Secrets, mensonges et non-dits
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Edencash :: Super 8 :: Sur les écrans
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Secrets, mensonges et non-dits
Deux films, récemment, traitant du secret de famille et du non-dit, m'ont beaucoup plu. J'ai parlé de [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] l'autre jour, un film où l'on sent tout le poids de cette chose qui mine les familles.
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Mères et filles de Julie Lopes-Curval, raconte le retour à Arcachon, pour quelque temps, d'Audrey, une jeune femme (Marina Hands) qui semble avoir du mal à avoir une relation sereine avec sa mère (Catherine Deneuve). Cette dernière a perdu sa mère quand elle était jeune car elle avait décidé de quitter la maison, son mari, ses enfants pour être libre... C'est du moins ce qui se dessine tout au long du film... Audrey emménage chez le grand-père défunt et retrouve, par hasard, le journal intime ou cahier de recettes de cette grand-mère disparue, Louise.
Audrey, elle-même enceinte, vient sans doute chercher des réponses sur sa future maternité, et sans le vouloir, va faire venir à la surface un secret, quelque chose que sa mère occulte...
Faire un film à partir d'un secret demande au réalisateur d'être habile et subtil. Ducastel et Martineau y sont parvenus, tout comme Julie Lopes-Curval (scénariste du Rôle de sa Vie, entre autres aussi):
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Sur le même thème, même si le film m'a largement moins marquée que le beau livre de Philippe Grimbert, il faut lire Un Secret...[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
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Mères et filles de Julie Lopes-Curval, raconte le retour à Arcachon, pour quelque temps, d'Audrey, une jeune femme (Marina Hands) qui semble avoir du mal à avoir une relation sereine avec sa mère (Catherine Deneuve). Cette dernière a perdu sa mère quand elle était jeune car elle avait décidé de quitter la maison, son mari, ses enfants pour être libre... C'est du moins ce qui se dessine tout au long du film... Audrey emménage chez le grand-père défunt et retrouve, par hasard, le journal intime ou cahier de recettes de cette grand-mère disparue, Louise.
Audrey, elle-même enceinte, vient sans doute chercher des réponses sur sa future maternité, et sans le vouloir, va faire venir à la surface un secret, quelque chose que sa mère occulte...
Faire un film à partir d'un secret demande au réalisateur d'être habile et subtil. Ducastel et Martineau y sont parvenus, tout comme Julie Lopes-Curval (scénariste du Rôle de sa Vie, entre autres aussi):
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Sur le même thème, même si le film m'a largement moins marquée que le beau livre de Philippe Grimbert, il faut lire Un Secret...[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
Il y a longtemps que je t'aime
Philippe Claudel, l'auteur des Âmes grises (prix Renaudot en 2003) est agrégé de lettres modernes. On sent dans ses personnages, même secondaires, la ne certaine "littérarité" de son cinéma.
Il y a longtemps que je t'aime raconte la sortie de prison d'une femme qui a tué son fils quinze ans auparavant. Sa famille l'a rejetée et elle retrouve enfin sa soeur cadette à qui elle n'a jamais pu parler de ce qui s'était passé.
Elle est hébergée dans la famille de sa soeur : sous ce toit vivent aussi un beau-père muet suite à une attaque, réfugié dans les livres, deux petites vietnamiennes adoptées.
Le secret est lourd, on essaie de faire taire la petite de huit ans qui voudrait en savoir plus sur cette nouvelle tante.
C'est un beau film qui m'a fait pleurer à la fin...
Il y a longtemps que je t'aime raconte la sortie de prison d'une femme qui a tué son fils quinze ans auparavant. Sa famille l'a rejetée et elle retrouve enfin sa soeur cadette à qui elle n'a jamais pu parler de ce qui s'était passé.
Elle est hébergée dans la famille de sa soeur : sous ce toit vivent aussi un beau-père muet suite à une attaque, réfugié dans les livres, deux petites vietnamiennes adoptées.
