Gustav Adolf Mossa - Eros et Thanatos
Page 1 sur 1
Gustav Adolf Mossa - Eros et Thanatos
.
Les Bijoux – Charles Baudelaire
La très-chère était nue, et, connaissant mon cœur,
Elle n'avait gardé que ses bijoux sonores,
Dont le riche attirail lui donnait l'air vainqueur
Qu'ont dans leurs jours heureux les esclaves des Mores.
Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur,
Ce monde rayonnant de métal et de pierre
Me ravit en extase, et j'aime à la fureur
Les choses où le son se mêle à la lumière.
Elle était donc couchée et se laissait aimer,
Et du haut du divan elle souriait d'aise
À mon amour profond et doux comme la mer,
Qui vers elle montait comme vers sa falaise.
Les yeux fixés sur moi comme un tigre dompté,
D'un air vague et rêveur elle essayait des poses,
Et la candeur unie à la lubricité
Donnait un charme neuf à ses métamorphoses ;
Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,
Polis comme de l'huile, onduleux comme un cygne,
Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins ;
Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,
S'avançaient, plus câlins que les Anges du mal,
Pour troubler le repos où mon âme était mise,
Et pour la déranger du rocher de cristal
Où, calme et solitaire, elle s'était assise.
Je croyais voir unis par un nouveau dessin
Les hanches de l'Antiope au buste d'un imberbe,
Tant sa taille faisait ressortir son bassin.
Sur ce teint fauve et brun le fard était superbe !
– Et la lampe s'étant résignée à mourir,
Comme le foyer seul illuminait la chambre,
Chaque fois qu'il poussait un flamboyant soupir,
Il inondait de sang cette peau couleur d'ambre !
.
Les Bijoux – Charles Baudelaire
La très-chère était nue, et, connaissant mon cœur,
Elle n'avait gardé que ses bijoux sonores,
Dont le riche attirail lui donnait l'air vainqueur
Qu'ont dans leurs jours heureux les esclaves des Mores.
Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur,
Ce monde rayonnant de métal et de pierre
Me ravit en extase, et j'aime à la fureur
Les choses où le son se mêle à la lumière.
Elle était donc couchée et se laissait aimer,
Et du haut du divan elle souriait d'aise
À mon amour profond et doux comme la mer,
Qui vers elle montait comme vers sa falaise.
Les yeux fixés sur moi comme un tigre dompté,
D'un air vague et rêveur elle essayait des poses,
Et la candeur unie à la lubricité
Donnait un charme neuf à ses métamorphoses ;
Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,
Polis comme de l'huile, onduleux comme un cygne,
Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins ;
Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,
S'avançaient, plus câlins que les Anges du mal,
Pour troubler le repos où mon âme était mise,
Et pour la déranger du rocher de cristal
Où, calme et solitaire, elle s'était assise.
Je croyais voir unis par un nouveau dessin
Les hanches de l'Antiope au buste d'un imberbe,
Tant sa taille faisait ressortir son bassin.
Sur ce teint fauve et brun le fard était superbe !
– Et la lampe s'étant résignée à mourir,
Comme le foyer seul illuminait la chambre,
Chaque fois qu'il poussait un flamboyant soupir,
Il inondait de sang cette peau couleur d'ambre !
.
Invité- Invité
Re: Gustav Adolf Mossa - Eros et Thanatos
.
Langueur – Verlaine
Je suis l'Empire à la fin de la décadence,
Qui regarde passer les grands Barbares blancs
En composant des acrostiches indolents
D'un style d'or où la langueur du soleil danse.
L'âme seulette a mal au cœur d'un ennui dense,
Là-bas on dit qu'il est de longs combats sanglants.
Ô n'y pouvoir, étant si faible aux vœux si lents,
Ô n'y vouloir fleurir un peu cette existence !
Ô n'y vouloir, ô n'y pouvoir mourir un peu !
Ah ! tout est bu ! Bathylle, as-tu fini de rire ?
Ah ! tout est bu, tout est mangé ! Plus rien à dire !
