Anthropophagie
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Mangeriez-vous vos morts?
Anthropophagie
C'est en écoutant la radio à midi que j'ai eu envie de faire un petit sujet sur les cannibales (et aussi parce que je veux parler, dans "La petite boutique des horreurs", du fameux Cannibal Holocaust).
Chez Grasset sort un livre, La Beauté du Monde, qui parle de l'Amérique des années 20. L'auteur, Michel le Bris, parle, à un moment, de ces explorateurs américains qui ont failli se faire dévorer. La marmite était en train de bouillir et l'exploratrice a été sauvée de peu.
Petit point historique :
"Il semble que l'anthropophagie ait été pratiquée dès le Paléolithique. Des traces de dépeçage ont été observées sur des ossements humains préhistoriques, mais les indices en question ne sont toutefois pas des preuves d'anthropophagie. Il est en effet souvent difficile de différencier des pratiques funéraires, avec décharnement post-mortem des corps, des actions anatomiquement identiques à but anthropophagique (grotte néolithique de Fontbrégoua, à Salernes et de l'Adaouste, près de Jouques en France).
Si certaines cultures ont eu des pratiques cannibales socialement instituées, l'anthropophagie occasionnelle en cas de pénurie grave (famine ou de perte des réserves de nourriture sur un bateau) a été une pratique récurrente dans toutes les sociétés.
Antiquité
Les mythes grecs rapportent de nombreux cas de cannibalisme : Cronos dévorant ses enfants, le cyclope Polyphème mis en échec par Ulysse, le peuple anthropophage des Lestrygons dont parle l'Odyssée, Pélops tué par son père Tantaleet donné à manger aux dieux...
Saturne dévorant ses enfants, Goya, 1821 (musée du Prado, Madrid)
Dans son Histoire, Hérodote décrit les traditions funéraires de plusieurs peuples, parmi lesquels les Massagètes, les Padéens, les Issédons, les Scythes et les Thraces, dont certains sont nécrophages et d'autres sacrifient les vieillards et les malades avant de les faire cuire et de les consommer.
Rem : J'avais vu, il y a très longtemps, un reportage où l'on voyait une tribu africaine manger ses morts, mais sous la forme de cendres qu'elle mélangeait à de la purée de banane. Je trouve que c'est une des meilleures façons de faire le deuil de quelqu'un qu'on a aimé, le manger (ou en manger une partie).
On peut considérer qu'il ne s'agit que de symboles, mais il est vraisemblable, comme le pense Robert Graves dans son ouvrage Les Mythes grecs, que ces mythes se référaient aux pratiques archaïques et aux luttes menées par les premiers Grecs contre des peuples anthropophages. De nombreuses pratiques religieuses anciennes comportaient des sacrifices humains suivis de cannibalisme.
Du XIe au XIXe siècle
Des sources concordantes rapportent des pratiques cannibales durant les croisades, des comportements qui seraient le fait des Francs. Dans Les croisades vues par les Arabes, Amin Maalouf réunit plusieurs témoignages francs et arabes relatant ces faits, notamment celui du chroniqueur franc Raoul de Caen :
« À Maarrat, les nôtres faisaient bouillir des païens adultes dans des marmites, ils fixaient les enfants sur des broches et les dévoraient grillés ».
Dans Chronique anonyme de la première croisade, on peut lire :
« Les Francs s'attardèrent à Maarrat un mois et quatre jours. […] Il y eut là des nôtres qui manquèrent du nécessaire […] Alors, ils ouvraient les cadavres, parce que, dans leurs ventres, on trouvait des besants cachés. Ou bien, ils en découpaient la chair en morceaux, et ils la faisaient cuire pour la manger ».
Accusation de cannibalisme à Maarat.
Au XVIe siècle, on trouvait des cannibales en Amérique centrale (les Aztèques), en Amérique du Sud (Tupinambas et Tupinikims), et jusqu'au début du XXe siècle en Afrique équatoriale ou dans les îles du Pacifique (Fidji, etc.). Pour tous, manger de la chair humaine était un acte normal.
Les Aztèques mangeaient les victimes des sacrifices au dieu du soleil Huitzilopochtli. Au Moyen-Orient, les Hittites empalaient, avec toute leur famille, les chefs des villes qui se révoltaient contre leur domination, les découpaient vivants en morceaux qu'ils mettaient à cuire et distribuaient au peuple pour frapper de terreur les opposants par la cruauté du supplice. Dans Très brève relation de la destruction des Indes, Bartolomé de Las Casas rapporte que certains chefs espagnols, qui s'étaient alliés avec les indigènes pour conquérir le pays, toléraient que ces Indiens traînassent avec eux des prisonniers destinés à nourrir la troupe. Lorsque les campements étaient installés, une boucherie se mettait en place, et des hommes, femmes et enfants étaient abattus, découpés et vendus comme pourceaux.
