (pierre gravée en creux qui réunit le pouvoir de la pierre et celui de l’image qui est gravée dessus. Elle était portée en pendentif ou monté en bague) sont visibles dans cette exposition.



"Les formules et les mots sont aussi utilisés pour soigner. Les procédés sont mis par écrit sur des phylactères qui sont
souvent roulés et introduits dans des tubes en bronze. Attachés à une chaînette, ils peuvent être portés autour du cou."

On peut voir la stèle d'"Horus sur les crocodiles". On grave des formules sur la pierre, on laisse couler de l'eau dessus et on la fait boire à la personne à soigner ou protéger. On peut aussi frotter son corps avec, d'où son état d'usure.

Quelques plantes au pouvoir médical :
La pivoine, la belladonne, la chicorée, l'euphorbe, l'héliotrope et la centaurée.
La jusquiame rend fous ceux qui en mangent, selon Xénophon. On s'en sert pour modifier les états de conscience. L'euphorbe attise le désir sexuel. La potentille, associée à Hermès, favorise les rêves divinatoires...

On peut voir des ex-voto (remerciements aux dieux) :



5) Divination, astrologie et superstitions

"Dans l’Antiquité, divination et astrologie sont communément associées à la magie. Dans les textes de loi, leur pratique est parfois sanctionnée car elle peut remettre en cause l’ordre établi."

Visibles sous cloches, des dodécaèdres, objets énigmatiques du monde romain. C'est un instrument pour (sans doute) prédire l'avenir.
On trouve aussi des gorgoneion (objet ou masque à figure de Gorgone), de nombreux objets en forme de phallus comme des lampes, des bijoux et amulettes (symbole protecteur, de fertilité), des clochettes qui favorisent les accouchements et éloigner les mauvais esprits...


Parmi les superstitions romaines, on a la bulla, petite boule que portaient les enfants autour du cou. Les Risus sont des statuettes qui veillent sur le bébé :




Pour plus d'informations, le livret pédagogique est en ligne.