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"Artes nemo odit nisi ignarus" - BruxElles

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Message  Kashima Sam 26 Fév 2011 - 15:19

Voici, en quatre épisodes, notre séjour à Bruxelles du week-end dernier.

I Mourir au Moyen-âge

II La dédicace

III Le Cercueil

IV Magritte

I Mourir au Moyen-Âge

Au musée du Cinquantenaire est présentée, jusqu'à fin avril, une magnifique exposition :

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On nous montre, dans de nombreuses pièces (d'ailleurs prévoir largement plus de deux heures pour pouvoir aller au bout de la visite, pas comme nous) ce qui est lié à la mort.
Dans la pièce d'accueil, des objets qui datent de plusieurs millénaires ou d'époques un peu plus récentes sont exposés dans les vitrines : un crâne aztèque (XIVe), un vase à parfum (lekythos) athénien (Ve av JC), une stèle funéraire romaine (IIe ap JC), une planche de momie (XIe av JC)...
On reste fixé un long moment sur une tête maori du XIXe s, momifiée, dont les yeux sont refermés comme des cicatrices, les cheveux orangés crépus par la mort, la peau toujours peinte. Ce n'est pas celle-ci, mais elle lui ressemble :

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Cette statuette (okimono en japonais) représente un squelette qui danse avec un éventail à la main :

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Le squelette du duc d'Egmont est allongé sous verre, la tête remise sur les épaules : cet homme a été décapité à l'âge de 46 ans sur la Grand'place de Bruxelles parce qu'il avait protesté contre les abus envers les libertés des citoyens des Provinces, que celles-ci soient religieuses ou économiques. On nous explique que "son massif facial a été gravement mutilé par un coup porté perpendiculairement au plan de décapitation, (et que) la sixième vertèbre cervicale a été tranchée par l'épée de justice".
C'est l'épée qui sert à la décapitation. On peut en voir une, plus loin, exposée avec une fourche qui servait à torturer des gens attachés à un poteau, et un billot en métal.

Avant d'entrer dans la deuxième pièce, on peut chercher les différentes causes de la mort au Moyen-âge sur une affiche au mur : les accidents de travail, les agressions, les incendies, les enfantements, les maladies... Trouvez les endroits où se cache la Mort!
Il est question de la peste, de l'ergotisme, de la lèpre, des différents saints que l'on prie...

1) L'ergotisme

Cette maladie est due à l'ingestion de céréales ou de seigle infectés par un champignon. Elle est également connue sous le nom de "mal des ardents" et "feu de Saint-Antoine". L’intoxication par l’ergot est l'une des explications médicales et psychologiques de la sorcellerie ou de la possession démoniaque.
Un très beau tableau attribué à Pieter Huys, à la façon de Bosch, est exposé. C'est "La Tentation de Saint-Antoine". Le feu, sur ce tableau, est à rapprocher du "mal des ardents". Saint-Antoine a été tenté par le diable à plusieurs reprises et lui a résisté. Il est le saint protecteur des maladies contagieuses (l'ergotisme passait pour contagieux, mais ce n'était pas le cas). Dommage qu'on ne le trouve pas en reproduction sur Internet. Voici une peinture de Pieter Huys dans le même esprit :

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On peut voir aussi une gravure de Peter Van der Heyden sur le même sujet :

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2) La peste

"La peste n'est pas une maladie propre au Moyen âge et toutes les épidémies qui ont frappé les humains à cette période n'étaient pas de peste. Il n'en est pas moins vrai que les immenses ravages occasionnés par cette maladie ont inscrit tout au long du Moyen âge de profondes ornières. Le XIVe siècle qui est sûrement le temps qui fut le plus éprouvé par les calamités, voit ainsi à la peste noire, s'ajouter aussi quantité d'autres maux : des hivers rigoureux, des chaleurs excessives, des invasions d'insectes, de sauterelles, des tremblements de terre, des guerres, qui concourent à tous à la famine et à la maladie, sans que la mortalité causée par l'une ou l'autre ne puisse être dissociées. Et, si la peste continua à sévir au cours des siècles suivants, ce fut d'une façon moins meurtrière."

