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ZAHA HADID : Le déconstructivisme en architecture

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ZAHA HADID : Le déconstructivisme en architecture Empty ZAHA HADID : Le déconstructivisme en architecture

Message  Invité Ven 3 Sep 2010 - 14:17

"Je me suis sentie limitée par la pauvreté du traditionnel principe de dessin architectural et j'ai recherché de nouveaux moyens de représentation". Voilà comment Zaha Hadid résume sa vision de l'architecture.

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Zaha Hadid

Cet artiste de génie, anticonformiste a gravi un à un les échelons pour devenir aujourd'hui la première femme architecte de renommée internationale. Ses projets fleurissent aux quatre coins du monde.
Seule femme architecte, lauréate du prix Pritzker 2004 (l'équivalent d'un Oscar ou d'un Nobel pour l'architecture), Zaha Hadid s'est imposée comme l'une des artistes les plus douées du moment. Ses œuvres (à la fois abstraites et organiques) révolutionnent l'architecture et même le rapport à l'espace et au monde. Parfois incomprises et controversées, l'irako-britannique a su repenser les codes de l'architecture classique. Zaha Hadid est une artiste sans compromis, moderne, originale, audacieuse... Bref, en un mot : monumentale!
Par son talent de vision­naire, elle fascine le monde. Par son caractère bien trempé, elle terrorise son monde.
On la dit autoritaire, hautaine et même antipathique, mais son aplomb et son talent rendent forcément jaloux. Dans le monde cruel et misogyne des architectes, elle a su opposer une intelligence féroce, une logistique de carrière imparable, et a affirmé une vision nouvelle.

Biographie:

Après de brillantes études de mathématiques à l'Université américaine de Beyrouth puis à l'Association d'architecture de Londres, Zaha Hadid enseigne à l’Architectural Association et collabore avec Rem Koolhaas au sein du Bureau de l'architecture métropolitaine (Office for Metropolitan Architecture). En 1979, elle crée sa propre agence et s’impose assez vite comme l’une des principales figures du déconstructivisme, un courant qui refuse l'ordre linéaire de l'architecture moderne.

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Caserne des pompiers, aujourd'hui musée du design, Vitra, Weil am Rhein, Allemagne, Zaha Hadid

Qu'est-ce que le déconstructivisme?

Le déconstructivisme est un mouvement de pensée philosophique, fortement influencé par la linguistique. Jacques Derrida en est le plus célébre penseur.
Mais c'est dans l’architecture que les manifestations de la déconstruction sont les plus visibles : formes brisées, déchiquetées, asymétriques et mal proportionnées, évoquant la destruction physique.

En architecture, le déconstructivisme est analysé pour la première fois en 1988 par Marc Wigley à l'occasion d'une exposition au MOMA. Sous ce nom, il rassemble les oeuvres de Frank Gehry, Daniel Libeskind, Rem Koolhaas, Peter Eisenman, Zaha Hadid, Bernard Tschumi et du collectif Coop Himmelblau.

«La déconstruction est un "texte suspendu". Elle ne cherche pas les fondations des parties visibles de l'édifice. Elle s'attaque aux causes qui mènent de l'origine à la fin de façon linéaire, et ceci car elle considère que les deux cohabitent en permanence. Son travail consiste en une lecture de la fin vers l'origine et vice-versa. Ce mouvement de va et vient de la lecture devient une philosophie à l'œuvre, un travail d'écriture qui poursuit la lecture.

La déconstruction est une critique non pas négative mais productive. "La déconstruction est inventive ou elle n'est pas (…) sa démarche engage une affirmation." Elle veut inventer l'impossible. »

PIERRE GRENIER, Pourquoi déconstruire l'architecture?

