L'argent et les écrivains
Page 1 sur 1
L'argent et les écrivains
Un mythe : les écrivains gagnent beaucoup d'argent!
A un jeune qui me dirait qu'il veut faire comme métier "écrivain", je répondrais qu'il faudrait qu'il choisisse autre chose, qu'il se trouve un métier qui lui laissera le temps d'écrire, qui lui en donnera les moyens.
Quand écrire est un métier, on n'est plus dans l'écriture. On gagne son pain en fabriquant, tel un artisan, quelque chose qu'on nous achètera à coup sûr, on répond à une demande, plus à la sienne propre et intérieure.
On ne devient pas malhonnête pour autant, ce le ne sera pas plus que de confectionner une pâtisserie...
On écrira des livres pour plaire aux enfants (mannes de la littérature de jeunesse...!), des romans à la chaîne comme moi je fais des crêpes... Mais ce n'est plus écrire.
L'écrivain, c'est celui qui écrit coûte que coûte, qui serait même prêt à payer pour qu'on le lise, et non l'inverse. L'artiste devrait avoir ce désir-là pour son art. Que son œuvre ne soit pas d'emblée une marchandise. L'écrivain n'est pas un joueur de foot.
Celui qui pense argent avec son livre, avant son livre, s'est déjà éloigné de la littérature.
Vivre de son art est un luxe. On ne crée pas pour s'enrichir. Si l'argent vient avec, soit... Mais écrire pour l'argent, quelle drôle d'idée. Mêmes probabilités que gagner au loto...
Pourquoi écrivez-vous?
Écrivain, verbe être et non avoir.
En tout cas, cette question de l'argent est traitée par le magazine Lire du mois d'avril.
Un camembert instructif sur la question permet de tout comprendre. Pour ceux qui en doutaient encore, entre 1,60 euros et 2,40 euros (sur un livre de 20 euros) reviennent à l'auteur.
Il reste donc :
- entre 3,40 et 5 euros pour l'éditeur
- 2 euros pour l'imprimeur
- 6,60 euros pour le libraire (!)
- 4,40 euros pour le diffuseur
- 1,10 euros pour l'État (TVA)
On nous signale des cas exceptionnels, comme Sagan qui avait 20% de droit d'auteur (la moyenne est de 8%), Nabokov 17,5%, Céline 18%, D'Ormesson aussi.
L'auteur Marc-Edouard Nabe s'autoédite et reçoit ainsi 70% de droit d'auteur! Il peut se le permettre, ayant déjà une notoriété et étant assuré, à chaque fois, d'en vendre au moins 3000 à des fidèles.
M-E Nabe
L'à-valoir est l'avance donnée à un écrivain pour son livre en construction. C'est une somme non remboursable, quelle que soit la qualité du livre fourni après. Pour un auteur débutant, on avance en moyenne 800 euros. Des auteurs comme Alexandre Jardin, Houellebecq/Lévy ont touché respectivement 320 000 euros et 300 000 euros pour leur livre à sortir.
L'à-valoir est acquis sauf si le manuscrit n'est pas rendu. On apprend dans cet article que certains auteurs abusent parfois de la confiance que leur donnent les éditeurs : Semprun ne rendait pas à Claude Durand (Fayard) son manuscrit, avait reçu pourtant un à-valoir et, entre temps, on le voyait signer chez Grasset ou Gallimard. Il a dû rendre son chèque. François Weyergans est aussi réputé pour ne pas toujours honorer ses contrats. cela se termine souvent en procès...
Au lieu d'attendre des droits d'auteurs, beaucoup d'écrivains préfèrent être mensualisés (2000 euros en moyenne, sauf pour les grands succès comme Grangé qui est mensualisé chez Albin Michel à 20 000 euros.
Les éditeurs servent aussi de banque à leurs auteurs de best-sellers, assommés par le fisc. Ces écrivains demandent des sommes au coup par coup.
JC Grangé
Voici quelques pactoles récents : Muriel Barbery, avec L'Elégance du Hérisson, a engrangé 3 350 000 euros en France! (1 320 000 exemplaires vendus) ; Trois femmes puissantes a rapporté à Marie NDiaye plus d'un millions d'euros.