André Thévet, prêtre catholique qui avait accompagné Villegagnon jusqu'à la baie de Rio de Janeiro, est ensuite remonté le long des côtes d'Amérique dans les possessions françaises. Après avoir trouvé des cannibales au Brésil (les Tupinambas), il en a aussi trouvé en Guyane et en Floride. Jean de Léry, pasteur protestant qui succéda à Thevet auprès de Villegagnon, rapporte lui aussi les coutumes cannibales des indiens Tupis dans ses écrits.
Cannibales au Brésil
Henry B. Parkes dans son livre Histoire du Mexique, décrit ceci : en 1844 lorsqu'il fuyait Mexico le président Antonio Lopez de Santa Anna fut capturé par des indigènes cannibales de la région de Xico dans l'État de Veracruz qui allaient le manger et ne dût son salut qu'à l'intervention opportune de troupes gouvernementales.
Cannibalisme aux Caraïbes
Dans son livre La mêlée sociale, Georges Clemenceau rapporte qu'à la fin du XIXe siècle, on trouvait sur les marchés d'Afrique équatoriale des individus, hommes et femmes, sur lesquels chacun marquait le morceau qu'il désirait acheter pour manger. Lorsque tout était vendu, la personne était abattue, découpée, et les morceaux distribués aux acheteurs. Il ajoute :
« Quelles pouvaient être les pensées de ces noirs qui voyaient leurs frères se partager leur futur cadavre ? Sans doute pensaient-ils que la veille encore, ils en faisaient autant. »
Il termine :
« Si nous apportons avec la civilisation l'interdiction du cannibalisme, n'allons-nous pas les condamner à la famine ? »
XXe siècle
Plusieurs cas d'anthropophagie touchant des villages ou des régions entières ont été rapportés durant les périodes les plus noires de la Russie soviétique. Selon un rapport de la Sécurité d'État, en 1922, « la famine atteint des proportions terribles. Les paysans ont mangé tout ce qui pouvait servir de nourriture, chats, chiens. À l'heure actuelle, ils sont en train de déterrer les morts pour les manger (…). Selon les témoignages des membres du comité exécutif de la volost [canton], le cannibalisme dans le bourg de Lioudbimovka prend des proportions dramatiques. »
De nombreux rapports écrits et témoignages colligés par la section australienne des crimes de guerre du tribunal de Tōkyō et analysés par l'enquêteur William Webb (le futur juge en chef), démontrent que les soldats japonais commirent lors de la Seconde Guerre mondiale des actes de cannibalisme à l'encontre des prisonniers alliés et des populations civiles des territoires occupés. Dans certains cas, ces actes étaient motivés par la famine, mais selon l'historien Yuki Tanaka, « le cannibalisme était souvent une activité systématique menée par des escouades entières et sous le commandement d'officiers. »
Selon le témoignage de plusieurs prisonniers, comme le soldat indien Hatam Ali, les victimes étaient parfois dépecées vivantes. Les plus hauts gradés connus ayant pratiqué l'anthropophagie sont le lieutenant-général Yoshio Tachibana qui, avec onze membres de son personnel, a été jugé pour avoir fait décapiter et manger un aviateur américain en août 1944 à Chichi Jima et le vice-amiral Mori, pour avoir mangé un prisonnier lors d'une réception tenue en février 1945.
Source : d'après Wikipedia.
Cannibalisme de l'Automne, Dali, 1936
Il reste à voir ce qu'en ont fait les arts...
Chez Grasset sort un livre, La Beauté du Monde, qui parle de l'Amérique des années 20. L'auteur, Michel le Bris, parle, à un moment, de ces explorateurs américains qui ont failli se faire dévorer. La marmite était en train de bouillir et l'exploratrice a été sauvée de peu.
Petit point historique :
"Il semble que l'anthropophagie ait été pratiquée dès le Paléolithique. Des traces de dépeçage ont été observées sur des ossements humains préhistoriques, mais les indices en question ne sont toutefois pas des preuves d'anthropophagie. Il est en effet souvent difficile de différencier des pratiques funéraires, avec décharnement post-mortem des corps, des actions anatomiquement identiques à but anthropophagique (grotte néolithique de Fontbrégoua, à Salernes et de l'Adaouste, près de Jouques en France).
