Le Maître des illusions, Donna Tartt: Folie et décadence
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Le Maître des illusions, Donna Tartt: Folie et décadence
Le Maîtres des illusions de Donna Tart que j'aurais aimé intituler: Folie et décadence
La valeur de ce roman tient surtout à son atmosphère envoûtante que l'auteur excelle à créer. Elle nous entraîne dans un vertige de paysages grandioses tout droits sortis d'un "tableau de Constable", où s'entremêlent les odeurs, les couleurs, les lumières et les ombres d'une nature qui tient un rôle majeur. "J'errais comme un somnambule, abasourdi et ivre de beauté. Un groupe de filles aux joues rouges qui jouaient au football, queues de cheval au vent, leurs et leurs rires atténués par la prairie veloutée au déclin du jour. Des pommiers craquants sous les pommes, avec en dessous des fruits rouges tombés sur l'herbe, l'odeur lourde et sucrée des pommes qui pourrissaient par terre, le bourdonnement régulier des guêpes (...) Le choc de voir pour la première foi un bouleau se dresser dans le noir, le soir, aussi mince et indifférent qu'un fantôme. Et les nuits d'une ampleur inimaginable : noires et venteuses, énormes et agitées, traversées d'étoiles." ou encore les promenades en barque sur "le lac lumineux et tranquille", "les remous des rames", "le bourdonnement hypnotique des libellules" se fondant avec un discours sur la peinture de la fin de l'empire bizantin, "les joues rouges de Camilla, ensommeillée laissant sa main dans l'eau", "les feuilles jaunies des bouleaux qui tombaient des arbres et flottaient jusqu'au lac"..., leur maison de campagne qui restera dans son esprit comme "un splendide mélange d'aquarelles, blanc invoire et lapis-lazuli, marron, rouge et or et terre de sienne", "un éclat de lune, blanc comme une rognure d'ongle qui flotte dans la grisaille"...
Elle sait aussi alterner des climats étouffants et angoissants avec d'autres de bonheur et de plénitude absolus ou encore électrisant voire érotique...
A sa lecture, on s'évade très vite, porté par les images riches qu'elle suscite dans notre imaginaire, par son écriture très expressive, fluide, lyrique et parfois un peu précieuse.
Résumé (cf. Wikipédia):
Richard, un étudiant californien de 19 ans en quête de nouveaux horizons, débarque dans un petite université du Vermont avec la ferme intention d'y poursuivre des études de grec. Il parvient a intégrer le petit groupe très fermé et fascinant d'étudiants en lettres classiques, mené par le charismatique Julian, un sage mais étrange professeur (L'une de ses phrase "la beauté est la terreur" donne un aperçu de ses convictions esthétiques.) Il se lie rapidement avec les cinq étudiants, Henry, un génie ténébreux, riche à millions et qui vit dans son monde, le beau Charles et sa sœur Camilla, deux jumeaux, Francis Abernathy, riche, excentrique et gay, et Bunny, le cancre du groupe, stéréotype du brave américain bourgeois.
Les semaines passent ainsi comme dans un rêve pour Richard, entre la beauté des paysages du Vermont, les week-ends à la campagne, les soirées étudiantes, et les traductions de Platon, le tout baigné d'alcool et imbibé de drogues, sans compter son coup de foudre pour la belle et froide Camilla.
Pourtant, une tension s'installe, et Richard se rend vite compte que ses cinq nouveaux amis lui cachent quelque chose. La dévotion d'Henry pour les rites de l'Antiquité, une bacchanale qui tourne mal, un meurtre, des mensonges en série, des vacances d'hiver où tout implose et Richard va apprendre la vérité. Il décide alors de se ranger du côté de ses amis, et de les aider à garder leur secret, même quand cela implique de se débarrasser de l'un d'entre eux. Après deux meurtres, vont-ils réussir à s'en sortir libres? Comment ne pas craquer face à la pression de la culpabilité? Ont-ils réussi à orchestrer le meurtre parfait? Richard parviendra-t-il à gagner Camilla malgré la présence d'Henry?