Seul, un poème un peu niais qu'on jette au feu,
Seul, un esclave un peu coureur qui vous néglige,
Seul, un ennui d'on ne sait quoi qui vous afflige !
.
Langueur – Verlaine
Je suis l'Empire à la fin de la décadence,
Qui regarde passer les grands Barbares blancs
En composant des acrostiches indolents
D'un style d'or où la langueur du soleil danse.
L'âme seulette a mal au cœur d'un ennui dense,
Là-bas on dit qu'il est de longs combats sanglants.
Ô n'y pouvoir, étant si faible aux vœux si lents,
Ô n'y vouloir fleurir un peu cette existence !
Ô n'y vouloir, ô n'y pouvoir mourir un peu !
Ah ! tout est bu ! Bathylle, as-tu fini de rire ?
Ah ! tout est bu, tout est mangé ! Plus rien à dire !
Seul, un poème un peu niais qu'on jette au feu,
Seul, un esclave un peu coureur qui vous néglige,
Seul, un ennui d'on ne sait quoi qui vous afflige !
.
Invité- Invité
Re: Gustav Adolf Mossa - Eros et Thanatos
.
Duellum – Charles Baudelaire
Deux guerriers ont couru l'un sur l'autre, leurs armes
Ont éclaboussé l'air de lueurs et de sang.
Ces jeux, ces cliquetis du fer sont les vacarmes
D'une jeunesse en proie à l'amour vagissant.
Les glaives sont brisés ! comme notre jeunesse,
Ma chère ! Mais les dents, les ongles acérés,
Vengent bientôt l'épée et la dague traîtresse.
– O fureur des cœurs mûrs par l'amour ulcérés !
Dans le ravin hanté des chats-pards et des onces
Nos héros, s'étreignant méchamment, ont roulé,
Et leur peau fleurira l'aridité des ronces.
– Ce gouffre, c'est l'enfer, de nos amis peuplé !
Roulons-y sans remords, amazone inhumaine,
Afin d'éterniser l'ardeur de notre haine !
.
Duellum – Charles Baudelaire
Deux guerriers ont couru l'un sur l'autre, leurs armes
Ont éclaboussé l'air de lueurs et de sang.
Ces jeux, ces cliquetis du fer sont les vacarmes
D'une jeunesse en proie à l'amour vagissant.
Les glaives sont brisés ! comme notre jeunesse,
Ma chère ! Mais les dents, les ongles acérés,
Vengent bientôt l'épée et la dague traîtresse.
– O fureur des cœurs mûrs par l'amour ulcérés !
Dans le ravin hanté des chats-pards et des onces
Nos héros, s'étreignant méchamment, ont roulé,
Et leur peau fleurira l'aridité des ronces.
– Ce gouffre, c'est l'enfer, de nos amis peuplé !
Roulons-y sans remords, amazone inhumaine,
Afin d'éterniser l'ardeur de notre haine !
.
Invité- Invité
Re: Gustav Adolf Mossa - Eros et Thanatos
.
Spleen – Charles Baudelaire
J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans.
Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans,
De vers, de billets doux, de procès, de romances,
Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances,
Cache moins de secrets que mon triste cerveau.
C'est une pyramide, un immense caveau,
Qui contient plus de morts que la fosse commune.
- Je suis un cimetière abhorré de la lune,
Où comme des remords se traînent de longs vers
Qui s'acharnent toujours sur mes morts les plus chers.
Je suis un vieux boudoir plein de roses fanées,
Où gît tout un fouillis de modes surannées,
Où les pastels plaintifs et les pâles Boucher,
Seuls, respirent l'odeur d'un flacon débouché.
Rien n'égale en longueur les boiteuses journées,
Quand sous les lourds flocons des neigeuses années
L'ennui, fruit de la morne incuriosité,
Prend les proportions de l'immortalité.
- Désormais tu n'es plus, ô matière vivante !
Qu'un granit entouré d'une vague épouvante,
Assoupi dans le fond d'un Saharah brumeux ;
Un vieux sphinx ignoré du monde insoucieux,
Oublié sur la carte, et dont l'humeur farouche
Ne chante qu'aux rayons du soleil qui se couche.
