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La maison de Violette

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La maison de Violette Empty La maison de Violette

Message  Kashima Sam 7 Fév 2015 - 13:01

La maison de Violette Maison11

Au printemps 1961, Violette Leduc séjourne chez son amie Thérèse Plantier à Marseille. T. Plantier dit combien elle était dure à vivre. Le train de vie est infernal. Elle demande à sa mère de l’accueillir à Faucon (Francine Plantier, Emilie dans La Chasse à l’amour). A Faucon, elle achève une première version de La Bâtarde. Le 10 juin, elle doit quitter la maison de Francine et va chez les Leydier (Blédange dans l’œuvre), dans une chambre minuscule. Elle trouve autre chose fin juillet. Pour faire face aux dépenses, elle demande encore l’aide d’Adriana Salem qui lui envoie un mandat.
Elle sympathise avec ses voisins, les Maurel (Marcelle est Edith dans l’œuvre).
Au village, VL est perçue comme une demi-clocharde, une anormale.

VL retourne à Faucon le 9 juin 1962. Elle s’installe dans la maison louée fin juillet jusqu’au retour des propriétaires.
Elle reprend son rythme et l’envie de travailler.
SdB lui propose de l’aider à payer une maison à Faucon, mais reviendra sur sa proposition, prétextant des soucis d’argent.
Elle dort sans somnifères et a peur du retour à Paris.

“Quand j’ai fini de travailler, je rentre dans ma maison de Faucon et je demande aux oiseaux s’ils sont contents, s’ils trouvent que mon effort a été bon dans la journée. Et il me semble qu’ils me répondent. Si ça ne va pas, je cherche des corbeaux, je finis par en trouver, je leur dis : “Oh, ce que j’ai mal travaillé. Je n’ai pas été courageuse aujourd’hui.””
—   Violette Leduc, entretien sur France Culture, 27 décembre 1964

Vers la fin d’août 1963, elle va à Faucon et y restera jusqu’en novembre. Elle a presque fini mais n’a pas de titre pour La Bâtarde qui allait s’appeler : La Cage.

En juin 1965, le jeune peinte et ami Michel Warren l’emmène à Faucon où elle travaille la suite de La Bâtarde (La Folie en tête). La Bâtarde connaît un succès planétaire. VL reçoit bcp de courrier d’admirateurs. A Faucon, les habitants qui la dédaignaient tentent d’attirer sa sympathie.

En août 1965, elle réalise son projet : acheter la maison de Faucon.

Ses soucis de santé commencent durant cet été 1965. Elle découvre une nuit une enflure au sein gauche. Un médecin de Vaison la rassure ; ses amis lui disent de rentrer et de consulter à Paris, mais elle repousse à la rentrée la biopsie. Elle a perdu plusieurs kilos depuis son arrivée à Faucon et sent des tiraillements dans le sein gauche.
Elle travaille tout de même sans relâche. Au village, on la nomme « la Violette ».

Elle passe l’été et une bonne partie de l’automne 1966 à 6 km de Faucon, à Mollans-sur-Ouzève, dans un deux pièces avec terrasse car sa maison est en travaux.

Fin juillet 1968, elle passe dix jours à Cornillon (Gard) avec Thérèse Plantier. Elle rentre à Faucon avec Thérèse Plantier.

La Chasse à l'amour raconte Faucon, son coup de foudre pour le village.
Voici le texte en pdf d'une édition spéciale juillet-août 2014 : "Faucon, notre village"
https://violetteleduc.files.wordpress.com/2014/07/faucon-notre-village.pdf

Une plaque est posée au village :

La maison de Violette Captur11



Dernière édition par Kashima le Sam 7 Fév 2015 - 13:06, édité 2 fois
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Message  Kashima Sam 7 Fév 2015 - 13:02

Violette à Faucon (texte de Jean-Claude Arrougé)

Fin avril 1961, Violette arrive à la gare Saint-Charles à Marseille. Sur le quai l’attendent Thérèse Plantier et son jeune (troisième et nouveau) mari, Michel Estivalet. Dès qu’elle les voit, Violette s’écrie en parlant d’elle : « Voilà le monstre!». Violette a répondu à l’invitation que Thérèse lui avait faite quatre ans plus tôt, en avril 1957. Thérèse Plantier était une grande admiratrice de Violette Leduc, une personne intelligente et extrêmement cultivée.