Le secret est lourd, on essaie de faire taire la petite de huit ans qui voudrait en savoir plus sur cette nouvelle tante.
C'est un beau film qui m'a fait pleurer à la fin...
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Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
Il y a longtemps que je t'aime
Tu devrais te lancer dans la réclame, Kashima : ton petit article a attisé ma curiosité et je suis tombée sur la bande-annonce du film :
Les deux actrices étant de surcroît magnifiques, j'ai maintenant très envie d'une séance de cinéma.
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Nicole.
Re: Secrets, mensonges et non-dits
Et dire que je ne gagne pas d'argent sur cette réclame!
En tout cas, si déjà je peux donner envie (ou dégoût) pour certains films ou autres, je suis contente et je renonce volontiers à mes honoraires!
Tu me diras ce que tu en as pensé?
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
Re: Secrets, mensonges et non-dits
Kashima a écrit:
Et dire que je ne gagne pas d'argent sur cette réclame!
En tout cas, si déjà je peux donner envie (ou dégoût) pour certains films ou autres, je suis contente et je renonce volontiers à mes honoraires!
Tu me diras ce que tu en as pensé?
Attends, tu "nonobstes" (sic) deux paramètres importants : avec mes finances proches de celles du Bangladesh et mon incompréhensible tendance à la procrastination, il peut se passer énormément de temps entre le moment où je dis "Tiens, j'ai envie de voir un film" et le moment où je le vois réellement...
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Nicole.
Re: Secrets, mensonges et non-dits
Je te laisse cinq ans!
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
Re: Secrets, mensonges et non-dits
Bon, cinq ans, ça parait jouable...
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Nicole.
Il y a longtemps que je t'aime
Il y a de phénoménales coïncidences dans l’existence ! Les cinq ans sont pulvérisés puisque voilà que par le plus grand des hasards une amie m’offre aujourd’hui même la possibilité de voir ce film…
Petite poussée de cendrillonnisme (ma procrastinationite aiguë n’a jamais réussi à me guérir tout à fait de ma crainte mordbide de la citrouillisation des choses), je me suis empressée de le regarder et en suis ressortie toute flagada, scotchée notamment par l’incroyable tact du scénario et la non moins extraordinaire justesse du jeu de la très belle Kristin Scott Thomas. Que de finesse, que de nuances pour dire l’indicible, que d’éloquence dans le moindre tressaillement, que de lisibilité dans chaque respiration… Mon Dieu, j’en frémis encore.
Une histoire presque « normale », une histoire qui fait dire – et c’est l’une des répliques – que « J’aurais pu être eux, ils auraient pu être moi », et pourtant et surtout une histoire qui permet de développer un éventail quasiment complet des sentiments humains, de la bassesse au sublime…
Bref, un de ces films pendant lesquels j’aurai attendu la scène suivante dans un état fébrile de crainte et d’envie, un de ces films qui m’aura faite sourire et pleurer, tour à tour attendrie, maltraitée, heurtée.
Merci infiniment.
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Petite poussée de cendrillonnisme (ma procrastinationite aiguë n’a jamais réussi à me guérir tout à fait de ma crainte mordbide de la citrouillisation des choses), je me suis empressée de le regarder et en suis ressortie toute flagada, scotchée notamment par l’incroyable tact du scénario et la non moins extraordinaire justesse du jeu de la très belle Kristin Scott Thomas. Que de finesse, que de nuances pour dire l’indicible, que d’éloquence dans le moindre tressaillement, que de lisibilité dans chaque respiration… Mon Dieu, j’en frémis encore.
Une histoire presque « normale », une histoire qui fait dire – et c’est l’une des répliques – que « J’aurais pu être eux, ils auraient pu être moi », et pourtant et surtout une histoire qui permet de développer un éventail quasiment complet des sentiments humains, de la bassesse au sublime…
Bref, un de ces films pendant lesquels j’aurai attendu la scène suivante dans un état fébrile de crainte et d’envie, un de ces films qui m’aura faite sourire et pleurer, tour à tour attendrie, maltraitée, heurtée.
