Nico, velours amer

Je l’ai cherché, je l’avais en tête, je voulais le dédier à quelqu’un – enfin, juste dédier le leitmotiv, le I'll be your mirror. J’avais oublié à quel point Nico, la grande Nico l’avait chanté, ou essayé parfois, suspendue au bord du gouffre, anéantie, ravagée, sur un souffle, comme moi, comme moi ces années où j’étais dans le caniveau, vidée, quand je tentais de dire je t’aime.

Parce que zyva, madame Päffgen, je le connais moi aussi ce moment où l’on sent la vie partir – où l’on n’a même plus peur puisque ce n’est plus si grave ; le ciel a rejoint la mer, on est étrangement résolue, on titube, hagarde, on est déjà morte, il n’y a plus qu’un filet et puis et puis et puis… et puis rien, on rouvre les yeux, rien n’a disparu mais rien n’est semblable – quelque chose est cassé, on sait alors la fragilité, on sait tout, on a les mots pour le hurler mais pas pour le dire. L’instant suivant devient tellement improbable…

Ecoutez, vouzôtres, écoute, Kashima, écoute les silences de Nico, sens sa nausée, le poids sur sa poitrine, le vertige. Bien sûr, elle a fourni des versions plus « clean », du miroir, mais écoute celle-ci, quand même, elle dit tellement plus, elle donne tellement plus, elle apprend tellement plus…

Nicole.