Dans La Chasse à l’amour, Violette évoque sa rencontre avec Thérèse. Violette, avec la malice dont elle était assez coutumière, écrit : « Les amis de nos amis sont parfois nos amis. ». Roublarde, Violette évite ainsi de dire que c’est en fait par l’intermédiaire de Simone de Beauvoir qu’elles se sont connues.

Thérèse a rencontré Simone de Beauvoir après la sortie du Deuxième Sexe en 1949. Elle lui avait écrit pour lui faire part de son admiration. Simone de Beauvoir et Thérèse ont ensuite échangé régulièrement de longues et belles lettres. Elles se voyaient aussi lors des séjours de Thérèse à Paris. Simone de Beauvoir avait encouragé Thérèse à écrire et à se faire éditer. Thérèse avait jusque-là écrit Les Anges diaboliques (1945) et travaillait à Leçons de ténèbres (1959). Deux romans dont elle n’était pas très fière. Elle écrira par la suite des beaux poèmes et des essais décapants.

Lors d’un passage de Thérèse en 1957 à Paris, Simone de Beauvoir invite Thérèse à venir chez elle, dans son studio, rue Schœlcher derrière le cimetière Montparnasse. Dans la conversation, Thérèse dit qu’un livre actuellement ne la quitte plus, c’est L’Affamée. Simone de Beauvoir, n’en croyant pas ses oreilles, fait répéter à Thérèse ce qu’elle vient de lui dire, puis lui demande, rassurée d’avoir bien entendu, d’aller rendre visite à Violette, actuellement en maison de repos pour grave dépression nerveuse, à la Vallée-aux-Loups de Châtenay-Malabry. Afin de gagner la confiance de Violette, Simone de Beauvoir donne à Thérèse un des exemplaires de luxe de Thérèse et Isabelle, qu’a fait imprimer le parfumeur, collectionneur et mécène Jacques Guérin. Thérèse rend visite dès le lendemain à Violette qu’elle trouve dans un sinistre état psychologique. Elle se dit poursuivie par une foule d’inconnus à la solde d’elle ne sait qui, peut-être de Jacques Guérin, ce dandy homosexuel qu’elle aime d’un amour fou. Thérèse l’invite à venir se reposer quelque temps à Marseille.

Violette ne fit le voyage qu’en avril 1961, après avoir régulièrement vu Thérèse à Paris et longuement correspondu avec elle dans des lettres très personnelles. Une correspondance très précieuse qui nous renseigne sur ce que Violette vivait et ressentait à cette époque, notamment sa relation orageuse avec René, son beau maçon de Bagnolet. Une relation qui la mettait dans un tel état qu’elle avait quasiment interrompu l’écriture de ce manuscrit qui allait devenir La Bâtarde. Simone de Beauvoir s’en inquiétait beaucoup. Thérèse est même allée voir René Gallet, le suppliant d’arrêter de rendre malheureuse Violette : « Laissez-la tranquille, elle a du génie, vous n’en avez pas », lui aurait-elle dit…

À propos de ce séjour marseillais d’environ un mois, Violette dit dans La Chasse à l’amour : « Je devins vite insupportable, admettons, je prends tous les torts ». Thérèse confirme qu’en effet, ce fut pénible… Violette se plaignait toujours que Simone de Beauvoir ne lui écrivît pas aussi souvent qu’elle l’aurait souhaité : « Elle ne m’a pas écrit… », gémissait-elle. Thérèse, alors institutrice pour élèves « inadaptés », était en retard tous les jours à l’école à cause de Violette qui faisait tout pour la retenir. « J’ai même été obligée de lui faire un lavement »… Ce qui est exact, c’est que c’est bien une Thérèse excédée qui l’« expédie » chez sa propre mère à Faucon.