Merci infiniment.
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Nicole.
Re: Secrets, mensonges et non-dits
Quelle bonne idée a eue cette amie!
Ce que tu dis, je l'ai ressenti. Un film fait dans la finesse et par le très bon jeu des acteurs (en particulier Kristin Scott Thomas qui, ne serait-ce que dans les quelques scènes de voiture, fait tout transparaître par son visage, ces non-dits, cette retenue... "que d’éloquence dans le moindre tressaillement", comme tu l'écris...)
La fin est forte... L'ellipse avant la scène finale est aussi très bien pensée, nous évitant un face à face inutile et nous plongeant au coeur de la révélation.
Ce que tu dis, je l'ai ressenti. Un film fait dans la finesse et par le très bon jeu des acteurs (en particulier Kristin Scott Thomas qui, ne serait-ce que dans les quelques scènes de voiture, fait tout transparaître par son visage, ces non-dits, cette retenue... "que d’éloquence dans le moindre tressaillement", comme tu l'écris...)
La fin est forte... L'ellipse avant la scène finale est aussi très bien pensée, nous évitant un face à face inutile et nous plongeant au coeur de la révélation.
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
Re: Secrets, mensonges et non-dits
Kashima a écrit:Quelle bonne idée a eue cette amie!
N'est-ce point à ça qu'on les reconnait ? Il y a des personnes que l'on est flattée de fréquenter, même de loin, même si peu, même si l'on sait que, peut-être, elles ne sont que l'idée que l'on s'en fait...
Un fil se tisse, l'imagination y dépose quelques gouttes de rosée, l'histoire est belle, ça suffit au bonheur.
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Un fil se tisse, l'imagination y dépose quelques gouttes de rosée, l'histoire est belle, ça suffit au bonheur.
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Nicole.
Incendies...
... ou Oedipe au XXIe siècle...
Simon et Jeanne, jumeaux, se retrouvent devant le notaire : leur mère vient de mourir et leur a laissé une lettre à chacun. Simon devra retrouver son frère, Jeanne son père, et ils auront le droit d'ouvrir les enveloppes et de recouvrir la tombe de leur mère d'une pierre une fois ces missions accomplies.
Il faut partir pour le Proche-Orient, au Liban (dont le nom n'est jamais cité). Le film est chapitré par de gros titres rouges qui nous permettent de suivre la quête des jumeaux et l'histoire de la mère, amoureuse autrefois d'un réfugié palestinien que ses frères chrétiens ont tué.
C'est admirablement construit, entre années 70 où les nationalistes chrétiens exercent la terreur et où leurs ennemis s'organisent pour les représailles. Histoire de combat, de guerre, de vengeance... de famille, avec une fin impressionnante.
Tout cela sur une musique de Radiohead : le film s'ouvre sur le regard féroce d'un jeune enfant qu'on prépare à la lutte armée... La sauvagerie de ces yeux noirs nous plonge brutalement dans un film beau et violent.
Réalisation : Denis Villeneuve
Film canadien de 2h03
Film encensé par la presse (cf. Libération) :
Le texte le plus incendiaire sur la guerre civile libanaise, Incendies de Wajdi Mouawad, ne mentionne jamais ni le Liban, ni Beyrouth, ni le Chouf, ni la prison de Khiam, ni les Palestiniens, ni les phalanges libanaises (Kataëb), ni les Israéliens, ni les Syriens, ni les Druzes, ni le mouvement chiite Amal ou qui que ce soit d’autres encore des intérêts impliqués jusqu’au cou dans cette boucherie (soit, à un moment donné, une bonne moitié de la planète). Le film que Denis Villeneuve vient de tirer d’Incendies s’est plié à ce contre-pied. Mieux, c’est à partir de cette occultation des noms de lieux, des noms de gens, des noms de guerre que sa mise en scène a su fonder un espace singulier qui est aussi la forme aiguisée de son intelligence.
