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Cannibalisme et littérature

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Cannibalisme et littérature Empty Cannibalisme et littérature

Message  Kashima Lun 10 Nov 2008 - 16:27

Pour prolonger le thème sous son aspect littéraire (après l'histoire et le cinéma), je viens de finir un récit de voyage du XVIème siècle, de Hans Staden, qui vient de Hesse.

Cannibalisme et littérature Stadenlg3



Nus, féroces et anthropophages est composé de deux parties : sa relation de voyage et une partie qui décrit les moeurs et les coutumes des indigènes.

Hans a le désir de se rendre aux Indes. Il embarque avec des Portugais et arrive au Brésil. Il sera bientôt fait prisonnier par les sauvages (chapitre 18) On lui dit qu'il va être mangé. Par différents concours de circonstance, il parvient à ne pas être dévoré : les Indiens croient que le Dieu de Hans le protège.
Il parviendra à partir, avec l'accord de ses maîtres, à bord d'un navire français.



Comme on a le livre de son récit entre les mains, on sait que Hans n'a pas été mangé, mais on se demande comment il va parvenir à repousser à chaque fois l'échéance quand d'autres se font dévorer sous ses yeux...


Parmi les coutumes qu'il décrit, il parle de l'habillement des femmes, de la manière qu'ont les sauvages de faire du feu...

Ce qui m'intéresse ici, c'est le chapitre s'intitulant : "Des cérémonies avec lesquelles les sauvages tuent et mangent leurs prisonniers." J'en reproduis quelques extraits :

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En supplément, article trouvé sur Internet :
http://lebibliomane.blogspot.com/2007/02/nus-froces-et-anthropophages.html

"Véritable histoire et description d'un pays habité par des hommes sauvages, nus, féroces et anthropophages situé dans le Nouveau Monde nommé Amérique, inconnu dans le pays de Hesse, avant et depuis la naissance de Jésus-Christ, jusqu'à l'année dernière. Hans Staden de Homberg en Hesse, l'a connu par sa propre expérience et le fait connaître actuellement par le moyen de l'impression. Marbourg, chez André Kolben. 1557. A l'enseigne de la feuille de trèfle.

C'est par ces mots que commence la traduction de l'édition française de la relation des aventures vécues au Brésil par Hans Staden, mercenaire hessois captif des indiens Tupi-Guarani.
Ce livre qui connut un vif succès lors de sa parution en 1557 fut traduit en plusieurs langues et donna lieu à soixante-dix éditions. Il faut dire que les faits relatés ici possédaient tous les ingrédients capables de susciter l'intérêt des lecteurs : naufrages, piraterie, exotisme, tribus sauvages et rituels anthropophages. Pour l'homme du XVIè siècle, contemporain des guerres de religion et de leur cortège de massacres, la vision d'une humanité proche de l'état de nature et accomplissant sans vergogne un des derniers interdits moraux réprouvé par le christianisme, à savoir le cannibalisme, représentait quelque chose de profondément choquant, une forme de barbarie terrifiante, enfouie au plus profond des âmes. De plus, l'homme européen, chrétien ( catholique ou protestant) se découvrait dans la relation de Hans Staden non comme un héros civilisateur, porteur des espérances rédemptrices du christianisme, mais au contraire comme un vaincu, un prisonnier que l'on projette de dévorer à plus ou moins brève échéance.On est loin ici des relations de conquêtes de Pizarre et Cortès; pas de grandes cités remplies d'or et de magnificences mais de simples huttes bâties au sein de l'impénétrable forêt équatoriale.
Le récit de Staden commence par son embarquement en Hollande à destination du Portugal et de là vers le Brésil. Il participe au conflit opposant portugais et indiens et est assiégé dans le fort d'Iguarazu. La paix ayant été conclue avec les indiens, Staden repart vers le Portugal, affronte sans succès un navire français, puis un vaisseau pirate au large des Açores. Après s'être reposé quelques temps à Lisbonne, Staden se rend en Espagne où il embarque à Séville en direction du Rio de la Plata. Après six mois de navigations hasardeuses à la recherche de leur destination, le vaisseau fait naufrage et les rescapés sont recueillis par les colons portugais de l'île de San Vicente. Ces colons se sont alliés au peuple indien Tupininquin et ont comme ennemis les Taguayara ( Tupinamba) qui ne cessent de leur faire la guerre. C'est lors d'une expédition de chasse que Staden sera capturé par les Tupinambas. Il sera détenu par les indiens pendant neuf mois, partageant leur mode de vie et craignant à tout instant de finir dévoré par ses ravisseurs. Il assistera au cours de sa détention à l'éxécution puis à la consommation rituelle d'êtres humains, attendant à son tour de servir de menu aux indiens. Il sera finalement racheté par le capitaine d'un vaisseau français qui le ramènera en Europe.

La deuxième partie du récit, « Relation véridique et précise des moeurs et coutumes des Tuppinambas » est une observation minutieuse du mode de vie des indiens. Staden, anthropologue avant l'heure décrit tous les aspects de la vie quotidienne de ses ravisseurs, leurs moeurs et coutumes, leurs techniques de chasse et de pêche, la faune et la flore qui les entoure, etc...
Staden consacre évidemment la plus grande part de son étude au rituel anthropophagique qu'il décrit avec minutie et de manière clinique sans y apposer son jugement d'européen pétri de christianisme. Staden ne justifie pas l'anthropophagie, il la décrit comme un rite inhérent à la culture des indiens Tupi-Guarani, un fait culturel qui, malgré son côté atroce ne dépasse en rien les abominations commises à la même époque en Europe lors des guerres de religion. Et c'est fort à propos que Jean-Paul Duviols dans son introduction au récit de Staden cite Michel de Montaigne:
« Je pense qu'il y a plus de barbarie à manger un homme vivant qu'à le manger mort; à déchirer par tourments et géhennes un corps plein de sentiment, le faire rôtir par le menu, le faire mordre et meurtrir aux chiens et aux pourceaux ( comme nous l'avons non seulement lu mais vu de fraîche mémoire, non entre des ennemis anciens, mais entre des voisins et concitoyens, et qui pis est sous prétexte de piété et de religion) que de rôtir et manger après qu'il est trépassé. »

En cela le récit de Staden, bien avant le siècle des Lumières et le mythe du Bon Sauvage, est un miroir où l'homme dit « civilisé » peut contempler par contraste les vices, les perversions et les antres de ténèbres qui l'habitent.
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