Appliquant les principes de la déconstructions, Zaha Hadid use de nouvelles formes, propose une architecture ouverte sur le monde, audacieuse et aérienne. Son style est principalement caractérisé par une propension pour les entrelacs de lignes tendues et de courbes, les formes pointues et la superposition de plans,qui donnent à ses créations complexité et légèreté. Son architecture ne rompt jamais avec l’urbanisme, mais, au contraire, s’intègre parfaitement à l’environnement.

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Nouvel opéra, Dobai, Zaha Hadid

Les enjeux de la déconstruction:L'art désengagé et la fin des idéologies

«Les trois dernières formes décelables à l'intérieur du postmodernisme architectural sont bien plus intéressantes. En particulier parce que toutes maintiennent et assument clairement une ambition forte de créativité et d'innovation, et cela sur base d'une critique de la modernité, souvent d'ailleurs considérée comme n'ayant pas véritablement honoré ses ambitions.
[...]
S'il existe des éléments qui permettent de les rassembler, sans doute les trouverait-on d'une part dans leur commune critique de la raison (même si celle-ci s'opère sur des bases différentes) et, d'autre part, dans leur abandon, plus ou moins clairement assumé, de coupler l'ambition d'émancipation esthétique à un projet d'émancipation socio-politique. Un abandon qui confine parfois, comme chez R. Koolhaas, à une acceptation cynique de la réalité.
[...]
L'esthétique du déconstructivisme apparaît clairement comme une esthétique de la négativité. Il ne s'agit pas, contrairement au modernisme architectural, de promettre un nouveau style, une nouvelle cohérence, encore moins de s'appuyer sur un projet social ou utopique. Le constat socio-politique est bien celui de la fin des idéologies, tel que le théorisera Jean-François Lyotard. C'est pourquoi le déconstructivisme refuse l'appellation avant-gardiste. “ Even though it thraetens this most fundamental property of architectural objects, deconstructivist architecture does not constitute an avant-garde. It is not a rhetoric of the new... It exploits the weaknesses in the tradition in order to disturb rather than overthrow it. ”(M. Wigley). On retrouve l'image de la déconstruction, telle que la théorisera Derrida. Voir en particulier J. Derrida, Marges de la philosophie, Minuit, Paris, p. 162 s..
[...]
Le travail des déconstructivistes s'opérera ainsi autour d'une volonté de transgression systématique des codes architecturaux qui ont fait aussi bien le classicisme que le modernisme architectural: centralité, hiérarchie, fonctionnalité (on connaît ainsi les piliers ou les escaliers non fonctionnels de certaines maisons de Eisenman), symétrie, gravité... »

Extraits de " Modernité et post-modernité en architecture " Jean-Louis GENARD, dans Réseaux, revue interdisciplinaire de philosophie morale et politique, n° 88-89-90, 2000, " Modernité et postmodernité ", p. 95-110

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Home House, Londres, Zaha Hadid

"IMAGINATION RADICALE"

Sa pratique, elle, peut se résumer à quelques principes simples : "Repousser constamment les limites de l'architecture et de l'urbanisme"; "Expérimenter sans cesse de nouveaux concepts spatiaux"; "Renforcer les paysages urbains existants en proposant une nouvelle esthétique de la ville". Ce que son partenaire, Patrik Schumacher, résume par les termes "Imagination radicale".

Sa pensée, il faut plutôt la lire dans l'incroyable profusion de dessins, déshumanisés par l'usage de l'informatique, qu'elle livre pour chaque concours, ou simplement pour son plaisir, et dans les textes que ses contemporains lui consacrent avec délectation : Greg Lynn, Peter Cook, Gordana Fontana-Giusti et Andreas Ruby pour la dernière mouture de ses œuvres complètes, publiée comme un grand livre-jeu pour adultes sous un emballage de plastique. Comme dans la plupart des ouvrages qui touchent à son travail ou à son image, elle cherche à garder le contrôle, à imposer cette griffe qui en fait un trésor vivant en Grande-Bretagne, à l'égal de Norman Foster, Richard Rodgers ou de Philippe Stark. Un statut qui repose sur des doses variables d'originalité, de mutisme, de snobisme, d'énergie et, dans tous les cas, d'individualisme forcené.