Parmi les 500 premières fortunes de France, on ne trouve pas les auteurs, mais les éditeurs Gallimard (224e), Albin Michel (234e (merci Amélie!)), et deux autres, Glénat et La Martinière.
Intéressant de savoir aussi que certaines bourses, aides sont données aux écrivains. On connaît la Villa Médicis (rare privilège auquel a eu droit Marie NDiaye, par exemple), à Rome, où l'on est hébergé pendant un an avec enfants et conjoint, avec 3200 euros par mois, mais il existe aussi la Villa Yourcenar, dans le Nord, qui reçoit durant un mois ou deux des écrivains à qui l'on offre le repas du matin, le repas du soir et une bourse de 1800 euros par mois ; la Villa Kujoyama, à Kyoto, permet à des écrivains de vivre entre quatre et six mois dans un duplex de 64m² : l'aller-retour est offert, un soutien de 2000 euros est donné en plus des 2600 euros par mois. Barbery a séjourné dans cette villa ; à Yourcenar sont allés Sylvie Germain, Fatou Diome ou Vincent Delecroix.
http://www.culture.gouv.fr/culture/dap/dap/afr/html/visite_accueil.htm
Les prix littéraires sont parfois un gros lot, mais rares sont les élus :
- prix Nobel : 1 millions d'euros (Le Clézio)
- prix mondial Cinodel-Duca : 300 000 euros (Nourrissier, Kundera, Leys)
- prix Alain-Duménil : 60 000 euros (Garcin, Carrère, Dantzig)
- prix Assemblée nationale : 45 700 euros
- prix Paul Morand : 45 000 euros (Le Clézio, Echenoz)
- prix cuvée Meursault : 100 bouteilles d'un excellent vin blanc
Enfin, même si d'autres sujets sont abordés (le métier de nègre, dit politiquement correctement métis désormais, les prix des traductions, etc.), on apprend qu'il ne faut pas espérer faire fortune avec le poche qui rapporte 30 centimes par exemplaire vendu et que les transferts sont rarement de bonnes affaires pour les éditeurs acheteurs.
A un jeune qui me dirait qu'il veut faire comme métier "écrivain", je répondrais qu'il faudrait qu'il choisisse autre chose, qu'il se trouve un métier qui lui laissera le temps d'écrire, qui lui en donnera les moyens.
Quand écrire est un métier, on n'est plus dans l'écriture. On gagne son pain en fabriquant, tel un artisan, quelque chose qu'on nous achètera à coup sûr, on répond à une demande, plus à la sienne propre et intérieure.
On ne devient pas malhonnête pour autant, ce le ne sera pas plus que de confectionner une pâtisserie...
On écrira des livres pour plaire aux enfants (mannes de la littérature de jeunesse...!), des romans à la chaîne comme moi je fais des crêpes... Mais ce n'est plus écrire.
L'écrivain, c'est celui qui écrit coûte que coûte, qui serait même prêt à payer pour qu'on le lise, et non l'inverse. L'artiste devrait avoir ce désir-là pour son art. Que son œuvre ne soit pas d'emblée une marchandise. L'écrivain n'est pas un joueur de foot.
Celui qui pense argent avec son livre, avant son livre, s'est déjà éloigné de la littérature.
Vivre de son art est un luxe. On ne crée pas pour s'enrichir. Si l'argent vient avec, soit... Mais écrire pour l'argent, quelle drôle d'idée. Mêmes probabilités que gagner au loto...
Pourquoi écrivez-vous?
Écrivain, verbe être et non avoir.
En tout cas, cette question de l'argent est traitée par le magazine Lire du mois d'avril.
Un camembert instructif sur la question permet de tout comprendre. Pour ceux qui en doutaient encore, entre 1,60 euros et 2,40 euros (sur un livre de 20 euros) reviennent à l'auteur.
Il reste donc :
- entre 3,40 et 5 euros pour l'éditeur
- 2 euros pour l'imprimeur
- 6,60 euros pour le libraire (!)
