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L'amour charnel au Moyen-Age

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Message  Kashima Lun 22 Déc 2008 - 13:33

J'ai écouté sur la route, ce matin, une émission sur le thème de l'amour charnel au Moyen-Age, d'après le livre de Florence Colin-Goguel, L’image de l’amour charnel au Moyen Age.

L'amour charnel au Moyen-Age 51mowm7bzhlss500mt2



Il était question des tournois où les hommes ne se disputaient que "pour un con", de l'amour courtois pas si chaste que cela...

Pour écouter, ici.

Ce livre a l'air très intéressant, j'aurais dû le mettre sur ma liste de Noël! Smile


"L' image de l'amour charnel au Moyen Age est issue à la fois de l'imaginaire individuel et de la représentation collective, largement dominée en Occident par l'Eglise chrétienne. Sous son autorité de plus en plus prégnante, hommes et femmes ont été contraints, tout au long du Moyen Age, de concevoir ou préserver leur sexualité en fonction de son enseignement, par delà les longues survivances celtes, germaniques ou gréco-romaines. Toutes les créations artistiques médiévales, enluminures, sculptures, vitraux, ivoires, émaux ou même plombs, donnent à l'image de l'amour charnel une place "à part", ambiguë, le plus souvent codée et dissimulée dans des allégories et des symboles foisonnants. Mais l'image est aussi parfois très libre, voire caricaturale, dans les marges et les détails des illustrations, idéalement tournées vers le spirituel mais conscientes, non sans humour, des réalités de la vie terrestre. L'Image de l'Amour charnel au Moyen Age analyse 78 œuvres, choisies pour leur représentativité et leur esthétique, des temps mérovingiens jusqu'à l'aube de la Renaissance. Ces images sont organisées en six grandes parties, partant d'abord des dogmes de l'anthropologie chrétienne, pour découvrir ensuite la sexualité au quotidien. Chaque grande partie est elle-même subdivisée en quatre chapitres illustrant l'imaginaire ou la réalité concrète de l'amour charnel qui se révèle, selon les attentes des commanditaires ou les préoccupations des artistes, aussi bien refoulé dans les fantasmes et les comportements que joyeux et débridé, voire provocant. "


Dans l'émission, il y a eu la lecture des pénitences imposées au mari s'il couche avec sa femme pendant sa grossesse, le dimanche, en période de Carême, etc.
Le coït était même, pendant longtemps, un péché dans le mariage aussi.
Pour se racheter, pénitence (pain et eau) de 10 jours à 5 ans (dimanches et Carême).


Article du Monde des Livres (11 décembre 2008) :
Saint Paul en était convaincu : "Il est bon pour l'homme de s'abstenir de la femme." Mais l'apôtre n'était pas naïf. Connaissant l'appétit de ses semblables pour la "débauche", il admettait que le mariage avait son utilité : "S'ils ne peuvent se contenir, qu'ils se marient !" Le mariage comme pis-aller ? Sur ce point, l'auteur de l'Epître aux Corinthiens est on ne peut plus clair : "Ce que je dis là est une concession, non un ordre."


En quelques phrases lapidaires, Paul pose les fondements de la morale sexuelle qui régira la chrétienté médiévale. Une morale qui s'articule autour de quelques axiomes : célébration de la virginité, éloge de la continence, condamnation des plaisirs libidineux et, pour ceux à qui la chasteté demeure un continent à jamais étranger, strict cantonnement des "oeuvres de la chair" au cadre matrimonial.

C'est à la façon dont ces axiomes ont été mis en images, entre l'époque carolingienne et la fin du Moyen Age, que Florence Colin-Goguel s'est intéressée dans ce superbe livre. Un ouvrage dont il faut saluer le parti pris, l'historienne de l'art ayant fait le choix de se confronter humblement aux images - une centaine au total, enluminures, tableaux, broderies, sculptures... - et de les commenter une à une, en prenant le temps de s'arrêter sur un détail jugé significatif, sans prétendre en épuiser le sens.

Que nous montrent ces images ? D'abord le soin extrême apporté tout au long du Moyen Age à la diabolisation de la chair. L'auteur suggère cependant que, pour étouffer les désirs concupiscents de ses ouailles, l'Eglise ne pouvait se contenter de montrer la laideur du corps, cet "abominable vêtement de l'âme", selon la formule de saint Grégoire. C'est qu'il pouvait être difficile d'illustrer littéralement des discours dont la force tenait précisément au pouvoir évocateur des mots plus qu'à la crédibilité des images qu'ils charriaient. A l'instar de cette réflexion d'Odilon, abbé de Cluny, au Xe siècle :
"Si les hommes voyaient ce qui est sous la peau, la vue des femmes leur soulèverait le coeur. Quand nous ne pouvons toucher du bout du doigt un crachat ou de la crotte, comment pouvons-nous désirer embrasser ce sac de fiente ?"