Violette a un coup de foudre pour ce village. Elle en parle merveilleusement dans La Bâtarde et dans La Chasse à l’amour. Violette est dans un premier temps accueillie par la mère de Thérèse, ancienne directrice d’école, une dame originale au caractère bien trempé, qu’elle nomme Émilie dans La Chasse à l’amour : « Émilie adorait Georgette, Georgette adorait Émilie, elles déraillaient à l’unisson. » Pourquoi avoir appelé Thérèse « Georgette » ? Pourquoi avoir encore nié qu’elle était écrivaine ? Pourquoi ne pas avoir reconnu qu’elle l’avait aidée ?

Lors du choc salutaire de 1961, en tout cas, Violette découvre ce village du Vaucluse :
« Faucon était haut. Vu de loin, il dégringolait vers la droite. Il se tenait à gauche. Un village âgé en pierres. Des maisons moins anciennes, au toit rouge vif, dévalaient dans les prairies. Rien ne le protégeait. Il se montrait. Une longue bête au pelage bleuté, le dos épais, s’était couchée le long du ciel. Une colline ondulait sous cette bête. C’est le mont Ventoux, ses pentes et ses forêts prises dans la brume du soir. Le vieux village apparut de nouveau. Un écran de sapins le préservait jusqu’à ses premières meurtrières. »

Violette se rend compte qu’elle vient de trouver à Faucon l’endroit rêvé où elle pourra envisager de venir plusieurs mois par an, l’été. Elle parle de ce village provençal dès le 15 mai 1961 dans La Bâtarde. Violette écrit et finit ce roman dans les collines boisées de Faucon :
« Qu’est-ce que j’aime de tout mon cœur ? Les bois, les forêts. Ma place est chez eux, ma place est chez elles ».

Violette se lie facilement aux villageois qu’elle aide dans la récolte des fruits, moyennant une poignée de cerises ou un vieux poireau. On se demande tout de même qui est cette écrivaine qui ne gagne pas autant d’argent que Françoise Sagan… Les enfants polissons l’appellent « la Violette », les adultes « madame Violette ». Elle trouve aussi une merveilleuse complice en la personne de Thérèse Beaumont, délicieuse octogénaire, la mémoire de Faucon, dont elle parle si bien dans La Bâtarde et La Chasse à l’amour (Apolline). Un personnage poétique qui a laissé tous ses biens à ses enfants et qui passe son temps à vagabonder dans les maisons et ruelles de Faucon, à rendre mille services aux uns et aux autres : « Elle se veut libre comme l’air. » Quand Violette est angoissée, Thérèse Beaumont lui récite pendant des heures des poèmes de Victor Hugo.

Après le mois passé chez madame Plantier (qui l’avait bien prévenue que son accueil était « provisoire »), Violette doit trouver des solutions de logement – sinon elle sera contrainte de repartir à Paris. Ce qui la désespère. Après de multiples démarches et de tristes expériences, Violette découvre près de l’église la maison « la plus sévère de Faucon», qu’elle considère comme l’une des plus « belles surprises de [s]a vie ». Une maison habitée seulement au mois d’août. Violette obtient des propriétaires de la louer le reste du temps. Violette s’emballe pour cette maison sans confort mais d’allure hautaine et faisant face au Ventoux. Elle sympathise immédiatement avec ses voisins, madame Douillon, une « sainte femme » qui aide le curé à entretenir l’église, ainsi qu’avec Marcelle et René Maurel. Elle partage volontiers avec eux des « boules de pastis » et des repas. Les Maurel l’emmènent souvent en balade. C’est par ailleurs Marcelle Maurel qui lui donne l’idée d’écrire la nouvelle La Femme au petit renard, un texte sur la solitude et la misère, qu’elle entreprend avant la sortie de La Bâtarde et qui sera publié en 1965.