.
Spleen – Charles Baudelaire
J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans.
Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans,
De vers, de billets doux, de procès, de romances,
Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances,
Cache moins de secrets que mon triste cerveau.
C'est une pyramide, un immense caveau,
Qui contient plus de morts que la fosse commune.
- Je suis un cimetière abhorré de la lune,
Où comme des remords se traînent de longs vers
Qui s'acharnent toujours sur mes morts les plus chers.
Je suis un vieux boudoir plein de roses fanées,
Où gît tout un fouillis de modes surannées,
Où les pastels plaintifs et les pâles Boucher,
Seuls, respirent l'odeur d'un flacon débouché.
Rien n'égale en longueur les boiteuses journées,
Quand sous les lourds flocons des neigeuses années
L'ennui, fruit de la morne incuriosité,
Prend les proportions de l'immortalité.
- Désormais tu n'es plus, ô matière vivante !
Qu'un granit entouré d'une vague épouvante,
Assoupi dans le fond d'un Saharah brumeux ;
Un vieux sphinx ignoré du monde insoucieux,
Oublié sur la carte, et dont l'humeur farouche
Ne chante qu'aux rayons du soleil qui se couche.
.
Invité- Invité
Re: Gustav Adolf Mossa - Eros et Thanatos
.
Sensation – Arthur Rimbaud
Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien,
Mais l'amour infini me montera dans l'âme ;
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, heureux - comme avec une femme.
.
Sensation – Arthur Rimbaud
Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien,
Mais l'amour infini me montera dans l'âme ;
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, heureux - comme avec une femme.
.
Invité- Invité
Re: Gustav Adolf Mossa - Eros et Thanatos
.
Brise marine – Mallarmé
La chair est triste, hélas! et j'ai lu tous les livres.
Fuir! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
D'être parmi l'écume inconnue et les cieux!
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe
O nuits! ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
Je partirai! Steamer balançant ta mâture,
Lève l'ancre pour une exotique nature!
Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
Croit encore à l'adieu suprême des mouchoirs!
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages
Sont-ils de ceux qu'un vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots...
Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots!
.
Brise marine – Mallarmé
La chair est triste, hélas! et j'ai lu tous les livres.
Fuir! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
D'être parmi l'écume inconnue et les cieux!
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe
O nuits! ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
Je partirai! Steamer balançant ta mâture,
Lève l'ancre pour une exotique nature!
Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
Croit encore à l'adieu suprême des mouchoirs!
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages
Sont-ils de ceux qu'un vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots...
Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots!
.
Invité- Invité
Re: Gustav Adolf Mossa - Eros et Thanatos
Très bon choix de poèmes pour accompagner ces superbes tableaux. Peux-tu nous donner les titres que Mossa a choisis? J'aurais dit La Sirène, Sainte Sébastiane, Pandore...
Un faible pour le premier, justement...
La Sirène est très belle, et choisir du Mallarmé va très bien avec, surtout ce poème que j'adore! Tiens, il faudra que je poste MON préféré, Hérodiade.
Pour Sainte Sebastiane, Sensation est trop léger, il m'évoque la nature florissante et les débuts légers d'un amour, pas la souffrance du tableau... Je mettrais plutôt un poème de Catulle (encore lu ou d'un élégiaque que l'ammour fait souffrir...)
J'ai cherché qui il était, on trouve ça sur Wikipedia:
"Gustav-Adolf Mossa, est un peintre symboliste français né à Nice le 28 janvier 1883 et mort à Nice le 25 mai 1971.
Son père Alexis Mossa (1844-1926), était lui même un peintre niçois qui fit de nombreuses affiches pour le Carnaval de Nice à la fin du XIXe siècle. Il a fortement influencé Gustav-Adolf dans sa carrière de peintre.
Il est un peintre symboliste dans la mouvance de Gustave Moreau, Lucien Lévy-Dhurmer, Edgar Maxence, Émile-René Ménard. Imprégné de ses lectures, Mallarmé, Baudelaire, Huysmans, il s'inspire des maîtres du Quattrocento, des préraphaélites, de l'Art nouveau.