Sans renoncer à répertorier les différentes "images subterfuges" mobilisées pour dévaloriser ces "corps de misère" - l'animalisation des traits du pécheur constituant ici l'un des motifs privilégiés -, Florence Colin-Goguel rappelle que l'iconographie médiévale a concentré ses efforts sur la représentation des punitions réservées aux luxurieux. L'une des parties les plus riches du livre est précisément consacrée à l'étude de ces châtiments. Qu'ils soient divins, comme ceux qui figurent sur le tympan de la cathédrale de Bourges, où chacun peut prendre connaissance des sanctions qui l'attendent s'il trompe son épouse, s'adonne à la fellation ou pratique la sodomie. Ou bien terrestres : à l'instar de cette "course des amants" adultères décrite dans un recueil de coutumes édité à Toulouse en 1296. Un rituel infamant propre à décourager les candidats à l'infidélité : l'homme et la femme y sont représentés nus, la seconde tirant le premier au moyen d'une corde attachée autour de son sexe, tandis qu'un employé municipal sonne de la trompette pour inciter la foule à assister à leur humiliation...

On se tromperait cependant en imaginant un Moyen Age tout entier placé sous le signe du "renoncement à la chair", pour reprendre la formule d'une célèbre étude de l'historien Peter Brown (Gallimard, 1995). Commentant le fameux baiser qui unit Lancelot à Guenièvre sous le regard de Galehot, surprenant les ébats d'un couple marié dans un traité médical du XIVe siècle ou débusquant au bas d'une enluminure d'un Roman de la Rose une nonne cueillant à pleines mains des phallus sur un arbre, Florence Colin-Goguel montre au contraire comment le plaisir charnel a fini par conquérir, à la fin du Moyen Age, un semblant de visibilité - sinon de légitimité.

Nul mieux que Jean Fouquet, dans le diptyque qu'il consacra à Agnès Sorel peu après la mort de celle-ci en 1450, n'a rendu compte de cette nouvelle grammaire des corps. La maîtresse de Charles VII y est représentée sous l'apparence d'une Vierge à l'Enfant. Difficile, toutefois, de ne voir dans sa pose que la promesse d'un chaste allaitement... Détournement subversif d'une image pieuse ? Illustration d'une "pénétration du profane dans les représentations du sacré" ? C'est parce que leur sens ultime finit toujours par nous échapper que ces images continuent de nous troubler. Et c'est sans doute de cette équivocité que jaillit, aujourd'hui encore, leur puissance érotique.


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L'IMAGE DE L'AMOUR CHARNEL AU MOYEN AGE de Florence Colin-Goguel. Préface de Michel Pastoureau. Seuil, 190 p., 45 €.
Signalons également l'Epître d'Othéa, de Christine de Pisan. Reproduit ici dans une version enluminée datant de 1460, ce texte constitue un manuel destiné à l'éducation des princes. Traduit en français moderne par Hélène Basso, préface de Jacqueline Cerquiglini-Toulet (Presses universitaires de France, "Sources", deux volumes sous coffret, 496 p., 45 €).


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Message  chercheusedor Lun 22 Déc 2008 - 18:57

kashima, merci mille fois de mettre en gras les passages importants.
Tu sais comme je suis paresseuse...

Entre nous, tu n'écoutes plus que France Culture ???

La barre est haute, bientôt je n'aurai plus le niveau pour poster sur ton blog !

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Message  Kashima Lun 22 Déc 2008 - 19:45

Oui, plus que ça! :moqueur:
Et parfois, quand je me laisse aller, je zappe sur Europe1! :clac:
Je te signale juste que je t'ai envoyé un sms pour te prévenir qu'il y avait cette émission.
J'aurai l'occasion d'en reparler, je pense. De l'amour courtois, au moins... Je te laisse le charnel?
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Message  chercheusedor Lun 22 Déc 2008 - 20:14

Oui merci mais j'ai allumé mon portable en sortant du travail...

Garde un peu de charnel quand même, sinon tu vas te consumer complètement.
Et de toute façon, c'est le charnel qui motive le courtois, non ?
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Message  Kashima Lun 22 Déc 2008 - 20:32

Derrière le courtois, que du :censure: !
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