- 4,40 euros pour le diffuseur
- 1,10 euros pour l'État (TVA)
On nous signale des cas exceptionnels, comme Sagan qui avait 20% de droit d'auteur (la moyenne est de 8%), Nabokov 17,5%, Céline 18%, D'Ormesson aussi.
L'auteur Marc-Edouard Nabe s'autoédite et reçoit ainsi 70% de droit d'auteur! Il peut se le permettre, ayant déjà une notoriété et étant assuré, à chaque fois, d'en vendre au moins 3000 à des fidèles.
M-E Nabe
L'à-valoir est l'avance donnée à un écrivain pour son livre en construction. C'est une somme non remboursable, quelle que soit la qualité du livre fourni après. Pour un auteur débutant, on avance en moyenne 800 euros. Des auteurs comme Alexandre Jardin, Houellebecq/Lévy ont touché respectivement 320 000 euros et 300 000 euros pour leur livre à sortir.
L'à-valoir est acquis sauf si le manuscrit n'est pas rendu. On apprend dans cet article que certains auteurs abusent parfois de la confiance que leur donnent les éditeurs : Semprun ne rendait pas à Claude Durand (Fayard) son manuscrit, avait reçu pourtant un à-valoir et, entre temps, on le voyait signer chez Grasset ou Gallimard. Il a dû rendre son chèque. François Weyergans est aussi réputé pour ne pas toujours honorer ses contrats. cela se termine souvent en procès...
Au lieu d'attendre des droits d'auteurs, beaucoup d'écrivains préfèrent être mensualisés (2000 euros en moyenne, sauf pour les grands succès comme Grangé qui est mensualisé chez Albin Michel à 20 000 euros.
Les éditeurs servent aussi de banque à leurs auteurs de best-sellers, assommés par le fisc. Ces écrivains demandent des sommes au coup par coup.
JC Grangé
Voici quelques pactoles récents : Muriel Barbery, avec L'Elégance du Hérisson, a engrangé 3 350 000 euros en France! (1 320 000 exemplaires vendus) ; Trois femmes puissantes a rapporté à Marie NDiaye plus d'un millions d'euros.
Parmi les 500 premières fortunes de France, on ne trouve pas les auteurs, mais les éditeurs Gallimard (224e), Albin Michel (234e (merci Amélie!)), et deux autres, Glénat et La Martinière.
Intéressant de savoir aussi que certaines bourses, aides sont données aux écrivains. On connaît la Villa Médicis (rare privilège auquel a eu droit Marie NDiaye, par exemple), à Rome, où l'on est hébergé pendant un an avec enfants et conjoint, avec 3200 euros par mois, mais il existe aussi la Villa Yourcenar, dans le Nord, qui reçoit durant un mois ou deux des écrivains à qui l'on offre le repas du matin, le repas du soir et une bourse de 1800 euros par mois ; la Villa Kujoyama, à Kyoto, permet à des écrivains de vivre entre quatre et six mois dans un duplex de 64m² : l'aller-retour est offert, un soutien de 2000 euros est donné en plus des 2600 euros par mois. Barbery a séjourné dans cette villa ; à Yourcenar sont allés Sylvie Germain, Fatou Diome ou Vincent Delecroix.
http://www.culture.gouv.fr/culture/dap/dap/afr/html/visite_accueil.htm
Les prix littéraires sont parfois un gros lot, mais rares sont les élus :
- prix Nobel : 1 millions d'euros (Le Clézio)
- prix mondial Cinodel-Duca : 300 000 euros (Nourrissier, Kundera, Leys)
- prix Alain-Duménil : 60 000 euros (Garcin, Carrère, Dantzig)
- prix Assemblée nationale : 45 700 euros
- prix Paul Morand : 45 000 euros (Le Clézio, Echenoz)
- prix cuvée Meursault : 100 bouteilles d'un excellent vin blanc
Enfin, même si d'autres sujets sont abordés (le métier de nègre, dit politiquement correctement métis désormais, les prix des traductions, etc.), on apprend qu'il ne faut pas espérer faire fortune avec le poche qui rapporte 30 centimes par exemplaire vendu et que les transferts sont rarement de bonnes affaires pour les éditeurs acheteurs.
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|