Si certaines cultures ont eu des pratiques cannibales socialement instituées, l'anthropophagie occasionnelle en cas de pénurie grave (famine ou de perte des réserves de nourriture sur un bateau) a été une pratique récurrente dans toutes les sociétés.
Antiquité
Les mythes grecs rapportent de nombreux cas de cannibalisme : Cronos dévorant ses enfants, le cyclope Polyphème mis en échec par Ulysse, le peuple anthropophage des Lestrygons dont parle l'Odyssée, Pélops tué par son père Tantaleet donné à manger aux dieux...
Saturne dévorant ses enfants, Goya, 1821 (musée du Prado, Madrid)
Dans son Histoire, Hérodote décrit les traditions funéraires de plusieurs peuples, parmi lesquels les Massagètes, les Padéens, les Issédons, les Scythes et les Thraces, dont certains sont nécrophages et d'autres sacrifient les vieillards et les malades avant de les faire cuire et de les consommer.
Rem : J'avais vu, il y a très longtemps, un reportage où l'on voyait une tribu africaine manger ses morts, mais sous la forme de cendres qu'elle mélangeait à de la purée de banane. Je trouve que c'est une des meilleures façons de faire le deuil de quelqu'un qu'on a aimé, le manger (ou en manger une partie).
On peut considérer qu'il ne s'agit que de symboles, mais il est vraisemblable, comme le pense Robert Graves dans son ouvrage Les Mythes grecs, que ces mythes se référaient aux pratiques archaïques et aux luttes menées par les premiers Grecs contre des peuples anthropophages. De nombreuses pratiques religieuses anciennes comportaient des sacrifices humains suivis de cannibalisme.
Du XIe au XIXe siècle
Des sources concordantes rapportent des pratiques cannibales durant les croisades, des comportements qui seraient le fait des Francs. Dans Les croisades vues par les Arabes, Amin Maalouf réunit plusieurs témoignages francs et arabes relatant ces faits, notamment celui du chroniqueur franc Raoul de Caen :
« À Maarrat, les nôtres faisaient bouillir des païens adultes dans des marmites, ils fixaient les enfants sur des broches et les dévoraient grillés ».
Dans Chronique anonyme de la première croisade, on peut lire :
« Les Francs s'attardèrent à Maarrat un mois et quatre jours. […] Il y eut là des nôtres qui manquèrent du nécessaire […] Alors, ils ouvraient les cadavres, parce que, dans leurs ventres, on trouvait des besants cachés. Ou bien, ils en découpaient la chair en morceaux, et ils la faisaient cuire pour la manger ».
Accusation de cannibalisme à Maarat.
Au XVIe siècle, on trouvait des cannibales en Amérique centrale (les Aztèques), en Amérique du Sud (Tupinambas et Tupinikims), et jusqu'au début du XXe siècle en Afrique équatoriale ou dans les îles du Pacifique (Fidji, etc.). Pour tous, manger de la chair humaine était un acte normal.
Les Aztèques mangeaient les victimes des sacrifices au dieu du soleil Huitzilopochtli. Au Moyen-Orient, les Hittites empalaient, avec toute leur famille, les chefs des villes qui se révoltaient contre leur domination, les découpaient vivants en morceaux qu'ils mettaient à cuire et distribuaient au peuple pour frapper de terreur les opposants par la cruauté du supplice. Dans Très brève relation de la destruction des Indes, Bartolomé de Las Casas rapporte que certains chefs espagnols, qui s'étaient alliés avec les indigènes pour conquérir le pays, toléraient que ces Indiens traînassent avec eux des prisonniers destinés à nourrir la troupe. Lorsque les campements étaient installés, une boucherie se mettait en place, et des hommes, femmes et enfants étaient abattus, découpés et vendus comme pourceaux.
André Thévet, prêtre catholique qui avait accompagné Villegagnon jusqu'à la baie de Rio de Janeiro, est ensuite remonté le long des côtes d'Amérique dans les possessions françaises. Après avoir trouvé des cannibales au Brésil (les Tupinambas), il en a aussi trouvé en Guyane et en Floride. Jean de Léry, pasteur protestant qui succéda à Thevet auprès de Villegagnon, rapporte lui aussi les coutumes cannibales des indiens Tupis dans ses écrits.
Cannibales au Brésil
Henry B. Parkes dans son livre Histoire du Mexique, décrit ceci : en 1844 lorsqu'il fuyait Mexico le président Antonio Lopez de Santa Anna fut capturé par des indigènes cannibales de la région de Xico dans l'État de Veracruz qui allaient le manger et ne dût son salut qu'à l'intervention opportune de troupes gouvernementales.