«Champ de mines». Résultat : si on veut toucher à l’horreur pure du conflit libanais entre 1975 et 1990, il est plus qu’urgent de se ruer sur ce film canadien. Pourquoi, en ne nommant pas, Mouawad a-t-il touché à l’essentiel de la question libanaise ? Et pourquoi, en respectant cette oblitération, Villeneuve réussit-il à accéder à quelque chose (une forme d’impartialité et de démystification de la guerre, où la sauvagerie ne se confond plus avec une sorte d’héroïsme magnétique) qui continue de se refuser au jeune cinéma libanais - et on sait pourtant qu’il s’agit d’une cinématographie parmi les plus intéressantes à avoir émergé de la décennie passée ? Villeneuve, dans le dossier de presse, tente une suite d’explications à ce pays dé-nommé : «Inscrire le film dans un territoire imaginaire», le «dégager de tout parti pris politique», éviter de poser les deux pieds dans un «champ de mines historique» (comme souvent, il a été préférable que le film se tourne en Jordanie). Tout cela est juste, mais ne dit rien de ce qui se dessine soudain sous nos yeux au fur et à mesure que la jeune Jeanne Marwan (Mélissa Désormeaux-Poulin, toute en nuances) quitte Montréal pour ce pays originel qu’elle ne connaît pas, qui n’est jamais prononcé, retrouver un frère et un père dont elle n’a jamais entendu parler, afin de répondre aux volontés testamentaires d’une mère dont elle ne savait en fin de compte rien. Si, chez Mouawad, le Liban a perdu son nom, c’est qu’il a tout fait pour entretenir la propre amnésie de sa folie furieuse. Un pays qui a amnistié en globalité, un pays sans monument aux morts, sans mémorial, un pays qui fait tout pour contourner la vérité sur sa propre guerre (soit en l’attribuant aux autres, soit en l’enfouissant) prend le risque définitif de perdre sa racine même, donc le fil de son histoire. C’est ce silence qu’Incendies ausculte. A la fois pour dire ce qu’il recouvre et à la fois pour le regarder comme silence, et voir ce que ce silence projette comme abyme. L’obvie et l’obtus. La guerre civile est une tragédie, et Incendies l’entend au sens grec du terme - Sophocle aspergé d’essence de térébenthine dans un bus criblé de balles, Médée violée à répétition par les siens dans une prison exiguë du Sud.
Lyrisme. On peut ne pas tout aimer de la mise en scène de Villeneuve, trouver qu’un Radiohead plaintif sur des images d’enfants soldats, c’est nul, mais du moment où, prenant comme une chose mate et indescriptible, il se calme sur le lyrisme et arrive à regarder avec lucidité toutes les contradictions du récit de la mère (magnifique Lubna Azabal, qui livre l’interprétation la plus forte, donc ferme, qui soit), il touche à quelque chose qui, concernant cette guerre, n’avait jamais été figuré. Il est à bonne distance, dans un endroit où toute distance était interdite. Qui dit incendies dit brûlure. Vous serez brûlés. Qui dit incendies dit essence. Vous connaissiez l’incendie libanais, vous en avez vu (aux infos) le nuage noir. En voilà l’essence.
NB : Certaines n'ont pas été sans remarquer la beauté troublante de Lubna Azabal et de son étrange ressembla,ce avec SK : je confirme.
Simon et Jeanne, jumeaux, se retrouvent devant le notaire : leur mère vient de mourir et leur a laissé une lettre à chacun. Simon devra retrouver son frère, Jeanne son père, et ils auront le droit d'ouvrir les enveloppes et de recouvrir la tombe de leur mère d'une pierre une fois ces missions accomplies.
Il faut partir pour le Proche-Orient, au Liban (dont le nom n'est jamais cité). Le film est chapitré par de gros titres rouges qui nous permettent de suivre la quête des jumeaux et l'histoire de la mère, amoureuse autrefois d'un réfugié palestinien que ses frères chrétiens ont tué.
