La vie d'Adèle - chapitres 01 & 02

Vu La Vie d'Adèle hier soir... Je suis encore sous le charme de ce film qui confirme le talent d'Abdelattif Kechiche dont j'avais aimé les films précédents. Le réalisme, la façon qu'a la caméra de ne jamais lâcher Adèle, de traquer les émotions, l'assez grande subtilité du traitement des choses (même si certains symboles sont un peu trop forts, mais il faut contenter tout le monde et que les gens comprennent que spaghettis Bolognaise, c'est moins riche qu'huîtres et grand vin blanc).
Mon film a cependant était gâché bien souvent par la stupidité des spectateurs dans la salle qui se permettent de parler à voix haute, de ricaner, surtout s'il y a du sexe à l'écran. Le pire a été qu'au moment le plus émouvant du film, où Adèle retente sa chance avec Emma, la femme qu'elle aime, où la tension est forte, certains ont ri comme s'ils étaient devant le Dany Boon qu'ils auraient mieux fait d'aller voir. Adèle éclate en sanglots, des sanglots vrais, avec le nez qui coule, la non maîtrise du corps. La morve qui coule, ça fait rire les gens... Bizarre.
Bref!
Pour revenir au film, on suit Adèle de ses années lycée, à 17 ans, jusqu'à ses premiers pas dans la vie active en tant qu'institutrice. Elle sent qu'il lui manque quelque chose, que les relations plates avec les garçons de son âge, tout gentils qu'ils puissent être, ne la satisfont pas. Dans la rue, elle éprouve un amour au premier regard pour une jeune femme aux cheveux bleus qui en enlace une autre. Son image la hante, et elle se décide à la retrouver.
Le milieu gay/lesbien sonne juste, l'amour entre les deux femmes aussi, et la Fameuse-Scène-De-Sexe, c'est à se demander si les gens ont déjà "baisé" dans leur vie! Je suis en colère de tout ce remue-ménage autour de cette première fois où Adèle et Emma font l'amour : c'est fort, ça ressemble à la réalité. Ce qui a dû gêner le spectateur, hormis sa méconnaissance de l'amour entre femmes, c'est que ce n'est pas enrobé dans des chorégraphies érotico-lesbiennes pour hétéros, avec douceur, ongles longs et peints, musique et miel. Les deux jeunes femmes ont envie l'une de l'autre depuis des jours, c'est fort et c'est brut.
Ce n'est pas la différence de classes qui sépare Adèle et Emma, c'est une différence d'ambition et surtout de vision de l'amour. Adèle vit simplement, avec son envie d’être institutrice. Elle ne va pas imaginer une seconde faire autre chose car c'est la vie qui lui plaît. Comme elle le dit, "elle aime les enfants". Emma est peintre, elle veut être exposée, c'est une artiste qui ne conçoit pas la vie sans qu'elle soit rehaussée par l'art. D'ailleurs, quand son attirance pour Adèle s'essouffle, elle tente de lui dire qu'elle devrait écrire, faire quelque chose. Mais Adèle répond que l'aimer lui suffit. L'une est pleinement satisfaite par la vie à deux avec la femme qu'elle aime (sa première), l'autre, qui a déjà trompé, est moins stable, a besoin de vibrer d'une autre façon. Je n'ai pas ressenti tant que cela la différence de classes (sauf spaghetti/huîtres... et Questions pour un champion à la télé, seules choses qui m'ont paru un peu lourdes surtout que la famille ne mange pas à 18h30, je suppose) ; selon moi, ce n'était pas vraiment le problème dans leur relation.
C'est un film d'amour, sur le premier amour particulièrement : le désir, la passion, l'harmonie, la rupture, la solitude. Adèle est exceptionnelle, elle a un jeu incroyable. Il faut croire que, malgré les polémiques, les acteurs ont été parfaitement dirigés puisqu'au bout, on a une palme d'or et une grande précision dans le jeu.
Le réalisateur évoque une version longue : j'en veux encore!