Cannibalisme aux Caraïbes
Dans son livre La mêlée sociale, Georges Clemenceau rapporte qu'à la fin du XIXe siècle, on trouvait sur les marchés d'Afrique équatoriale des individus, hommes et femmes, sur lesquels chacun marquait le morceau qu'il désirait acheter pour manger. Lorsque tout était vendu, la personne était abattue, découpée, et les morceaux distribués aux acheteurs. Il ajoute :
« Quelles pouvaient être les pensées de ces noirs qui voyaient leurs frères se partager leur futur cadavre ? Sans doute pensaient-ils que la veille encore, ils en faisaient autant. »
Il termine :
« Si nous apportons avec la civilisation l'interdiction du cannibalisme, n'allons-nous pas les condamner à la famine ? »
XXe siècle
Plusieurs cas d'anthropophagie touchant des villages ou des régions entières ont été rapportés durant les périodes les plus noires de la Russie soviétique. Selon un rapport de la Sécurité d'État, en 1922, « la famine atteint des proportions terribles. Les paysans ont mangé tout ce qui pouvait servir de nourriture, chats, chiens. À l'heure actuelle, ils sont en train de déterrer les morts pour les manger (…). Selon les témoignages des membres du comité exécutif de la volost [canton], le cannibalisme dans le bourg de Lioudbimovka prend des proportions dramatiques. »
De nombreux rapports écrits et témoignages colligés par la section australienne des crimes de guerre du tribunal de Tōkyō et analysés par l'enquêteur William Webb (le futur juge en chef), démontrent que les soldats japonais commirent lors de la Seconde Guerre mondiale des actes de cannibalisme à l'encontre des prisonniers alliés et des populations civiles des territoires occupés. Dans certains cas, ces actes étaient motivés par la famine, mais selon l'historien Yuki Tanaka, « le cannibalisme était souvent une activité systématique menée par des escouades entières et sous le commandement d'officiers. »
Selon le témoignage de plusieurs prisonniers, comme le soldat indien Hatam Ali, les victimes étaient parfois dépecées vivantes. Les plus hauts gradés connus ayant pratiqué l'anthropophagie sont le lieutenant-général Yoshio Tachibana qui, avec onze membres de son personnel, a été jugé pour avoir fait décapiter et manger un aviateur américain en août 1944 à Chichi Jima et le vice-amiral Mori, pour avoir mangé un prisonnier lors d'une réception tenue en février 1945.
Source : d'après Wikipedia.
Cannibalisme de l'Automne, Dali, 1936
Il reste à voir ce qu'en ont fait les arts...
Dernière édition par Kashima le Lun 27 Oct 2008 - 12:59, édité 1 fois
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
Re: Anthropophagie
NONNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNN jamais de la vie je me suis trompée j'ai pas lu le sujet! parce que madame me demande expressément de voter !!!!
:colere:
:colere:
Edlinka- Les limbes
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Age : 42
Date d'inscription : 01/10/2008
Re: Anthropophagie
Manger un bout d'inconnu en temps de guerre et de pénurie oui mais en aucun cas un ami ou ma famille IMPOSSIBLE!!!!!
Car je suis super protectrice des gens que j'aime, j'arrive pas à intégrer le fait de les manger même morts! quelle horreur j'aurais l'impression de leur donner une deuxième mort.
:chut:
Car je suis super protectrice des gens que j'aime, j'arrive pas à intégrer le fait de les manger même morts! quelle horreur j'aurais l'impression de leur donner une deuxième mort.
:chut:
Edlinka- Les limbes
- Nombre de messages : 325
Age : 42
Date d'inscription : 01/10/2008
Re: Anthropophagie
Justement, pas du tout.
Manger ses morts (comme dans cette tribu africaine dont j'ai parlé), c'est les faire entrer en nous, ne plus jamais les perdre, et cela peut aider à accepter leur disparition.
Je ne pourrais pas manger quelqu'un que je n'aime pas, aucune envie de l'ingérer, de l'intégrer à moi.
Ce n'est ni un manque de respect, ni une deuxième mort. C'est un hommage et une façon de le garder pour toujours, de le conserver dans son sang, la mémoire du corps contre celle de l'esprit.
Manger ses morts (comme dans cette tribu africaine dont j'ai parlé), c'est les faire entrer en nous, ne plus jamais les perdre, et cela peut aider à accepter leur disparition.