C'est admirablement construit, entre années 70 où les nationalistes chrétiens exercent la terreur et où leurs ennemis s'organisent pour les représailles. Histoire de combat, de guerre, de vengeance... de famille, avec une fin impressionnante.
Tout cela sur une musique de Radiohead : le film s'ouvre sur le regard féroce d'un jeune enfant qu'on prépare à la lutte armée... La sauvagerie de ces yeux noirs nous plonge brutalement dans un film beau et violent.
Réalisation : Denis Villeneuve
Film canadien de 2h03
Film encensé par la presse (cf. Libération) :
Le texte le plus incendiaire sur la guerre civile libanaise, Incendies de Wajdi Mouawad, ne mentionne jamais ni le Liban, ni Beyrouth, ni le Chouf, ni la prison de Khiam, ni les Palestiniens, ni les phalanges libanaises (Kataëb), ni les Israéliens, ni les Syriens, ni les Druzes, ni le mouvement chiite Amal ou qui que ce soit d’autres encore des intérêts impliqués jusqu’au cou dans cette boucherie (soit, à un moment donné, une bonne moitié de la planète). Le film que Denis Villeneuve vient de tirer d’Incendies s’est plié à ce contre-pied. Mieux, c’est à partir de cette occultation des noms de lieux, des noms de gens, des noms de guerre que sa mise en scène a su fonder un espace singulier qui est aussi la forme aiguisée de son intelligence.
«Champ de mines». Résultat : si on veut toucher à l’horreur pure du conflit libanais entre 1975 et 1990, il est plus qu’urgent de se ruer sur ce film canadien. Pourquoi, en ne nommant pas, Mouawad a-t-il touché à l’essentiel de la question libanaise ? Et pourquoi, en respectant cette oblitération, Villeneuve réussit-il à accéder à quelque chose (une forme d’impartialité et de démystification de la guerre, où la sauvagerie ne se confond plus avec une sorte d’héroïsme magnétique) qui continue de se refuser au jeune cinéma libanais - et on sait pourtant qu’il s’agit d’une cinématographie parmi les plus intéressantes à avoir émergé de la décennie passée ? Villeneuve, dans le dossier de presse, tente une suite d’explications à ce pays dé-nommé : «Inscrire le film dans un territoire imaginaire», le «dégager de tout parti pris politique», éviter de poser les deux pieds dans un «champ de mines historique» (comme souvent, il a été préférable que le film se tourne en Jordanie). Tout cela est juste, mais ne dit rien de ce qui se dessine soudain sous nos yeux au fur et à mesure que la jeune Jeanne Marwan (Mélissa Désormeaux-Poulin, toute en nuances) quitte Montréal pour ce pays originel qu’elle ne connaît pas, qui n’est jamais prononcé, retrouver un frère et un père dont elle n’a jamais entendu parler, afin de répondre aux volontés testamentaires d’une mère dont elle ne savait en fin de compte rien. Si, chez Mouawad, le Liban a perdu son nom, c’est qu’il a tout fait pour entretenir la propre amnésie de sa folie furieuse. Un pays qui a amnistié en globalité, un pays sans monument aux morts, sans mémorial, un pays qui fait tout pour contourner la vérité sur sa propre guerre (soit en l’attribuant aux autres, soit en l’enfouissant) prend le risque définitif de perdre sa racine même, donc le fil de son histoire. C’est ce silence qu’Incendies ausculte. A la fois pour dire ce qu’il recouvre et à la fois pour le regarder comme silence, et voir ce que ce silence projette comme abyme. L’obvie et l’obtus. La guerre civile est une tragédie, et Incendies l’entend au sens grec du terme - Sophocle aspergé d’essence de térébenthine dans un bus criblé de balles, Médée violée à répétition par les siens dans une prison exiguë du Sud.