C’est une sorte de renaissance. Violette écrit dans la campagne fauconnaise :
« Je retrouve ma place chaque jour sur l’herbe foulée, comme je retrouverais ma place au bureau et j’en suis contente», écrit-elle à Simone de Beauvoir le 15 août 1961. À l’automne 1962, après plusieurs mois passés à Biarritz auprès de sa mère souffrante et un nouvel été à Faucon, Violette revient à Paris dans son deux-pièces, 20 rue Paul-Bert, dans le 11e arrondissement. Elle soumet à Simone de Beauvoir l’avancement de son manuscrit. Simone de Beauvoir est enthousiaste : « Vous avez fait du bon travail. » Violette persévère et remet tous les quinze jours sa copie à S de B (comme Violette la nommait à ses amis). Plus rien ne doit l’empêcher désormais d’aller jusqu’au bout de ce travail démarré dans la douleur. Plus de René, plus d’épuisement dans des amours impossibles. Tout doit être donné à cette Bâtarde, nom choisi par S de B pour cette autobiographie. Encore deux étés 1963 et 1964 à Faucon. Le temps de finaliser La Bâtarde, de corriger les épreuves et d’attendre dans l’angoisse sa sortie en septembre 1964. Car tout se joue à Paris en cette rentrée de 1964.

Le succès du livre est foudroyant. 100 000 exemplaires sont vendus en quelques semaines. Ces premières rentrées d’argent permettent à Violette d’envisager d’acheter la maison de Faucon ; les propriétaires sont d’accord… Elle en devient donc propriétaire en août 1965.

La maison qu’elle a achetée « très cher » est en triste état. Violette doit entreprendre de grands travaux et affronter les entrepreneurs pour faire notamment réparer la toiture et régler les problèmes d’évacuation des eaux usées. «Cela ne sent pas la violette chez vous », lui disent certains villageois. Elle cède parfois au découragement et pense que cette maison est maudite. Elle finira par se réconcilier avec elle et à l’aimer passionnément. Elle s’y installe définitivement en 1969 et ne la quittera quasiment plus.

Il y eut un « avant » et un « après » Bâtarde. Violette, devenue la coqueluche des journalistes et du Tout-Paris à l’automne 1964, est prise dans un tourbillon mondain. Mais très vite elle s’aperçoit que finalement elle n’est réduite qu’à un rôle de « monstre à photographier » et retombe dans un état dépressif. Ce succès est un « coup de vieux », confie-t-elle à Simone de Beauvoir. Seul un retour à Faucon peut lui être salutaire. Elle entreprendra donc la suite de son autobiographie dans les bois et les forêts de Faucon. Pendant trois ans, l’été, Violette est obligée de quitter sa maison en pleine rénovation. Elle passe ainsi plusieurs étés à Mollans-sur-Ouvèze et s’offre quelques voyages à l’étranger, notamment en Sicile, en 1966, et au Maroc en janvier 1967.

C’est à Faucon, pendant l’été 1965, que Violette se découvre une grosseur au sein. Les médecins de Vaison lui disent de ne pas paniquer. Un spécialiste parisien lui conseille de venir faire des examens en urgence. Elle rentre finalement à l’automne et se fait opérer pour un cancer de « degré zéro », lui assure-t-on. Une deuxième opération devait aboutir à une ablation du sein en décembre 1968 et à de longues séances de radiothérapie.

Revenue à Faucon en juin 1969, Violette s’installe enfin dans sa « petite maison » rénovée et accède à un confort qui lui semble « un conte de fées ».