Saint Roch aurait guéri de nombreux pestiférés en Italie par l'imposition des mains et la prière : il aurait été atteint lui-même de la peste.
On peut voir, dans cette même pièce où il est question des épidémies, des objets servant pour les opérations, des vases de pharmacie, un très gros mortier... Un crâne de trépané guéri est sous vitrine, ainsi que des fers à cautériser les plaies (ce n'est pas celui-ci, encore une fois, mais il lui ressemble) :

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3) La lèpre

D'après un pied de lépreux déformé et rongé, on se souvient des caractéristiques de la lèpre :
"La lèpre (ou maladie de Hansen) est une maladie infectieuse chronique due à Mycobacterium leprae (une bactérie proche de l'agent responsable de la tuberculose identifiée par le Norvégien Gerhard Armauer Hansen en 1873) touchant les nerfs périphériques, la peau et les muqueuses, et provoquant des infirmités sévères."

Des crécelles, un contrat d'entrée dans une léproserie sont exposés aussi.


4) Les morts en couches

Le squelette d'une femme morte en couches et celui de son foetus ont été trouvés dans un cimétière mérovingien en 1953. Sainte-Marguerite était la sainte patronne des sages-femmes et des femmes enceintes. Voici son histoire :
Elle avait refusé d'épouser le préfet romain d'Antioche et, ne voulant pas abjurer la foi chrétienne, elle fut jetée en prison par son père, puis torturée. Dévorée par Satan lors de son dernier supplice, elle parvient à sortir des entrailles du dragon qui le symbolisent.

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Les biberons, au Moyen-âge, sont très différents des nôtres!

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Dans l'ordre, de gauche à droite en allant vers le bas : crécelles (cliquettes), naissance de la vierge, contrat léproserie, biberon, pieds de lépreux, biberon, squelette de femme morte en couches.

Nous allons ensuite veiller les morts dans la salle d'après : un mannequin vit ses derniers instants sur un lit. Au mur sont accrochés des portraits de gens morts. A la fin du XVIe s'est développé (dans les Flandres et aux Pays-Bas) la mode des portraits mortuaires, comme ceux-ci de Bartel Bruyn :

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Ce qui est fascinant, ce sont les coeurs-reliquaires! Coffrets en métal ou en pierre dans lesquels on déposait le coeur d'un prince, d'un noble, d'un religieux, les coeurs-reliquaires ont la forme d'un coeur, comme celui du compte d'Egmont dont nous avons parlé plus haut :

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(coeur-reliquaire du marquis de Berg, qui n'était pas au musée).
Serait-ce encore autorisé, si c'est une de nos dernières volontés?

Le poêle de Saint-André recouvre un catafalque et on peut l'observer au son de la musique funèbre : par ce terme de "poêle", on veut dire un grand drap.

Rien que pour le nom dormition (que je trouve superbe), j'évoquerais les différentes dormitions de la Vierge qui sont représentées. Grâce à ces sculptures ou peintures, on peut voir que mourir était un acte social au Moyen-Âge et qu'il y avait beaucoup de monde autour du lit de mort : ce n'était pas tabou, et on ne rendait pas l'âme caché au fond d'un hôpital...
Précisions :

"Le mot dormition est utilisé, dans le vocabulaire chrétien pour désigner la mort des saints et des pieux fidèles, quand ce n'est pas une mort violente.
La Dormition de la très Sainte Mère de Dieu est souvent appelée Dormition tout simplement car c'est la dormition par excellence. Les orthodoxes ont gardé cette dénomination antique. Ils entendent par ce mot la mort de la Vierge Marie et sa montée au ciel avec son corps."


