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Blandine Le Callet

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Blandine Le Callet Empty Blandine Le Callet

Message  Kashima Mer 27 Oct 2021 - 10:53

Blandine Le Callet M0223410


Début du XXIIème siècle... Une petite fille est accueillie dans un centre, elle est dans un sale état : elle ne parle pas, elle a des cicatrices, des plaies, ses doigts doivent être détachés les uns des autres par un chirurgien. Quelle est cette créature? Où sommes-nous?
C'est une enfant bizarre (un monstre?) qu'on a enlevée à sa mère.
Dans ce centre, on reconstruit les enfants, les blessés, jusqu'à ce qu'ils soient capables de prendre leur envol à la majorité. Comment est le dehors? La petite fille qui grandit ne le sait pas : elle se souvient des hélicoptères qui font leur ronde, elle entend dire qu'extra muros, dans la Zone, c'est le chaos et la misère. Personne ne souhaite s'y aventurer, et tout est fait pour que les habitants de la ville vivent de manière réglée et saine.
Lila, c'est son prénom, se rappelle l'amour de sa mère. Elle a des bribes de souvenirs : un placard, une chanson, de la pâtée pour chat... elle pense à elle, ne rêve que de la retrouver, mais tout a été effacé depuis la déchéance (le Ministère a rayé son nom des dossiers). Elle ne connaît rien sur elle. De plus, elle a une phobie de l'extérieur, des autres autour d'elle ; elle ne supporte pas qu'on la touche.
Seul M. Kauffmann, son tuteur, parvient à l'apprivoiser.
Un monde étrange et futuriste (pas si loin du nôtre chronologiquement) se dessine : il y a les livres papier qu'on interdit, car porteurs de parasites ; le contrôle du Ministère qui veille à ce que personne n'ait de comportements anormaux ; on distribue même, à la puberté des jeunes filles, un Sensor, objet pour qu'elles se donnent du plaisir. Si Lila veut sortir du Centre, elle devra montrer ses progrès, jouer le jeu de la normalité sous l'œil des caméras omniprésentes. Ce n'est pas en se cachant sous son lit pour dormir en boule qu'elle obtiendra la liberté. Il faut faire face, donner le change à ceux qui tiennent son sort entre leurs mains. Décidée à partir un jour pour retrouver la trace de sa mère, elle progresse. Son intelligence lui permet de feindre et de se montrer docile.

Avant de pouvoir sortir et se lancer dans sa vie d'adulte, elle doit se choisir un nom. Prenant le dictionnaire (cadeau de M. Kauffmann) et faisant tourner ses pages au hasard, elle tombe sur la lettre K : Lila K., ce sera son nom.

Autour d'elle, on croise Fernand, l'un de ses tuteurs, un homme éteint et soumis au système, incapable de garder sa femme et son enfant ; le directeur de la Bibliothèque, M. Templeton, qui s'absente souvent pour aller dans la Zone ; Lucien, Quasimodo étrange et balafré, qui s'automutile sans cesse et qui s'attache à Lila. Il y a aussi des chimères, des êtres non humains qu'on croise parfois, à travers une concierge malfaisante et sa langue bifide, créatures intégrées à la population et sous contrôle elles aussi.

L'atmosphère futuriste n'est jamais outrée : les personnages nous ressemblent, ne nous sont pas si lointains ; on devine que la cité, c'est Paris, avec ses Champs-Élysées devenus champs de blés, ses arrondissements des districts... sa banlieue élargie une Zone que le Ministère souhaite purifier.
Tout cela est dessiné par petites touches, sans excès, sans aberrations technologiques ou psychologiques... une science-fiction vraisemblable... à travers un chat abyssin qui change régulièrement de couleur, des toilettes où sont intégrés des analyseurs d'urine automatiques, etc.
Et le fil conducteur, c'est la psychologie, les pensées de Lila, pleine de sa souffrance, éperdue de retrouver sa mère, de reconstituer son histoire et ses origines.
Il y a un petit air de Servante écarlate (car tout semble gris), forcément aussi de 1984 dans ce monde dystopique qui bride les individus en voulant leur bien, monde binaire construit sur les frontières :

"On passe sa vie à construire des barrières au-delà desquelles on s'interdit d'aller : derrière, il y a tous les monstres que l'on s'est créés. On les croit terribles, invincibles, mais ce n'est pas vrai. Dès qu'on trouve le courage de les affronter, ils se révèlent bien plus faibles qu'on ne l'imaginait. Ils perdent consistance, s'évaporent peu à peu. Au point qu'on se demande, pour finir, s'ils existaient vraiment."


Comment Lila K. pourrait faire le deuil de cette mère que tout accuse? Syndrome de Stockolm? Erreur judiciaire? Le lecteur est pris dans cette quête impossible. Lila K. doit apprendre à vivre sans rien, arrachée à son enfance, à faire confiance à d'autres humains qui ont du mal à l'amadouer.
Ces quelques mots pourraient résumer sa recherche :

"C'est cela, sans doute, faire son deuil : accepter que le monde continue, inchangé, alors même qu'un être essentiel à sa marche en a été chassé. Accepter que les lignes restent droites et les couleurs intenses. Accepter l'évidence de sa propre survie."

CM

La Ballade de Lila K., Blandine Le Callet, Stock, 2010.

Source : https://lemanoirdeslettres.forumactif.com/t198-la-ballade-de-lila-k-blandine-le-callet-2010
Kashima
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