Violette reçoit volontiers des admirateurs et des amis dans sa maison. Des fidèles comme l’antiquaire Madeleine Castaing, amie intime de Jacques Guérin, et qui vient faire des « festivals de paresse » à moindre frais. Quand une «radine » s’installe chez une autre « radine »… Monique Lange, l’amie des bons et mauvais jours, qui l’a tant soutenue, notamment chez Gallimard, le peintre Michel Warren avec qui Violette s’est beaucoup affichée dans les boîtes homosexuelles et qui lui rappelle Maurice Sachs et Jacques Guérin, ainsi que l’attentionnée et adorable Françoise d’Eaubonne. Daniel Depland est, l’été, son voisin à Faucon, où sa famille possède une maison. Il publie en 1969 un premier livre dédié à Violette, La Java, chez Jean-Jacques Pauvert. Daniel est très proche de Violette à cette époque. Pierre Démeron, journaliste littéraire au Nouveau Candide et à Elle, fait plusieurs séjours chez Violette. Son excentricité l’amuse mais lui donne aussi quelques soucis. Toujours « emmaillotée dans le qu’en-dira-t-on », elle est ainsi paniquée en le voyant faire sécher en plein air sur une corde à linge des billets de banque, qu’il avait laissés dans son pantalon en le lavant. « Que va penser madame Douillon ? », s’écrie-t-elle.

Concernant Thérèse Plantier, ces onze ans passés par Violette à Faucon ne sont faits que de fâcheries et de réconciliations. Le village se tient au courant des états de leur relation… C’est l’un des sujets de conversation favoris à l’épicerie du village. Une première dispute pour une « niaiserie » a lieu en janvier 1962, la brouille ne dure pas. En revanche, dans une lettre datée de l’été 1965, Violette écrit à S de B : « Thérèse Plantier me déteste de plus en plus, mais elle me laisse tranquille. » Une explication possible : Thérèse n’a pas supporté le succès de La Bâtarde – elle qui ne parvient pas à se faire éditer, si ce n’est à compte d’auteur. Elle qui vantait tant le génie de Violette, se répand partout en propos fielleux, voire calomnieux, sur la « basse littérature » qui ressort de « cette Bâtarde ». Elles finissent par se réconcilier et passent même de joyeux moments en 1968 : « Thérèse est gentille, très amicale », écrit Violette à S de B le 13 août 1968. Violette sait aussi être « odieuse », comme elle le reconnaît dans une lettre adressée à Thérèse le 28 août 1968. Thérèse parlait souvent de soirées très animées et bien arrosées chez Violette en compagnie de DD (Daniel Depland) et PD (Pierre Démeron). Le 28 avril 1969, Violette écrit à Thérèse en l’appelant «ma petite chérie ». Mais rien ne va plus quelques mois plus tard. Dans une lettre du 26 septembre adressée à S de B, Violette écrit : « Thérèse a été très méchante, je suis encore fâchée avec elle. » La fâcherie dure cette fois-là plus de deux ans. Thérèse n’hésite pas à agresser verbalement Violette aux terrasses de café ou dans d’autres endroits en vue à Vaison. Elles finissent par se réconcilier (un peu) à Noël 1971… « Thérèse Plantier a voulu se réconcilier, j’ai accepté. On verra », écrit-t-elle à S de B le 30 décembre 1971. Quelques mois avant sa mort. Françoise d’Eaubonne, qui a eu plusieurs fois fort à faire avec Thérèse Plantier, assure que cette dernière « enviait férocement » Violette qui, elle, la «plaignait avec une indulgence jamais démentie ».

Après le temps de La Bâtarde, c’est le temps de La Folie en tête. Violette assure parfaitement la promotion de l’ouvrage et revient à Paris, au printemps 1970. Dans son interview à Radioscopie, elle dit toutefois n’avoir qu’une hâte: repartir à Faucon. À Paris, elle n’est qu’une facette et n’a plus la santé pour y vivre, gravir les six étages de son deux-pièces, faire face à la « fraîcheur » de ses voisins de palier, à la mise en « quarantaine » de l’immeuble et sortir le soir…

L’été 1970 n’est pourtant pas de tout repos à Faucon. Des admirateurs viennent lui rendre spontanément visite et l’envahissent un peu. Elle les accueille (presque) toujours chaleureusement. Elle, si « radine », offre même son whisky à des gens qu’elle ne connaît pas, dit-elle avec humour à Marcelle Maurel, sa plus proche voisine. Les amis sont également nombreux à venir la voir.