Il peint intensivement pendant une quinzaine d'année, jusqu'en 1918, mais la plupart de ses œuvres symbolistes ne sont découvertes qu'après son décès."
Un faible pour le premier, justement...
La Sirène est très belle, et choisir du Mallarmé va très bien avec, surtout ce poème que j'adore! Tiens, il faudra que je poste MON préféré, Hérodiade.
Pour Sainte Sebastiane, Sensation est trop léger, il m'évoque la nature florissante et les débuts légers d'un amour, pas la souffrance du tableau... Je mettrais plutôt un poème de Catulle (encore lu ou d'un élégiaque que l'ammour fait souffrir...)
J'ai cherché qui il était, on trouve ça sur Wikipedia:
"Gustav-Adolf Mossa, est un peintre symboliste français né à Nice le 28 janvier 1883 et mort à Nice le 25 mai 1971.
Son père Alexis Mossa (1844-1926), était lui même un peintre niçois qui fit de nombreuses affiches pour le Carnaval de Nice à la fin du XIXe siècle. Il a fortement influencé Gustav-Adolf dans sa carrière de peintre.
Il est un peintre symboliste dans la mouvance de Gustave Moreau, Lucien Lévy-Dhurmer, Edgar Maxence, Émile-René Ménard. Imprégné de ses lectures, Mallarmé, Baudelaire, Huysmans, il s'inspire des maîtres du Quattrocento, des préraphaélites, de l'Art nouveau.
Il peint intensivement pendant une quinzaine d'année, jusqu'en 1918, mais la plupart de ses œuvres symbolistes ne sont découvertes qu'après son décès."
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
Re: Gustav Adolf Mossa - Eros et Thanatos
J'ai voulu commencer par certains tableaux, "nus" ou presque, sans autre explication.
J'ajouterai des commentaires (et répondrai à tes questions) un peu plus tard, car le cheminement de ce peintre me semble particulièrement intéressant.
Je suis d'accord avec toi pour "Sensation" : en fait, il y a une certaine ironie dans mon choix ...
J'ajouterai des commentaires (et répondrai à tes questions) un peu plus tard, car le cheminement de ce peintre me semble particulièrement intéressant.
Je suis d'accord avec toi pour "Sensation" : en fait, il y a une certaine ironie dans mon choix ...
Invité- Invité
Re: Gustav Adolf Mossa - Eros et Thanatos
L'ironie m'est complètement passée à côté. Excuse-moi... :veuxpasvoir:
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
Re: Gustav Adolf Mossa - Eros et Thanatos
J'attends les titres et d'autres explications - mais je suppose que c'est pour m'apprendre la patience - sadique!
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
Re: Gustav Adolf Mossa - Eros et Thanatos
J'aime bien te faire attendre :wistle: surtout quand tu as le ventre vide ...
Invité- Invité
Re: Gustav Adolf Mossa - Eros et Thanatos
Plus mon ventre est vide et plus... :clac: Mais revenons à Mossa.
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
Mossa chez Rops
Autoportrait
Une magnifique exposition de cet artiste a eu lieu en mai 2010 à Namur, dans le musée Félicien Rops.
C'était une suite de tableaux d'une grande beauté, dont les sujets sont souvent tirés de la littérature, de la mythologie grecque ou de la Bible.
Malheureusement, les photos étaient interdites.
Les sujets me touchent, cette empreinte antique, sa finesse et aussi, sa façon de signer en latin.
Voici quelques-unes de ses toiles. C'est un peintre dont j'aimerais voir et revoir les toiles :
Elle
Marie-Madeleine
L'Aveugle
Dalila s'amuse
Une charogne
Le Foetus
Eva Pandora
Salomé
Sainte-Ursule
Leda
Les Parques
Harpye
Les mortes
Sapphô
Oedipe vainqueur
Rubria
Kashima- Faux-monnayeur
- Nombre de messages : 6546
Date d'inscription : 29/09/2008
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum