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Beatriz Preciado, transgouine

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Beatriz Preciado, transgouine Empty Beatriz Preciado, transgouine

Message  Kashima Dim 19 Oct 2008 - 21:01

C'est l'ex de Virginie Despentes, Beatriz Preciado, qui se définit comme une transgouine. Selon elle, le mot "gouine" est encore celui qui la qualifie le mieux car il se rapproche de la sexualité qu'elle pratique.

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Interview dans les Inrocks de la semaine qui se termine, ainsi que dans Têtu.

Réfléchissant sur les genres, elle prend actuellement de la testostérone.

Sur Virginie Despentes, elle dit qu'il était "encore plus difficile de la baiser que d'aller travailler à l'usine" (c'est mieux dit, je retrouverai la phrase exacte).


En attendant, un article paru dans Libération :

Beatriz Preciado. La philosophe déconstruit sexes et genres, à coups de voltes théoriques et de prises de testostérone.


Dans le jardin d’un hôtel feutré de Saint-Germain-des-Prés, on voit d’abord une fine moustache, simple trait formé de petits poils collés au-dessus des lèvres. Puis un corps habillé de noir qui ne donne aucun indice d’ordre sexuel. Le visage est anguleux et doux à la fois, la parole fluide et brillante. Beatriz Preciado extirpe de sa poche un petit sachet de testostérone comme d’autres sortent négligemment quelques euros pour payer leur café. 50 mg en gel. «Je n’ai pas pris cette hormone pour devenir un homme, cela ne m’intéresse pas.»


Philosophe, elle publie, ces jours-ci, un essai totalement détonant. Dans Testo Junkie, elle narre, d’un côté, sa vie de «gouine trans» comme elle se définit elle-même, avec godes ceinture de 22 centimètres et prises de testostérone synthétique. De l’autre, elle développe, en tant que disciple de Jacques Derrida et chercheuse à l’université de Princeton aux Etats-Unis, son idée de «société pharmacopornographique». Dans la lignée d’un Foucault, elle fait le constat que les normes actuelles de la sexualité, loin d’être fixes et naturelles, sont produites et contrôlées par l’univers du porno comme par la diffusion de substances chimiques (Prozac, Viagra et autre cocaïne).

Auto-cobaye de son laboratoire philosophico-intime, elle s’applique de la testostérone sur la peau durant 236 jours pour les besoins de son livre. «Par cette intoxication volontaire conduite sans protocole médical, je signifie que mon genre n’appartient ni à ma famille, ni à l’Etat, ni à l’industrie pharmaceutique. C’est une expérience politique.» Elle décrit comment cette drogue sexuelle la rend «lucide, énergique, éveillée comme la première nuit où [elle] a baisé avec une fille». Et s’interroge : «Pourquoi ces effets seraient-ils considérés comme masculins?»

Au fil de trois heures d’entretien, Beatriz Preciado s’avère aussi affable, drôle et parfois intimidée, que sa pensée est dérangeante, quoique remarquablement charpentée. A la différence de nombreux intellectuels, elle ne laisse pas au placard ses accessoires de «garçon-fille», Testogel et autre moustache. «On pense que la pensée est universelle et qu’on ne doit pas dire je. Or, derrière cette universalité, s’articulent la masculinité, l’hétérosexualité et la “blanchitude”. J’ai voulu mettre fin à cette distance clinique qui désexualise le discours philosophique et en soustrait les corps.» Elle ne s’est jamais sentie ni homme, ni femme et ne comprend pas pourquoi, du fait de son sexe biologique, elle renoncerait au porno, au gode, à la parole publique, à l’envie d’être king.
«Depuis l’enfance, je me vis avec une bite fantasmatique d’ouvrier. Je réagis à tous les culs que je vois bouger.» Avec ses premières économies, elle pense à une greffe de pénis. Elle a 7 ans. Beatriz est née en Espagne, en 1970, Franco est encore au pouvoir. Sa famille catholique et conservatrice l’inscrit dans une école non mixte tenue par les bonnes sœurs. «Un vrai paradis lesbien», dit-elle. Avec ses manières policées de dandy, elle charme les filles qui se laissent embrasser et tripoter les seins. On la dénonce à ses parents, elle n’en ressent ni souffrance, ni honte. «Pour moi, être lesbienne est la classe, l’aristocratie du sexe. Je me vivais comme un shaman sexuel. J’étais là pour sauver l’école de la misère sexuelle. Je me sentais très libre et j’arrivais à contourner la loi. J’étais Zorro», sourit-elle. Sa mère confectionne des robes de mariée et veut l’habiller en fille. «Elle lisait mes cahiers et fouillait mes poches. Elle se comportait comme un détective à la solde du régime hétéro-patriarcal.» Son père la laisse conduire les voitures du garage qu’il tient en ville. Il ferme les yeux. «Il était comme l’armée américaine. Don’t ask, don’t tell.»

Le point culminant de cette carrière de «conquistador sans bite» est sa rencontre avec Virginie Despentes. Elle écrit Testo Junkie quand l’auteur de Baise-moi finalise son King Kong Théorie. Féministes «porno punk», elles vivent à Barcelone, se donnent du «ma pute», façon de se réapproprier l’injure et d’en soustraire son monopole aux hommes. «Virginie et moi faisons partie de l’alliance très large des voyous, des putes et des gouines», dit Beatriz Preciado. Elles ont un bouledogue français, chien des prostituées du XIXe siècle. Despentes : «Nous partageons une même forme de maboulerie. Chacune à notre façon, nous ne respectons pas l’ordre du monde et nous n’avons aucun complexe à essayer de le changer.»

L’autre événement qui a marqué l’écriture de Testo Junkie est la mort de Guillaume Dustan, l’écrivain et éditeur gay. En 2000, alors que Beatriz Preciado vit en France, il publie le premier essai de la jeune philosophe, le Manifeste contra-sexuel, éloge de l’anus, «seul organe sexuel universel», dit-elle. «Guillaume Dustan est décédé quand je prenais de la testostérone pour mon livre. Lui comme Virginie Despentes m’ont donné la force de quitter le carcan de la théorie et de m’aventurer vers l’autofiction.» En riant, elle se dit «philosophe hardeur». Despentes confirme : «Elle a cette capacité incroyable d’être aussi à l’aise avec l’universitaire le plus pointu qu’avec la punkette gouine improbable, une bière à la main.»

C’est chez les Jésuites, à Madrid, qu’elle entame, paradoxalement, son parcours intellectuel. L’ironie veut que ce soit l’Opus Dei, l’organisation catholique ultra-conservatrice, qui lui donne la possibilité d’analyser les textes d’Ignace de Loyola, grâce à une bourse d’études. Le soir, elle file à la Luna, la boîte de travestis que fréquentent Almodovar et sa bande. «La première fois que j’y suis allée, je me suis dit: “C’est chez moi”.» A 22 ans, elle s’envole pour les Etats-Unis et apprend, à la New School University de New York, à forger un concept avec Derrida. Le pape de la déconstruction devient son modèle de vie. Puis, elle passe à la théorie queer de Judith Butler, autre rencontre déterminante. Comme la théoricienne américaine, elle estime que le genre et la différence des sexes sont des fictions politiques, non parce qu’ils n’ont pas de réalité matérielle, mais parce qu’ils se construisent, à force d’être appris et sans cesse répétés, tel un rôle dans une pièce de théâtre. «Je suis une athée du sexe, dit-elle, je n’y crois pas. Il n’y a pas deux sexes mais une multiplicité de configurations génétiques, hormonales, sexuelles et sensuelles.» A New York, elle commence à reconstruire son identité «de façon insoumise». Se fait sa première barbe et se bande les seins lors d’un atelier drag king. «Cette expérience a été un exercice initiatique. Toutes les masculinités et les féminités apparaissent comme des caricatures. C’est un savoir libérateur.»

Sans identité sexuelle fixe, Beatriz Preciado est perpétuellement dans l’invention de soi. Dans son livre, elle invite, non sans humour, les femmes à devenir «macho d’élite ou roi de la sodomie». Et donne quelques conseils aux hétérosexuelles sur la façon de traiter leurs partenaires. «Le rendre économiquement dépendant et le traiter sexuellement comme une pute ou comme une reine, mais toujours de manière aléatoire, uniquement en fonction de tes propres désirs.»“


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Dernière édition par Kashima le Jeu 20 Nov 2008 - 11:31, édité 3 fois
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Message  Invité Dim 19 Oct 2008 - 21:49

Kashima a écrit:
Sans identité sexuelle fixe, Beatriz Preciado est perpétuellement dans l’invention de soi. Dans son livre, elle invite, non sans humour, les femmes à devenir «macho d’élite ou roi de la sodomie». Et donne quelques conseils aux hétérosexuelles sur la façon de traiter leurs partenaires. «Le rendre économiquement dépendant et le traiter sexuellement comme une pute ou comme une reine, mais toujours de manière aléatoire, uniquement en fonction de tes propres désirs.»“[/i]
Quelle vision saine de la relation à l'autre ... :clac:

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Message  Kashima Jeu 23 Oct 2008 - 7:43

Judith Butler et Beatriz Preciado sont interviewées ensemble dans le dernier Têtu.
Pour répondre à ce que tu as relevé, Elvira, voici comment elle explique cet espèce de "machotransgouine" (terme de la journaliste, Ursula Del Aguila) :

"Les femmes dont je parle [celles qui acceptent de se faire appeler "putes" ou "chiennes"] reprennent l'insulte à leur compte dans une logique d'empowerment (renforcement de soi), ce que Judith appelle le déplacement de l'injure qui change le sujet de l'énonciation qui n'est plus victime. Donc, je préfère chienne à victime pour désigner les femmes."