Lyrisme. On peut ne pas tout aimer de la mise en scène de Villeneuve, trouver qu’un Radiohead plaintif sur des images d’enfants soldats, c’est nul, mais du moment où, prenant comme une chose mate et indescriptible, il se calme sur le lyrisme et arrive à regarder avec lucidité toutes les contradictions du récit de la mère (magnifique Lubna Azabal, qui livre l’interprétation la plus forte, donc ferme, qui soit), il touche à quelque chose qui, concernant cette guerre, n’avait jamais été figuré. Il est à bonne distance, dans un endroit où toute distance était interdite. Qui dit incendies dit brûlure. Vous serez brûlés. Qui dit incendies dit essence. Vous connaissiez l’incendie libanais, vous en avez vu (aux infos) le nuage noir. En voilà l’essence.
NB : Certaines n'ont pas été sans remarquer la beauté troublante de Lubna Azabal et de son étrange ressembla,ce avec SK : je confirme.
Kashima- Faux-monnayeur
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Date d'inscription : 29/09/2008
Kashima- Faux-monnayeur
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Le Prénom
Ce n'est pas Polanski, mais j'ai comparé ce film français à [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]par le thème abordé.
Contre toute attente, j'ai passé un très bon moment avec Le Prénom : un couple reçoit à dîner le meilleur ami de la femme, son frère et son épouse. Tous se connaissent depuis l'enfance (sauf la femme du frère incarné par Bruel). Cette soirée couscous va, petit à petit, virer au règlement de comptes à partir d'une mauvaise blague faite par Vincent, homme d’affaires tête à claques (le fameux Bruel).
Les acteurs jouent tous très bien leur rôle. On voit de quelle façon un groupe soi-disant soudé en vient à laisser jaillir des secrets, des rancoeurs ; comment, parfois, après la dispute, on se ressoude sur le dos d'un des membres du groupe...
Il y a la mère de famille, prof de collège (Valérie Benguigui), qui a eu deux enfants avec un universitaire de gauche (Charles Berling). Vincent est agent immobilier ; son beau-frère l'appelle l'inculte (Patrick Bruel) : il aime l'argent, il aime briller, et il attend un enfant avec une femme qui travaille dans la mode (Judith el Zein). Ils ont, comme ami d'enfance, Claude (Guillaume De Tonquédec). Ils étaient là pour passer un bon moment. Mais comme, malgré des airs bien pensants, tout le monde aime bien juger l'autre et s'occuper de ce qui ne le regarde pas, les vérités vont éclater...
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Ce film est adapté d'une pièce de théâtre (comme Carnage) et plusieurs acteurs ont reçu une nomination pour les César 2013.
Contre toute attente, j'ai passé un très bon moment avec Le Prénom : un couple reçoit à dîner le meilleur ami de la femme, son frère et son épouse. Tous se connaissent depuis l'enfance (sauf la femme du frère incarné par Bruel). Cette soirée couscous va, petit à petit, virer au règlement de comptes à partir d'une mauvaise blague faite par Vincent, homme d’affaires tête à claques (le fameux Bruel).
Les acteurs jouent tous très bien leur rôle. On voit de quelle façon un groupe soi-disant soudé en vient à laisser jaillir des secrets, des rancoeurs ; comment, parfois, après la dispute, on se ressoude sur le dos d'un des membres du groupe...
Il y a la mère de famille, prof de collège (Valérie Benguigui), qui a eu deux enfants avec un universitaire de gauche (Charles Berling). Vincent est agent immobilier ; son beau-frère l'appelle l'inculte (Patrick Bruel) : il aime l'argent, il aime briller, et il attend un enfant avec une femme qui travaille dans la mode (Judith el Zein). Ils ont, comme ami d'enfance, Claude (Guillaume De Tonquédec). Ils étaient là pour passer un bon moment. Mais comme, malgré des airs bien pensants, tout le monde aime bien juger l'autre et s'occuper de ce qui ne le regarde pas, les vérités vont éclater...
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Ce film est adapté d'une pièce de théâtre (comme Carnage) et plusieurs acteurs ont reçu une nomination pour les César 2013.
Kashima- Faux-monnayeur
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