Je ne pourrais pas manger quelqu'un que je n'aime pas, aucune envie de l'ingérer, de l'intégrer à moi.
Ce n'est ni un manque de respect, ni une deuxième mort. C'est un hommage et une façon de le garder pour toujours, de le conserver dans son sang, la mémoire du corps contre celle de l'esprit.
Kashima- Faux-monnayeur
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Date d'inscription : 29/09/2008
Re: Anthropophagie
kashima, tu ne peux pas éprouver la même chose que les membres de cette tribu africaine, c'est une question de culture...
Dans notre culture à nous, l'anthropophagie est réservée aux psychopathes (cf Hannibal Lecter).
Le seul cas acceptable - mais qui a suscité beaucoup de polémiques - est celui de cet avion perdu dans les Andes où les survivants n'ont eu d'autre choix que de se nourrir des cadavres.
Dans notre culture à nous, l'anthropophagie est réservée aux psychopathes (cf Hannibal Lecter).
Le seul cas acceptable - mais qui a suscité beaucoup de polémiques - est celui de cet avion perdu dans les Andes où les survivants n'ont eu d'autre choix que de se nourrir des cadavres.
chercheusedor- L'antichambre
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Localisation : Paris, close to the fleuve.
Date d'inscription : 02/10/2008
Re: Anthropophagie
Il n'y a pas de "justement, pas du tout" par exemple si tu manges un bout de moi ça va te fera ce que tu dis parce que tu y crois dur comme fer .A l'inverse si je mange un bout de toi ça va me rendre malade c'est tout ce que ça va faire, car je n'ai pas ses croyances.Kashima a écrit:Justement, pas du tout.
:friendkiss:
Edlinka- Les limbes
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Age : 42
Date d'inscription : 01/10/2008
Re: Anthropophagie
Un boudin connu? :perplex:Edlinka a écrit:Manger un bout d'inconnu
kashima, tu ne peux pas éprouver la même chose que les membres de cette tribu africaine, c'est une question de culture...
Dans notre culture à nous, l'anthropophagie est réservée aux psychopathes (cf Hannibal Lecter).
Le seul cas acceptable - mais qui a suscité beaucoup de polémiques - est celui de cet avion perdu dans les Andes où les survivants n'ont eu d'autre choix que de se nourrir des cadavres.
Vous m'avez mal lue... Je dis simplement que c'est un moyen de faire le deuil, qui n'est ni plus bête, ni moins bête que de vouer les morts à la terre.
Je comprends le mécanisme psychologique, je peux éprouver ce que ressent cette tribu africaine. Moi, ça m'a fascinée, cette manière de soulager la douleur.
Je ne parle pas de manger les gens autour de soi!
Et tiens, ton histoire des Andes, elle n'a rien à voir avec ce que j'évoquais : c'est le cannibalisme de survie.
Il y a différentes sortes de cannibalisme : celui-là, le cannibalisme rituel ou religieux (endocannibalisme, voir ci-dessous), l'exocannibalisme (celui des Japonais pendant la guerre ou celui de ces tribus qui anéantissent l'ennemi comme ça et s'approprient ainsi leur force), celui du psychopathe aussi, exploité par le cinéma aujourd'hui.
Ce que j'évoquais avec "manger ses morts", ce serait les assimiler pour surmonter un peu la douleur. Personne ne me comprend? :emu:
PS : Je ne suis pas cannibale.
Dernière édition par Kashima le Dim 26 Oct 2008 - 7:51, édité 2 fois
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
L'endocannibalisme
Un petit point sur cette coutume qu'est l'endocannibalisme.
C'est sur celui-là que portait ma remarque dans le sujet initial!
L'endocannibalisme, c'est le fait de se nourrir des morts de sa tribu. Cela fait partie d'un rituel qui consiste à retenir la partie de l'esprit de famille prête à s'envoler. C'est le fait d’ingérer les restes d’un parent décédé.
ex : réduction en poudre les ossements d'un défunt auxquels ils ajoutent de la bière de manioc, et font boire cette mixture aux proches parents.
(C'est ce que j'avais vu! Sauf qu'il y avait de la banane! )
Les ossements sont censés contenir les éléments vitaux de l'esprit de la personne morte qui sont ainsi transmis aux consommateurs.
ex : ingestion du cerveau et/ou du cœur, sièges supposés de l’âme du disparu.
NB : Il est avéré que certaines Chinoises mangent leur embryon ou leur foetus après une fausse couche. Il n’est pas exclu que cette pratique soit plus répandue dans le monde qu’on n’ose le croire.