J'avoue avoir un peu de mal à comprendre leurs théories politiques et philosophiques. L'étude sur les genres doit être passionnante, mais elle me semble très abstraite.
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Message  Invité Jeu 23 Oct 2008 - 10:34

C'est le genre de théories qui font dire aux gens "normaux" que les lesbiennes sont toutes des déséquilibrées ... :hmzzz:

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Message  Kashima Jeu 23 Oct 2008 - 10:48

C'est réservé à une petite poignée d'individus, c'est vraiment "alternatif", je trouve.
Je ne crois pas que ça me plaise qu'on m'appelle ma pute ou ma chienne... Ce serait radical. :clac:
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Message  Invité Jeu 23 Oct 2008 - 10:51

"Alternatif" (lol)

Comme c'est bien dit !

C'est surtout débile tu veux dire !!! grrr

PS : il faut vraiment que j'arrête le café (...), un rien m'énerve ! :wistle:

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Message  Kashima Jeu 23 Oct 2008 - 10:52

Combien de tasses?
(comme on est dans le transgenre! lol)
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Message  Invité Jeu 23 Oct 2008 - 10:56

Deux tasses déjà ... mais rassure-toi, rien encore de visible à l'oeil nu ...

Je vais passer au thé je crois Idea

:diablesse:

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Beatriz Preciado, transgouine Empty Le pape et le genre

Message  Kashima Mer 24 Déc 2008 - 15:16

Pour le Pape, la théorie du genre est coupable de détruire l'oeuvre de Dieu


(il est bien au courant de tout ça, je trouve...)


Lors de son traditionnel discours de Noël, adressé lundi aux membres de la Curie romaine, Benoît XVI a souligné que l'homme, en plus de sauvegarder la nature et les merveilles de la création, doit aussi «se protéger lui-même contre sa propre destruction». «Tout ce que l'on désigne communément par le terme d'émancipation de l'identité de genre, se traduit en définitive par l'émancipation par l'homme de la création et de son créateur», s'est-il alarmé. Le Pape a estimé l'homme coupable de vouloir «se faire seul et disposer seul de ce qui le concerne», rappelant qu'en agissant ainsi «il vit contre la vérité et contre son créateur.»


Plusieurs associations chrétiennes, notamment britanniques, ont dénoncé mardi les propos «irresponsables» de Benoît XVI. La révérende Sharon Ferguson, directrice générale du Mouvement chrétien gay et lesbien, a qualifié ces remarques de «totalement irresponsables et inacceptables sur le fond comme sur la forme. C'est plutôt de ses commentaires qu'il faut nous protéger. Ce sont des commentaires de ce genre qui justifient la persécution homophobe dans les écoles et (...) les attaques contre les homosexuels», a-t-elle poursuivi.



«Comme toujours, ce type d'homophobie religieuse est un alibi pour tous ceux qui voudraient nuire aux homosexuels. Le pape propage la crainte que les homosexuels menacent la planète. C'est tout simplement aberrant», a renchéri le révérend Giles Fraser, président d'Inclusive church, un mouvement anglican pro-homosexuel.


Source : tetu.com
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Message  Johnny Mer 24 Déc 2008 - 16:30

Je crois que Sa Sainteté a abusé du vin de messe...
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Message  Invité Ven 26 Déc 2008 - 20:35

Il s'agit de la théorie du genre, donc de la queer theory et non de l'homosexualité.

Je n'apprécie pas du tout Ratzinger mais, en même temps, on ne va pas demander à un Pape de soutenir la queer theory...Il est dans son rôle, après tout.

( j'ai bien concience que je vais choquer, mais tant pis, je table sur votre bienveillance :-) )

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Message  Kashima Ven 26 Déc 2008 - 20:54

Dans l'esprit borné du pape, tout ce qui a trait au genre est sûrement lié à l'homosexualité : qui fait l'homme, qui fait la femme?...
La queer theory est un sujet de recherche entrepris par des homosexuels en majorité. J'ai rarement vu un hétéro pur et dur se pencher sur cette question.
Attaquer les genres, pour le pape, c'est attaquer la différence - de sexualité.
L'église catholique devrait parfois se remettre en question (peut-être pas au point de verser dans le transgenre, chaque chose en son temps Smile) si elle ne veut pas perdre de plus en plus de ses fidèles. "Nous" avons la chance d'avoir une religion qui n'est pas prosélyte, qui est plutôt tolérante à l'égard des autres religions (les croisades ne sont plus chrétiennes), mais qui est bornée sur les questions sociales.
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