Camille et les créatures

Camille Claudel 1915 raconte la première année d'internement de Camille Claudel par sa famille (internement décidé par son frère cadet Paul Claudel).
C'est une horrible souffrance de voir cette grande sculptrice enfermée avec de vrais fous, aussi dégoûtants et laids les uns que les autres. Passivement, elle assiste à ce qui devient son destin (et le sera jusqu'à sa mort puisqu'elle mourra en asile, après trente ans d'enfermement).


Camille est très silencieuse. Elle ne se tient pas tant que cela à l'écart des autres "créatures", elle joue même le rôle d'aide aux soeurs infirmières puisqu'elle n'est pas folle.
On ressent la frustration, le profond désespoir, la privation de liberté sur une injustice.
Elle est privée de son atelier et de son art qui était sa vie, et elle a encore en tête sa relation passionnelle avec Rodin.
Plusieurs scènes sont très poignantes, comme celle où elle assiste à la répétition d'un passage de Dom Juan par des fous ; celle aussi où elle parle enfin, confiant son chagrin au psychiatre incapable de lui dire quoi que ce soit de réconfortant ou d'intelligent.

“J’ai pas l’intention de rien réclamer, je suis pas assez forte pour ça.” , plaide-t-elle auprès du psychiatre pour pouvoir rentrer chez elle et rester tranquillement recluse dans son atelier.

Les passages avec Paul Claudel sont insupportables, ennuyeux ; l'acteur ressemble à un sous-Luchini (d'ailleurs, à part Binoche et les fous, ça ne joue pas très bien autour.) Sa ferveur religieuse qu'on connaît, il était inutile de la développer ainsi. L'entrevue avec sa soeur aurait suffi. On éprouve une espèce de haine face à ce "cul-béni" qui commet le plus grand des crimes contre sa soeur.
A la fin, le carton dit qu'il la visitera jusqu'à sa mort. J'ai lu qu'en trente ans, il n'était allé la voir que douze fois...