Une autre histoire de saint, celle de Sainte-Barbe :

Sainte Barbe aurait vécu au milieu du IIIe siècle à Héliopolis (aujourd'hui Baalbek au Liban) où elle aurait vécu sous l’empereur Maximien.
Son père, Dioscore, aurait été un riche édile païen descendant de satrapes perses.
Pour protéger sa virginité ou la protéger du prosélytisme chrétien, il l’enferma dans une tour à deux fenêtres. Mais un prêtre chrétien, déguisé en médecin, s’introduisit dans la tour et la baptisa.
Au retour d’un voyage de son père, Barbe lui apprit qu’elle avait percé une troisième fenêtre dans le mur de la tour pour représenter la Sainte Trinité et qu’elle était chrétienne. Furieux, le père mit le feu à la tour.
Barbe réussit à s’enfuir, mais un berger découvrit sa cachette et avertit son père.
Ce dernier la traîna devant le gouverneur romain de la province, qui la condamna au supplice. Comme la jeune fille refusait d’abjurer sa foi, le gouverneur ordonna au père de trancher lui-même la tête de sa fille.

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Dioscore la décapita mais fut aussitôt châtié par le Ciel : il mourut frappé par la foudre.
Quand les chrétiens vinrent demander le corps de la jeune martyre, ne voulant pas utiliser son prénom perse et ne pouvant pas se dévoiler en utilisant son prénom de baptême chrétien, ils ne purent en parler que comme « la jeune femme barbare », d'où le nom de sainte Barbara qui lui fut donné.



Puis ce sont des squelettes de l'époque mérovingienne, qui ont été inhumés avec tout leur matériel! Bijoux, vaisselle, armes... Plus loin, une marmite avec un squelette de bébé, le squelette d'un nain, la main d'un bébé qui avait été enterré malgré les interdictions de l'époque : les corps de victimes de crimes étaient souvent dissimulés, les bébés non baptisés n'avaient pas le droit d'être enterrés...

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Main d'enfant, billot et fourche

Dans la salle de la topographie funéraire, où nous sommes plus vite passées par manque de temps, on voit des dalles funéraires, des statues, des gisants, beaucoup de sculptures acéphales (pourquoi sans tête? Usure du temps ou statues représentées ainsi? Je ne le sais pas, si l'on peut m'éclairer...)
Ce que j'ai trouvé très beau, ce sont les lames funéraires qu'on a redessinées par la technique du frottis : réalisés aujourd'hui à la cire à partir de pierres tombales, ils explicitent à merveille les sujets et les styles en les transposant dans un nouveau registre, graphique et mystérieux.

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L'image idéalisée du défunt va connaître un bouleversement au Moyen-âge : les vivants doivent prendre conscience qu'ils vont mourir : "L'homme à Moulons" (XVIe) est un transi, c'est-à-dire un cadavre en décomposition. "Son corps est émacié, rongé par les vers et la vermine, sa chair éclatée laisse apparaître les côtes et les entrailles"...

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Souviens-toi que tu vas mourir...

Une série de danses macabres orne la dernière pièce.

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Le Chevalier et la Mort

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"La Mort, seule certitude" provient de l'hôpital Saint-Julien de Mons. Cette allégorie sur le thème de la mort raconte comment l'homme est voué à mourir, mais qu'il peut le faire en bon chrétien ou non.

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Je garde pour la fin les Memento mori, tous ces bijoux, ces ivoires, qui doivent ramener l'homme à l'idée de sa mort prochaine.
Ce n'est plus le Carpe diem antique, "cueille le jour", mais cette nouvelle devise revêt un sens plus moral : tu vas mourir, donc tu dois vivre pieusement, faire ton devoir moral d'homme.

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La pièce minuscule représentée grossie ici (car elle ne fait pas plus d'un centimètre) est un pendentif memento mori. Voici d'autres bijoux ou objets de la même sorte :

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J'ai particulièrement aimé le crâne surmontant un sablier, une sculpture dans le chêne datant du XVIe : le propriétaire de cet objet, au XIXe, le jugeant trop macabre, a détruit les deux os croisés qui traversaient le sablier...

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Une des principales sources :

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A suivre...

cf. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]



Dernière édition par Kashima le Mer 2 Mar 2011 - 20:58, édité 1 fois
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Message  Kashima Sam 26 Fév 2011 - 19:16

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Message  Kashima Dim 27 Fév 2011 - 15:14

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Message  Kashima Dim 27 Fév 2011 - 17:05

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