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Tokyo Sonata de Kiyoshi Kurosawa

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Tokyo Sonata de Kiyoshi Kurosawa Empty Tokyo Sonata de Kiyoshi Kurosawa

Message  Invité Mer 19 Oct 2011 - 21:33

Tokyo sonata est une chronique d'un réalisme étouffant qui semble dire quelque chose de vrai sur le Japon et son mode de vie.

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Il y a ce père de famille qui joue provisoirement les Jean-Claude Romand (sauf que le provisoire dure et dure encore). Les fils qui échappent peu à peu au cocon familial, l'un se tournant vers une carrière militaire loin de Tokyo, l'autre s'évadant par la grâce de cours de piano pris à l'insu de ses parents. Et la mère, mutique mais pas dupe, qui observe son petit monde se déliter sans crier gare. On se trouve dans sa position, attristé par le pathétique des situations, mais incapable d'y remédier.
Filmant avec simplicité (le style épuré rappelle celui de Kitano), Kurosawa n'en rajoute ni dans le pathos ni dans le misérabilisme, s'autorisant même un peu d'humour notamment dans ses descriptions du désœuvrement paternel. Le chef de famille est sans aucun doute le personnage le plus fascinant de l'ensemble, vivant dans le mensonge tout en prônant dans son foyer la rigueur et l'honnêteté intellectuelle. Ses mémorables colères ne feront d'ailleurs qu'aggraver les choses. Elles donnent lieu à quelques-unes des scènes les plus fortes du film, tant par leur violence psychologique que par ce qu'elles révèlent de la médiocrité de l'esprit humain, capable d'énoncer de grands principes tout en se comportant de la pire des façons.


Tokyo Sonata semble relever du drame familial, une tradition ancrée dans le cinéma japonais, qu'il soit classique (les chroniques d'un Yasujiro Ozu) ou moderne (les brûlots antifamille de Nagisa Oshima).

Le film de Kiyoshi Kurosawa dessine une troisième voie, qui intègre cet héritage en l'adaptant à la réalité contemporaine. Le film met en scène une famille de petits-bourgeois de Tokyo : le père, la mère, les deux fils. Le père, un jour, est licencié sans préavis, devient chômeur tout en le cachant aux autres membres de la famille.

Au même moment, le fils aîné annonce son intention de s'engager dans l'armée et de partir se battre en Irak, le plus jeune prend des leçons de piano en cachette, refusant les perspectives tracées pour lui par ses parents. Tokyo Sonata est le récit d'un dérèglement familial, métaphore d'un autre dérèglement plus général, social et historique. Avec l'effrayant Séance, réalisé il y a quelques années pour la télévision, Kurosawa avait fait d'un lent effondrement conjugal la matière d'un film d'épouvante. Le désoeuvrement pathétique du père, qui rejoint tous les jours une cohorte de cadres en quête d'emploi, déclassés devenus clochards en costume-cravate et avec ordinateurs portables, rend dérisoires ses tentatives pour reproduire, à domicile, un ordre patriarcal. Tout démontre qu'il est devenu impraticable et ridicule.

Mais ce dont témoigne brillamment le film de Kurosawa, c'est que, loin d'être une libération, la faillite du père est devenue la preuve de la destruction d'un monde ancien par la marche de l'économie, devenue folle, inaccessible et fantomatique.




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