(pas pire que de les exposer dans des bocaux...)
Moi, bien sûr, je vois ça avec des yeux d'Occidentale, et je parle de fonctionnement psychologique contre la douleur.
Il en est autrement pour ces tribus. C'est un rite funéraire.
ex : Les Guayaki du Paraguay mangeaient les morts de leur groupe, avec lesquels ils avaient presque toujours des liens de parenté (Les Guayaki étaient très peu nombreux). Ce cannibalisme métaphorise rapports de parenté et relation sexuelles. Les Guayaki ne mangent pas ceux que les règles de l’inceste interdisent (père-mère/fils-fille ; frères/sœurs).
Il semble que dans l’endocannibalisme, le groupe cherche à maintenir une unité, il ne faut pas perdre ce qui définit le défunt, peut-être s’approprie-t-on son savoir et sa force en le mangeant.
Le cannibalisme socialisé a été pratiqué jusqu’à un période récente en Mélanésie, par les Falateka notamment. L’anthropophagie était liée à des rituels funéraires et constituait le fondement de leur pensée religieuse. La consommation, acte sacrificiel d’un membre d’une autre tribu, représente la clôture du cycle funéraire dont la fonction est de renouer le dialogue avec les ancêtres.
C'est un rite ancien, et qui perdure. Ancien, parce qu'on en trouve des traces chez Hérodote ou Montaigne :
Chez Hérodote, on peut lire :
"Les Issédons, dit-on, ont les coutumes que voici. Quand un homme a perdu son père, tous les parents amènent du bétail, qu'ils immolent et dont ils découpent les chairs ; puis ils découpent aussi le cadavre du père de leur hôte, mélangent toutes les chairs et en font un banquet."
Hérodote, Histoires, IV, 26
"Il n'y a pas chez eux (= les Massagètes) de limite fixée à l'avance à la vie ; mais, quand un Massagète est devenu très vieux, ses parents se rassemblent tous, l'immolent, immolent avec lui du bétail, font cuire les chairs et s'en régalent. Cette fin est tenue par eux pour la plus heureuse ; si quelqu'un meurt de maladie, ils ne le mangent pas, mais l'enfouissent dans la terre, et estiment que c'est pour lui un malheur de n'avoir pas atteint l'âge d'être immolé."
Hérodote, Histoires, I 216
On lit, chez Montaigne, Des cannibales :
"Chrysippe et Zénon, chefs de la secte stoïcque, ont bien pensé qu'il n'y avait aucun mal de se servir de notre charogne à quoi que ce fut pour notre besoin, et d'en tirer de la nourriture : comme nos ancêtres estant assiégés par César en la ville d'Alésia se résolurent de soutenir la faim de ce siège par les corps des vieillards et des femmes et autres personnes inutiles au combat…"
"Nous les pouvons donc appeler barbares, eu égard aux règles de la raison, mais non pas eu égard à nous qui les surpassons en toute sorte de barbarie."
Qui perdure car voici ce que j'ai trouvé en cherchant la trace de cette purée de bananes! (document fourni par l'université d'ethnologie de la Réunion) :
"La pratique de l'endocannibalisme est attestée aujourd'hui en Amazonie, chez les Yanomani, notamment. Le corps du défunt est incinéré et ses cendres, transportées avec le groupe dans ses déplacements, sont progressivement ingérées par les membres de la famille, mélangées à de la bouillie de banane. La justification qui est donnée à cette pratique est la suivante : c'est que la meilleure sépulture, la sépulture la plus honorable que l'on puisse offrir au défunt est celle de son propre corps et qu'il est de la dernière barbarie de laisser le cadavre à la consommation de vers."
Ca rejoint ce que je pensais...
Un autre exemple est donné, plus "spectaculaire", je cite :
"Chez les Dayak de Malaisie, le cadavre des chefs et des notables était gardé à l'intérieur de leur maison jusqu'aux obsèques définitives. Le cercueil était scellé et les matières putrides qui s'écoulaient par un tuyau de bambou fixé au fond du cercueil, étaient soigneusement recueillies dans un vase de terre. Le quarante-neuvième jour après le décès, on examinait le contenu du vase, et s'il renfermait trop de matières une pénalité était infligée aux parents du mort "parce qu'ils n'avaient pas fait leur devoir"… En quoi ce devoir consistait, c'est ce que la coutume d'un autre groupe dayak nous apprend : on recueille les liquides provenant de la décomposition du cadavre et on les mêle au riz consommé par les parents du mort…"
C'est sur celui-là que portait ma remarque dans le sujet initial!
L'endocannibalisme, c'est le fait de se nourrir des morts de sa tribu. Cela fait partie d'un rituel qui consiste à retenir la partie de l'esprit de famille prête à s'envoler. C'est le fait d’ingérer les restes d’un parent décédé.
ex : réduction en poudre les ossements d'un défunt auxquels ils ajoutent de la bière de manioc, et font boire cette mixture aux proches parents.
(C'est ce que j'avais vu! Sauf qu'il y avait de la banane! )
Les ossements sont censés contenir les éléments vitaux de l'esprit de la personne morte qui sont ainsi transmis aux consommateurs.
ex : ingestion du cerveau et/ou du cœur, sièges supposés de l’âme du disparu.
NB : Il est avéré que certaines Chinoises mangent leur embryon ou leur foetus après une fausse couche. Il n’est pas exclu que cette pratique soit plus répandue dans le monde qu’on n’ose le croire.
(pas pire que de les exposer dans des bocaux...)
Moi, bien sûr, je vois ça avec des yeux d'Occidentale, et je parle de fonctionnement psychologique contre la douleur.
Il en est autrement pour ces tribus. C'est un rite funéraire.
ex : Les Guayaki du Paraguay mangeaient les morts de leur groupe, avec lesquels ils avaient presque toujours des liens de parenté (Les Guayaki étaient très peu nombreux). Ce cannibalisme métaphorise rapports de parenté et relation sexuelles. Les Guayaki ne mangent pas ceux que les règles de l’inceste interdisent (père-mère/fils-fille ; frères/sœurs).
Il semble que dans l’endocannibalisme, le groupe cherche à maintenir une unité, il ne faut pas perdre ce qui définit le défunt, peut-être s’approprie-t-on son savoir et sa force en le mangeant.
Le cannibalisme socialisé a été pratiqué jusqu’à un période récente en Mélanésie, par les Falateka notamment. L’anthropophagie était liée à des rituels funéraires et constituait le fondement de leur pensée religieuse. La consommation, acte sacrificiel d’un membre d’une autre tribu, représente la clôture du cycle funéraire dont la fonction est de renouer le dialogue avec les ancêtres.
C'est un rite ancien, et qui perdure. Ancien, parce qu'on en trouve des traces chez Hérodote ou Montaigne :
Chez Hérodote, on peut lire :
"Les Issédons, dit-on, ont les coutumes que voici. Quand un homme a perdu son père, tous les parents amènent du bétail, qu'ils immolent et dont ils découpent les chairs ; puis ils découpent aussi le cadavre du père de leur hôte, mélangent toutes les chairs et en font un banquet."
Hérodote, Histoires, IV, 26
"Il n'y a pas chez eux (= les Massagètes) de limite fixée à l'avance à la vie ; mais, quand un Massagète est devenu très vieux, ses parents se rassemblent tous, l'immolent, immolent avec lui du bétail, font cuire les chairs et s'en régalent. Cette fin est tenue par eux pour la plus heureuse ; si quelqu'un meurt de maladie, ils ne le mangent pas, mais l'enfouissent dans la terre, et estiment que c'est pour lui un malheur de n'avoir pas atteint l'âge d'être immolé."
Hérodote, Histoires, I 216
On lit, chez Montaigne, Des cannibales :
"Chrysippe et Zénon, chefs de la secte stoïcque, ont bien pensé qu'il n'y avait aucun mal de se servir de notre charogne à quoi que ce fut pour notre besoin, et d'en tirer de la nourriture : comme nos ancêtres estant assiégés par César en la ville d'Alésia se résolurent de soutenir la faim de ce siège par les corps des vieillards et des femmes et autres personnes inutiles au combat…"
"Nous les pouvons donc appeler barbares, eu égard aux règles de la raison, mais non pas eu égard à nous qui les surpassons en toute sorte de barbarie."
Qui perdure car voici ce que j'ai trouvé en cherchant la trace de cette purée de bananes! (document fourni par l'université d'ethnologie de la Réunion) :
"La pratique de l'endocannibalisme est attestée aujourd'hui en Amazonie, chez les Yanomani, notamment. Le corps du défunt est incinéré et ses cendres, transportées avec le groupe dans ses déplacements, sont progressivement ingérées par les membres de la famille, mélangées à de la bouillie de banane. La justification qui est donnée à cette pratique est la suivante : c'est que la meilleure sépulture, la sépulture la plus honorable que l'on puisse offrir au défunt est celle de son propre corps et qu'il est de la dernière barbarie de laisser le cadavre à la consommation de vers."