À l’automne 1970, Violette attaque un texte, bref dialogue elliptique et amoureux entre un frère et une sœur. Elle ne recule devant aucun sujet audacieux, voire tabou. On ignore quelle est l’idée de départ de ce récit – pour quelqu’un disant n’avoir pas d’imagination. Elle était pourtant bien contente de son Taxi, comme d’un bon tour qu’elle a joué, et prévoyant qu’il serait apprécié plus tard… C’est un beau texte poétique dont la fin est clairement prémonitoire, quand elle fait dire à la jeune fille qui descend du taxi : « La mort me tend mon sac. Elle est aux petits soins. Elle me fait des avances. » Le Taxi devait être joué en 1972 dans un café-théâtre, Le Sélénite, mis en scène par Erik Borja. Ce dernier fit le déplacement à Faucon avec les deux comédiens. Violette fut ravie d’une telle initiative. Elle dit pourtant aux protagonistes qu’elle appréhendait l’accueil du public et qu’elle aurait trouvé plus « saisissante » la présence d’une auto sur scène que celle d’un divan.

La dernière année. Violette est venue quelques jours en juin 1971 à Paris, dans son deux-pièces de la rue Paul-Bert, pour la sortie de ce Taxi – que Simone de Beauvoir n’a pas supervisé. Un affranchissement ? Des comptes à régler ?

Violette reçoit encore des admirateurs lors de ce dernier été de 1971. Toujours accueillante. Elle qu’on dit particulièrement égocentrique est très proche de ces gens jeunes et moins jeunes qui se sont retrouvés dans ce qu’elle écrit et viennent le lui dire. Elle fait preuve d’une grande modestie ; c’est une merveilleuse conteuse. Violette aime sincèrement voir et écouter ses lecteurs. Lors de ces rencontres, rien ne lui échappe. Sa sincérité est totale. Elle parle volontiers et avec une certaine jubilation de sa plus « cruelle ennemie », Thérèse Plantier, qui écrit, elle aussi : « C’est pas mal » – tout en nuançant : « C’est très inspiré de Dylan Thomas. ». Violette parle aussi de ses lectures du moment : le Flaubert de Sartre, qu’elle aime beaucoup, Carson Mac Cullers – et notamment La Ballade du café triste – qu’elle admire énormément, et bien sûr Simone de Beauvoir qu’elle vénère.

Début août 1971, on voit Violette à la fête de Faucon. Elle a fière allure et elle est joyeuse parmi ses amis du village qui lui manifestent beaucoup de tendresse. Mais sa santé se dégrade beaucoup à l’automne 1971. Elle écrit en septembre à un de ses jeunes admirateurs : « Je suis déjà résignée, fort seule sur une croix où on ne saigne pas ».

Thérèse P. et Violette L. se raccommodent à Noël 1971. Les retrouvailles ont eu lieu dans un restaurant. Thérèse y a vu Violette et a foncé sur elle : « Réconcilions-nous ! » Violette a accepté. Elle adorait se fâcher et se réconcilier. Thérèse l’a alors invitée à venir passer le premier de l’an chez elle. « Elle a quand même apporté une bouteille de champagne », dira plus tard Thérèse. Elles se traitaient réciproquement de « pauvres radines ». Plusieurs fois dans l’hiver, elles ont été vues bras dessus, bras dessous dans les rues de Vaison. Violette devait trouver commode que Thérèse lui serve de chauffeur. Thérèse devait trouver finalement bien d’avoir en Violette quelqu’un qui écoutait ou faisait semblant d’écouter ses longs monologues. Cette nouvelle période amicale devait être de courte durée. Thérèse s’est trouvée un jour chez Violette alors que celle-ci avait la visite impromptue d’un ami parisien, Jean-François Lefèvre-Pontalis (comme il aimait se présenter : « le frère de l’autre », Jean-Bertrand). Une altercation eut lieu entre Thérèse et lui. Elle le traita de mondain, lui de gauchiste. Violette écrivit le lendemain à Thérèse un billet découpé dans un quart de page quadrillée : « 37° 8 ce matin, ma petite santé ne supporte plus tes scènes. » Nous étions fin février 1972.