"(...) Les choses terribles et sanglantes sont parfois les plus belles. C'est une idée très grecque, et très profonde. La beauté c'est la terreur. Ce que nous appelons beau nous fait frémir. Et que pouvait-il y avoir de plus terrifiant et de plus beau, pour des âmes comme celles des Grecs ou les nôtres, que de perdre tout contrôle ? Rejeter un instant les chaînes de l'existence, briser l'accident de notre être mortel ? (...) Si nos âmes sont assez fortes, nous pouvons déchirer le voile et regarder en face cette beauté nue et terrible ; que Dieu nous consume, nous dévore, détache nos os de notre corps. Et nous recrache, nés à nouveau."" Donna Tartt
"Maintenant, bien sûr, il me serait facile de tomber dans l'excès contraire. Je pourrais dire que le secret de son charme était de s'attacher à des jeunes gens qui voulaient se croire meilleurs que les autres ; qu'il avait le don étrange de transformer les sentiments d'infériorité en superbe et en arrogance. Je pourrais dire aussi qu'il ne le faisait pas par altruisme mais par égoïsme, afin de satisfaire sa propre pulsion égotiste. Je pourrais enfin développer longuement ce discours avec,j'imagine, suffisamment d'exactitude. Mais cela n'expliquerait toujours pas la magie fondamentale de sa personnalité, ni pourquoi -même à la lumière d'événements subséquents-j'ai encore le désir poignant de le revoir tel que je l'ai vu la première fois : le vieil homme sorti de nulle part, devant moi sur une route déserte, avec l'offre ensorcelante de réaliser le moindre de mes rêves." Le maître des illusions, Donna Tartt, p.650
La valeur de ce roman tient surtout à son atmosphère envoûtante que l'auteur excelle à créer. Elle nous entraîne dans un vertige de paysages grandioses tout droits sortis d'un "tableau de Constable", où s'entremêlent les odeurs, les couleurs, les lumières et les ombres d'une nature qui tient un rôle majeur. "J'errais comme un somnambule, abasourdi et ivre de beauté. Un groupe de filles aux joues rouges qui jouaient au football, queues de cheval au vent, leurs et leurs rires atténués par la prairie veloutée au déclin du jour. Des pommiers craquants sous les pommes, avec en dessous des fruits rouges tombés sur l'herbe, l'odeur lourde et sucrée des pommes qui pourrissaient par terre, le bourdonnement régulier des guêpes (...) Le choc de voir pour la première foi un bouleau se dresser dans le noir, le soir, aussi mince et indifférent qu'un fantôme. Et les nuits d'une ampleur inimaginable : noires et venteuses, énormes et agitées, traversées d'étoiles." ou encore les promenades en barque sur "le lac lumineux et tranquille", "les remous des rames", "le bourdonnement hypnotique des libellules" se fondant avec un discours sur la peinture de la fin de l'empire bizantin, "les joues rouges de Camilla, ensommeillée laissant sa main dans l'eau", "les feuilles jaunies des bouleaux qui tombaient des arbres et flottaient jusqu'au lac"..., leur maison de campagne qui restera dans son esprit comme "un splendide mélange d'aquarelles, blanc invoire et lapis-lazuli, marron, rouge et or et terre de sienne", "un éclat de lune, blanc comme une rognure d'ongle qui flotte dans la grisaille"...
Elle sait aussi alterner des climats étouffants et angoissants avec d'autres de bonheur et de plénitude absolus ou encore électrisant voire érotique...
A sa lecture, on s'évade très vite, porté par les images riches qu'elle suscite dans notre imaginaire, par son écriture très expressive, fluide, lyrique et parfois un peu précieuse.