Ca rejoint ce que je pensais...
Un autre exemple est donné, plus "spectaculaire", je cite :
"Chez les Dayak de Malaisie, le cadavre des chefs et des notables était gardé à l'intérieur de leur maison jusqu'aux obsèques définitives. Le cercueil était scellé et les matières putrides qui s'écoulaient par un tuyau de bambou fixé au fond du cercueil, étaient soigneusement recueillies dans un vase de terre. Le quarante-neuvième jour après le décès, on examinait le contenu du vase, et s'il renfermait trop de matières une pénalité était infligée aux parents du mort "parce qu'ils n'avaient pas fait leur devoir"… En quoi ce devoir consistait, c'est ce que la coutume d'un autre groupe dayak nous apprend : on recueille les liquides provenant de la décomposition du cadavre et on les mêle au riz consommé par les parents du mort…"
Kashima- Faux-monnayeur
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Re: Anthropophagie
Interessant comme sujet... Parfois dans l'Histoire, il est arrivé que pour survivre, des hommes ont du manger leurs camarades morts... comme par exemple, l'avion d'une équipe de football américain (ou de rugby, je ne sais plus trop exactement) qui s'était écrasé dans la Cordillère des Andes... Des fois, il n'y a pas le choix :/
Invité- Invité
Re: Anthropophagie
Cannibalisme de survie... Je crois qu'on ne se poserait même pas la question, affamés...
Kashima- Faux-monnayeur
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Re: Anthropophagie
Pour survivre, on est prét à faire beaucoup de choses qu'on ne se passerai pas capable tant qu'on n'est pas confronté à la situation.
J'ai vu un documentaire sur l'évènement dont tu parles et j'ai été frappée par les témoignages des rescapés. Ils se sentaient coupable évidemment mais ils ressentaient une forme de reconnaissance envers leurs camarades qui leur avaient permis de survivre. Ils ont toujours refusé de dévoiler lesquels des victimes avaient été mangées par égard envers leurs familles.
J'ai vu un documentaire sur l'évènement dont tu parles et j'ai été frappée par les témoignages des rescapés. Ils se sentaient coupable évidemment mais ils ressentaient une forme de reconnaissance envers leurs camarades qui leur avaient permis de survivre. Ils ont toujours refusé de dévoiler lesquels des victimes avaient été mangées par égard envers leurs familles.
J'interdis...
J'interdis à ma soeur (de façon expresse) de manger quelque partie de mon corps que ce soit (y compris de mon vivant).
Pour faire le deuil, elle a qu'à chialer un bon coup et pas faire chier le monde!
Qu'elle mange donc mon repas préféré !
"Quiconque aime les prophéties d'Ezéchiel mérite de déjeuner avec lui" (bon ap')
Pour faire le deuil, elle a qu'à chialer un bon coup et pas faire chier le monde!
Qu'elle mange donc mon repas préféré !
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Ezéchiel- Vergilius' forest
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Re: Anthropophagie
Les parents ne veulent pas non plus! :'(
J'ai même eu droit à un : "Des fois, je m'demande si t'es normale". :/
J'ai même eu droit à un : "Des fois, je m'demande si t'es normale". :/
Kashima- Faux-monnayeur
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Réducteurs de têtes
A suivre prochainement: un point sur les réducteurs de têtes!
En attendant, les cannibales au cinéma.
En attendant, les cannibales au cinéma.
Kashima- Faux-monnayeur
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Tous cannibales!
http://www.fluctuat.net/7350-Tous-cannibales-La-Maison-Rouge
Tous Cannibales Du 12 Fevrier Au 15 Mai 2011 à Paris
Exposition
La Maison Rouge
75012 Paris
9,5 €
Dernière édition par Kashima le Mar 1 Mar 2011 - 16:26, édité 1 fois
Kashima- Faux-monnayeur
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Le cannibalisme dans l'art
Quelques artistes de l'exposition :
Yasumasa Morimura
Makoto Aida
Gilles Barbier
Patty Chang
Saverio Lucariello
Philippe Mayaux
Théo Mercier
Wangechi Mutu
Toshio Saeki
Dana Schutz
Jana Sterbak
Adriana Varejâo
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Kashima- Faux-monnayeur
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Bisky et Barbier
Gilles Barbier
Norbert Bisky
Kashima- Faux-monnayeur
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Blanquet
La Comestible de Blanquet
Kashima- Faux-monnayeur
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La Marche de l'histoire - anthropophagie
http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=385481
Kashima- Faux-monnayeur
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