Violette est hospitalisée à Avignon, le 19 mars 1972
. Impossible de rester seule dans sa maison. Elle écrit une dernière lettre à Thérèse Plantier datée du 27 mars : « Viens me voir quand tu voudras si tu en as envie. Mais je ne supporterais pas le moindre reproche : je suis malade. »

Les médecins, impuissants, autorisent Violette à repartir à Faucon le 22 avril.
Elle est heureuse de se retrouver parmi les siens, les petites gens de Faucon, qui la soignent et l’entourent de leur affection. Le 21 mai, Thérèse Beaumont lui rend visite. Violette lui dit : « Alors, vous êtes venue voir la mourante, mais je ne suis pas prête à mourir. » Elle sombre ensuite dans un état comateux. Les moments de lucidité deviennent rares.

28 mai 1972 à 17 h 15 : « Violette Leduc est morte. » On l’annonce vers 20 heures à la radio, le lendemain à la télévision. L’enterrement a lieu le mercredi 31 mai.

Drôle d’enterrement que celui de Violette. Le cercueil dans le jardin. Violette expulsée de sa maison (par la loi des hommes ?). Cela choque. On apprend que des chats rôdaient ce matin autour du cercueil… Les nouveaux amis de Violette, en accord avec les fidèles Daniel Depland et Madeleine Castaing, en ont décidé ainsi. De même ont-ils organisé une cérémonie religieuse. Daniel Depland essaie de se justifier auprès de ceux qui l’interpellent à ce sujet. Violette n’allait dans les églises à Paris que pour se reposer et quand elle se sentait seule. De plus, la seule religion qu’elle avait un peu approchée était la religion protestante : celle de son père. Le curé, un peu hagard, ne semble même pas savoir qui était Violette Leduc. Plusieurs personnes, dont Thérèse Beaumont et sa belle-fille, décident de manifester leur désapprobation en ne rentrant pas dans l’église. Thérèse Plantier surgit de sa voiture, la queue de cheval en bataille, telle une Walkyrie du Ventoux. Elle fait bruyamment part de son indignation – mais ne voulait pas manquer les funérailles du « monstre ». Ni Simone de Beauvoir, ni Jacques Guérin n’ont fait le voyage. Quelques amis parisiens sont là. Pas le Tout-Paris, mais le Tout-Faucon. Les enfants de l’école sont sortis pour saluer le passage du cercueil. Sur sa tombe, dans le cimetière de Faucon, une plaque : « Violette Leduc, écrivain ».


https://tresorsaprendre.wordpress.com/2013/12/01/violette-a-faucon-2/
Jean-Claude Arrougé
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Message  Kashima Sam 7 Fév 2015 - 17:13

Elle aime sa maison, mais est déçue d'avoir dû renoncer aux vieilles choses après les travaux.

"Au temps des vieux murs j'étais en communion avec les morts tranquilles de la maison. Quand ils étaient humides et lézardés, je sentais des âmes tout près, maintenant, je ne sens plus rien."
Entretien avec Pierre Démeron, Elle, 13 octobre 1969

Elle revient peu à Paris en 1970. Elle se laisse parfois prendre par le confort de sa maison :
"J'ai voulu une maison, mon stylo a été enfermé dans les murs." (lettre à SdB du 8 octobre 1970)
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Message  Kashima Sam 7 Fév 2015 - 17:54

"Je ne veux pas que cette maison aille à ma famille. Quand je sentirai venir la mort, j'y mettrai le feu."
VL à Françoise d'Eaubonne, lors d'une promenade.
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Message  Kashima Dim 22 Fév 2015 - 17:31

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La maison de Violette Vl_yo_10
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Message  Kashima Lun 9 Mar 2015 - 20:52

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Message  Kashima Ven 13 Mar 2015 - 11:25

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