Résumé (cf. Wikipédia):
Richard, un étudiant californien de 19 ans en quête de nouveaux horizons, débarque dans un petite université du Vermont avec la ferme intention d'y poursuivre des études de grec. Il parvient a intégrer le petit groupe très fermé et fascinant d'étudiants en lettres classiques, mené par le charismatique Julian, un sage mais étrange professeur (L'une de ses phrase "la beauté est la terreur" donne un aperçu de ses convictions esthétiques.) Il se lie rapidement avec les cinq étudiants, Henry, un génie ténébreux, riche à millions et qui vit dans son monde, le beau Charles et sa sœur Camilla, deux jumeaux, Francis Abernathy, riche, excentrique et gay, et Bunny, le cancre du groupe, stéréotype du brave américain bourgeois.
Les semaines passent ainsi comme dans un rêve pour Richard, entre la beauté des paysages du Vermont, les week-ends à la campagne, les soirées étudiantes, et les traductions de Platon, le tout baigné d'alcool et imbibé de drogues, sans compter son coup de foudre pour la belle et froide Camilla.
Pourtant, une tension s'installe, et Richard se rend vite compte que ses cinq nouveaux amis lui cachent quelque chose. La dévotion d'Henry pour les rites de l'Antiquité, une bacchanale qui tourne mal, un meurtre, des mensonges en série, des vacances d'hiver où tout implose et Richard va apprendre la vérité. Il décide alors de se ranger du côté de ses amis, et de les aider à garder leur secret, même quand cela implique de se débarrasser de l'un d'entre eux. Après deux meurtres, vont-ils réussir à s'en sortir libres? Comment ne pas craquer face à la pression de la culpabilité? Ont-ils réussi à orchestrer le meurtre parfait? Richard parviendra-t-il à gagner Camilla malgré la présence d'Henry?
"(...) Les choses terribles et sanglantes sont parfois les plus belles. C'est une idée très grecque, et très profonde. La beauté c'est la terreur. Ce que nous appelons beau nous fait frémir. Et que pouvait-il y avoir de plus terrifiant et de plus beau, pour des âmes comme celles des Grecs ou les nôtres, que de perdre tout contrôle ? Rejeter un instant les chaînes de l'existence, briser l'accident de notre être mortel ? (...) Si nos âmes sont assez fortes, nous pouvons déchirer le voile et regarder en face cette beauté nue et terrible ; que Dieu nous consume, nous dévore, détache nos os de notre corps. Et nous recrache, nés à nouveau."" Donna Tartt
"Maintenant, bien sûr, il me serait facile de tomber dans l'excès contraire. Je pourrais dire que le secret de son charme était de s'attacher à des jeunes gens qui voulaient se croire meilleurs que les autres ; qu'il avait le don étrange de transformer les sentiments d'infériorité en superbe et en arrogance. Je pourrais dire aussi qu'il ne le faisait pas par altruisme mais par égoïsme, afin de satisfaire sa propre pulsion égotiste. Je pourrais enfin développer longuement ce discours avec,j'imagine, suffisamment d'exactitude. Mais cela n'expliquerait toujours pas la magie fondamentale de sa personnalité, ni pourquoi -même à la lumière d'événements subséquents-j'ai encore le désir poignant de le revoir tel que je l'ai vu la première fois : le vieil homme sorti de nulle part, devant moi sur une route déserte, avec l'offre ensorcelante de réaliser le moindre de mes rêves." Le maître des illusions, Donna Tartt, p.650
Invité- Invité
Beauté terreur
La beauté, c'est la terreur. Rien que cette phrase donne envie de lire le livre. Il donne une impression, à la lecture de ce que tu dis, de majesté des Mouches chez les jeunes adultes ou de Poètes disparus.
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
L[i]e Maître des illusions[/i]
Tout à fait! Poétes disparus, beauté, hellénisme, philosophies, traductions....thèmes abordés avec légéreté...Lecture idéale pour les vacances!
Invité- Invité
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