"La plus belle chose de mon agence, dit-elle, c'est sa dimension de recherche, pas une recherche fondée sur l'application de solutions déjà connues, mais une façon d'étudier les dessins de ville assez longuement pour imaginer de nouveaux développements."

Au-delà de la flexibilité de ses projets, on retrouve des constances : l'usage du béton qui lui permet d'envisager les formes les plus opposées aux lois ordinaires de la gravité pour obéir à celle d'une joyeuse légèreté, Et puis des plis, des angles, des enroulements, des traits nets, acérés, tout un langage qui aurait pu rester de l'ordre de la science-fiction sans des personnalités comme elle, Frank Gehry ou Enric Miralles. Avec le risque qu'implique tout catalogue formel, si étendu soit-il, celui d'un style qui tourne à la répétition de trois ou quatre stéréotypes.

Depuis 2001, la carrière de Zaha Hadid, dont tous les détails, vêtements, propos publics et conférences sont élaborés comme un objet de marketing destiné à conquérir les plus vastes marchés, a pris une formidable dimension. Cette mondialisation d'un modèle architectural est ce qui la rapproche d'un Norman Foster, susceptible, comme elle, d'adapter son style high-tech sous toutes les latitudes. Comme les vins charpentés et boisés qu'a universalisés le guide de Robert Parker, l'architecture selon Hadid, a fait oublier son propos radical, par ses qualités plastiques en premier lieu, mais aussi par son caractère répétitif, facilement reconnaissable.

Cela convient aux maîtres d'ouvrage et aux commanditaires. Aux Etats-Unis, il fallait au pied de chaque gratte-ciel un Miro, un Calder ou un Lichtenstein. Puis la sculpture a investi l'architecture et chaque ville a voulu son Gehry. Toute collection étant appelée à s'étendre, il leur faut maintenant d'autres signes faciles à partager, comme la magie de cette architecte venue du pays des Mille et Une Nuits.
(cf. Zaha Hadid, les mille et un projets d'une architecte, Le Monde, 11.12.2004)

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Hotel Puerta America, Madrid, Zaha Hadid

La poésie architecturale de l'angle non droit:

Elle bannit toute idée de bâti à angle droit. Prône les formes fluides, flottantes, sinusoidales. Des diagonales, des stalactites, des torsions ou des strates. Elle fait rêver et croire à une nouvelle manière de vivre, située à la jonction de l'architecture, de l'art et du design. Tel est le choix de Zaha Hadid. Le dessin se libère du “té” et de l’équerre.
On pourrait songer alors aux oeuvres du peintre Paul Klee. Celui-ci a toujours respecté l’orthogonalité des supports (feuilles de dessin, tableaux). Mais il a le plus souvent interposé entre le cadre “normal” et ses formes un cadre dynamique dont la fonction était de calmer la dureté de la convention. A quoi bon utiliser l’angle droit quand on peut faire autrement?

Pour conclure et illustrer ces formes fluides, je prendrai comme exemple son installation J.S. Bach au Manchester Art Gallery:

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JS Bach / Zaha Hadid Architects Chamber Music Hall at Manchester Art Gallery
for Manchester International Festival

Ici, Zaha Hadid signe une superbe salle de musique spécialement concue pour accueillir les airs de Johann Sebastian Bach. Un volumineux ruban tourbillone à l’intérieur de la salle, une sculpture spatiale et visuelle à la complexité équivalente aux partitions de J.S Bach.

« The design enhances the multiplicity of Bach’s work through a coherent integration of formal and structural logic. A single continuous ribbon of fabric swirls around itself, creating layered spaces to cocoon the performers and audience with in an intimate fluid space. » Zaha Hadid.

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Zaha Hadid et Karl Lagerfeld